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Cet
article sur les verriers de la forêt de Duault a
été publié dans le bulletin de liaison n° 64 du
Centre Généalogique des Côtes d'Armor en octobre
2004. Il est repris ici, in extenso, dans la
rubrique "Économie" en raison des liens
étroits que ces gentilshommes verriers entretenaient
avec les familles bourgeoises callacoises et aussi
afin de relater la rareté de ces établissements,
complètement ignorés des archives de l'époque.
L'auteur |
Les
Brossard de l'Argoat, gentilshommes verriers
Préambule
Il
y a quelques années, dépouillant les registres de
catholicité de
la trêve de Burthulet en Duault, je me suis interrogé sur
la présence d'une famille originale, prolifique et éduquée,
dans cette forêt isolée de la Bretagne centrale, les
Brossard. La simple recherche onomastique ne nous apprend
pourtant rien d'original. Ce nom vient de brosse
et il est largement répandu en France et en particulier
en Normandie.
Puis l'inspiration me vint en me souvenant d'un article de
la revue locale "Le Pays d'Argoat" où il était question à
Bourbriac d'un certain René de Brossard, gentilhomme
verrier, qui sollicitait
des autorités du lieu, l'établissement d'une
verrerie au bois de Coatliou en 1616. Ce personnage n'ayant
laissé aucune trace à Bourbriac, mes recherches me
conduisaient à Locarn où en 1701 naissait Louis (Georges)
Mathieu Brossard, fils de François et de Louise Hervé au
lieu dit "verrerie de Loguével". Deux traces qui
m'indiquaient la présence des Brossard, verriers en
exercice dans les
bois et forêts allant de
Duault à Kergrist-Moëllou.
Mes recherches ultérieures me confirmaient leur présence
dans d'autres lieux comme Lanrivain, Lescouët-Gouarec,
Glomel et Plélauff .
C'est donc à partir de tous ces éléments que je
m'intéressais de front aux activités des verriers en
Centre Bretagne, aux techniques du verre et à cette
"dynastie" des Brossard.
Histoire et
origines du verre
Le
procédé de fabrication du verre est connu depuis la plus
haute antiquité et il apparaît sous sa forme primitive
vers 5 000 ans av. J.-C dans le bassin méditerranéen et
particulièrement en Égypte et en Mésopotamie. L'homme
utilise le verre depuis plusieurs millénaires.
L’importance de ce matériau n’a cessé de s’accroître
au fil du temps.
Des
marins phéniciens, selon la légende, se retrouvèrent sur
une plage du Moyen-Orient à l'heure du repas. Ils allumèrent
un feu et firent tenir leur marmite sur des blocs de
calcaire. Le feu était sûrement très vif car le
lendemain, ils découvrirent dans le foyer éteint un dépôt
solide et vitrifié. Ainsi le hasard, en réunissant du
sable de la plage, du calcaire et de la chaleur, avait donné
naissance au verre. La silice
est le constituant essentiel du verre. En ajoutant au bain
de silice fondue de la soude et de la chaux, on obtient du
verre à vitre.
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Technique
de fabrication
Les procédés de fabrication du verre sont
aussi variés que les produits de cette
fabrication et pour un béotien de cette
technique que je suis, il est difficile de
donner des notions générales sur la manière
d'opérer,
aussi
mon seul souci est d'effectuer un
rapide survol des techniques nécessaires à
son élaboration.
Le
verre est le produit de la fusion du sable
(silice) à une température d'environ 1 500°
qu'on peut abaisser à 1 200° par
l'adjonction d'un fondant (potasse ou soude),
généralement appelé salin. Celui-ci est
obtenu par la lixiviation* de cendres
de plantes, notamment de fougères que l'on
coupe au printemps et qui croissent en grande
quantité dans les bois et forêts ou de
cendres d'arbres, notamment de hêtres. La
lixiviation est l'opération qui consiste à
placer les cendres obtenues dans un grand récipient
plein d'eau et à porter à ébullition jusqu'à
obtenir un sel très dur appelé carbonate de
potasse que l'on casse en petits morceaux après
refroidissement. Le sable, on le trouve
partout, le cristal de roche, le grès, le
silex, le sable et la meulière sont autant de
la silice. On trouve également du sablon
blanc, le plus fin des sables qu'on lave,
crible et sèche. Celui-ci est placé dans
plusieurs récipients en un four construit en
argile et porté à la plus haute température
sous un feu de bois. Il est ensuite aspergé
d'eau qui transforme en une poudre blanche qui
mélangé avec le carbonate de soude et porté
à la température de 1 200° environ, donne
ce qu'on nomme la "fritte", mélange
incomplètement fondu, matière première du
futur verre. Un nouveau passage au four
fusionne l'ensemble et commence alors le
travail proprement dit
du verre, extraction de la pâte à
l'aide d'une tige métallique creuse appelé
canne à souffler et étalement sur une
surface plane. Après refroidissement le verre
est coupé.
