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Petite Histoire de
Callac.
"L’homme sans la connaissance du passé est étranger dans sa propre
patrie"
" Le passé n'est pas mort, il n'est même pas
passé"
(William Faulkner-1897-1962)
Préambule
Il est un coin de Bretagne situé entre Carhaix et Guingamp
où se niche une petite ville charmante. Charmante par le
paysage enchanteur qui du haut de la tour de Botmel se déroule
sous le regard. Ici l’Hyère, affluent gauche de l'Aulne déroule
ses flots limpides aux éclairs d’or et d’émeraude qui
viennent se briser avec un léger clapotis sur les herbes
touffues qui couvrent ses bords, ou bien ils murmurent
doucement en minuscules cascades, ou bien tombent avec
fracas sur les roues de nombreux moulins à eau. Là bas à
l’Est, voici le majestueux clocher de Notre Dame de Bulat,
plus haut au sud, c’est Saint-Servais et les sombres forêts
de Duault. A l’Ouest, Carnoët, et plus à l’Ouest
encore, le gracieux clocher de Plusquellec.
Voici
comment Charles de FRÉMINVILLE et l'abbé Antoine FAVÉ décrivent
notre charmante cité, une vue sombre pour le premier
rattrapée par une description légèrement dithyrambique
pour l'abbé :
»Lorsque, après 1830, Monsieur de Fréminville
vit, au passage, la petite ville de Callac, son impression
fut plutôt médiocre : il se la rappelle »isolée
au milieu d’une contré sauvage, presque inculte et
couverte de bois, - semblable à une île au milieu d’une
vaste mer : « île si l’on veut, ajoutons nous,
mais non radeau, au milieu d’une mer de verdure, à la
frondaison touffue, profonde et moutonnée. Pour nous, nous
avons trouvé tout autre ce coin de haute Cornouaille annexée
à un département voisin : pastiche d’un paysage
d’Helvétie, ou évocation d’un site de la belle
Lorraine ; beau, pittoresque à peindre et à
chanter…
Ce plaisant pays où la bombarde faisait des effets si
saisissants au fond des bois, et lorsque ses notes
aigrelettes et éclatantes se répercutaient à travers les
vallons et les méandres tantôt argentés, tantôt limoneux
de l’Hyère… »
Abbé
Antoine FAVÉ – 1903- Bulletin archéologique du
Finistère- année 1890.
Le château
fort.
Tous les auteurs et historiens de la région font
mention de la date probable de la construction du château
aux environs de l'an 1200, mais aucune étude sérieuse ne
permet d'infirmer cette date. Tout au plus peut-on émettre
une autre hypothèse, elle aussi sujette à caution, les
seigneurs de Ploesquellec également sieurs de Kernormand,
auraient abandonné la motte féodale de ce lieu pour un
endroit plus escarpé et donc plus facile à défendre.
Vue
équivalente d'un château du 16° S.
(Henri
Frotier de la Messelière indique sous ce dessin la mention
suivante :
La ville et le château de Callac-Côtes-du-Nord d'après un
dessin reproduit
dans le bulletin paroissial de Callac, conservé à
Restellou en Callac
par Monsieur Capitaine- 19 octobre 1931)
Au cours des années qui suivirent, les habitants des
alentours vinrent chercher refuge et protection autour du château
et c'est ainsi que Callac pris son essor. De ce vieux château,
si renommé autrefois, il ne reste plus une pierre, plus une
ruine, plus un pan de mur debout, qui atteste ses jours passés..
C'est à peine si dans les traditions locales, dans les mémoires
des anciens il y est fait une discrète allusion.. Seuls
quelques personnes ayant le culte du passé, l'amour des
vieilles choses, un attrait pour l'histoire locale savent
qu'autrefois une importante forteresse dominait de ses
vieilles tours la petite cité callacoise. Depuis près de
400 ans, elle est détruite et le temps inexorablement
aurait complètement enseveli la souvenance si par un hasard
le chanoine Le Men, recteur de Callac avant 1914
n'avait trouvé sa description dans les archives de
la paroisse. Il en fit une étude et publia celle-ci dans le
bulletin paroissial.en 1914. Malheureusement cette
collection a mystérieusement disparue des Archives Départementales
où ne subsiste qu'un seul feuillet. Voici un résumé de
cette description:
" Le château était bâti à la pointe du
promontoire rocheux de 170 mètres d'altitude qui se termine
à la jonction des deux vallées de Pont ar Vaë et de l'Hyère,
près d'une gorge profonde facile à inonder par le barrage
du moulin de Callac que l'on appelait autrefois, barrage du
Blandelet.
