Callac-de-Bretagne

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 Louis Marie LE BONHOMME, prêtre

Callac a également donné naissance à quelques personnalités ecclésiales remarquables ; outre Jean Baptiste BALDINI, citons par exemple Louis Marie LE BONHOMME, né au manoir   du Launay le 16 juin 1766, fils du notaire Hervé et de Françoise Le Men. Il émigra à Jersey en 1792, puis rejoignit l'Angleterre où il rencontra le marquis de Miran qui en fit son aumônier personnel. A son retour en France en 1796, il fut nommé curé de Calanhel, ex-trêve de Plusquellec , puis en 1805  à Trébrivan  et à Maël-Carhaix en 1813. A Rostrenen en 1817, Il y devint vicaire général forain(*) à Rostrenen où il mourut le 16 février 1827 à l'âge de 61 ans.

En parcourant le registre de délibération du canton de Callac en 1796, nous avons trouvé une attestation, fleurant bon le parfait faux témoignage et contredisant l'émigration à Jersey de Louis Marie LE BONHOMME :

                         Certificat accordé à Louis Marie Le Bonhomme, ex-prêtre

  "Le 23 vendémiaire de l’An V(14 octobre 1796) le conseil municipal du canton de Callac département des CDN sur la demande faîtes par Joseph Le Roux et Jeanne Adrienne Le Bonhomme, sa femme, marchands de Callac, certifions sur l’attestation du citoyen Yves Le Gars ; notaire et marchand, 42 ans, Yves Gouranton, 36 ans tailleur d’habits, Louis Débordès, 42 ans, couvreur, Sébastien Pinson, 61 ans laboureur, Gabriel Le Maître, 55 ans, marchand, de Jean Julien Delafargue, 46 ans, marchand , de Jacques Le Coz, 38 ans, cultivateur, Joseph Le Roux, 46 ans, marchand, de Jeanne Adrienne Le Bonhomme, 37 ans, marchande à Callac tous domiciliés dans le canton de Callac qui est le lieu de résidence du certifié, que Louis Marie Le Bonhomme, frère de Jeanne Adrienne Le Bonhomme et beau-frère de Joseph Le Roux, ex-prêtre de la commune de Botmel, 30 ans, taille de cinq pieds, quatre pouces, cheveux, barbe et sourcils châtains, yeux bleus, nez long, bouche moyenne, menton plat, visage ovale, front bas, teint pâle, a résidé sans interruption à Callac, commune de Botmel, maison lui appartenant et à la dite Jeanne Adrienne Le Bonhomme, sa sœur, depuis environ 6 ans jusqu’au mois d’octobre ou de novembre 1792 (vieux style.
Certifions en outre que les citoyens attestant, ne sont à notre connaissance et d’après leur affirmation ni parents, alliés, agents, fermiers, créanciers, débiteurs du certifié ou employé à son service à l’exception de son beau-frère Joseph Le Roux et Jeanne Adrienne Le Bonhomme, sa sœur, propriétaires et principaux locataires de la dite maison.

Fait en la Maison commune à Callac le 23 vendémiaire an cinquième de la République française, une et indivisible en présence des attestants, lesquels ont signé avec nous, tant le présent registre que l’extrait, à l’exception des dits Gabriel Le Maître et Jacques Le Coz qui ont déclarés ne savoir écrire ou signer de ce interpellés

Signent : Le Gars, Gouranton, Jean Le Roy, Delafargue, Louis Débordès, Jeanne Adrienne Le Bonhomme, Le Pinson, Even, Président, Le Roux, J. A Guiot , Delafargue."


    Il est vrai que la nouvelle administration n'est plus sous la coupe de Pierre Joseph Fercoq, qui  a été éloigné des affaires après la Constitution de l'An III.(Voir le clergé en 1796

Très impatient de quitter Calanhel pour une paroisse plus peuplée et plus riche, Trébrivan(t), voici la lettre qu'il adresse au Préfet Jean Pierre Boullé le 9 prairial de l'an 13(29 mai 1805) :

"Monsieur le Préfet                                            Calanhel le 9 prairial l'an 13

Je viens de recevoir de Monsieur l'Évêque des provisions pour la paroisse de Trébrivant, oserais-je vous prier de nommer un commissaire pour recevoir à Trébrivant le serment que je suis obligé de prêter à cette occasion.

