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Une discorde entre clergé régulier et séculier.
A propos du procès intenté par les
abbés de l’abbaye de Sainte Croix de Quimperlé en 1717
contre Messire Étienne Dominique Le Lonquer concernant l’église
du Prieuré de Landugen, nous vous présentons une lettre écrite
par un religieux de l’abbaye dont nous ignorons la date et
le nom de l’auteur. Ce personnage donne quelques conseils,
ainsi que des arguments de défense, au futur défenseur de
l’abbaye avant le procès. Il signale également le nom
des desservants de la chapelle du Prieuré de l’année
1555 à la veille du procès.
»Le bénéfice de Landugen est de fondation royale,
cela se justifie par les aveux rendus au Roy en 1555 et en
1681 qui portent expressément que le Prieur le tient du Roy
à prières et oraisons fixées à deux messes par chaque
semaine, sçavoir la Grand Messe le dimanche et une messe
des défunts chaque lundi.
Les aveux qui ont été reçus à la Chambre des Comptes
sans aucune modification, l’invitation de ce qu’ils
portaient, expriment entre
autres choses : La maison ou manoir prieural, jardins,
cour, courtils, et prairies avec les dixmes sur toutes les
terres, sçavoir à la 12ème gerbe sur les
terres censives et à la 36ème sur les terres
convenantières.
Ce droit est avoué et reconnu par tous les vassaux sujets
du Prieuré dans leurs aveux rendus au Sieur Budes Rufflé
en 1679. Il était, en même temps, recteur et prieur de
Landugen, et c’est en cette dernière qualité qu’on lui
reconnaît devoir la dixme solidairement.
Ce mot »solidairement » prouve indivisiblement
que la dixme deüe par les sujets de Landugen est une dixme
inféodée, « Seigneuriale » et non pas « Ecclésiastique
ou Curiale » comme l’avance le sieur Lonquer
sans aucun fondement.
On conclut de tout ce
que dessus :
- Que
Landugen est un prieuré simple sans cure, ni charge
d’âmes.
- Que
les Prieurs qui en sont pourvus, sont seigneurs des
terres qui en relèvent et que s’est en cette qualité
que la dixme leur est dû.
- Que
le manoir et le pourpris
est attaché au prieuré.
- Et
qu’enfin, il est du dernier ridicule que le sieur
Lonquer en ait pris possession sous le titre de vicaire
perpétuel ; parce que quand même son droit serait
ainsi soldé qu’il est imaginaire sur la prétendue
vicairie perpétuelle, ne contestant pas au prieur son
titre de prieur, il ne peut lui enlever sa qualité de
seigneur, ni conséquemment sa maison et ses dépendances
dont il est inféodé vers le Roy aussi bien que vers
les dixmes..
(En marge du texte :
Quand il y avait une vicairie perpétuelle à Landugen, ce
ne serait pas au prieur de fournir une maison au vicaire, ce
serait aux habitants.)
Le prieuré de Landugen, dépendant de l’abbaye de Sainte
Croix de Quimperlé, a toujours été possédé comme prieuré
simple, soit par des réguliers qui le tenait en titre ou
par des commendataires.
On voit par l’aveu de 1555 que Frère François de Launay,
religieux de Quimperlé en était pour lors en possession.
Frère Jacques de Quénechquivillic[2], religieux en était
pourvu en 1580, ainsi qu’il paraît par un aveu à lui
rendu par Jean Poupon le 4 juillet.
Avant lui, Frère Michel de Coatanlem le possédait
comme on le voit par un aveu à lui rendu le 14 février
1574.
On trouve ensuite que le sieur Quéméner le posséda
en commande, auquel succéda le sieur Guillaume Le
Prêtre, évêque de Quimper, qui en pris possession le
2 mars 1616 après l’avoir obtenu en Cour de Rome sur la résignation
du sieur Martin Quéméner. Le sieur Mailly
fut pourvu en commande le 12 février 1641 et le permuta
avec le sieur Budes en 1646.
Le sieur Budes[3} du Rufflé, recteur de Duault dans sa
paroisse duquel est le prieuré le posséda jusqu’en 1679
en commande. On trouve après le sieur Aufroi, clerc
du diocèse de Sens qui fut maintenu par arrêt du Grand
Conseil rendu le 10 décembre 1680 contre le sieur Gryadel,
premier aumônier de l’Archevêque de Paris qui en avait
aussi obtenu des provisions en commande.
Le même Auffroi fut encore maintenu contre le sieur
Blot par arrêt du 9 décembre 1682 et 22 décembre de la même
année.
Le sieur Charles Deschiens, clerc du diocèse de
Paris en succéda à Auffroy en 1686 et en jouir
jusqu’en 1689 qu’il le résigna à Jérôme Deschiens,
son frère clerc du Diocèse de Paris qui en obtint visa du
sieur de Coëtlogon, évêque de Quimper et en jouit
jusqu’à ce que le sieur de Lansquenet en a été
pourvu, lequel la remis en règle en le résignant à Dom
Jean Joseph Sunderland, religieux de la Congrégation
de saint Maur.
Quant aux registres de baptêmes, mariages et sépultures
produits par le sieur Louer pour prouver que Landugen est
une paroisse sous prétexte qu’ils sont intitulés pour
servir à la paroisse de Landugen, c’est une imposture
grossière.
Des 33 registres produits, on soutient qu’il y en a plus
de 25 dont l’intitulé pose expressément pour servir à
l’église prieurale ou l’église du prieuré de
Landugen.
On soutient encore que le titre de ceux qui portent le mot
de paroisse, et qui se montent peut-être à six ou sept,
est imprimé, et que le mot de Landugen est écrit à la
main dans le blanc qu’on laissait d’ordinaire pour être
rempli du nom de chaque église dans l’incertitude de
celle à qui tomberait chaque registre. On juge aisément
que ces registres étant destinés communément pour des
paroisses, on ne s’est pas mis en peine d’en faire exprès
pour Landugen.
Au reste, qu’on ouvre ces registres, on n’y trouvera pas
un article de baptême ou de sépulture qui exprime l’église
de Landugen autrement que sous le nom d’église prieurale. »
Joseph Lohou(septembre 2006)
Sources
AD22- série J- cote 19
J 22.