La pente abrupte du promontoire rendait l'escalade
extrêmement périlleuse. L'assaillant se trouvait en outre
au sommet en présence d'une solide enceinte, derrière
laquelle se retranchaient les défenseurs. Dominant le tout,
le fier castel se profilait sur l'horizon avec sa masse
sombre dans sa rudesse et sa nudité.
Le château de Callac était un édifice assez important
composé d'un grand corps de logis ou demeure seigneuriale.
Au sous-sol, on trouvait deux grandes caves aux immenses voûtes.
Le rez-de-chaussée
était aménagé en trois grandes salles également voûtées
et l'étage comprenaient trois chambres hautes de mêmes
dimensions que le rez-de-chaussée. L'ensemble était éclairé
par douze fenêtres à grilles pendantes.
Vue
générale de Callac(dessin original)
Un escalier de 44 marches montait des caves aux
grandes salles et un grand escalier de 77 marches conduisait
aux chambres hautes. Derrière les chambres hautes s'ouvrait
une galerie crénelée sur laquelle donnaient trois
huisseries ou ouvertures avec fenêtres et petites lucarnes.
Cinq grandes cheminées se partageaient la
toiture. Le corps du logis avait 71 pieds (23,50 m.) de
longueur sur 43 pieds (41,20 m.) de large et 45 pieds (14,85
m.) ; l'épaisseur de ses murs variait de 8 pieds (2,65 m.),
11 pieds (3,30 m.), à 17 pieds (5,60 m.. Le tout était
construit de "
pierres de grains ", taillées et mésusées (polies)
à la pointe de marteau, d'où le métier de picoteur de
pierres.
Joignant les murs des grandes salles " vers
le matin ", un corps de logis haut de 30 pieds (10 m.)
et voûté, conduit à une grande tour ou prison où l'on
voit plusieurs voûtes et fenêtres avec un escalier de 5
marches. A l'autre bout est un rempart garni de créneaux et
voûté qui aboutit à une grande tour
et prison dont les murailles ont une épaisseur de 12
pieds(4 m.) sur 34 pieds (11,2 m.) de haut et le pourtour
extérieur " six-vingt-neuf " ou 129 pieds (42,50
m. A l'extrémité opposée, un rempart de 24 pieds (6,80
m.) de haut relie la tour centrale à la grosse tour et
prison du Nord. Celle-ci, haute également de 24 pieds possède
deux grandes boucles à grilles pendantes. Son contour extérieur
mesure six vingt dix sept pieds ( 137 pieds-56 m.), l'épaisseur
de ses murs 12 pieds et demi (4,10 m.). Le tout est fait de
pierre de grain. A l'intérieur, un escalier conduit au
sommet et descend jusqu'à la partie basse. Faisant suite à
cette tour et à angle rentrant vers la cour du château se
trouve un bâtiment long de 44 pieds (14,50 m.), large de 43
formant rempart sur le vallon de Pont-ar-Vaë. Son mur extérieur
mesure en lèze
13 pieds (5,40 m.), son mur de jonction 8 pieds (2,60 m.) et
celui de la façade 6 pieds et demi (2,15 m.) Cette
construction massive renferme une cuisine avec deux larges
cheminées, trois huisseries, deux grandes voûtes,
plusieurs fenêtres et un four à pâtes. Comme les
forteresses de l'époque, le château était entouré d'un
mur d'enceinte continu coupé seulement d'une porte unique
que l'on ne franchissait pas aisément. Cet enclos
renfermant cour,
issue, fondier et jardin avec une superficie de deux
journaux et demi et 88 cordes. Cette superficie correspond
assez exactement à celle fournie par le plan cadastral et
comprend le terrain limité par une ligne droite allant de
la rue Jobic et
aboutissant vers la propriété des (*)
.Le plan d'ensemble de la forteresse de Callac
affectait la forme triangulaire dont le "Kleun-Meur
" formait la base. De l'enceinte du château proprement
dite et que nous venons de décrire partaient deux murailles
rejoignant les deux extrémités du "Kleun-Meur".
