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Nous
avons voulu faire figurer dans ce site, ces quelques
pages écrites en avril 2000 dans la revue "Généalogie
22", bulletin de liaison n° 46 du Centre Généalogique
des Côtes d'Armor à Saint-Brieuc, association dans
laquelle je collabore activement depuis 1985, premièrement
en raison des liens existants entre le père du poète,
Joseph Toussaint Villiers de l'Isle Adam et la petite ville
de Callac où il habitait en 1836, toujours dans sa quête
des trésors cachés ; également aussi pour son ascendance
locale allant de Landugen pour la famille Gourlay et à Maël-Pestivien
pour la famille Stephnou.
J.Lohou
VILLIERS
de L’ISLE ADAM
Un écrivain
original, grand poète miséreux du XIX°
Jean
Marie Mathias Philippe Auguste Villiers de
L'Isle Adam
|
Sa
vie.
A
St Brieuc, au N°2 de la rue St Benoît, le 7 novembre 1838
à 9 heure du matin, naît Jean Marie Mathias Philippe
Auguste de VILLIERS de L’ISLE ADAM. Le fils unique du
marquis Joseph Toussaint et de Marie-Françoise
LE NEPVOU de CARFORT est baptisé le 23 janvier par Mgr
Mathias GROING de la ROMAGERE, évêque de St Brieuc. Son
parrain est son grand-père paternel Jean Jérôme de
VILLIERS de L’ISLE ADAM et sa marraine sa grande tante
maternelle et grand-mère adoptive, Marie Félix DANIEL de
KERINOU, à qui appartient la maison natale.
Les briochins curieux de leur ville et de son histoire,
remarqueront la plaque apposée au N°2 de la rue. Cette
maison était une ancienne dépendance du couvent des Dames
Bénédictines du Calvaire, dites Calvairiennes, d’où le
nom de la rue. Ce monastère fut construit en 1625 par le père
Joseph LECLERC du TREMBLAY, éminence grise du cardinal de
RICHELIEU.
Mais
revenons à notre personnage, Mathias est le prénom de l’évêque

Mathias
Le Groing de la Romagère, évêque de Saint-Brieuc (1819 à
1844)
LE
GROING de la ROMAGERE et Philippe Auguste celui du célèbre
VILLIERS de L’ISLE ADAM(°Beauvais 1464-+Malte 1534)
qui, quarante troisième grand maître de l’ordre
de Saint Jean de Jérusalem, défendit l’Isle de Rhodes
contre SOLIMAN en 1522. Il obtint, après une capitulation
honorable, de CHARLES-QUINT la cession des îles de Malte et
de Gozzo en 1530 et c’est depuis cette époque que les
chevaliers de cet ordre prirent le nom de chevaliers de
Malte.
Toute sa vie l’écrivain s’est flatté de cette
ascendance, et aussi de celle de Jean de VILLIERS de
L’ISLE ADAM, maréchal de
France en 1437.
Mais la réalité est tout autre et cette famille
descend d’une famille de robe de Paris, un Jean de
VILLIERS, entré dans les gardes de la Marine, qui vint se
fixer en Bretagne dans les dernières années du XVIIe siècle
et fit souche en s’alliant à des familles de marins (Du
Main et de Kersauzon…)
Auguste VILLIERS de L’ISLE ADAM passe toute sa petite
enfance à St Brieuc chez sa grande tante maternelle, Melle
de KERINOU.
Sa
mère, Marie-Françoise LE NEPVOU excédée par les dettes
de son mari, demande une séparation de biens devant le
tribunal civil de première instance de la Seine, les époux
ayant élu domicile à Paris.
Le père d’Auguste Mathias, Joseph Toussaint Charles était
un personnage hors du commun qui passa sa vie à la
recherche d’hypothétiques mines d’or dans la terre
bretonne . Sur son lit d’agonie, il disait : ”
Je suis perdu, mais j’attends la mort avec sérénité,
j’ai réalisé la rêve de ma vie. Je laisse à Mathias
une fortune égale à celle des plus grandes familles princières
du monde. ”. Et
l’ami qui l’accompagnait lui demanda : ”
50 millions ? ” et Joseph lui répondit : ”
50 millions, quelle misère !. ”
La séparation sera prononcée le 22 août 1846, Auguste
Mathias a huit ans et deux mois. Melle de KERINOU quitte St
Brieuc et achète une maison au 14, place du
March’hallac’h à Lannion où toute la famille va
s’installer et vivre à ses dépens. Son oncle Victor
VILLIERS de L’ISLE ADAM est prêtre et Auguste Mathias
rentre au Petit Séminaire de Tréguier le 1er octobre
1847.
Mais
l’élève se laisse aller à sa rêverie, il est distrait,
songeur et peu prévenant pour son entourage. Déjà il
vivait d’excentricité et fréquentait peu les autres
enfants. Etudes désordonnés du jeune VILLIERS qui passe du
séminaire de Tréguier à l’institut Saint-Vincent de
Paul de Rennes, au lycée de Laval, au pensionnat St François-Xavier
de Vannes, à l’école St Charles de St Brieuc et dans
l’intervalle par de nombreux précepteurs à domicile.
