Callac-de-Bretagne

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                              Le cimetière de Saint-Servais                        
                    Introduction.

                     "A l'origine,  sous l'égide de la paroisse-mère, Duault,  grandissaient quatre fillettes qu'on appelait les trèves de Quélen-Locarn, de St Nicodème, de Burtulet et de St Servais, de ces deux dernières, St Servais n'était désservit que par un prêtre de la cure de Duault, et les inhumations[1] étaient faites dans la paroisse-mère distante de 4 kilomètres. Ce qui amena les notables du lieu à demander  l'agrandissement des abords de la chapelle de St Servais"(L'abbé Sérandour)


Lettre à l'attention de Monsieur de Kervenal Le Guillou[2],
avocat à la Cour en son hôtel près la Halle de Carhaix.

 

« Monsieur,

Les plus notables d'entre nous du quartier de Saint-Servais en la paroisse de Duault, qui soussignés en la présente désirant, et voulant depuis quelques temps, faire élever un cimetière auprès de l'église dudit Saint-Servais par le consentement, et bon plaisir de Messieurs nos prêtres pour y être enterrés comme anciennement avant la publication qui défende d'enterrer dans les églises que seulement ceux qui ont des enfeus ; c'est pourquoi Monsieur nous vous demandons cette permission ; sans que ce cimetière ne diminuera en façon que ce soit vos rentes, ni les places dont on a tous les ans habitude d'enfermer pour le jour de l'assemblée, au contraire vous nous obligerez d'adresser pour vous, et votre famille nos vœux au ciel pour votre conservation en ce monde, et d'en jouir en l'autre du séjour de l'immortalité nous nous recommandons à vous, et nous vous supplions instamment d'avoir la bonté d'écrire à notre faveur à Monsieur de Kercado, seigneur foncier dudit lieu pour le prier de nous accorder cette permission ; vous lui écrirez s'il vous plait plus au long, en lui faisant savoir que cette chapelle est éloignée de l'église paroissiale d'un lieu ; que s'il nous venait une maladie contagieuse que les pauvres d'entre nous seraient à plaindre. Nous sommes Monsieur en attendant votre réponse et celle de Monsieur de Kercado[2A] vos soumis serviteurs.

 

À Saint-Servais le 1er  décembre 1764, vos très humbles et très soumis serviteurs.

Signent :
Du Roscoët de Gonidec[4],
De Lamazure de Brossard[5],
De Querbernès de Brossard-Le Bouédec,

M. Le Deuff, Michel Devau, François Le Deuff, Guy Le Deuff, Yves Le Deuff, Thomas Le Deuff.


[2] GUILLOU,(1725- ?) Adrien Yves, sieur de Kervenal, avocat au Parlement, procureur fiscal et receveur des droits usuels de la seigneurie de Quélen, fils d’Yves Guillou, sieur de Stangalen,  notaire et procureur fiscal et de Anne Thérèse Hamon de Trévéno. Un autre fils du couple, Joseph (1716-1791) fut également un personnage remarquable dans la région ; conseiller du roi, procureur fiscal, sénéchal, premier magistrat civil et criminel au siège royal de Carhaix. Marié le 25 juillet 1748 à Carhaix avec Charlotte Raguideau, originaire de la commune de Trégunc (29).
Citons également dans cette famille « Guillou de Stangalen », Anne Thérèse, née en juin 1718 au Stang de Locarn et qui épousa en 1735 à 17 ans Joseph Gourlay de Landugen, un personnage hors du commun qui devint plus tard, sénéchal de Lanrivain.
Anne Thérèse mit au monde une fille, Yvonne Renée en 1736, mais décéda en couches en 1739 au château de Landugen, possession des Gourlay. Son mari, Joseph Gourlay ne tarda pas à convoler en juste noces avec une demoiselle Stephnou, Françoise Julie Jacquette de Maël-Pestivien en 1742 . Le couple eut une fille, Marie Thérèse, née en 1744 et qui devint la grand-mère maternelle de Jean Jérôme Charles de Villiers de l’Isle Adam, surnommé « Lilly », grand-père du poète et écrivain, Villiers de l’Isle Adam.
Notre sénéchal, Joseph Gourlay devint veuf en 1758 à 45 ans, au décès de la dame Stephnou, mais notre homme avait dans son entourage une jeune veuve de 29 ans, Marie Bellom, mariée à Olivier Thépault en 1741, dont une fille Louise Thépault, née en 1742. L’année suivante en 1759, le registre BMS de Lanrivain annonce le 27 octobre les bans du mariage de Joseph Gourlay avec Marie Bellom avec une dispense du quart au quart[3] entre les époux accordée par l’évêque de Quimper et du Léon, Auguste François Annibal de Farcy de Cuillé et du consentement de Marie Coënt, mère de Marie Bellom. Curieusement, les deux filles des promis assistent comme témoins à la cérémonie ; Louise Thépault, àgée de 17 ans, fille de Marie Bellom et Marie Thérèse, àgée de 15 ans, fille de la dame Stephnou et de Joseph Gourlay.