Une rue de Callac porte encore le nom,
légèrement modifié en rue du Cleumeur. Au XII° siècle,
le kleun-meur n'était autre chose que de gros remparts de
terre surmontés de fortes palissades de bois. Ces
retranchements et palissades étaient eux-mêmes défendus
à l'extérieur par des douves profondes. Derrière ces
fortifications se réfugiaient en cas de guerre, les vassaux
et les sujets de la seigneurie qui aidaient à la défense
du château. Cette seconde enceinte était percée au sud de
deux portes contiguës donnant accès dans la place.
Vraisemblablement cette double porte a donné son nom à la
"rue des Portes" qui s'était formée plus tard à
l'entrée de la citadelle féodale. Le château de Callac,
assis sur son éperon rocheux entre deux vallées, ceint d'épais
remparts, armé aux angles de tourelles, constituait une
forteresse d'une puissance sérieuse. Peu à peu attirés
par la sécurité qu'il assurait dans le pays, les sujets de
la seigneurie construisirent dans l'enceinte des habitations
disséminées sans ordre apparent, à l'ombre des tours féodales.
Une chapelle sous le vocable de Sainte Catherine existait
pour le service religieux des châtelains, de la domesticité,
des défenseurs et des habitants. L'histoire attribue la
construction du château à un comte de Poher.
Le Vicomté de Poher
A la fin du XI° siècle et au commencement du XII°, la
Vicomté de Poher comprenait les trois petits domaines
ducaux : Landeleau, Châteauneuf-du-Faou et le Huelgoat, en
plus de la châtellenie de Carhaix. Le Poher tenait sous sa
mouvance, outre bien d'autres fiefs, deux baronnies
importantes, Callac avec ses treize paroisses et Rostrenen
avec ses douze paroisses. C'était sans contredit la plus
grande seigneurie de Cornouailles et l'une des plus étendues
de Bretagne. Bien que très considérable, elle ne portait
cependant au XI° et XII° siècles que le titre de vicomté.
Par la mort sans enfants du duc Conan II, le Poher fut
transmis à Havoise, femme de Hoël, comte de Cornouailles,
qui devint du même coup Duc de Bretagne. Ainsi
le Poher se retrouva pendant quelques temps uni au
comté de Cornouailles. Bientôt Hoël ou Alain Fergent se décida
à le donner en fief à l'un de ses chevaliers, Tanguy qui
de 1105 à 1108 s'intitula vicomte de Poher. En 1205, le
Poher rentra définitivement dans le domaine ducal. Ce court
précis historique et chronologique n'est pas sans intérêt
car il permet de dater au XII° siècle la construction du
château de Callac, c'est-à-dire avant l'annexion du Poher
au domaine ducal. Le château de Callac, placé sous la
mouvance du château de Carhaix partagea ses vicissitudes
durant la guerre de Sécession de Bretagne.
La Guerre de Sécession de Bretagne ou la guerre de deux
Jeanne.
Celle-ci
survint à la mort du duc Jean III en 1340. Le 7 septembre
de la même année le Conseil des Pairs attribue le duché
de Bretagne à Charles de Blois, neveu de Philippe de Valois
et époux de Jeanne de Penthièvre, nièce du duc. Jean de
Monfort, frère consanguin du défunt, décédé ne
s'incline pas et implore l'appui de l'Angleterre; la guerre
éclate. Elle durera près de 25 ans, animée par Jeanne de
Penthièvre et Jeanne de Monfort, d'où le nom de guerre des
deux Jeannne.Le Traité de Guérande, signé le 12 avril
1365 nomme Jean de Montfort second du nom, duc de Bretagne,
mais en s'engageant à ne reconnaître pour suzerain que le
roi de France. La guerre de Succession couvrit de ruines et
de sang toute la Bretagne ; ce fut surtout une guerre de sièges
et de " folles entreprises ", conduites de part et
d'autre sans méthode ; elle est néanmoins un des épisodes
les plus intéressant de l'histoire du moyen âge. La
chevalerie en décadence y jeta son dernier éclat. La
Bretagne elle-même, pare les efforts que fit le vainqueur
pour guérir les maux dont son peuple avait tant souffert,
se vit élevée à un degré de prospérité qu'elle n'a
jamais dépassé, et elle acquit dans les arts une aptitude
qu'on ne lui avait pas connue. A la fin du XIV° s. Et
pendant le XV°, les pays se couvrit de châteaux aussi bien
construits dans leur masse que bien ordonnés dans leurs détails
; les anciens sanctuaires furent rebâtis avec un luxe
monumental et dans un style plein de verve et d'originalité.
