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Opération
Samwest
Sous
le commandement des lieutenants Deschamps et Botella, 18
commandos français du 4e SAS français furent
parachutés près de la forêt du Duault dans les Côtes du
Nord, à une trentaine de kilomètres de Guingamp. La première
phase de la mission consistait à établir une base sure
dans la péninsule bretonne, nom de code Samwest, près de
Saint-Brieuc et de rentrer en contact avec la Résistance
locale puis établir des zones de parachutage et
d'atterrissage pour le bataillon. Jusqu'au 9 juin, 116 SAS
français seront parachutés sur Samwest.
Ce
bataillon devait ensuite mener des opérations de
destruction des lignes de communication, d'embuscades et de
sabotage pour empêcher les mouvements des forces allemandes
de Bretagne occidentale vers le front normand après le Jour
J. À ce moment, environ 150 000 hommes de l'armée
allemande et leur artillerie pouvaient se diriger vers la
Normandie. En se rendant compte du potentiel de la Résistance
locale, il est décidé les intégrer aux opérations de guérilla
contre les troupes allemandes.
Les
deux premières équipes sont parachutées le 6 juin à 0 H
30 dans le Morbihan près de Plumelec à 15 km du maquis de
Saint-Marcel pour établir une base et armer les résistants
locaux. Les deux autres en forêt de Duault dans les Côtes-d'Armor.
Leur mission est d'établir des bases de guérilla dont les
noms de code sont respectivement Dingson et Samwest.
Le Parachutage des SAS à l'aube du 6 juin 1944 :
Nous sommes le 5 juin 1944 entre 22 h et minuit. Sur tous
les aérodromes anglais, les parachutistes SAS (Spécial Air
Force) s'engouffrent dans les appareils dont le
vrombissement fait vibrer l'air ambiant de la campagne
anglaise.
A bord de ces avions Stirling, tête de l'armada aérienne,
figurait le premier Stick (équipe), commandé par le
lieutenant Marienne, qui atterrit à Plumelec, à l'ouest de
Malestroit. Le second, dirigé par le lieutenant Botella,
quitta la chaleur du bombardier et se lança dans le vide
alors qu'on survolait Locarn. Il était environ 1 h 15. Un
troisième Stick, (le lieutenant Deschamp et ses 8 hommes)
devait quitter l'avion un quart d'heure plus tard.
La mission des SAS est double. D'une part, il s'agit de
mener des actions de harcèlement sur les arrières de
l'ennemi avec pour but de fixer ou d'entraver le déplacement
des 7 divisions allemandes identifiées en Bretagne. D'autre
part, le général Koening, chef des FFI depuis mars, leur a
verbalement recommandé d'essayer de provoquer une levée
massive de la Résistance et de constituer des unités
organisées, encadrées et armées.
Premiers Contacts avec la Résistance :
Après s'être regroupés à l'ouest des gorges du Coron,
les 18 parachutistes, firent la connaissance d'un premier élément
de la Résistance locale, en l'occurrence, Georges Ollirault.
Il était suivi comme son ombre par Georges Niemann,
parachutiste allemand de la division Kreta, déserteur, dont
le père avait été fusillé par la Gestapo.
Puis ce fut la rencontre avec d'autres combattants FTP qui
contrôlaient pratiquement cette région Callac / Maël-Pestivien
/ Peumerit / Quintin, et dont la population était
totalement acquise à leur cause. Enfin, ils reçurent la
visite de responsables de la Résistance Locale.
L'affaire se présentait donc beaucoup mieux que prévu : Il
y avait bien une Résistance en Bretagne ! Aussi, le radio
de Botella, le capitaine Devize put-il envoyer un message
demandant de l'armement pour plus de 2 000 patriotes.
A partir du 8 juin, deux nouveaux "Sticks" furent
parachutés dans la nuit du 9 au 10 : 45 hommes commandés
par le capitaine Le Blond. Un dernier renfort arriva dans la
nuit du 10 au 11 juin comprenant 50 hommes.
