Callac-de-Bretagne

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L’église de Callac

 

             Depuis l’origine, la petite cité de Callac dépendait du point de vue religieux de la trêve de Plusquellec d’où le recteur en exercice, décidait de droit, l’attribution d’un desservant à l’église de Botmel. Par ailleurs, les habitants de la ville pouvait accéder aux offices religieux en  la chapelle sainte Catherine qui jouxtait le château ; chapelle qui était encore en place vers 1870, elle fut détruite en 1873 et les matériaux vendus à Jean Marie Prigent, commerçant de Callac. Le prix fixé par la municipalité était de 1 370 francs, la vente des matériaux fut conclue le dimanche 5 octobre 1873 sauf les statues, statuettes, marbres, supports de statues, maître-autel avec gradins supérieurs et inférieurs, pierres de taille des trois autels, stalles et confessionnaux et un buffet dans la sacristie. Au fur et à mesure de la progression de la population, le besoin se faisait sentir d’avoir une église plus proche et surtout plus accessible, la montée à Botmel par ce chemin malaisé rebutait particulièrement les anciens. Une autre raison était que la scission entre Botmel et Callac provoquée par la double municipalité établie en 1790, avait laissée quelques profonds ressentiments, et puis l’état de la vieille église de Botmel laissait à désirer ; Placide Claude Guillermic, desservant entre 1820 à 1838, s’en plaignait déjà.

 

Peu avant les années 1860, la fabrique[1] sollicitait les municipalités en place afin de mener à bien le projet de construction d’une nouvelle église ; ces municipalités avaient successivement pour maires, Jules Anne Philippe[2], Pierre Marie Joret[3] et enfin Pierre Marie Guiot[4], notaire. C’est sous le mandat de ce dernier, élu en 1866, que le principe de construire l’église sera prise en février 1868 et le dimanche 5 juillet le conseil municipal se réunit sous la présidence du maire, Pierre Yves Guiot et des conseillers municipaux suivants : messieurs Jules Anne Philippe, ancien maire et François Marie Fercoq, adjoints, messieurs L’Hélias, Lancien, Désiré Joseph Patin, Charles  Le Goaziou, Quéré, Gilles Le Rudulier, Guillerm, Le Bricon, François Capitaine, Geoffroy et le Bozec, membres du conseil.

 

            Le maire déclare :

           « Vous voyez, Messieurs, que malgré les éloges pompeux qui ont été donnés à la loi nouvelle sur les attributions municipales, les communes sont bien loin d’être émancipées et que nous sommes arrêtées dès le premier pas dans nos projets de construction d’une église et d’un presbytère à Callac, faute de pouvoir justifier d’un état de dons et souscriptions s’élévant à 8000 francs.

 

            Devant cette difficulté, j’ai pensé devoir recourir à la fabrique pour nous tirer d’embarras, et vous voyez que j’ai eu raison, puisqu’elle offre aujourd’hui d’élever sa souscription au chiffre de 65.000 francs, réalisable en partie en 1868 et partie en 1869, plus de vendre, avec votre avis favorable quelques immeubles libres de charges religieuses pour un capital de 8.000 francs, pour venir puissamment en aide à la commune. En présence de ces offres généreuses qui modifient d’une manière bien marquée notre situation je vous propose :

  1°) D’accepter la souscription de la fabrique pour 65.000 francs.

  2°) D’émettre un avis favorable à la vente des immeubles qu’elle se propose d’aliéner.

  3°) Et d’établir comme suit les ressources applicables à la grande entreprise que nous avons votée ».

  Le montant du premier devis de l’architecte Guépin s’élevait à la somme de 164.000 francs mais les entrepreneurs sollicités pour la construction de l’église et du presbytère trouvent le prix un peu juste et l’architecte reprend son devis en décembre 1869. La construction de l’église et du presbytère s’élève maintenant à 179.000 francs, mais il manque à la commune 15.000 francs et l’architecte propose d’ajourner la construction de la flèche et de l’une des deux sacristies. Cette proposition est acceptée par le conseil municipal et le maire déclare :

  « est d’avis d’ajourner et vote l’ajournement de la construction de la flèche et d’une sacristie, jusqu’à ce que les finances de la commune et de la fabrique permettent de faire exécuter les travaux »

  Le maire précise : « afin de pouvoir utiliser le beau dallage en granit qui existe dans l’église de Botmel, je vous propose, d’accord avec la commission, de remettre à plus tard à faire celui de la nouvelle église… »

  La deuxième adjudication étant toujours infructueuse le 15 mai 1870, le conseil invite le maire à traiter de gré à gré avec un entrepreneur « sûr et capable ».