 

promesse

 

 


Le mariage a lieu le mois suivant à la date du 7 novembre 1759 dans les mêmes termes qu’à la promesse, consentement de Marie Coënt, mère de Marie Bellom, dispense et présences des deux filles.

 

mariage

cimetiere


 

Sur le registre, juste après l’écriture de l’acte de mariage, Rolland Le Cam, le curé de Lanrivain, mentionne le 8 novembre 1759, la naissance du fils du couple, Joseph Marie Gourlay[8], avec comme parrain Henry Thépault, fils de Marie Bellom et comme marraine, demoiselle Marie Thérèse Gourlay, fille de Joseph. Mariage et naissance à un jour d’intervalle,   que penser de l’attitude et de l’anxiété de la mère Marie Bellom, pendant la cérémonie !

cimetiere
 

 

 




NOTES.
[1] Inhumations hors d'église.

En France, dans de nombreuses paroisses, pour certaines jusqu'à le fin du XVIIIème siècle, L'inhumation était faites dans le sol même de l'église, en dépit du manque de place, de la fréquence des épidélies, et, subséquemment, des interdictions réitérées en raison des risques sa nitaires pour les fidèles assistant aux messes et autres offices.

[2] Voir note "GUILLOU" ci-dessus.

[2A] Louis Gabriel Le Sénéchal Kercado,  appelé le Comte de Kercado, devenu l’aîné de la maison à la mort de son frère le marquis de Kercado et comme lui fils de René Le Sénéchal, marquis de Kercado et de Marguerite Louise de Boisgelin-Cucé, est né le 5 mai 1710. Il a été reçu Page du Roi dans sa grande écurie le 29 mai 1731, enseigne au régiment de Bresse, dont son frère était colonel en 1733, capitaine au même régiment le 20 décembre 1737, chevalier de Saint-Louis en 1744, colonel du régiment de Bresse, toujours possédé par ceux de son nom et de la famille depuis sa création, le 1er décembre 1745, brigadier le 10 mai 1748, Maréchal de camp le 20 février 1761, étant alors commandant de la Province du Poitou.

En 1764, Louis Gabriel était baron de Quélen et donc seigneur de Locarn et Duault.

Il a épousé par contrat de 21 mai 1749, Jeanne Anne Poncet de la Rivière, fille unique de Pierre Poncet de la Rivière, comte d’Ablis, seigneur des Faures, de Méninville, de Chatonville, etc., président au parlement de Paris et de Louise Bonaventure Lelay du Plessis, aussi nièce de Mathias Poncet de la Rivière , évêque de Troyes.
Au décès de cette dernière, il se remaria le 13 août 1777 avec Adélaïde Marguerite Louise de Chastenet de Puységur, puis une troisième fois  en 1783 avec Adélaïde Raymonde de Malèzieux.

 


[3] Consanguinité au quart.

Le quart degré de consanguinité correspond à des mariés ayant un trisaïeul commun, par exemple. Ces ariages peuveny être des mariages d'intérêts, parfois ils soulèvent des problèmes psychologiques d'un caractère particulier. Fréquemment les motifs sont peu avouables et il arrivequ'ils y ait des relations prénuptiales, invoquées pour l'obtention de la dispense si désirée...

[4] Du Roscoët de Gonidec, (ca1695 -Maël-Pestivien),  Hyacinthe Marie, sieur du Roscoët, fils de Pierre et de Marguerite Le Toux, Dame du Roscoët, puis, Dame de Kermathéan avec son second mariage avec François Sébastien de Coatgouréden en 1706.

