Callac-de-Bretagne

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Encore présent à Callac en 1981, le Dr Edmond Rébillé manifesta au sein de l'équipe de rédaction du bulletin municipal de la ville son talent de conteur, avec son inspiration chaleureuse et sa fougue de l'improvisation.

                           Bien des callacois de l'époque se rappelle de cette anecdote parue en 1981 où l'auteur raconte ce mirifique projet du canal de Lannion à Callac !!!

   

 

                                              Les infos de NAOUS[1] 

  

      "Après les municipales..... un Canal Callac-Lannion ? 

  

Quelques que soient leurs opinions politiques, il est évident que les électeurs du canton de Callac ont été motivés dans leur choix par l'impérieuse nécessité, face à la concurrence commerciale de Carhaix et de Guingamp de frapper un grand coup sur l'échiquier économique de l'Argoat. Il importe avant tout de lutter contre le dépeuplement de nos communes en stimulant notre potentiel créatif.

   L'idée à germer dans le cerveau d'un de nos compatriotes qu'à défaut de débouchés industriels, le canton de Callac pourrait au moins s'assurer un débouché maritime. Le projet est demeuré longtemps secret, mais NAOUS en a eu connaissance. Si l'on veut bien songer qu'au siècle dernier, les Bretons ont pu percer un canal entre Nantes et Brest, leurs descendants, dotés de moyens techniques considérables, ne peuvent faire moins que d'accepter d'ouvrir un canal de 50 Km entre Callac et la Manche. Partant de Lannion, celui-ci suivra le cours du Léguer jusqu'aux abords de la gare de Pont-Melvez d'où il rejoindra le haut cours de l'Hyère qui prend sa source près de Pérentez en Callac. Il y aura donc à creuser une tranchée de quelques kilomètres entre les deux rivières, et à utiliser le cours de celle-ci en l'élargissant à une centaine de mètres pour une profondeur de trente à marée haute, donnant ainsi accès aux navires de fort tonnage. Le lac de la Verte Vallée à Callac deviendra port de mer. Les bassins submergeront évidemment le village de la Boissière et la rue de la gare, dont les habitants ne pourront faire autrement que d'accepter de déménager, puisque ce sera pour le bien public. Ils seront relogés sur les hauteurs de Botmel et de Restellou. La voie ferrée disparaissant sous les eaux, il faut prévoir d'autres modes de transport pour la population ne disposant pas d'une voiture. Il apparaît que la meilleure solution est une liaison par hydravion entre Guingamp et le nouveau port de Callac. 

  


  

  

  

  

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  La création de ce canal amenant l'eau de mer à Callac n'est pas sans poser de multiples problèmes. Que deviendront les poissons d'eau douce ? Quelle peut-être la réaction d'une truite face à un oursin ? Nul ne le sait. De même que personne ne peut dire quelles seront les répercussions des changements alimentaires chez le brochet. La pathologie digestive de ce carnassier n'a guère été étudiée, et il n'est pas du tout certain qu'il tolérera les excès de poissons gras : sardines, maquereaux ou thons.

   La population de Callac elle-même peut souffrir du changement climatique. Chacun sait que l'air de la mer est excitant. Il est prévu que les pouvoirs publics prendront en charge la distribution aux callacois de médicaments destinés à juguler leur nervirisme(?) : bromures, neuroleptiques, tec... Il sera interdit aux capitaines des navires d'actionner leurs sirènes entre 22 H et 7 H du matin, afin que soit respecté le sommeil des riverains.

  Autre éventualité préoccupante : un grand nombre de pâtures vont se trouver au niveau des flots et les vaches attirées par l'air du large risquent de tomber à l'eau, et de s'y trouver désemparées quand elles s'apercevront de sa salinité. Afin de prévenir ce danger, il est d'ores et déjà recommandé aux éleveurs concernés d'apprendre à nager à leurs vaches dans la piscine d'eau salée qui a été installée près du marché aux veaux.

  Demeure aussi le risque de marée noire. La navigation sur le canal étant éprouvante pour les nerfs, il est à craindre qu'à l'arrivée au port de Callac, les capitaines de navires éprouvent le besoin de se défueler(?). Mais la police veillera et les sanctions seront impitoyables (bain forcé dans le mazout, surtout pour ceux qui travaillent au "noir").

 Que faire des millions de mètres cubes de terre retirée de la gigantesque excavation ? Elle servira très certainement à élever près du terrain de camping de Callac une pyramide d'une hauteur de six cent mètres qui en fera le point culminant de Bretagne, d'où l'on jouira d'un merveilleux panorama. 

Une autre solution avantageuse serait de vendre cette terre aux pays arabes qui en recouvriraient leurs sables. 

  

  On voit donc qu'il n'existe pas d'obstacles majeurs à l'ouverture de ce canal qui permettra aux bateaux de pêche, cargos et pétroliers d'atteindre Callac où pourront être installés des entrepôts de carburants, des conserveries, des chantiers de constructions maritimes, etc...

 Un tel projet bien sûr coûte cher, mais pour en diminuer le prix il est prévu de faire appel à la population locale. Toutes les personnes valides des deux sexes, de 7 à 77 ans, devront participer aux travaux une demi-journée par semaine. Les pouvoirs publics fourniront les pelles.

  En outre, se souvenant que le Canal de Nantes à Brest a été creusé par les forçats du bagne de Brest, l'auteur du projet pense demander que les condamnés de droit commun participent aux travaux. Ils seront hébergés dans les familles, ce qui facilitera leur réinsertion sociale. Il sera toutefois demandé aux habitants de contracter une assurance contre les agressions et accidents dont ces condamnés pourraient être victimes. 

  

     Rien ne s'oppose donc à l'accomplissement rapide de ce projet. Qui aurait pu prévoir il y a quelques années seulement que Callac deviendrait port de mer ? 

  

    La décision définitive appartient à l'Assemblée des Élus locaux qui se tiendra à la Salle des Fêtes, le 1er avril prochain à 0 H. Nous souhaitons évidemment qu'elle soi positive, malgré les pressions que comptent exercer certains écologistes." 


                                                           Edmond Rébillé[2]. 

                                                                            

           
Photo du Dr Rébillé en 1981
                                                         

                                                                                        



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[1] NAOUS, Bulletin municipal de la commune de Callac de 1981 à 1983, sous l’administration du maire Albert PRIGENT.


[2] RÉBILLÉ, Edmond, docteur en médecine, écrivain prolifique, écologue avant la lettre, inlassable conférencier spécialiste de l’Argoat. Voir dans ce site une "Histoire de Callac par ED. Rebillé ", 

  

 

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    Publié avec l'aimable autorisation du docteur Edmond RÉBILLÉ.
   ( Oeuvres du Dr Edmond Rébillé.)

                                               Joseph Lohou(décembre 2007)