Callac-de-Bretagne

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                           Les guerres de religions dans l’Ouest de la France


                                               

Les mémoires du chanoine Moreau nous apprennent qu’en l’année 1592, quelques gens de guerre, se disant du parti du Roi, s’étaient fortifiés dans les ruines du château de Callac, à quelques lieues de Carhaix, d’où ils ravageaient les paroisse voisines. Don Juan d’Aguila, après la prise de Rostrenen, résolut d’en purger le pays. Ils se rendirent, dès qu’ils se virent assiégés, et les fortifications qu’ils avaient faîtes furent détruites, « pour ne donner occasion à d’autres de s’y loger . »

Il paraît que les mesures prises par le général espagnol eurent peu d’effet, car nous voyons, dès le mois de septembre de cette même année, 1593, le château de Callac occupé par des bandes de ligueurs sous les ordres du capitaine du Mas, vivant de pilleries comme leurs devanciers. D’autres leur succédèrent jusqu’au mois de décembre 1597, époque à laquelle les soudards de Monsieur de Rivière y tenaient garnison. Le sieur de Bourgerel[1], lieutenant de la Fontenelle, s’y était logé en 1595, et son séjour dans cette place fut l’occasion du curieux document qui suit et que je reproduit textuellement.

                                               Chanoine  R.F. LE MEN

Ordre d’un lieutenant de la Fontenelle


 »Le sieur du Bourgezel (sic), lieutenant du sieur de la Fontenelle, sur ses chevaulx leigiers, commandant en son abscance ès villes et châtaux de Callac.

Deffandons à touz soldartz de quelque qualitté ou condicion qu’ils soinct de ne frecguenter acecques lénamy(ennemi) sans advertir son cheff sur paine de la vye.


Aussy deffendons à tous soldartz de non aller à la guere sas licence de son cheff sur paine estre passé par les armes.


Aussy est deffendu à touz soldartz de ne se loger plus loign que ungn portée de canon dudixt châtau de Callac sur paine estre puny à la discrection de son cheff.


Aussy enjoignons aux soldartz factionaires de sacguicter de leur debvoir en garde sur paine estre punis à la discrection de leur dict cheff.


Aussy deffandons à touz habitants et paissons(paysans) de ne soustenir soldartz sans advertir le dict cheff sur mesmes paines que dessus.


Plus enjoignons à toutz ceulx de tenir taverne et hostellerie en ceste ville, destre tourjours garnis et pourveuz de toutz vitacques(vivres) recquises pour la munition des soldartz et aultres sur paine estre puniz à la discrection dudict seigneur avecques commandement expresse ausdictz soldartz et aultres estre à un avecques lesdictz hostes sur paine estre puniz à la discrection.


Item commandons aux habitants de ceste ville et poissons circonvoisins de ne receler aulchun prisonnier ny suspect à notre garnison sur paine estre puniz à la discrection dudict seigneur.
Item commandons à toutz bolongiers(boulangres) et aultres marchandz tracficquantz en quelque sorte de marchandise que ce soict de faire juste pris et raison de leur marchandise sur paine de confiscation de leur marchandise.

Item est deffandu à toutz soldartz de s’acommoder  en leur logis, oultre la discrection et permission de leur cheff, sans estiguette, seulement que de leur coucher, feu et lytière pour leur chevaulx sur paine estre puniz à la discrection de leur dict cheffe. »

                                     Signé, BOUGEREL

                                         Par commission dudict sieur.
                                                         Signé : M. Mevel.





Note ajouté sur le document original.
 »Acte touchant la guerre suivant le commandement du sieur de Bourgerel- 1595- curieux pour l’histoire de Callac.

Sources.
Archives du Finistère.
L’auteur R.F Le Men ne donne aucune cote précise.


                                                                                    Joseph Lohou(novembre 2006)



[1] Guy Eder de la Fontenelle(° 1572) est un des seigneurs emblématiques et populaires qui s’illustra en Bretagne et surtout dans le Trégor durant les guerres de la Ligue. Personnage intéressant et digne d’attention, il devint un vulgaire chef de brigands redouté et dont le surnom « Ar Bleiz » (le loup en breton) semait la terreur.

                

  

 

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