Assiégé en 1341, 1342 et 1345, la
forteresse fut tour à tour prise et reprise par les soldats
des deux compétiteurs au duché de Bretagne. Il est même
fort probable que pendant le siège de Carhaix par Du
Guesclin (+ 13.07.1380 Châteauneuf-de-Randon-Lozère) en
l'an 1363, au siège d'Auray, le 29 septembre 1364, le château
eut à subir l'assaut de ce redoutable homme de guerre.
.
Bertrand
Du Guesclin(1320-1364)
Connétable de France.
Enfin, après plusieurs sièges, le château
de Callac fut condamné à être démoli par ordre du roi en
1393.Les démolisseurs patentés du roi avaient porté la désolation
sur le sommet escarpé où se dressait la forteresse. Le château
moyenâgeux démantelé de ses tours et de ses créneaux
dressa quelques temps encore ses ruines éloquentes au
milieu de sa solitude au-dessus de la riante vallée où
l'Hyère aux capricieux méandres avait repris librement son
cours. On ne reste pas éternellement sur des ruines, on les
relève et les sieurs de Ploesquellec, ramage du Poher ne tardèrent pas
à rendre à leur demeure féodale en partie du moins sa
force et sa puissance de jadis. Dans la seconde moitié du
XV° siècle, Louis XI, roi de France par sa politique
habile visait à annexer le duché de Bretagne à la
couronne. Sous cette menace éventuelle et avec le
pressentiment que la guerre allait devenir inévitable, François
II (1458-1488), le dernier duc de Bretagne, se préoccupa de
mettre les places fortes de son duché en état de défense.
Il promulgua le 9 septembre 1475 une ordonnance prescrivant
au seigneur de Callac d'imposer plus fortement les sujets de
la seigneurie. Les droits de billot
sur les marchés et foires devraient être consacrés au rétablissement
et renforcement des fortifications du château afin de défendre
les sujets contre les éventuels ennemis du pays. Cette même
ordonnance rappelle que le château se trouve dans une
position naturelle très forte et dans un site
merveilleusement adapté à la défense. Moins de 80 ans
plus tard, c'est à dire vers 1551-1552, sous Henry II, roi
de France et duc de Bretagne, le château est à nouveau détruit
et démantelé, mais les causes de cette démolition restent
encore inexpliquées.
La
Seigneurie de Callac sous l'autorité de L'abbaye de
Quimperlé
En 1516, le 18 août, fut signé au concile de Latran, entre
le pape Léon X et le roi de France François 1er
, le fameux Concordat dit de « Bologne », qui
reconnaissait au roi le droit de disposer des dignités ecclésiastiques,
et la nomination des évêques et des abbés ne dépendit
plus d'un chapitre de chanoines et de moines, mais du bon
plaisir du Roi.
Ce Concordat, imposé à l'Église, fut la
principale cause de la décadence des ordres religieux en
France. Les abbayes et les autres bénéfices ecclésiastiques
échurent aux prélats qui jouissaient de la faveur royale.
Des courtisans, des hommes de guerre reçurent, en échange de services qui n'avaient rien d'ecclésiastique,
des titres d'abbés et surtout de bénéficier des biens de
leurs monastères, cette faveur prit le nom de commande.