115 Parachutistes :
Ce 11 juin, l'effectif de la base "Samwest" était
de 115 parachutistes et trois "Jedburgs" sous le
commandement du capitaine Le Blond. Les 10 et 11 juin furent
employés à organiser la défense de la base, correspondant
maintenant à la forêt de Duault.
Le capitaine Le Blond, même avec le renfort d'une trentaine
de FTP du maquis "Tito" qu'il incorpora, ne
disposait pas d'une force suffisante pour constituer un
point d'appui fermé.
Aussi se résolut-il à faire contrôler les voies d'accés
par de petits postes de 8 à 10 hommes, gardant en réserve
une force de 25 hommes prêts à intervenir en tous points
immédiatement.
Deux parachutages d'armes et de matériels eurent lieu, et
les paysans avec leurs charrettes aidèrent au transport des
lourds containers. Il fut impossible d'imposer les ordres de
discrétions et d'empêcher la visite de nombreux curieux,
encore moins des gestes de fraternité.
Rencontre Inopinée :
Le 11 juin vers 21 h, des militaires allemands égarés se
présentèrent à la ferme de Ker Hamon pour y demander un
renseignement. Ils tombèrent nez à nez avec des
parachutistes et francs-tireurs venus au ravitaillement.
Ici deux versions des faits s'affrontent.
Selon certains, les Allemands auraient essuyé des coups de
feu déclenchés par les Français et auraient eu un blessé,
ce qui ne les empêcha pas de s'enfuir en voiture.
D'après un témoin oculaire, tout le monde aurait été
surpris par cette rencontre inopinée et personne n'aurait
eu le temps matériel de faire usage de son arme.
Le fait est qu'aucune détonation ne fut entendue par les défenseurs
de la base, et que la ferme ne fut ni évacuée, ni mise en
état de défense, comme cela aurait été le cas s'il y
avait eu un accrochage.
Vers 9 h le lendemain 12 juin, les Allemands revinrent en
force (trois camions chargés d'une quarantaine de
fantassins). Après échange de coups de feu au cours duquel
un FTP et un parachutiste furent tués, les assaillants
firent prisonniers les fermiers qu'ils rouèrent de coups,
mirent le feu à la ferme et jetèrent dans le brasier, le
parachutiste Very, qui n'était que blessé.
Manifestement , il s'agissait là d'une opération
"classique" de représailles menée par des
troupes anti-maquis, qui ignorait l'existence à proximité,
d'une base de parachutistes SAS.
Des Francs-tireurs et parachutistes assistèrent de loin à
cette scène d'horreur, n'attendant qu'un signal pour
intervenir en force et venger leurs camarades.
Le Combat du 12 juin :
Le capitaine Le Blond, après des hésitations autorisa la
riposte. Parachutistes et FTP rencontrèrent les Allemands
à proximité de la lisière de la forêt et engagèrent le
combat en bénéficiant de l'effet de surprise. Une partie
des Allemands remonta dans les véhicules en tentant de
regagner Saint-Servais avec leurs otages. Ils furent stoppés
par les maquisards qui mitraillèrent les camions et libérèrent
les prisonniers dont les fermiers.
Les Allemands, forts de leur expérience des combats, ne
tardèrent pas à se reprendre et tentèrent une manœuvre
d'encerclement par le sud. Quatre fois les soldats allemands
montèrent à l'assaut et furent à chaque fois repoussés
avec des pertes sensibles.
Le combat se poursuivit vers saint-Servais. Des renforts
arrivèrent du sud et se heurtèrent aux postes placés aux
entrées des chemins d'accès qui les tinrent en respect.
Mais à partir de midi, la pression de l'ennemi s'accentua
et les premières pertes, morts et blessés furent à déplorer.
Le capitaine Le Blond, craignant l'encerclement, décida de
disperser la base par petits groupes vers 14 h. L'opération
d'évacuation fut déclenchée, avec comme rendez vous un
point situé à 16 km au sud de Sérent (Morbihan), d'où on
pourrait rejoindre la base "Dingson".
