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Callac-de-Bretagne |
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Saint
Laurent.
une absence prolongée,
un retour inespéré.
L’église
de Notre Dame de Botmel, datant du 15° ou 16° siècle,
renfermait plusieurs statues d’époque en bois polychrome
comme bien des églises de cette haute Cornouaille dont dépendait politiquement et
religieusement la paroisse mère de Plusquellec et ses deux
trêves, Calanhel et Botmel.
Les documents d’archives retrouvés sont relativement
discrets ou lacunaires sur la présence de ces ornements.
Ils ne mentionnent que le nom des chapelles principales et
secondaires avec leurs vitraux offerts par les seigneurs du
lieu, ornés de leurs armes et devises. Le document le plus
ancien, un parchemin authentique réécrit par un clerc
porte la date de 1486 ou 1586, mais ce texte traite d’un
bail d’une terre de Calanhel appartenant à la fabrique de
Botmel. En 1664, le Sénéchal Jean Pichot, fait intervenir
un maître peintre et vitrier de Carhaix, Pierre Desportes,
afin d’inventorier les vitraux de l’église. Le procès
verbal mentionne les armes de Ploesquellec, des baron de
Retz, de Beaumanoir, de la Hunaudaye, de Tournemine et de
Keramélec.
Les années passèrent, l’église fut agrandie et réparée
à plusieurs reprises jusqu’ aux années révolutionnaires
qui transforma l’église en fabrique et dépôt de salpêtre.
Puis le sévère différend qui s’était élevé entre les
citoyens de la ville de Callac et les habitants de Botmel,
précipita la décrépitude du monument. En effet, après
les années 1800, devant l’importance qu’avait pris leur
cité, les Callacois étaient plutôt réticents à se
rendre à Botmel pour les offices en raison de la distance,
ainsi que du chemin abrupt et malaisé y menant. Ils préféraient
utiliser la chapelle de sainte Catherine, située sur la
place du Martray près de la cohue(halle), et de bonne
grandeur, comme nous pouvons le voir sur le plan attenant.
En 1826, Placide Guillermic, originaire de Plounez, curé de
Botmel de 1820 à 1838, puis curé de Bégard, se plaignait
aux autorités civiles et religieuses de l’état précaire
de l’église et du presbytère, mais ses suppliques restèrent
vaines. Déjà dans l’esprit des édiles et des habitants,
l’idée bien ancrée d’établir une église dans
l’enceinte de la ville, prenait forme. Mais il fallut près
de 50 ans avant que le projet se concrétise sous
l’influence de Jules Anne Philippe et de Pierre Yves
Guiot, maires de Callac respectivement de 1852 à 1859 et
1865 à 1886.
Place
du Martray et la chapelle Ste Catherine
Aussitôt,
l’église de Callac mise en construction, la première
pierre fut posée le 1er septembre 1875, achevée
en 1877 et bénie en 1892, l’église de Botmel fut, petit à petit, délaissée par les autorités municipales
et ecclésiastiques.
Les
deux cloches, la grande et la petite, dite de saint Laurent
rejoignirent la nouvelle église. Certains matériaux tels
que les pierres de taille de la nef servirent également aux
derniers travaux de l’église de Callac.
Devant les dégradations, déprédations et menus larcins
que subit l’église de Botmel, un habitué proche de la
paroisse prit les devants et à l’insu des autorités ecclésiastiques,
mit la statue de saint Laurent en lieu sûr en
sa demeure. Une autre statue, celle de saint François,
disparut sans laisser de traces. La petite histoire rapporte
qu’elle orna, bien plus tard, la maison d’un personnage
de Callac, mais là n’est pas notre propos…
Près
d’un demi-siècle après ces enlèvements, la rumeur
publique faisait état de la présence cachée de la statue
de saint Laurent sur la commune. Une personne bien
intentionnée, fille d’un édile connu, se présenta
accompagné d’un serviteur chez le détendeur de la statue
avec la ferme intention de récupérer le trésor contre
argent comptant, ou à défaut contre des travaux de réfection
de la maison. La réponse ne se fit pas attendre, elle
essuya un refus catégorique et toutes les promesses, argent
et travaux, échouèrent. Cette statue représentait pour la
famille une sorte de talisman, un saint protecteur en
quelque sorte.
Puis, quelques temps plus tard, un personnage étranger au
pays, se présenta pour la même raison, la réponse, là
encore, fut négative et le saint resta donc caché.
Cette aventure, cet exil du saint,
prit fin récemment ; au mois de septembre 2004,
les deux derniers survivants de la famille prirent la décision
de rendre la statue à sa destination première en l’église
de Callac.
Ainsi saint Laurent, après une absence de 125 ans,
retrouva, à la satisfaction de tous, la statue de Notre
dame de Botmel. Mais dans le silence retrouvé de l’église,
ce que l’on ignore bien entendu, ce sont peut-être les
« reproches » que fit Notre Dame de Botmel à
saint Laurent pour cette absence prolongée !
Notre
Dame de Botmel.
Joseph
Lohou(août 2005)
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