"
Le régime de la commande avait fini par sataniser les
monastères"
Sainte-Croix de Quimperlé eut à souffrir aussi
de ce malheur du temps que l'historien de l'abbaye appelle :
"Une saison où l'on aboyait après la mort des réguliers pour envahir
leur crosse... ".
L'abbé Daniel de Saint-Alouarn, dernier abbé régulier
de Sainte-Croix, étant mort en 1553, le roi Henri II usa du
pouvoir que lui donnait le Concordat et nomma le 21 novembre
1553 abbé de Quimperlé, Odet de Coligny. Celui-ci, comblé
de charges, cardinal de Chastillon, archevêque de Toulouse,
évêque et comte de Beauvais, pair de France, défraya la
chronique de l'époque. Fils de Gaspard de Coligny et Louise
de Montmorency, et frère de Gaspard, amiral de France, il
adhéra aux thèses calvinistes et s'engagea dans l'hérésie,
puis épousa Élisabeth de Hauteville qu'il avait entretenue
longtemps en secret. Privé de ses bénéfices par arrêt du
Parlement en 1569, il s'exila en Angleterre où il mourut en
1571.
Les Gondi
Les Gondi étaient d'origine italienne et leur maison
avaient joué un rôle important à Florence, au XIIIe
siècle. Un des membres de cette famille, Antoine de Gondi né
en 1486, vint s'établir banquier à Lyon. Il fut remarqué
par Catherine de Médicis qui le prit pour maître d'hôtel
ordinaire du Dauphin, futur roi Henri II Antoine de Gondi épousa,
en 1515, Catherine de Pierrevive dont il eut cinq enfants :
Jean, Albert, Pierre, Charles, Méraude, Marie.
Albert, né à Florence le 4 novembre 1522, épousa, le 4
septembre 1565, Claude Catherine de Clermont, veuve de Jean
d'Annebaut, baron de Retz ou Rais. Il commanda huit armées
et servit cinq rois de France : Henri II, François II,
Charles IX, Henri III et Henri IV. Confident de Catherine de
Médicis, son ascension aux plus hautes fonctions de la
cour, suscita les plus vives réserves de la part des
princes royaux. Il fut, dit-on, l'instigateur secret de la
Saint-Barthélemy.
En 1572, le comte de Montgomery, chef d'une flotte
de protestants français, hollandais et anglais qui, ayant
échoué dans une tentative de secourir la ville de La
Rochelle, s'empara de Belle-île, dans l'intention de s'y établir.
Charles IX; s'apercevant que les moines ne pouvait défendre
l'île, donna celle-ci à Albert de Gondi et l'érigea en
marquisat avec charge de faire construire un fort,
d'entretenir une garnison et un état-major. Le comte de
Montgomery, sous la pression des forces conduites par le
nouveau marquis de Belle-Île, évacua l'île.
Belle-Ile.
« En 1508, on y rencontre pour la première
fois une garnison française ; en 1549 une
citadelle est établie et François 1er y
nomme un gouverneur, François de Rohan, seigneur de
Gié, lieutenant général du Roi en Bretagne. En
1572, L’abbaye de Quimperlé échange l’île
contre des domaines situés en « grandes
terres » avec Albert de Gondi, duc de Retz,
dont les héritiers la vendent en 1658 au fameux
surintendant des Finances Fouquet ; en 1718, la
suzeraineté passe au Roi, qui dédommage la famille
Fouquet au moyen de biens situés dans le midi de la
France… »
|
Le contrat de permutation se fit en 1572, comme mentionné
dans l'aveu qui suit ; mais les abbés de l'abbaye de
Sainte-Croix n'étant pas d'accord avec le duc de Retz,
Albert de Gondi, pour l'évaluation des terres qu'on leur
offrait, terres et seigneuries de Housillé et de Callac,
entamèrent un procès qui se termina en 1584.Cette même
année 1572, Pierre de Gondi, frère d'Albert et évêque de
Paris reçut le bénéfice de la commande de l'abbaye de
Sainte-Croix. Il délégua ses pouvoirs à Pierre de Labesse,
chanoine de Notre-Dame de Paris pour la gestion du monastère
de Quimperlé.
