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LE
GÉNÉRAL Jean Victor MOREAU
Moreau
(Jean-Victor), officier généraI, né à Morlaix (Finistère)
le 11 août 1763,.mort le 2 septembre1813; son père était
avocat ,dans cette ville et sa famille fort estimée.
Destiné au barreau, il fit de fortes études générales
et spéciales et montra dès sa première jeunesse les
grandes qualités qu'il déploya dans le reste de sa carrière.
En 1790, il fut choisi et nommé commandant du bataillon
de volontaires qui s'était formé dans le département du
Morbihan, et se rendit, avec ce corps, à l'armée du
Nord. Il s'adonna aussitôt à la théorie et à la
pratique de l'art de la guerre; c'est ainsi qu'il devint
un des meilleurs tacticiens de l'Europe. Il donna, avec
son bataillon, une adhésion entière au 10 août, et, un
mois après, en septembre 1792, à la République.
Il fut ébranlé dans ses dispositions politiques par la
chute des Girondins, par le triomphe des Montagnards, et
il montra de l'hésitation pour la Constitution de 1793,
Mais la réputation
de son bataillon avait attiré sur lui l'attention du général
en chef, Pichegru, qui résolut de se l'attacher; telle
fut l'origine de leur liaison. Moreau fut nommé général
de brigade à la fin de 1793, et général de division le
14 avril 1794. Il commença aussitôt, en Belgique, une
campagne brillante qui aboutit, dans l'hiver de 1795, à
la conquête de la Hollande et de tous les Pays-Bas. A
la retraite de Pichegru, Moreau fut nommé général en
chef de l'armée du Rhin et Moselle, et fit la célèbre
campagne de 1796, qui affranchit le Rhin et nous ouvrit le
cœur de l'Allemagne. Il y avait pénétré à plus de
deux cents lieues; mais apprenant que les armées du nord
et de Sambre et Meuse, qui devaient converger avec lui, étaient
battues et rétrogradaient, il opéra une merveilleuse
retraite, ne se laissant pas entamer et faisant subir
des pertes considérables à l'ennemi. II eut à lutter,
dans celte guerre acharnée, avec le prince Charles,
commandant toutes les forces germaniques; il y fut
secondé par Desaix, Férino, Jourdan, Hoche, etc.
Mais ces hauts succès militaires, arrêtés tout au moins
par les préliminaires de paix que le général Bonaparte
avait assez irrégulièrement
ouverts à Léoben, 27 avril
1791, ne permirent:point à Moreau d'en obtenir
le résultat. C'est vers ce temps que l'interception d'une
correspondance de Pichegru lui apprit la trahison de ce
général,, sur lequel il avait déjà des soupçons; il
la communiqua tardivement a-t-on dit, au Directoire
(fructidor an V, septembre 1797). 'Il tomba en disgrâce
et demanda sa retraite. Elle ne fut pas de longue durée.
La France était toujours menacée par la coalition; on
avait besoin .d'hommes de valeur pour tenir tête à tant
d'ennemis. Moreau et Kléber furent rappelés, le premier
alla reprendre en Italie la place de Schélel, qui se
trouvait dans une position désespérée. Il resta dans
celle situation subordonnée jusqu'à l'arrivée de
Joubert, mais après la mort de ce général, à la suite
de la douloureuse bataille de Novi, il reprit le
commandement en chef jusqu'au jour où il reçut le commandement
de l'armée du Rhin. Ce fut à ce moment qu'il fit
connaissance avec Bonaparte, qui en fit son allié. Moreau
l'aida à exécuter le 18 brumaire. Le 2 avril 1800,
il était à la tête de son armée, battant chaque
jour les Autrichiens, jusqu'à la journée de Hohenlinden;
cette victoire célèbre lui donnait la clef de leur
capitale, juste au moment où la paix était conclue, en
1801. Moreau avait goûté les enivrements de la victoire,
sans en avoir encore aucun des résultats; il revint à
Paris, et eut le malheur d'épouser une femme ambitieuse
qui domina son caractère et accentua l’amertume de ses
griefs. La déférence qu'il avait pour Bonaparte fit
bientôt place au plus profond éloignement: il refusa le
titre de maréchal de France, la décoration de la Légion
d'honneur, et sa maison fut bientôt désignée sous le
nom de …. ?.