Aucun diplôme universitaire ne vient couronner ce parcours
cahoté.
De 1855 à 1858, après deux idylles douloureuses, dont nous
ne savons rien de précis, le jeune homme effectue quelques
séjours à Paris, où il fréquente les cafés, les théâtres
et leurs coulisses. Sa famille commence à s’inquiéter de
lui. Le 9 juin 1857, son père Joseph Toussaint écrit au
supérieur de l’abbaye de Solesmes, dom Guéranger, pour
lui demander d’accueillir son fils, qui “ s’est
jeté comme auteur dramatique dans un milieu dangereux ”.
Ses débuts en littérature datent de juillet 1858 par la
publication d’une plaquette, Deux essais de poésie.
En 1859, la famille VILLIERS KERINOU s’installe à Paris
mais conserve des attaches à St Brieuc. Chez son cousin
Hyacinthe de PONTAVICE, il fait la connaissance de Charles
Baudelaire.
C’est
son entrée dans le journalisme, il collabore à La
Causerie, “ journal des cafés et des
spectacles ”, il a 21 ans. Deux plus tard,
Catulle MENDES qui dirige la Revue Fantaisiste devient
son ami et son compagnon de plaisir. Son premier roman Isis
paraît en 1862 à compte d’auteur et à nouveau sa
famille s’inquiète de ses fréquentations. Il doit
revenir à Solesmes pour quelques temps et c’est lors
d’un autre séjour dans ce même lieu, qu’il rencontre
Louis VEUILLOT, rédacteur en chef du journal catholique
ultramontain L’Univers.
Catulle MENDES, alors directeur de la revue Le Parnasse
Contemporain, le fait rencontrer lors d’une visite
chez son père à Choisy le Roi, Stéphane MALLARME, poète,
professeur d’anglais et linguiste.
Auguste Mathias approche de la trentaine et projette d’épouser
Estelle GAUTIER, la fille cadette de Théophile GAUTIER,
mais malgré les mines d’or de son père, il
n’obtient de la famille ni le consentement ni les subsides
et rend sa parole à Estelle.
Le 6 mai 1870, au théâtre du Vaudeville, on joue la première
représentation de sa pièce La Révolte,
drame en un acte, en prose. Puis, avec les MENDES, il part
en voyage à Weimar et Triebschen juste le 19 juillet où
commencent les hostilités entre la France et la Prusse. Ils
rentrent par la Suisse et se rendent à Avignon, où Stéphane
Mallarmé est professeur d’anglais et où une tante d’Auguste
Mathias est religieuse au Sacré-Cœur. Le séjour se
prolonge jusqu’à la fin du mois.
Dans la semaine du 17 au 22 mai 1871, VILLIERS sous le
pseudonyme de MARIUS, collabore au Tribun du Peuple,
feuille communarde fondée par Edmond LEPELLETIER .
Le
13 août, le soutien de toute la famille et sa grand mère
adoptive décède à Paris, Auguste Mathias en est très
affecté.
La carrière de l’écrivain, du journaliste et de
l’homme de théâtre se poursuit ainsi pendant une
vingtaine d’années, alternant les hauts et les bas,
toujours désargenté et vivant aux dépens d’écrivains célèbres,
comme Stéphane MALLARME , Joris Karl HUYSMANS et Léon
BLOY.
Il
est même tenté par la politique et se présente le 9
janvier 1881 comme candidat légitimiste, dans le XVIIe
arrondissement, au Conseil municipal de Paris.
Sa mère Marie Françoise LE NEPVOU meurt le 12 avril 1882,
suivit bientôt par le décès de son père, le 1er
décembre 1885. Sa vie affective reste secrète et le 10
janvier 1881 lui naît un fils, qui reçoit les prénoms de
Marie Joseph Alphonse Philippe Auguste et le nom de sa mère,
Marie DANTINE. Il ne le reconnaîtra que sur son lit de
mort. Auguste Mathias son
oncle, recteur de Ploumilliau, qui fut toujours son
confident le plus proche, et à qui, il dédia plusieurs de
ses œuvres, dont L’Intersigne,le plus anciens et
le plus célèbres des Contes Cruel,
l’œuvre maîtresse de VILLIERS, écrite en 1883.
Le 14 avril 1888, VILLIERS, qui souffre d’un cancer des
voies digestives, quitte Paris sur le conseil de ses médecins
pour s’installer à Nogent sur Marne.
Le 12 août, il entre à l’Hospice des Frères-de-St
Jean-de-Dieu, 19, rue Oudinot, Paris et le 14 août, mariage
in extremis, dans sa chambre de malade, avec Marie Elisabeth
Dantine, veuve Brégueras, et légitimation de son fils
Victor Philippe Auguste.
Le
18 août, à onze heures du soir, mort de VILLIERS à , qui
a désigné comme exécuteurs testamentaires Stéphane
MALLARME et Joris Karl HUYSMANS.