Le 16 juillet 1871, une nouvelle inscription est effectuée au budget car, nouvel avatar, il ne semble pas que le marché ait pu être traité de gré à gré et le conseil vote, à l’unanimité, une somme de 10.000 francs pour la construction immédiate de cet édifice. Le 24 septembre 1871, le conseil crée et nomme une commission de trois membres composée de messieurs Jules Anne  Phillipe, Gilles Le Rudulier et Félix Guillerm qui avec le maire Pierre Yves Guiot vont traiter avec l’entrepreneur Meunier.

 

            L’affaire prend une autre tournure en 1872 et le conseil, mécontent de l’évolution du dossier, demande l’abandon des plans et devis de M. Guépin et invite le maire à faire venir de suite un autre architecte pour dresser de nouveaux plans pour une église dont le devis ne dépasse pas les 135.000 francs. Le nouvel architecte s’appelle M. Angier et le conseil se déclare satisfait du nouveau projet dont le devis se monte à 170.561 francs, celui-ci est approuvé le 12 janvier 1873. L’adjudication des travaux de l’église seule, car on ne parle plus de la construction du presbytère, est attribuée à M. Jean Baptiste Thareau, entrepreneur de travaux publics à Vannes( Morbihan) sous la direction de l’architecte précité. 

  Projet de l’architecte Angier de Saint Brieuc en 1872.

 

 

        La construction de la nouvelle église est un événement pour cette petite cité et une opportunité pour la main-d’œuvre spécialisée callacoise, maçons, piqueurs de pierre, manœuvres qui trouve là de quoi s’embaucher. Pendant quatre ans que dure les travaux, la ville est transformée par tout ce remue-ménage et la première pierre fut bénie le 8 septembre 1875 par Monseigneur Augustin David. Les travaux seront achevés le 9 décembre 1877, et  livrée à la commune, à sa fabrique ainsi qu’à son curé Toussaint Le Roux qui célèbre ses premiers offices. L'église ne sera enfin consacrée par les autorités religieuses et l'évêque Pierre Marie Frédéric Fallières le 28 décembre 1892.

         Ce climat euphorique se détériore lorsque l’entrepreneur Jean Baptiste Thareau fait parvenir au maire sa facture finale. Le chiffre a de quoi l’interpeller, une somme de 230.000 F ! La différence est énorme et Pierre Yves Guiot, le maire ainsi que le trésorier de la fabrique, Jules Anne Philippe préparent leur défense. Alors commence une partie de bras de fer par experts interposés entre la commune et le constructeur qui va durer de 1877 à 1881. La commune reproche à l’entrepreneur les différentes malfaçons constatées, telles que la mauvaise fixations des vitraux, les chevrons et pannes non conformes, les voliges qui ne sont pas en sapin du nord mais en simple peuplier, les moellons tâchés, la porte de la sacristie qui laisse rentrer la pluie, les peintures de mauvaise qualité, le métré non respecté …

 La liste est longue et le dossier de contre-expertise conduite par l’architecte Théophile Maignan, inspecteurs des édifices diocésains de Saint-Brieuc, comporte une cinquantaine de pages.


expertise1879.JPG (53900 octets)

Fac-similé de la 1ère page du rapport de l’expertise
dans laquelle  M. Théophile Maignan exerce le rôle du tiers-expert.

  Projet accepté de l’architecte Angier de Saint Brieuc en 1873.

 

 


 



  Projet accepté de l’architecte Angier de Saint Brieuc en 1873.

