Page
Retour
Le Docteur François Le Men
86 ans et toujours bon pied bon œil, le docteur François Le Men, de Callac, a
bien l'intention de continuer à
exercer
son métier de médecin, tant que la santé le lui
permettra.
À 86 ans, il exerce toujours son métier de médecin: «
C'est un sacerdoce. Pas question de laisser tomber mes
malades! «
Seule
la santé décidera du moment où le docteur François
Le Men, de Callac, devra laisser
la sacoche de cuir à la maison.
35
heures,
tour de
garde... Ne parlez pas de choses qui fâchent. le
docteur risquerait de vous décocher un de ses regards
noirs. Un dur, François le Men, ancien lutteur,
footballeur, cycliste et tennisman. Qui continue à faire
ses visites aux malades, de jour comme de nuit, samedi,
dimanche et jours de fêtes, s'il le faut.
Accouchements
à domicile
Ne
croyez pas qu'il chasse le client. la salle d'attente, là même
où ses parents vendaient du grain et
du cidre, est bien garnie. « J'ai des malades que j'ai soignés quand
ils avaient 20 ans. Maintenant, ils sont grands-parents ou
arrière-grands-parents. Quant à ceux que j'ai mis au
monde, ils ont 59 ans
». Eh oui, en 1949, le médecin de famille pratique des
accouchements à domicile:« Je l'ai même fait avec
une jambe dans le plâtre». Il fait aussi les piqûres, faute d'infirmière, et transporte parfois
les malades dans son propre véhicule. Ni ambulance ni
intermédiaire: «A Callac, il n'y avait pas de spécialistes
à cette époque et très peu à Guingamp. C'était direct
de l'examen à la chirurgie. Il m'arrivait, en pleine nuit, d'aller conduire un malade au
docteur Rivoallan, à la clinique de Guingamp, et on opérait
à deux heures du matin ».
Médecin
ou chauffeur routier?
« Il m'est arrivé de faire des visites avec le 35 tonnes de mon père,
voire en pétrolette ou à cheval», confie le toubib. En tout cas, l'époque
est héroïque, révolutionnée par « l’arrivée
de la pénicilline qu'on ne savait pas doser au début».
François le Men, accompagné d'un ami pneumologue, fait
également des radios des poumons au domicile des
patients: « Un soir, l'appareil est tombé et s'est cassé..
Je ne l'ai pas remplacé. Ça m'a sans doute sauvé la vie;
on ne portait pas de protection! »
Aujourd'hui,
les choses ont beaucoup changé: spécialistes, moyens
d'analyse et traitements plus performants... Sans nier le
progrès, François le Men dénonce toutefois l'excès
de technologie: «C'est l'examen du médecin qui devrait compter. la première qualité d'un praticien, c'est l'observation.
À la vue d'un malade, on sait où on va ».
Aucun regret
Le
médecin de Callac,-1ui, sait qu'il ira jusqu'au bout.
Toujours prêt à sauter de son lit à 4 heures du matin
pour aller réconforter un homme abattu par l'incendie de sa
maison, avant de repartir, à 7 h, faire sa journée. En
entamant sa 60ème
année de médecin, aucun regret, mis à part le fait
de ne plus faire assez de vélo. Pas de regret, en tout cas,
de ne pas avoir fait de carrière plus «prestigieuse» de
neurologue ou de gastro-entérologue, comme certains de
ses copains de fac. « Je voulais rester à Callac.
Mes malades se sont attachés à moi et moi à eux. C'est
cela le bonheur du médecin de famille ».
Hervé
Queillé
Sources.
Le Télégramme du 24
janvier 2008.
Cinq ans plus tard, le Docteur François LE MEN est toujours "sur le pont"
Une réputation nationale, François LE MEN sur le Journal du Dimanche (JDD)