Ils y parvinrent le 18 juin, quelques heures seulement avant
l'attaque allemande du maquis de Saint-Marcel. Le combat de
Duault se poursuivit jusque vers 18 h .
A ce moment, les Allemands décrochèrent, reconnaissant de
fait leur échec. Les FTP restèrent donc maître du
terrain, ce qui constituait une indéniable victoire. Ils se
virent confier les 3 blessés SAS intransportables et les 13
tonnes d'armes, de munitions et d'explosifs.
L'Armement des Maquis :
Le Commandant Pichouron alerta aussitôt les responsables
des maquis de la région : Callac, Saint-Nicolas, Trébrivan,
Bourbriac, Guingamp et Squiffiec. Tout le monde accourut
chercher à Duault les armes et les munitions tant désirées,
souvent en camions, malgré les risques de Mauvaises
rencontres.
Ce fut d'ailleurs le cas pour un véhicule, sur lequel une
patrouille allemande ouvrit le feu et qui explosa, tuant
cinq des occupant du maquis "Valmy". Seul le
conducteur G. Jouan, grièvement blessé, parvint
miraculeusement à s'échapper.
Ce n'est que le 18 juin, soit prés d'une semaine après le
combat, que l'armée allemande, échaudée, se décida à
revenir sur les lieux.. Des milliers de soldats ratissèrent
consciencieusement la forêt, utilisant même les
lance-flammes.
Pour la première fois, une unité de la Wehrmacht s'était
trouvée aux prises avec une troupe bien armée, bien entraînée
et déterminée, formant en quelque sorte un amalgame entre
des éléments parachutistes SAS et, en fer de lance, des
FTP du maquis Tito extrêmement actifs dans cette zone du département.
Résultat : elle avait subi un échec cuisant.
Le combat de Duault fut donc la première victoire, sinon la
seule, de la Résistance après le débarquement. (Botella)
La rage des Allemands fut à la mesure de cette amère
constatation. Ils se vengèrent sur la population civile
qui, ils le savaient, avait aidé maquisards et
parachutistes.
Cela coûta la vie à 15 personnes tuées sur place, ou exécutées
après tortures au Bois de Boudan en Plestan, et dont les
noms figurent à juste titre, sur une stèle du monument de
Duault, à côté de ceux des 4 parachutistes, des 5 FTP et
des 4 du maquis "Valmy", morts au champ d'honneur.
De Duault à Coat-Malouen :
Quelques parachutistes restèrent sur place. Ils allaient
jouer un rôle majeur, dans la ligne de la mission stratégique
qui leur avait été assignée, au sein des différents
maquis et centre de Résistance dans cette partie du département.
Leurs connaissances en firent de bons instructeurs pour les
maquisards en quête de cadres qualifiés.
Quand aux trois résistants gravement blessés : André
Botella, Jean Lasserre et Eugène Faucheux, ils furent
transportés dans l'ancien repère des "Tito à
Kerchariou, transformé rapidement en infirmerie avec l'aide
des habitants de Maël-Pestivien.
Georges Le Cun les confia aux soins des docteurs Renan puis
Rivoalen chirurgien de Guingamp, qui opéra Lasserre sur
place, à même la terre battue. Leur confrère Le Breton de
Bourbriac, assura les soins journaliers aux blessés qui se
rétablirent. C'est à Kerchariou que Dathanat de l'armée
secrète (AS) demanda à Botella de donner l'ordre à Jean
Robert de prendre la commandement d'un maquis à l'Etang
Neuf Coat Mallouen en Saint-Conan
Un maquis connu sous le nom de "Maquis de Plésidy"
qui, après avoir résisté à une attaque allemande le 27
juillet, joua un rôle majeur dans la libération de
Guingamp, le 7 août.
Notes.
SAS, Special
Air Service.