Un premier acte, du 26
juillet 1578 signé à Paris donne :
"une procure par
laquelle Pierre de Labbesse accepte la récompense que
Messire Albert, baron de Retz, Maréchal de France est tenu
de bailler audit Seigneur Abbé du couvent de la dite
abbaye"
L'affaire
n'est partiellement conclue que le 7 janvier 1583, mais
Pierre de Labbesse meurt en 1584 et Silvius de Pierrevive
qui porte le même nom que Marie de Pierrevive, mère
d'Albert et de Pierre de Gondi, est nommé abbé de
Sainte-Croix.
En décembre 1584, un arrêt du Parlement de Rennes
termine l'affaire, Belle-Île passe aux mains des Gondi et
l'abbé de Sainte-Croix de Quimperlé devient seigneur de
Housillé, près de Vitré et seigneur de Callac, succédant
ainsi à Albert de Gondi (1565-1572), à Claude de
Villeblanche,seigneur de Broons (1534-1565) et à Maurice de
Plœsquellec(1442) après la mort de son père Ollivier.
Comme on le voit par les extraits précédents, ce ne fut
pas de leur plein gré que les moines vendirent Belle-Île,
mais bien obligés devant des raisons politiques et la
puissance royale.
Les Abbés de
Sainte-Croix de Quimperlé, seigneurs de Callac.
Pierre de Gondi, frère d'Albert, évêque de Paris,
conseiller du roi et ministre du Commerce fut abbé en titre
de Sainte-Croix et malgré la délégation de pouvoir exercée
par Pierre de Labbesse et les litiges, peut être considéré
comme le premier seigneur abbé de Callac de 1573 à 1584.
Silvius de Pierrevive, parent des Gondi, sous lequel
l'abbaye perdit le contrôle de Belle-Île, ne resta abbé que de 1584 à 1588. Henri de Gondi, fils d'Albert et
cardinal de Retz, succéda presque à son oncle Pierre. Il
resta à la tête de l'abbaye sous Henri III, Henri IV et
Louis XIII, soit pendant près de trente quatre ans.
Jean
François de Gondi.
Jean-François de Gondi,
neveu d'Henri, doyen de la Sorbonne et archevêque de Paris,
succéda à son oncle le 10 août 1624. Il abandonna la
direction de l'abbaye en 1668. Ce fut pour les Gondi et
apparentés un règne de près d'un siècle sur cette riche
abbaye bénédictine. et la seigneurie de Callac.
Guillaume Charrier de La Roche, fut le trente-huitième
abbé et le septième commendataire. Lyonnais d'origine, ce
gentilhomme, né le 10 août 1641, reçut en commande
l'abbaye de Ste Croix par la grâce du Cardinal de Retz. Il
vint en prendre possession le 23 juin 1668, accompagné de
M. de la Corbière, abbé de Valence, conseiller au
Parlement et de l'abbé Rousseau.
A l'inverse de ses prédécesseurs,
l'abbé Charrier vécut, non pas à la Cour royale, mais à
Quimperlé, L'abbé Charrier entreprit de grands travaux
pour rendre à l'église Ste Croix et au monastère son
lustre d'antan, le financement
de ses travaux provint de la vente d'arbres de haute futaie
abattus dans la forêt de Callac.
Guillaume
Charrier dirigea le monastère pendant 49 ans et se retira
ensuite dans les environs de Lyon, au château de la Roche où
il décéda le 5 septembre 1717, à l'âge de 76 ans.
Pendant la Révolte du
Papier Timbré en 1675 et 1676, il servit de médiateur
entre les révoltés et les troupes envoyées par le Duc de
Chaulnes pour combattre les mutins. Mais revenons à notre
château de Callac que nous trouvons à la fin du XVI° siècle
aux mains des moines bénédictins* de Quimperlé. L'état de délabrement
de l'ancienne forteresse est patent et les nouveaux
seigneurs religieux sont à bout de ressources. Ils durent
recourir à des expédients et en 1589 ils prirent le parti
de le couvrir de genêts et imposèrent à cet effet des
corvées à leurs vassaux. C'était l'agonie qui commençait
pour le vieux donjon.
L'Ordre
des Bénédictins.