Soufflage du verre, façonnage,
obtention d'un manchon, sectionnement des extrémités,
coupage et étalement à la chaleur.
Ces
produits et matériaux sont largement pourvus
dans les bois de la région. Pour produire 1
kg de verre; il faut consommer environ deux stères
de bois, bois dont la dimension idéale est de
0,80 m de long et de 1,2 cm de tour
Le
souffleur de verre au travail
*Lixiviation-du
lat. livius, de lix "lessive"
– Extraction d'un composant soluble à
partir d'un produit pulvérisé, par des opérations
de lavage.
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Fabrication du verre au Moyen Âge.
Les verriers
" gentilshommes"
J'en
étais resté à la définition première que les nobles étaient
d'abord des hommes de guerre. Ils pouvaient aussi cultiver
la terre, mais non point se livrer à l'industrie ou au
commerce. On sait la différence notable qui existait sous
l'ancien régime entre "le noble d'extraction" et
"l'anobli", le premier de manière incontestable
par naissance et le second de manière octroyée. Cependant,
par exception, la verrerie était considérée comme un art
noble. Cela ne voulait pas dire qu'on devenait noble en
devenant verrier, mais qu'un noble pouvait exercer ce métier
sans déroger. En d'autres termes, les rois de France,
depuis Henri IV avaient institué et sacré ce privilège
"de la verrerie" uniquement pour récompenser
les mérites de cette profession qui avait suivi le
roi St Louis en croisade. En réalité c'est plus
vraisemblablement à Philippe III le Hardi (règne :
1270-1285) son fils, qu'ils durent les privilèges attachés
à la qualité de verrier.
Il
n'existe pas de documents authentiques se rapportant à
cette époque, mais le procureur du roi, Ignace Chrétien,
disait: "ce n'est qu'après avoir versé leur sang
et ruiné leur fortune que ces nobles obtinrent de la générosité
du roi saint Louis une planche après leur naufrage."
Pour
établir une verrerie, il fallait un privilège, c'est à
dire une autorisation du roi donnée par lettre patente:
...En
l'an 1330 fut donné le pouvoir par le roi Philippe IV à
Philippe de Cazeray, ecuyer, premier inventeur des plats de
verre appelé verre de France, comme portant son nom, de
faire établir une verrerie proche Bézu en Normandie, qui
fut nommée La Haye.
En
Normandie, quatre familles nobles, les Caqueray, Bongars,
Brossard et Le Vaillant, reçurent de tels privilèges pour
l'établissement de grosses verreries fabriquant du verre à
vitres.
La vie
des verriers
La
verrerie est un monde en marge de la communauté rurale,
quoiqu'en relation étroite avec elle, farouchement indépendant.
Elle apparaît comme un isolat que le mode de vie rend étranger
ou étrange pour le monde paysan environnant. Il est hors de
doute que les verriers ont été présents dans cette région
boisée depuis le Moyen-Age mais la particularité de cette
profession est de se fondre dans le pays et de ne pas
laisser de traces, à l'instar de tous les gens des bois et
forêts, tels que les sabotiers, charbonniers, forestiers et
professions annexes telles que boisseliers, scieurs de long,
écorceurs et cercliers. .
Travaux en forêt
(Henri
Louis Duhamel de Monceau-1776)
L'installation
d'une verrerie requiert certaines conditions, il est nécessaire
de disposer d'un cours d'eau capable d'actionner un petit
moulin servant à broyer la soude ; il faut aussi que ce
cours d'eau serve à laver le sable et qu'il procure aux
verriers l'eau dont ils ont besoin pour refroidir leurs
outils et se rafraîchir eux-mêmes.