Auguste
Mathias de VILLIERS repose au Père Lachaise.
Son
œuvre.
VILLIERS,
quoique conscient de son génie, fut un écrivain modeste,
toujours prêt à se reconnaître des maîtres et des modèles.
Une sorte d’Edgar POE, qui vécut, lui aussi, comme un
paria de la société moderne.
A
travers une vie assez brève, erratique et, vers la fin misérable,
il a accompli une œuvre passionnée, flamboyante, souvent
d’une ironie incisive, qui se déploie sur tout les
registres.
Il a été le représentant du théâtre symboliste avec Axël,
original dans ses Contes cruels,et satirique dans
Tribulat Bonhomet.
Les
Contes cruels et les Nouveaux contes cruels sont
une œuvre d’une férocité rare, mais cette violence a
toujours pour cible la cruauté d’autrui et notamment
celle issu de la bêtise humaine. Certains contes font
parfois rire, mais c’est d’un rire jaune. Point de
morale cependant dans ces rudes récits qui laissent au
lecteur la liberté de conclure, selon son esprit, son
humeur et sa lucidité.
Loin de sombrer dans l’oubli, son œuvre mystique et décadente,
qui figure au programme du bac de français, a été publiée
voilà peu de temps dans la collection de la Pléiade chez
Gallimard.
Un
drame en cinq actes et en prose, retrouvé en 1954 dans les
papiers de l’écrivain, a été joué à la Télévision
le 31 décembre 1965.
A St
Brieuc, la bibliothèque municipale a patiemment collecté,
pièce après pièce, tout ce qui a trait à l'auteur des Contes
cruels. Lors d’une vente à l’hôtel Drouot, la
bibliothèque a acheté cinq des très belles éditions
originales : ”L’amour suprème ”(1886),
“ Morgane(1866), “ Akëdysséril(1886), “ Tribulat
Bonhomet ”(1887) et “ Axël ”(1885),
publication pré-originale intégrale.
Après sa mort (1889), Léon BLOY signe une “ Résurrection
de L’Isle Adam “ tandis que le sculpteur
breton, Frédéric BROU, ami de BLOY, illustre cette allégorie :
la gloire tirant VILLIERS de son sommeil éternel. Mais le
monument n’a jamais été réalisé, seul un projet de
cette stèle funéraire, don du sculpteur, dort dans les
caves du Musée de St Brieuc.
Le samedi 30 mai 1914, quelques mois avant la Grande Guerre,
la ville de St Brieuc inaugurait sur les Promenades, dans
l’allée des soupirs, le monument élevé à la mémoire
de son glorieux enfant, sous la forme d’un buste dû au
ciseau d’un autre de ses fils : le sculpteur Elie Le
GOFF.
Monsieur René VIVIANI, alors président du Conseil, devait
présider la cérémonie. Empêché, il avait délégué ses
pouvoirs à M. Jacquier, sous-secrétaire d’Etat aux
Beaux-Arts, qui lut le discours préparé par le ministre.
Succédant à M. Jacquier, Anatole LE BRAZ évoqua dans,
dans un poème d’une magnifique envolée, un souvenir
d’enfance : une visite de l’auteur des Contes
cruels à son oncle Victor, recteur de Ploumilliau, chez
qui son neveu avait écrit son conte L’Intersigne et
qui donna au futur poète ses premières leçons de latin.
En guise de conclusion, souhaitons à nos adhérents de découvrir
Mathias Auguste VILLIERS de L’ISLE ADAM et d’apprécier
son oeuvre.
Joseph
Lohou.(juillet 2012-décembre 2016-mars 2017)
113 (II, 136). Familles Bretonnes : De Villiers de L’Isle Adam.
Oui, la famille de Villiers de L’lsle Adam s’est éteinte dans la
personne de Victor de Villiers de L’isle Adam, fils du poète. Il
ne reste actuellement aucun descendant de cette maison, sur laquelle
on trouvera les détails les plus circonstanciés aux points de vue
généalogique et biographique, dans V « Étude généalogique et biogra-
phique sur les Ascendants du poète Villiers de l'Isle Adam » par J.
Baudry, ouvrage paru récemment. (Chez l'auteur, à Saint-Mars-
la-Jaille, Loire-Inférieure).
La famille Adam de Villiers, d'origine coloniale, prétend se rattacher aux Villiers de L’lsle Adam.
Sources.
Le Fureteur Breton.
Sources :
BAUDRY(Jean)-Etude
sur VILLIERS de L’ISLE ADAM.
Annales
de la Sté Académique de Nantes-1907.
CARTEX(Pierre-Georges)-Contes
cruels-Nouveaux Contes cruels.
Editions
Garnier-Paris-1968.
PRIMET(Max)-Les
Ancêtres Parisiens
de VILLIERS de L’ISLE ADAM.
Mercure
de France-01/08/1928.
Liens
: La Famille VALLÉ, papetiers de Plounévez-Moëdec, alliée aux NEPVOU de CARFORT
Généalogie
de VILLIERS d'ADAM
Article du Dr Edmond RÉBILLÉ en
1989