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LES CHANSONS EN BRETON SUR FEUILLES VOLANTES
Historique.
Les chansons en breton, vendues dans les foires et les
pardons, ont servi de journaux à des générations de
bretons. Les informant sur les guerres, les crimes, les
catastrophes, les nouvelles modes ou la politique. Ce site
vous propose de découvrir cette littérature populaire
bretonne au travers d'exemples historiques, de biographies,
d'analyses et d'extraits de la littérature.
Une
des raisons du maintien de la feuille volante en Basse
Bretagne est le cas particulier de la langue: de façon sans
doute fortuite, l'existence d'une coupure linguistique entre
Basse Bretagne et le reste de la France a assuré le
maintien d'une littérature sur feuille volante du 17ème au milieu du 20ème
siècle, car elle obéissait à une nécessité, et
il n'y avait pas d'alternative; alors qu'ailleurs en France
elle avait disparu, les langues régionales étant trop en
butte avec le poids du Français. Le succès de la feuille
volante est localisé au 19ème siècle en Basse Bretagne. Le manque d'intérêt des élites
pensantes en général, en Bretagne et ailleurs, pour la
langue; faisait que cette littérature considérée comme
mineure s'isolait, se maintenant dans une pratique et un échange
oral-écrit qui avait pour vertu principale d'en assurer la
pérennité, tant que les circuits de diffusion se
maintenaient, que les gens comprenaient la langue et que le
public existait.
René
Le Gac, le dernier des chanteurs-compositeurs sur feuilles
volantes
« Les
chansons en breton sur feuilles volantes ont eu leur
heure de gloire au 19ème siècle pour finir par disparaître après la seconde
guerre mondiale. René le Gac (1894-1974) fut plus
que probablement le dernier à avoir comme principale
activité professionnelle de composer, faire
imprimer chanter et vendre en public ce genre de
chansons. »
René Le Gac naît le 3
octobre 1894 au village de Kerpaulin en Plusquellec dans une
famille nombreuse. Son père Yves et sa mère Anne Marie Le
Borgne sont de modestes cultivateurs.
Il épouse à
Callac Anne Marie, remarquée par René comme ayant une voix
forte et un goût prononcé pour la danse. Il travaille de
1925 à 1944 dans une entreprise de vins et spiritueux
callacoise comme employé au chai, puis quitte cet emploi
pour celui d’évaronneur, parcourant les fermes des alentours afin d’ôter les larves de varon.
C’est à cette époque, vers 50 ans
que René débute sa carrière de compositeur
chanteur et vendeur de feuilles volantes en breton.
Ses quelques 80 chansons étaient conformées sur
l’actualité et la vie quotidienne, ses sujets favoris étaient
les difficultés domestiques des années d’après-guerre,
la vie politique, étant lui-même très engagé au Parti
communiste.
.
La
fin de l'activité de René Le Gac semble se situer un peu avant les années soixante dix. Le couple n'a
pas brusquement cessé le commerce des feuilles volantes
mais s'est plutôt doucement retiré, ne s'y remettant à
l'occasion que pour le plaisir d'être écouté et de vendre
au passage quelques chansons. René
Le Gac profita avec sa femme
de cette« retraite des vieux» qu'il avait célébré dans une chanson. Le dernier des professionnels de la chanson en breton sur
feuilles volantes décéda à Callac en 1974.
Une quarantaine d'année après la disparition de René Le Gac, son souvenir demeure encore et quelques-uns
unes de ses chansons sont toujours chantées. Cela est probablement le plus bel hommage qu'il
pouvait attendre. »
Sources.
Lizher ar Poher N° 23 – Octobre 2007.page 6- Thierry Rouaut
http://perso.orange.fr/per.kentel/istor_berr_gallek3.htm
AD 22- Série E.
Voir : René LE GAC, chansonnier breton.
Dans
Chanson des collaboratrices in brezonnec, René Le Gac s'en
prend aux femmes adeptes de la collaboration horizontale
"Ia
collaboret deuz a corf ag e galon
Goueloch e cavind eur boche o ia vit eur breton
0 ia barz eur parcou
Vije a rendez-vous
Gred gant ar frigolin
0 na merhet Pétain"
"Elles
ont collaborées avec leur corps et leur âme
Trouvant bien mieux le "bôche" que le
"breton"
Et là dans leur pré
Ils ont un rendez-vous
Entrepris avec un "fridolin"
O! Les filles de Pétain"
(Traduction approximative de l'auteur)
Cette
chanson bilingue, se chantant sur l'air de 'Vive le
rossignol', nous apprend que le Führer est toujours vivant
et qu'il est réfugié au Japon ou au Pôle Sud.
La
liste des privations endurées pendant la guerre y est énumérée
avec, en bonne place, le fil, l'étoffe et les vêtements.
René Le Gac (1894-1974), chansonnier de Callac, et l'un des
derniers à pratiquer la vente de chansons sur feuilles
volantes, n'est pas en reste avec Kanaouen an Daou Bourreaux
(Hitler et Mussolini) et Kanaouen ar Marc'h Du. Ce dernier
texte dénonce les profiteurs du marché noir qui étalent
leur fortune toute neuve
"Breman
e mant dre aze
Hessé prenan toud an traou
Dillad kaer donet da vale
Ag ive autoîo"
"Maintenant
on constate la chose suivante
Pressé de tout prendre toute chose
Beaux vêtements pour se promener
Et avec son automobile."
Joseph Lohou(octobre 2007)
(Mise à jour avril 2013)