Jusque vers la fin du XVIème siècle, les
gentilshommes-verriers vivaient comme de véritables
patriarches. Leurs rudimentaires demeures construites
sommairement et en pleine forêt tenaient beaucoup plus des
cabanes de charbonniers ou de bûcherons que des habitations
des seigneurs environnants.
Les fréquents déplacements dans les bois et forêts, à la
recherche continuelle de combustible, leur dictait une
construction rapide et simplifiée. Il est vrai que la vie
active menée par ces artisans du feu les obligeait à
demeurer plus souvent autour du four qu'à l'intérieur de
leurs rustiques maisons.
Au
XVIIe siècle, attirés par une province en
pleine extension économique qui jouit, jusqu'à l'avènement
de Louis XIV, d'une relative indépendance juridique et
fiscale, les verriers vont pouvoir développer leur art à
la faveur des encouragements de la noblesse locale propriétaire
des forêts qui outre le bois bénéficie d'un milieu
propice à la verrerie.
Déjà
au Moyen-Age, de nombreux ateliers forestiers produisaient
de la gobeleterie( verres, gobelets, carafes…) ainsi que
du verre à vitre.
Les
sites industriels en Bretagne au 18e siècle
L'origine
des Brossard.
La
famille de Brossard est une vieille famille de verriers aux
rameaux innombrables. Répandues à travers la France
pendant sept siècles, avec des fortunes diverses, les
Brossard ont formé des branches très distinctes les unes
des autres. Il est impossible d'établir entre elles un lien
certain de parenté. Cependant, une tradition répétée par
la plupart des généalogistes voudrait que tous les
gentilshommes du nom de Brossard eussent une origine commune
:
Suivant cette légende, que nous
prenons avec toute les réserves d'usage, l'auteur de cette
maison aurait été de sang royal. La tradition explique que
Charles, comte de Valois et fils de Philippe de Valois et
petit-fils de Saint Louis, étant devenu amoureux d'une
demoiselle de la maison de Brossard, en Bretagne, en eut un
fils naturel, nommé Antoine. Celui-ci aurait épousé, vers
1298, Judith de Ponthieu, soeur du
Comte d'Aumale. Le
fils issu de cette union, Charles
de Brossard, ayant épousé
Jacqueline de Trachy ou de Thérachy, ses descendants adoptèrent
des armes qui rappelaient les blasons des deux familles.
Armes des Brossard
"d'azur, à trois
fleurs de lys d'or, soutenues d'une mouchure d'hermine,
accompagnées
en abîme d'un gantelet aussi d'or, portant un épervier
d'argent".
Cette
origine royale ne fut jamais qu'une prétention et le célèbre
généalogiste de Louis XIV Clérambault (1651-1740),
sollicité par d'Hozier,
ne put éclaircir cette prétention.
Les Brossard de Burthulet.
L'environnement
Quelques
mots d'abord sur cette trêve de Duault qui devint bien plus
tard Saint-Servais. Duault avant la Révolution était une
paroisse-mère d'une grande importance située dans l'Evêché
de Cornouaille. Elle comportait quatre trêves, Locarn-Quélen,
Saint Nicodème, Landugen et Burthulet (Saint-Servais) . La
superficie était d'une étendue considérable de 6.138
hectares et les localités étaient séparées les unes des
autres par une forêt et des landes à peu près désertes,
privées de moyens de communication entre elles, formant un
ensemble d'une administration à peu près impossible. La séparation
ne fut effective qu'en 1869 après l'arrêté préfectoral
du 19 avril, mais déjà en 1855 Saint-Servais était
devenue une paroisse séparée de Duault. La majeure partie
de la forêt de Duault, appelée par les gens du cru "Coat Parc Duault" se trouva donc englobée à la
nouvelle commune, ne laissant à l'ancienne
que la frange ouest entourant le village de Kerivoal.
Les Ducs de Bretagne y firent construire au 13e siècle
un parc fermé où étaient élevés des sangliers pour la
chasse, ainsi que des chevaux dont les étalons mâles sélectionnés,
une fois débourrés, étaient destinés à la remonte des
chevaliers en Terre Sainte ; des vestiges de ce mur sont
encore visibles dans la partie proche des gorges du Corong.