 

L'église saint Laurent vers 1920 L'église et le square vers 1940 L'intérieur de l'église vers 1920






 


Statue de Ste Catherine


Statue de St Laurent
Saint Patron de Callac 

Le mobilier de l'église que cite René Couffon dans "Églises et chapelles des Côtes-du-Nord" comporte un lutrin du 18° siècle, des statues anciennes de la sainte Vierge, de Saint Joseph et de Saint Yves. Cette dernière, du 16° siècle, représente le saint avec des moustaches. La nef de l'église saint Laurent vers 1920 Cette statue a une histoire qui a été racontée dans le bulletin paroissial 
"Mouez Ar Argoat en octobre 2005.


Chemin de croix
Tableau N° 11-Jésus est cloué sur la croix

l'église Saint-Laurent (1875-1877). L'église est consacrée le 28 juillet 1892. Cette église est ornée du blason chevronné de Plusquellec. Les chapiteaux de la nef sont l'oeuvre du sculpteur Elie Le Goff. L'église abrite aussi un Chemin de Croix, oeuvre de l'artiste brestoise Mlle Cras ;
Le vitrail des paroissiens et paroissiennes de Callac en prières. 10 août : Jour de la saint Laurent, diacre et martyr.

Diacre martyrisé sur un gril en 258 parce qu'il ne voulut pas livrer l'argent de l'Église. Il semble avoir dit au Préfet qui surveillait la torture : "Ce côté est assez rôti, tourne-moi sur l'autre côté". Un saint très populaire en Alsace. 

 

 
  Vitrail de la guerre 14-18, offert vers 1918 par le capitaine d'Artillerie Joseph Gilles TRÉGOAT(° 1871-1918) et le couple Yves Marie KERHERVÉ et Marie Louise KERHERVÉ, Yves Marie étant alors  maire de Callac..  
Centenaire 14-18

Prière pour la Paix


Le 10 janvier 1915, le Pape Benoit XV, demanda que dans toutes les églises se déroule un dimanche de prière pour la paix. Pour l’Europe la date fut fixée au dimanche de la Sexagésime, le 7 février 1915 ; pour les autres diocèses du monde, le dimanche de la Passion, 21 mars 1915. Le décret, signé du secrétaire d’Etat, le cardinal Pierre GASPARRI, donne l’organisation de cette journée : messe paroissiale ou conventuelle, exposition du Saint Sacrement toute la journée, chapelet, prière pour demander la paix, litanie des Saints, bénédiction du Très Saint Sacrement.     

Le texte ci-dessous est la prière pour demander la paix, spécialement composée par le pape Benoit XV. Prière
Attristés par les horreurs d’une guerre qui entraîne dans son tourbillon les nations et les peuples, nous nous réfugions, ô Jésus, dans votre Cœur très aimant comme dans un suprême asile ; de vous, Dieu des miséricordes, nos gémissements implorent la cessation de l’épouvantable fléau ; de vous, Roi pacifique, nos vœux sollicitent le retour si désiré de la paix.

De votre Cœur divin, vous fîtes rayonner dans le monde la charité, afin que, toute discorde cessant, l’amour seul régnât entre les hommes ; durant votre vie mortelle, ici-bas, votre Cœur palpita d’une très tendre compassion pour les disgrâces humaines. Oh ! que ce Cœur s’émeuve donc encore en cette heure-ci, chargée, pour nous, de haines si funestes et de si horribles carnages !

Prenez pitié de tant de mères, angoissées pour le sort de leurs fils ; pitié de tant de familles, orphelines de leur chef ; pitié enfin de la malheureuse Europe que menace une si vaste ruine !

Inspirez vous-même aux gouvernants et aux peuples des conseils de douceur, résolvez les conflits qui déchirent les nations, faites que les hommes se donnent de nouveau le baiser de paix, vous qui, au prix de votre sang les avez rendus frères. Et comme, un jour, au cri suppliant de l’apôtre Pierre : sauvez-nous, ô Seigneur, nous périssons, vous répondîtes avec pitié, en calmant la tempête de la mer : de même aujourd’hui, à nos confiantes prières, répondez par le pardon, en rétablissant dans le monde bouleversé la tranquillité et la paix.


Vous aussi, ô Vierge Très Sainte, comme vous le fîtes en d’autres temps de terribles épreuves, aidez-nous, protégez-nous, sauvez-nous. Ainsi soit-il.