On désigne par Bénédictins l'ensemble des
communautés monastiques qui se rattachent a la règle
de saint Benoît. Ils partagent leur temps entre la
prière commune au chœur, la prière personnelle,
la lecture de la parole de Dieu et le travail. Il
s'agit de moines vivant en communauté sous
l'autorité d'un père Abbé. Saint Benoît définit
au VI° siècle des règles de vie monastique pour
les moines du Mont Cassin, s'inspirant pour cela des
règles de vie des premiers moines Égyptiens du IV°
siècle. Cette règle fera rapidement la conquête
de l'Europe en attendant de faire celle du monde.
Les Bénédictins ont forme au cours des siècles
plusieurs grandes familles. Cette diversité
manifeste la vivacité de la règle et la
richesse de son enseignement.
La famille dite de Saint Maur.
La famille dite de Saint-Maur, du nom d’un
disciple de Saint Benoît, est l’une des dernières
manifestations de la réforme bénédictine en
France. Elle surgit en 1618 avec le dessein de
restaurer les antiques principes de la Règle bénédictine.
Mais en raison de la place accordée au travail
intellectuel dans ses monastères, la congrégation
sera une pépinière d’érudits.
(Dom MABILLON,(1632-1707) un savant mauriste,
chercheur et voyageur,
l’un des créateurs de la science
historique moderne.
Le moine et l’historien- Œuvres choisies. Précédée
d’une biographie de dom Henri LECLERCQ. Édition
établie par Odon HUREL – Robert Laffont,
collection Bouqins.)
|
Les
guerres de la Ligue
Entre
1589 et 1598, la Bretagne est touchée par les troubles de
la Ligue. Le duc de mercœur, gouverneur de la Bretagne
est vaincu par Henry IV et doit se soumettre. Tour à
tour, le château entendra retentir les clameurs des hommes
de guerre montant à l'assaut ou abritera derrière ses
remparts des bandes de pillards qui s'en sont emparés pour
en faire leur quartier général et l'entrepôt de leurs
vols et rapines.
Dans ses mémoires, le
chanoine Moreau
nous apprend que pendant l'année 1592, quelques gens de
guerre se disant appartenir au parti du roi Henry IV s'étaient
fortifiés dans les ruines du château de Callac à quelques
lieux de Carhaix d'où ils ravageaient les paroisses
voisines. Don Juan d'Aguila, célèbre général espagnol, résolu,
après la prise de Rostrenen, d'en purger le pays. Dès
qu'ils se virent assiégés dans leur repaire, les brigands
ne tardèrent pas à se rendre. Les fortifications qu'ils
avaient faites furent détruites "pour ne pas donner occasion à d'autres de s'y loger ". Il
parait que les mesures prises par Don Juan d'Aguila eurent
peu d'effet, car nous voyons dès le mois de septembre 1592
le château de Callac occupé par des bandes de ligueurs
sous les ordres du capitaine Du Mas, vivant de rapines comme
leurs devanciers. D'autres leur succédèrent jusqu'au mois
de décembre 1597, date de la soumission des derniers
ligueurs, et de la présence à Callac des soudards de
Monsieur de la Rivière.
Le sieur de Bourgerel,
lieutenant du cruel Fontenelle, celui-là même qui détruisit
Penmarch en 1595 et fit tant régner la terreur dans la
Cornouaille, s'était logé dans le château cette année
1595 et son séjour dans cette place fut l'occasion du
curieux document qui suit. :
" Le sieur de
Bourgerel, lieutenant du sieur de la Fontenelle, capitaine
des chevau-légers et commandant en son absence la ville et
le château de Callac.
Nous défendons à tout
soldat de quelque qualité ou condition qu'il soit de
s'aboucher avec l'ennemi, sans avertir son chef, sous peine
de mort
Nous défendons aussi à
tout soldat de partir en guerre sans l'autorisation de son
chef, sous peine d’être passé par les armes.
Il est défendu à tout
soldat de se loger plus loin qu'une portée de canon du dit
château de Callac, sous peine d'être puni à la discrétion
de son chef.
Nous enjoignons aussi aux
soldats factionnaires de s'acquitter de leur devoir de garde
sous peine d'être punis à la discrétion de leurs dits
chefs.