[5] De Laùazure de Brossard, Pierre Louis (°1700-1765), marié à Anne Thérèse Le Bouédec, une famille de verriers établis au village de Kerbernès et qui fit souche à Saint-Servais et Duault. Voir "
Les Brossard de l'Argoat, gentilshommes verriers"

[6] De Kerbernès de Brossard Le Bouédec. Voir la note ci-dessus.

[7] François, Guy, Yves et Thomas Le Deuff,  Michel Deveau, familles de sabotiers, de charbonniers employés par les Brossard à la verrerie de Kerbernès.


[8] Gourlay, Joseph Marie (° 8 novembre 1759-

Sénéchal de Lanrivain., en 1789, membre du Comité briochin chargé de l'ordre,en 1792, greffier au tribunal criminel de Saint Brieuc.
Nommé par le Consulat, juge au Tribunal d'Appel de Rennes.
En 1804, nommé Président de la Cour de Justice Criminelle de St Brieuc.
Nommé chevalier de la Légion d'Honneur.
Représentant en 1809 les Côtes-du-Nord au Corps Législatif.
Napoléon lui confère en 1810, le titre de Chevalier de l'Empire.
En 1811, Conseiller à la Cour Impériale de Rennes.
A la Chambre des Représentants en 1815, mais sans siéger.
Termina sa vie le 9 octobre 1818, comme conseiller à la Cour Royale de Rennes.
Revenus mobiliers compris entre 20 et 30 000 francs.
X le 28 novembre 1786 à Ploumagoar avec Demoiselle Marie Françoise de COURSON, fille de Pierre et
de Marie Hélène QUINTIN   Dont un fils (°1789) , officier de ligne sous l'Empire,
une fille(°1791), passait pour l'un des meilleurs partis des Côtes-du-Nord.

[9]
Biographie de Jean Marie GOURLAY(Frère du précédent)

 Député au Conseil des Cinq-Cents, membre du Tribunat, député au Corps législatif impérial, représentant aux cent-Jours, député de 1815 à 1816, né à Lanrivain (Côtes-du-Nord) le 13 août 1761, mort à Paris le 3 janvier 1825, il était « fils de Joseph Gourlay, sieur de la Haye, avocat à la Cour et sénéchal de Lanrivain, et de dame Marie Bellom, son épouse.»
 Propriétaire à Savenay, il fut, en 1790, nommé administrateur du district de cette ville, puis membre de l'administration départementale de la Loire-Inférieure.
Le 26 germinal an VI, il fut élu par ce département député au Conseil des Cinq-Cents, où il s'occupa à peu près exclusivement d'intérêts locaux et de mesures d'économie publique.

Partisan du coup d'Etat du 18 brumaire, il fut, le lendemain de cette journée, inscrit, comme membre des Cinq-Cents, sur la liste de la Commission intermédiaire.
 Le 4 nivôse an VIII, il entra au Tribunat. Il y soutint le pouvoir consulaire, appuya l'établissement de l'Empire, et, le 10 août 1810, fut élu, par le Sénat conservateur, député de la Loire-Inférieure au Corps législatif.

Gourlay adhéra à la déchéance de l'empereur, revint à Napoléon pendant les Cent-Jours, et élu, le 11 mai 1815, par l'arrondissement de Nantes, membre de la Chambre des représentants, adjura ses collègues, le 6 juin, à l'occasion du serment que devait prêter l'Assemblée, de n'avoir qu'une seule opinion à cet égard. « Il faut, dit-il, que la nation se rallie au trône de Napoléon et que le trône se rallie à la nation. » Le 24, il demanda une mention honorable pour les généraux Travot et Lamarque, dont la conduite prudente avait apaisé les troubles de la Vendée. Ensuite il servit d'intermédiaire pour faciliter plusieurs entrevues entre les chefs du parti royaliste et Fouché, duc d'Otrante, dont il était l'ami.

Elu, le 22 août 1815, député des Côtes-du-Nord par 121 voix sur 231 votants, 289 inscrits, il vota avec la majorité de la Chambre introuvable, et rentra dans la vie privée après la session.

    Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)








Joseph Lohou (juillet 2015-février 2016)