Callac-de-Bretagne

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La bénédiction de l’église paroissiale de Pestivien en 1776.

 

 

Introduction.

  
   14 ans avant la Révolution, cette cérémonie avait été  le témoin oculaire de la  tenace présence seigneuriale  sur  la région, avec comme personnage le "Haut et Puissant " Messire Jacques du CLEUZ, marquis du Gage, Grand Voyer de Dol, châtelain des Salles à Guingamp et du Cludon à Plougonver, marié à Anne Jeanne Jacquette de ROQUEFEUILLE. Plus tard leur unique fille, Marie Joseph Reine, transmettra cet immense patrimoine à son mari, Jacques Louis de KEROUARTZ et leurs descendants conserveront les terres pendant près de 200 ans.

 

 


L’église Saint Blaise et son calvaire.

La Bénédiction

L'an 1776, ce jour de neuf may a été solennellement bénite l'église paroissiale de Pestivien dédiée en honneur de Saint Blaise[1] évêque et martyr par Messire Guillaume René Armand FLOYD[2], recteur de Ploesquellec, vicaire général du Diocèse de Quimper en présence de Messire Jacques de CLEUZ[3], haut et puissant Seigneur marquis du Gage, fondateur et seul prééminencier[4] de la ditte église paroissiale et de Messire Joseph FLOYD, seigneur de Rosnéven, de Messire Louis DESJARS[5] de Keranroué, chevalier de l'Ordre Militaire et Royal de St Louis, ancien capitaine d'Infanterie et Jeanne Josèphe de CHAILLOU, Dame DESJARS, de Messire François CORBEL, recteur de Duault, Yves BEUBRY, recteur de Clohars Carnoët, de Messire Charles Ollivier du GARSPERN, recteur de Plougonver et des autres soussignants :

 

Jacques Claude de Cleuz, Marquis du Gage, Jeanne Josèphe de Chaillou Desjars de Keranroué, Floyd de Rosnéven, fils, Du Garspern, recteur de Plougonver, Desjars de Keranroué, Corbel, recteur de Duault, Y. Beubry, recteur de Clohars-Carnoët, J. Touboulic, prêtre, Yves Le Moigne, Ch. Pezron, prêtre de Pestivien, G. R. A. Floyd, Rect. De Plusquellec & vicaire général du diocèse de Quimper.


 

 

Notes.
De Jean GALLET dans son "Seigneurs et paysans en France 1600 - 1793) :

 

"Plus ou moins étendues selon les bénéficiaires, ces prééminences donnaient le droit d'avoir dans l'église paroissiale, une chapelle particulière ouverte ou fermée, une tribune qui dominait l'assistance, un banc avec accoudoir clos ou non, avec ou sans coussin, leurs armoiries, peintes, gravées, en bosse, sur les murs, dans les vitraux, à la croisée d'ogives, sur les cloches (qui portaient parfois les prénoms des filles du seigneur), sur le portail, sur les murs à l'extérieur de l'église, des enfeus pour les défunts, une cave dans l'église ou, dans le mur de l'église, une niche surmontée d'une arcade, des tombes rases, en relief, élevées, des colonnes votives, avec ou sans le portrait du défunt, avec ou sans pièces d'honneur au-dessus des tombes : colliers, manteaux, épée, cotte, écu, lance.

Des emplacements étaient plus honorables que d'autres : le chœur plus que la nef, le côté de l'évangile, ordinairement plus que le côté de l'épître et pour les armoiries : la pierre d'autel, le vitrail derrière l'autel, la croisée d'ogive qui désignait le fondateur, l'extérieur, réservé au justicier.

Dans les cérémonies, le prééminencier occupait le premier rang. Il était le premier à l'aspersion d'eau bénite, au début de la messe, aux encensements, au baiser de la paix, à la distribution du pain bénit (pain donné après la messe à ceux qui auraient été empêchés d'assister, pain qu'il distribuait parfois lui-même, en remplacement du prêtre. On recommandait sa famille aux prières des fidèles. Lors de ses funérailles, son droit de litre permettait de disposer tout autour de l'église une tenture noire avec ses armoiries et des invitations à penser à la mort.

Celui qui avait fondé, bâti ou doté une église ou une chapelle avait droit de patronage, il présentait ou nommait le curé ou le chapelain qui serait ensuite institué par l'évêque. Les prééminences donnaient au seigneur la possibilité d'intervenir dans la vie de la paroisse. D'autres part, des seigneurs disposaient d'une chapelle castrale : on y célébrait des mariages, on y donnait des baptêmes et, à certaines fêtes, le service religieux qui s'y déroulait concernait tous les paroissiens.

Lorsque les prééminences étaient très recherchées, comme en Bretagne, les prééminencier étaient très nombreux dans chaque église : aux justiciers, se joignaient tous les propriétaires de fiefs qui avaient d'une façon ou d'une autre acheté des prééminences. Il y avait donc plusieurs bancs dans le chœur, plusieurs chapelles; plusieurs prééminencier se partageaient un mur, un vitrail dans la nef. Les seigneurs rivalisaient, avec violence parfois, pour obtenir, conserver, augmenter leurs prééminences d'église. Dans ces luttes, ils avaient souvent le soutien de leurs sujets.

Les prééminences rappelaient les bienfaits des seigneurs : les constructions d'église, de chapelles, d'hôpitaux ...,
Communiqué par M. Maurice ORÉAL.




[1]Saint Blaise, Blaise de Sébaste, est un saint auxiliaire, médecin et évêque martyrisé sous Licinius en Arménie en 316, par l'ordre d'Agricola, gouverneur de Cappadoce.

[2] FLOYD, Guillaume René Armand, (°Pestivien 1733- +St Brieuc 1821), fils de Guillaume François, sieur de Rosnéven et de Françoise Norbertine de Garspern. Article de J.Lohou paru dans « Pays d’Argoat » -N° 35 – 2/2001.

[3] CLEUZ de, Jacques, (°Brest 1750-+1792 Bath(UK), fils de Claude et de Marie Marguerite du Parc. Sa fille, Marie Joseph Reine épousa en 1785 le marquis Jacques Louis de Kerouartz. 

[4] Prééminencier, prééminences qui donnaient le droit d'avoir dans l'église paroissiale, une chapelle particulière ouverte ou fermée. (Voir notes M. Oréal ci-dessous)

[5]DESJARS, Louis, (°Pont-Melvez 1728-+1812), fils de Pierre et de Charlotte Le Goasteller, ancien capitaine d’infanterie.







Notes-2 
Bulat-Pestivien, "Miettes d'Histoire et de Légendes" - Abbé Louis Le Tirrand recteur de Bulat, 11 mai 1971.
 



Joseph Lohou(février 2012)














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