Défendons à tous les
habitants et paysans de retenir les soldats sans avertir le
dit chef, sous les mêmes peines que ci-dessus.
Il est défendu aux soldats
de toucher aux dits paysans ou autres, le jour du marché ni
autres jours, dans la ville de Callac sans permission dudit
chef sous peine d'être punis à la discrétion dudit chef.
De plus, nous enjoignons à
tous ceux faisant état de tenir taverne ou hostellerie en
cette ville, d'être toujours garnis et pourvus de tous les
vivres requis pour la munition des soldats et autres sous
peine d'être
punis à la discrétion dudit seigneur, avec commandement
exprès aux soldats et autres de vivre en bonne intelligence
avec les dits hôtes sous peine d'être punis à la discrétion.
De même, commandons aux
habitants de cette ville et pays circonvoisins de ne receler
aucun prisonnier, ni suspect à notre garnison, sous peine
d'être punis à la discrétion du seigneur.
De même, commandons à tous
les boulangers et autres marchands trafiquant en quelque
sorte de marchandises que ce soit, de faire juste prix et
livraison de leurs marchandises, sous peine de confiscation
de leurs marchandises.
De même, il est défendu à
tout soldat de s'accommoder en leur logement en dehors de la
discrétion et permission de leur chef sans étiquette,
seulement de leur coucher, feu et litière pour leurs
chevaux sous peine d'être punis à la discrétion de leur
chef.
Signé : BOURGEREL.
Par commandement du sieur.
Signé : M. MEVEL."
Voir l'acte original de cette
lettre.
L'antique château fort du XII° siècle tant
de fois assiégé, ruiné, réparé, reconstruit est hélas
voué à la destruction inévitable.
Par
lettre patente du roi Louis XIII et un arrêt de la Cour de
Paris du 14 août 1619, sa démolition fut ordonnée, non
par Richelieu comme le suggère certains auteurs mais par
Charles Luynes, marquis d'Albert et duc de Luynes, en cour
à cette époque, en l'absence de Marie de Médicis.
Situé
à la partie sud-ouest du département et dans l'ancien évêché
de Cornouailles, Callac
est une petite ville sans histoire mais non sans passé.
La petite ville de Callac, à laquelle tous les
dictionnaires géographiques de France s'obstinent à donner
la qualification de bourg, ne nous semble pas fondée à se
prévaloir d'une origine antique. Dès le quinzième siècle,
sans doute, quelques maisons isolées abritaient là un
petit nombre d'habitants vivant sous l'aile protectrice du
château. Celui-ci, situé à l'Est de la ville, sur le
versant d'une colline qui domine la rivière d'Hyères. Des
fossés( l’un d’eux porte encore le nom de Cleuz
Meur, grande fosse) et des étangs ( Coz
Stang est
maintenant sous prairies) l’entouraient.
Joseph Lohou (mars 2005°
mise à jour :juillet 2008)
Il est intéressant de connaître
ce que disait l'historien Benjamin
Jollivet de Callac dans les années 1850 à 1860
lorsqu'il parcourait les Côtes-du-Nord.
Sources.
Archives Nationales – CARAN- Paris- cote :
Archives Départementales des Côtes d’Armor – cote H
399.
GUILLOTIN, Jean - "Callac
autrefois"- Jean Guillotin, Frère des Écoles
chrétiennes à l'école Saint Laurent de Callac dans les
années 1925-1930 , féru d'histoire locale, rassembla dans
un petit opuscule toute une série d'évènements trouvés
dans les archives de la fabrique de Botmel. Ce récit
publié en 1929 avait été conservé par M. Eugène Le
Provost, clerc de notaire en l'étude de M° Guilcher à
Callac et a servi à la rédaction de ces quelques pages.
En février 2005, les éditions du Livre d'Histoire-Lorisse
font paraître, à partir de l'édition de 1929, dans une
collection dirigée par M.G MICBERTH, Monographies des
Villes et Villages de France, "Callac Autrefois",
Histoire, curiosités, légendes, vieilles coutumes. et qui
porte la référence ISBN 2-84373-652-8 et ISSN
0993-7129. Ce livre est en vente à la librairie de La
Louve, place du Centre à Callac.