Callac-de-Bretagne

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                              Lettre du sous-préfet Jean Francois HUON[1] au préfet des Côtes-du-Nord

 

 

Département des Côtes-du-Nord

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  Sous-Préfecture de Guingamp

                                                                                  A Guingamp le 5 décembre 1871

  Monsieur Le Préfet


Avez-vous obtenu la démission de GUIOT ? Il importe que cette affaire soit réglée sans retard, car M. GUIOT est actif et use de tous les moyens. Il a fait voter une protestation par son conseil municipal et il a fait signer la même protestation pour les officiers des la Garde Nationale constituée et par quelques uns des maires du cantons et il livra cette protestation aux journaux. Dans cette double protestation, il a si bien dénaturer les affaires de son fils qu’il lui a été facile de trouver des signatures.

On y dit le bruit que les mobilisés de Callac refusaient de partir et ceci à l’instigation du jeune GUIOT et aux protestations contre ce refus de partir qui, en réalité, n’a jamais existé. Les mobilisés, mécontents de l’exemption accordé à GUIOT, disaient qu’ils ne partiraient pas sans lui et que quand l’ordre de partir arriverait, ils iraient le prendre chez lui et le forceraient à marcher avec eux.

Vous voyez que GUIOT a trouvé moyen de tourner la position pour essayer de tromper le public. Dans ces conditions, GUIOT est impossible, car outre qu’il me serait plus que difficile d’avoir des rapports avec lui, il me rendrait l’administration impossible dans ce canton. Quand il ne sera plus Maire, je saurai bien le contenir mais tant qu’il sera désormais à la mairie, il me sera impossible de le commander.

Je compte sur vous pour prendre la prompte solution de cette question, un mot de réponse par le monsieur qui vous remettra la présente, s’il vous plaît.

Ici l’attitude du Conseil général a profondément ému la population et me réclame le châtiment des ces arrogants personnages. On attend impatiemment la dissolution avec « considérents » que flétrissent ces Messieurs. On demande aussi la destitution des membres du Conseil Général qui sont fonctionnaires publics. On dit avec raison qu’il n’est pas possible, ni même convenable que le Gouvernement contienne des fonctionnaires qui contestent son autorité, refusent de le reconnaître et de voter les fonds qu’il demande pour la défense du pays.

Songez à cette question, car ces Messieurs, si on les laissent continuellement à nous faire une guerre autorisée, d’abord sans masque, puis directement. Ils reçoivent le « Journal du Drapeau » imprimé à Bruxelles qui arrive aussi, je le suppose, dans les estaminets à Saint-Brieuc comme à Guingamp, pour rien, et qui leur porte, chaque jour le mot d’ordre de l’homme de Sedan.

 

Voyez un peu ce journal édifiant et tâcher de le faire écarter de nos populations.

Tout à Vous

 

NOTES.

[1) HUON, Jean François, conseiller général, sous-préfet de Guingamp, député des CdN.

 

Sources
AD22- série M

 

                                                                             

                                                                                    J.Lohou (déc. 2005)

 

 

 


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