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Monsieur Le Préfet, votre très humble et très obéissant serviteur.

Le Bonhomme, curé de Calanhel"

Le préfet, un peu étonné de l'empressement de Louis Le Bonhomme, annote en marge de la lettre : 

"Il faut vérifier si M. L'Évêque a donné avis de cette nomination, et en cas qu'il l'ait fait, déléguer le maire"

Louis Marie Le Bonhomme arrive à Trébrivan le 18 août 1805, où il est reçu dans l'église de la commune pour prêter serment en présence du maire, Yves Le Noan et de tous les conseillers municipaux, Joseph Kerhervé, Yves Le Breton, Yves Guillaume Le Hire, Jean Le Caroff, Jean Le Hénaff et Joseph Riou.

Après l'Évangile, Monsieur Le Bonhomme, à genoux sur un prie-dieu placé devant le Maire, et la main sur le livre des Évangiles, a proférer à haute et intelligible voix les paroles suivantes :

"Je jure et promets à Dieu sur les saints Évangiles, de garder obéissance aux Constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur ; je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue soit au dedans soit au dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique ; et si, dans ma paroisse ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'état, je le ferai savoir au Gouvernement"

Signent : Le curé, Louis Le Bonhomme, Le Maire, Yves Le Noan, son adjoint, Philippe, ainsi que tous les conseillers.

Nous sommes, depuis trois ans sous  l'ère du Concordat signé par  Joseph Napoléon pour le premier Consul et par le cardinal Consalvi pour le Pape Pie VII en 1801 et publié le 18 avril 1802. Le catholicisme n'est plus la religion de l'État et ce serment est un serment d'allégeance total de l'Église à l'autorité publique et à ses représentants.

Louis Le Bonhomme, après huit années comme desservant de la commune de Trébrivant, franchit un nouveau pas et accède aux fonctions de curé de Maël-Carhaix le 6 janvier 1813. Le cérémonial de la prestation de serment est identique au premier, seul les personnages changent. Le représentant de la commune n'est pas le Maire en place mais son adjoint, Charles Joseph Mélard du Quellennec. Les membres du conseil municipal présents sont : Louis Henry, Julien Huellou, Claude Le Godec, René Le Follézou, Louis Le Guellec et Étienne Quéméner.  

En mai 1822 comme curé de Rostrenen, le Préfet de l'époque fit faire une enquête sur les antécédents Louis Le Bonhomme au cours de ses années d'exil passées en Angleterre. Voici ce que lui répondit, Mathias Le Groing de la Romagère, évêque de Saint-Brieuc, qui remplaça Jean Baptiste Caffarelli en 1818 :

" Vous m'avez fait l'honneur de m'écrier pour avoir des renseignements au sujet de M. Le Bonhomme, ancien aumônier de M. De Miran, et qui émigra avec lui. Je ne connais dans mon Diocèse qu'un prêtre de ce nom qui a été desservant de Maël-Carhaix dans l'arrondissement de Guingamp, et qui est aujourd'hui curé de Rostrenen. C'est un ecclésiastique d'un mérite distingué, qui a émigré, et qui remplit très bien ses devoirs, étant même mon grand vicaire forain. Je désire que ces détails satisfassent les personnes qui ont écrit. 

Je suis avec une haute considération, Monsieur Le Préfet, Votre très humble et fidèle serviteur.

                                                                                  

                 Mathias, Év. de St Brieuc(1819-1844) 

                                           Joseph Lohou( modifié le 25 Juillet 2006)

 Sources : SEM Côtes d'Armor (1985)

                AD22 Série V - V art. 574
                          Série L - cote 15 L 1

Notes. (*) vicaire général forain, fonction extérieure au siège de St Brieuc

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