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Le Vendredi-Saint en 1911.
Les
cérémonies du Vendredi-Saint ont, comme celles de la veille, attiré
dans les églises une foule nombreuse et recueillie. Les sermons de la
Passion, dans les paroisses, ont été particulièrement suivis.
Parmi
les manifestations d'art religieux auxquelles donne lieu le
Vendredi-Saint, l'une des plus remarquables est incontestablement le
chant de la Passion à la communauté de Saint-Cyr. Un groupe
d'orphelines duquel se détachent quelques voix d'une grande pureté,
interprète un archaïque et naïf récit de la Passion, dont le texte et
la musique doivent remonter au moins au XVe siècle. L'impression est
considérable et il est bien regrettable qu'un plus grand nombre de
personnes ne profitent pas de l'occasion oui, chaque année, est offerte
à tous de goûter l'extrême pureté et le grand charme mystique de ce
chant de la Passion. La perfection de l'exécution est surprenante :
pour en donner une idée, il suffira de dire que le récit dure au moins
une demi-heure, que les soli et les chœurs ne sont pas accompagnés et
que cependant c'est à peine s'il est nécessaire de donner, à de longs
intervalles et discrètement la note à l'harmonium pour maintenir
l'exacte tonalité. Il y a bien peu de sociétés chorales qui pourraient
tenter le tout de force musical que semblent accomplir le plus
naturellement du monde les orphelines de Saint-Cyr.
Les
fidèles des différentes paroisses de la ville ont accompli hier matin
et hier l'après-midi, le pèlerinage habituel au calvaire de la place de
la Mission, qui avait été décoré de plantes vertes et de tapis de
mousse.
Un
grand nombre de personnes, dans chacune de ces paroisses, ont pris part
à ces pieuses manifestations, qui se sont déroulées dans le plus grand
recueillement, par un temps superbe.
A
l'occasion du Vendredi-Saint, toutes les boucheries et les charcuteries
étaient fermées. Mais si les étaux de ces marchands étaient vides, ceux
des dames de la Halle, par contre, étaient amplement pourvus de
poissons de toutes sortes et de coquillages, qui, les uns et les
autres, se sont vendus un bon prix.
Le
soir, à 8 heures, dans les églises, pour les hommes seuls, un sermon
sur la Passion a été donné par les prédicateurs de la Mission. Partout
l'affluence était grande
Notes.
Extrait du journal "Ouest-Éclair" du 1er mars 1911.