Il est également à noter que les gens qui travaillaient et
demeuraient à l'intérieur de la forêt étaient mentionnés
sur les registres de catholicité comme habitant "
l'enclos du Parc Duault", démontrant ainsi l'aspect
fermé de ce lieu.
C'est
donc dans cette partie boisée de l'Argoat que vinrent s'établir
les Brossard, une région connue par la famille depuis déjà
près d'un siècle. En effet, comme il est indiqué en préambule,
un certain René de Brossard établissait une verrerie à
Bourbriac, 20 km plus au nord.
Le
15 février 1617, René de Brossard,
obtenait de Marie de Luxembourg, duchesse de Penthièvre,
l'autorisation d'installer une verrerie dans le bois de
Coatliou en Bourbriac, bois dépendant de la seigneurie de
Minibriac
sous le seigneur de Penthièvre. Aux termes du contrat, le
fermier jouissait des coupes ordinaires du bois pour une durée
de 20 ans, ainsi que des fougères croissant dans le
voisinage, contre le paiement d'une rente annuelle de 60
livres tournois.
"S'il
plaît à Madame la Duchesse de Mercoeur…d'accorder à René
de Brossard, gentilhomme verrier l'établissement d'une
verrerie au mylieu du Bois de Coatliou dans la seigneurie du
Minibriac…
Fait à Guingamp au quinzième jour de février mil
six centz dix sept"
Les
Brossard en forêt de Burthulet-Duault.
Dans le tableau sommaire de généalogie des Brossard
(Annexe1), réalisé après de nombreuses recherches et qui
suscite encore bien des interrogations, démontrant comme
nous l'avons vu plus avant, toutes les difficultés rencontrées
pour établir les liens entre gens essentiellement nomades
que sont les travailleurs forestiers. Ce tableau a
volontairement été arrêté en 1554, les renseignements
antérieurs n'étant aucunement confirmés. Il débute par
Jean de Brossard cité comme parrain en 1553 à
Abbaretz (44170 Nozay) en Loire Atlantique et nous pouvons
poursuivre les pérégrinations qui conduisent cette branche
Brossard des marches de la Province jusqu'aux bois de Lorges,
Duault, Locarn et Glomel en passant par le Morbihan.
En
1725, nous trouvons à Kerbernès, quatre familles de
Brossard, une branche venant de la forêt de Lorges
comprenant deux frères, Georges Mathieu et Nicolas. Le
premier épouse en 1727,
Françoise Marguerite Goueznou, fille de Joseph
Michel et Gilette Michelle Bahezre. Le second, Nicolas épouse
en 1728, Pétronille Claude de Grenier, d'une famille de
verriers.
La
seconde branche, cousine au 1/6e degré, vient de
Locarn et Glomel en passant par la forêt de Quénécan
avant les années 1690. Elle comporte également deux frères,
Pierre Louis et Charles Claude. Le premier épouse Anne Thérèse
Le Bouédec en 1725 à Burthulet, famille Le Bouédec déjà
alliée avec la branche cousine. Le second, Charles Claude
épouse un peu plus tard vers 1740, Anne Marie de Kerhallic.
Une particularité remarquable de cette famille, relevé sur
les actes, était que tous les hommes portaient le titre d'écuyer,
toutes les femmes le titre de Dame ou Demoiselle et tous
signaient de façon exemplaire. Les titres de sieurs étaient
également différents de tous les titres de la petite
noblesse locale, citons-en quelques-uns : sieur de la Mazure,
du Verger, du Tertre, de la Fontaine, du Couldraye, de la
Lande, du Pré, de Clairbois, termes plutôt proches du
milieu professionnel.
La
verrerie, sous la direction du maître verrier Pierre Louis,
comportait en 1732 trente quatre personnes en majorité de
la famille Brossard mais également d'autres familles tels
que les Kerlan, Daniel, Le Bris.
La verrerie de Kerbernès
Plan de la forêt royale de Duault
contenant 832 arpents et 59 perches à la mesure royale. Est
un bois taillis enclavé dans le mur prétendu par Mr de
Locriste réuny en 1669. Les délaissements de cette garde
sont joignant les bois de Moelan(Moellou)
Mesure de Cornouaille : Échelle d'un quart de lieue
bretonne ou 170 perches(dessinée par B. Robert)
Sources : Centre historique des Archives Nationales- Cliché
réf. N/IV/FINISTERE/ 1/10.