Légende photo : Vitrail de la guerre 14-18, offert vers 1918 par le capitaine d'Artillerie Joseph Gilles TRÉGOAT(° 1871-1918) et Monsieur et Madame Yves Marie KERHERVÉ – Eglise de Callac

 

Un trésor en l’église Saint-Laurent de Callac.

D’après le site « Les œuvres de France », l’église paroissiale détient un calice et une patène[1] en argent repoussé et ciselé en provenance de la chapelle de Saint Servais de l’ancienne paroisse de Duault. Elle porte le poinçon de garantie du Jean LOQUE, ainsi que la mention gravée : R LA CHAPELE DE S.SERVES AN LA P. DE  GIOT QELAN (Duault-Quélen). Une patène exécutée à Paris entre 1798 et 1809.

Voir détails ci-dessous : 


Matériaux : argent : repoussé, ciselé, doré, fonte
Structure : pied (polylobé)
Iconographie : ornementation (rinceaux, Chérubin) ; sur pied : croix
I.H.S. (Instrument de la Passion)
Inscription : inscription ; poinçon de maître ; lettre-date ; poinçon d'association des orfèvres de Paris ; 1er titre Paris 1798-1809 ; grosse garantie Paris 1798-1809 ; poinçon de maître
Précision inscription : inscription répartie dans les neuf lobes du pied : POUR LA CHAPELE DE S. SERVES AN LA P. DE GIOT QELAN. (DUAULT QUELEN) ; poinçon de Jean Loque, poinçon de garantie, poinçon de titre et poinçon d' association sur la patène ; poinçon de François Ménard (lettres F et M couronnées séparées par une hermine) et lettre-date (hermine passante à l' écharpe et couronnée, lettre N dessus, lettre E dessous) sur la coupe et sur le pied
Auteur(s) : Loque Jean Ange Joseph (orfèvre)
; Ménard François (orfèvre)
Lieu de provenance : lieu de provenance : Bretagne, 22, Duault, chapelle Saint-Servais
Siècle : 1er quart 17e siècle ; limite 18e siècle 19e siècle
Historique : Ensemble hétérogène ; un calice exécuté vers 1619 (?) à Nantes par François Ménard et provenant de la chapelle Saint-Servais de l' ancienne paroisse de Duault _QUELEN ; une patène exécutée à Paris entre 1798 et 1809 par Jean Ange Joseph Loque.
Date protection : 1964/08/13 : classé au titre objet
Statut juridique : propriété publique
Type d'étude : inventaire topographique ; reprise de l’antériorité
Nom rédacteur(s) : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude
Copyright : © Inventaire général, 1971
Référence : IM22002083
Dossier consultable : service régional de l'inventaire Bretagne
Hôtel de Blossac - 6, Rue du Chapitre 35044 RENNES Cedex - 02.99.29.67.67


Calice et patène



[1] Patène,  LITURG. CATHOL. Vase sacré, en forme de petit plat rond ou ovale, servant au cours de la célébration de la messe à recevoir l'hostie et à couvrir le calice. Patène d'or; élever la patène avec l'hostie, à l'Offertoire. Il (...) mit par-dessus ce linge la patène d'argent (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1217)(TLF)

(à suivre)

Une monographie de l'église de Callac par Jean-Paul ROLLAND-Mars 2007.

  Sources

  • Bulletin municipal d’information -n°11 de décembre 1994- Callac-de-Bretagne.
  • Archives départementales des Côtes d’Armor- séries V1003 à 1013.


[1] fabrique. Assemblée de clercs et de laïcs chargés d'administrer les biens d'une église.

[2] PHILIPPE, Jules Anne( Callac 1826-1882) – avocat, propriétaire, maire de Callac 1852-1859, conseiller d’arrondissement

[3] JORET, Pierre Marie (Guingamp),ancien maire,  commerçant, marchande de fer, marié à Jeanne Renée LE RESTE,commerçante .

[4] GUIOT, Pierre Yves (Callac 1812-1886), notaire, maire de 1840 à 1852 et 1865 à 1885, conseiller général.

ventecather.JPG (71971 octets)

 

  Vente des matériaux de la chapelle Ste Catherine
     le dimanche 5 octobre 1873.

 


   


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