Callac-de-Bretagne

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                Souvenirs, Souvenirs…

 

 

En lisant la première page du livre de Françoise MORVAN, « Le Monde Comme Si », ces quelques lignes que je reproduis ci-dessous, m’ont ravivé les propres souvenirs de mes années 1950, la gare de Callac, sa « micheline », les nombreux départs des forces vives de cet Argoat délaissé vers les villes avides d’une main d'œuvre disponible et servile...

 

  [1]« On a fermé la porte. Ma grand-mère a mis la clé dans son vieux sac à main qu'elle appelait son "sac à pied", la survivance du breton dans la langue quotidienne se manifestant d'abord par des permutations imprévisibles. Sans doute n'allaient-elles pas être pour rien dans le cli­mat d'incertitude légèrement surréaliste auquel nous étions voués. Mais moi, à ce moment-là, je n'étais pas beaucoup plus qu'un bagage parmi les autres. On m'a peut-être portée dans les bras, peut-être roulée vers la gare dans une brouette avec les valises. En tout cas, c'était fini, adieu maison natale, adieu collines et bra­siers des nuits d'été. Imaginons, si nous le pouvons, ces générations de purs Bretons de souche tirant depuis des siècles leur subsistance de cette terre ingrate et voyons-­les partir pour la capitale. Le petit train rouge qu'on appelait la "micheline" est passé et nous a emportés. C'était pour toujours, sauf que, bien sûr, nous pouvions revenir - aux vacances, en retraite, comme entre paren­thèses, ou peut-être pour de bon, mais toujours voués au monde comme si, qui nous plaçait, là et ailleurs, dans un éternel va-et-vient, un éternel porte-à-faux. Nous allions vivre, comme tant d'autres, dans la promesse d'un avenir rendu à son passé et la nostalgie des valeurs perdues. »

 

 


La micheline

 Note de l'auteur :
Il est bien entendu que j'ai lu avec beaucoup d'attention ce livre de Françoise MORVAN, une oeuvre de combat dont je n'aurais l'outrecuidance d'en analyser le contenu.

Ma seule réflexion de modeste lecteur est de constater qu'il est relativement difficile d'écrire l'histoire en pensant à celle de la Révolution française, même après deux cent ans comme cela est dit dans la préface de l'ouvrage suivant :

   «  L'Ancien Régime avait été l'inégalité des hommes et la monarchie abso­lue; sur le drapeau de 1789 étaient apparus les droits de l'homme et la souveraineté du peuple. C'est cette rupture qui exprime le plus profondément la nature à la fois philosophique et politique de la Révolution française; c'est elle qui lui donne la dignité d'une idée et le caractère d'un commencement; c'est d'elle qu'il faut encore partir pour comprendre l'événement, comme d'une énigme intacte après deux cents ans de travaux et de débats destinés à en percer le mystère… »


( voir FURET/ OZOUF, Dictionnaire critique de la Révolution française- ACTEURS -Éditions Champs Flammarion ISBN : 2-08-081264-5)

 

 

                                                                                      Joseph Lohou (mai 2007)



[1] MORVAN, Françoise- « Le monde comme si »-ISBN 2-7427-555267-Babel-2005- Nationalisme et dérive identitaire en Bretagne. Agrégée de Lettres et docteur d’état, écrivain et opposante sévère à la mainmise des nationalistes sur la culture bretonne,  spécialiste de François Marie LUZEL(1821-1895), écrivain républicain que l’on oppose souvent à Théodore HERSART de la VILLEMARQUÉ(1815-1896), auteur du « BARZAZ BREIZ ».

 "La Scène Primitive" - Une réminiscence personnelle sur la dispartition d'un être cher, un texte empruntée à Mona Ozouf dans son bel ouvrage "Composition Française".
Un emprunt, non un plagiat, que cette personnalité me pardonnera de publier sans son autorisation.

 

 

© Tous Droits Réservés (Joseph Lohou)