A
ce jour, il ne reste aucune trace de cette verrerie au
village de Kerbernès, situé sur la façade ouest de la forêt
et à 1 km au
sud du bourg de Saint-Servais. Mais nous savons qu'en 1736,
après l'incendie qui avait dévasté le premier atelier,
Georges Mathieu de Brossard sollicitait du Roi
l'autorisation de faire construire, à proximité de cette
forêt, un nouvel établissement.
C'est
vers 1725 que Georges Mathieu vient s'établir dans ce
village en pleine forêt chez Gilette Thérèse Bahezre,
veuve de Joseph Michel Goueznou, sieur de Kerdouret, décédé
le 7 décembre 1723. Il épouse en 1727 Françoise
Marguerite Goueznou, leur fille aînée et devient ainsi
tenancier du lieu. Le fermier du Roi,
du nom de Pierre Duval, ne tarde à lui réclamer les droits
de francs-fiefs sur la tenue de Kerbernés depuis le décès
de son beau-père Joseph Michel Goueznou, une somme bien
minime qui se montait à 10 livres par an.
Georges
Mathieu refuse de payer cet impôt et fait valoir de sa
condition avantageuse de noble l'exemptant de ce droit en présentant
un dossier qui le relie à Yves de Brossard, sieur de Guénault
maintenu noble à la Réformation de 1671.
Après
une très longue procédure juridique qui dura près de
quarante ans et dont je ferais grâce aux lecteurs de tous
les détails, allant de la saisie immobilière aux nombreux
changements de fermiers chargés du recouvrement, tels que
Pierre Duval, Jacques Colombel et Pierre Henriet.
Le
Commissariat des Domaines rétablit Georges Mathieu dans ses
droits en 1759 avec application du 18 novembre 1767, soit
trois ans après son décès. C'est donc ses fils Nicolas et
Joseph Alain de Brossard qui reçurent la bonne nouvelle. La
branche cousine comprenant Pierre Louis et Charles Claude de
Brossard ainsi que son fils Claude Isaac étaient, bien
entendu, au courant de toutes ces démarches et ne pouvaient
demeurer inactifs devant la procédure tentée par leurs
cousins. A leur tour, ils firent intervenir en 1745 deux
parents influents en les personnes des notaires Gabriel
Joseph Fercoq de Callac et d'Alain Le Bouédec de Carhaix
afin obtenir la reconnaissance de leur noblesse. La procédure
fut également longue et laborieuse puisqu'ils n'obtinrent
ce parchemin par le parquet de Rennes qu'en 1761, signé par
de Caradeuc de la Chalotais.
Et déjà s'approchaient à grands pas les dernières années
du siècle qui mirent fin à ces privilèges de classe.
Les
Brossard en mutation
La
verrerie était en perte de vitesse, plusieurs établissements
du Morbihan proche de Lorient utilisaient pour chauffer les
fours du charbon de "terre", matériau plus économique
malgré l'importation d'Angleterre. Vers 1765, après le décès
du maître verrier, Pierre Louis, retiré à Callac, chez
son gendre Louis Hyacinthe Guillou, receveur des Devoirs,
le site de Kerbernes fut mis en veille et cessa bientôt
toute activité. Il ne restait à Kerbernes que les enfants
de Georges Mathieu, Joseph Alain et Alexandre, qui se marièrent
avec des demoiselles du cru, le premier avec Louise Le
Poullen de Burthulet et le second, Alexandre avec Marie Le
Bellom de Lanrivain. La transition entre l'état de verrier,
du fait de la disparition progressive des débouchés du
verre à vitre et la nouvelle profession, située entre le
commerce du bois et celle de paysan s'effectue
progressivement dans les années de la Révolution.