Le général Moreau à Dresde ou la fin d'un traître….
Le colonel d'artillerie Noël, alors major, est lui aussi
engagé à la bataille de Dresde. Voici ses impressions sur
la bataille et la mort de Moreau :
" 27 août. Le lendemain c'est à notre tour de prendre
l'offensive. L'ennemi, sous le coup de son échec, se tient
sur la défensive. Connaissant son adversaire, il s'attend
bien à être attaqué. La tâche pour nous n'est pas
facile. L'ennemi, outre qu'il nous est bien supérieur en
nombre, occupe sur les hauteurs d'excellentes positions, ses
deux ailes appuyée à l'Elbe, à gauche et à droite. Il
nous faut le débusquer des hauteurs et le rejeter sur les
montagnes de la Bohême d'où il est sorti, sa seule ligne
de retraite, et dont le général Vandamme doit lui fermer
l'accès. Il fait un temps affreux, il a plu toute la nuit.
Nous sommes mouillés jusqu'aux os et un épais brouillard
couvre par moment tout le pays. Comme nous sommes les
assaillants, ce brouillard nous est favorable, en ce qu'il dérobe
à l'ennemi nos dispositions d'attaque.
L'Empereur porte ses principales forces sur ses ailes, et,
pour tromper l'ennemi, commence l'action, vers six heures du
matin, par une violente canonnade au centre. Il surveille en
personne le feu, et pour en activer encore la violence, il
fait avancer l'artillerie de la garde. Une de ces batteries
tire sur un groupe de généraux et d'officiers supérieurs
qu'on aperçoit par intervalles, sur la hauteur, et un de
ses boulets coupe les jambes du général Moreau, qui se
trouve parmi eux. Triste fin pour un officier français, si
glorieux, et qui, après avoir rendu de grands services à
son pays, s'est laissé entraîner, par une jalousie et une
haine personnelles, jusqu'à porter les armes contre lui et
contre ses anciens frères d'armes, qui lui avaient pourtant
conservé une vive sympathie.
Le général
Moreau, excellent général, ne peut pourtant pas, pour le génie
militaire, être comparé à Napoléon. On n'a, pour en
juger, qu'à comparer la campagne de l'armée du Rhin à
celle de l'armée d'Italie. En dehors des choses de la
guerre, c'était un caractère incertain, et il s'est laissé
entraîner par les mauvais conseils de Bernadotte. A son
tour, il a entraîné son ancien aide de camp Rapatel, qui,
lui, fut tué d'une balle française à La Fère-Champenoise.
Un boulet pour le général, une balle pour l'aide de camp,
c'était la récompense de leur honteuse conduite. Lorsque,
quelques jours après, on connut à l'armée la mort de
Moreau, elle y causa plus de satisfaction que de regrets,
malgré les bons souvenirs qu'il y avait laissés. On ne lui
pardonnait pas de s'être joint à nos ennemis et de les
avoir aidés de ses conseils.
Si Moreau n'eût été tué à Dresde, il aurait continué à
se battre contre nous ; il serait entré à Paris à la
droite d'Alexandre, serait devenu un des hauts dignitaires
des Bourbons, et son nom serait flétri comme celui du traître
Marmont. Sa mort lui a fait pardonner sa conduite, et
aujourd'hui on ne compte plus se souvenir que des services
rendus. "
Le
général MOREAU vu par
le célèbre avocat, essayiste, romancier et historien, Maurice Garçon (1889-1967)
Le Triomphe de Moreau, enfant de Morlaix
Joseph
Lohou(septembre 2007)
Mise à jour ( juillet 2013) (mars 2017)