Durant
les années perturbées de
la Révolution, l'engagement politique sépare
Yves Brossard, petit-fils d'Alexandre et d'Anne Marie
Bellom de son petit cousin cousin Charles Claude, fils de
Nicolas et de Pétronille Grenier. Le Premier se retrouve à
28 ans engagé au 4e bataillon des Côtes du Nord
des volontaires nationaux de la Garde National en 1792, sous
le commandement de Claude Quénechdu de Callac. Le second,
après avoir quitté Kerbernès vers 1770, se retrouve chef
de chouans à Pluvigner dans le Morbihan en 1793 et qui
ayant pris part à l'expédition de Quiberon, fut fusillé
à Vannes le 21 nivose de l'An IV(10.01.1796.
Les Brossard sont encore présents à Burthulet(St-Servais-Duault)
tout au long du 19e siècle et Yves Marie
Brossard, la particule disparue, marié à une fille Le
Deuff et habitant Kerbernès , est indiqué dans le
recensement de la population de Duault comme cultivateur et
conseiller municipal. Vers les années 1880, le nom se
transforme et devient Debrossard et à l'aube du 20e
siècle disparaît sans laisser de traces..
Ainsi se termine cette curieuse histoire de verriers
en Centre Bretagne, qui en raison des aléas de la
profession, du caractère rudimentaire des établissements
forestiers, n'a laissé aucune trace, ni sur le terrain, ni
dans les esprits et encore moins dans les archives.
J.Lohou
(mise
à jour 31 août 2012-février 2017)
Sources
et bibliographie.
-AD22-
Séries 7 E, E, 5
MI, L, M .
-DUVAL, Michel- Les métiers
en forêt- 2e édition-1959- 3 fascicules-
Rennes. (Une mention spéciale et un grand remerciement à
l'infatigable chercheur Michel Duval, Docteur en Histoire et
es Sciences Juridiques de l'Université de Rennes qui a voué
ses thèses et ses principaux travaux aux forêts bretonnes.
Comte d'Ymouville-
La verrerie de Campigny près Bayeux et les Familles
Brossard et de Mésenge au XVIIe siècle- Actes
du 81e Congrès des Sociétés Savantes-
Rouen-Caen-1956.
"HERBAUT Claudine "De la verrerie forestière à la verrerie industrielle"
AD22- 6 bi 577-
-Nos Ancêtres- Vie &
Métiers-Dossier: Petits métiers de la forêt- n°8-juillet-août
2004.
( Aucune mention du métier de
verrier n'apparaît dans les 61 pages de l'article. )
Annexe 1
Généalogie simplifliée des BROSSARD
Quelques notes
sur le Penthièvre, la Ligue et les gouverneurs de la
Bretagne.
Marie
de Luxembourg (°Lamballe 15.02.1562-+Paris
06.09.1623), fille de Sébastien de Luxembourg, Duc de
Penthièvre, gouverneur de Bretagne en 1564. Il mourut
des suites de ses blessures à la bataille de
Saint-Jean d'Angely et son corps fut porté dans l'église
des Cordeliers de Guingamp. Il avait épousé Marie de
Beaucaire dont il eut Marie de Luxembourg. Celle-ci épousa
Philippe Emmanuel de Lorraine, Duc de Mercœur
en lutte contre Henri IV
à la mort d'Henri III, assassiné
le 2 août 1859. Le Duc de Mercœur songeait à
restaurer le Duché de Bretagne en sa faveur, soutenu
par Philippe II d'Espagne.
Mais Henri IV parvint à conserver cette province et
le 10 mars 1601, le Duc de Mercoeur, gouverneur de
Bretagne et dernier des Ligueurs, demande la paix et
fait sa soumission à Henri IV. Philippe quitte la
France et se met au service de Rodolphe, roi de
Hongrie pour combattre les Turcs en Styrie; il meurt
de fièvre maligne à Nuremberg en 1602 à l'âge de
44 ans. Sa fille, Françoise de Lorraine est promise
à César de Vendôme, fils naturel d'Henri IV et de
Gabrielle d'Estrées, qui de fait succédera dès 1608
à son beau-père en tant que Duc de Mercoeur et
gouverneur de Bretagne.
Philippe Emmanuel de
Lorraine
Duc de Mercoeur
(°1558-1602)
Chef
de la Ligue et gouverneur de Bretagne
|
Silice : oxyde de silicium(SIO²), corps solide de
grande dureté, blanc ou incolore, constituant plus de
la moitié de la croûte terrestre.
Joseph Lohou (février 2017)