Callac-de-Bretagne

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               NAOUS (addendum)
 
De la part de Claude le Glanic de la Belle Etoile Noyal sur Brutz 44 110
 
Le premier à m'avoir parlé du célèbre étalon Naous, c'était mon cousin Fernand Coulouarn, ancien artisan couvreur de Callac, vers 1960. De mon enfance rurale, à Maël-Carhaix, j'avais gardé le bon souvenir de ces chevaux utiles à tous les travaux de la ferme et je connaissais bien la vie des fermiers et leurs étalons venant chaque printemps de Lamballe. La lecture de votre long et documenté article sur Naous a donc retenu mon attention, surtout quand vous écrivez qu'il n'était pas né à Plusquellec. Tout de suite j'ai pensé que c'était autour de Châteaubriant que naquit ce poulain. Depuis 35 ans j’habite Noyal sur Brutz et j'entends parler de Naous par de nombreux éleveurs : les Portais, Rouesne, Chapron, Orain, Camus... ; je les observe lors des concours et les croise à la Foire annuelle de Béré (2eme week-end de septembre). Ceux que j'ai cités connaissaient la région de Callac et leurs éleveurs.

Naous était un nom familier des plus anciens, mais personne ne m'avait jamais dévoilé son lieu de naissance.
En suivant le fil du temps de ce printemps 2012, un second hasard me fait croiser un autre descendant d'éleveur : Gilles Baudinier. Le 21 juin, lors d'une sortie à Saumur au fameux « Cadre Noir » ; voilà qu'à table, au restaurant troglodyte, nous trinquons à la santé des chevaux et humains réunis et je lance le mot magique en breton : « Yehed vad » aussitôt Gilles que je ne connaissais pas encore me répond : - Ah oui c'est comme au pays de Naous !
Et comment tu connais ? Lui dis-je (le tutoiement est d'usage en Centre Bretagne).
C'est un poulain de l'élevage Renard de la Touche d'Erbray ; mes parents ont bien connus Eugène.
Là-dessus je n'ai pas poursuivi, pour moi c'était gagné, j'allais trouver.

 
Gilles ne m'avait donné ni téléphone, ni adresse. L'été arrivant, je l'avais perdu de vue.
Mais, un troisième hasard me rattrape, le souvenir de Naous, à la mi-juillet. Claude Margat, mon proche voisin, qui a toujours vécu au pays me déclare au détour d'un récit de voyage avoir rencontré Gilles Raimbaud, le petit-fils d'un éleveur de chevaux qui avait fait naître un poulain devenu célèbre à Callac. J'étais sur la bonne piste. Rendez-vous fut pris avec les descendants de l'éleveur Louis Raimbaud : Gilles un petit-fils et Maurice son fils âgé de 82 ans, le dimanche 22 juillet à la Chauvelais. J'étais accompagné de Bernard Lamarthe, fin connaisseur des événements du territoire.

Maurice est né en 1930 dans cette ferme, 6 ans avant la naissance du poulain le 28 mars 1935. La mère était « Lorraine » (nom affectif pas chronologique, donné en souvenir de la guerre 1914-1918), fille de Casque d'or. Le père était « Filou » de l'élevage Eugène Renard.
Le poulain fut repéré par Baptiste Floc'h et vendu en novembre 1935 pour une modique somme. Les villages cités sont proches de la ville de Châteaubriant. Le pays était devenu après la première guerre mondiale un grand centre de production d'élevage du « trait breton » aussi important que Landivisiau.

Plusieurs familles de marchands finistériens ont fait commerce, Callac fut une étape. Tous les anciens éleveurs ont le souvenir précis de l'imposante stature de Baptiste Floc'h. Maurice Raimbaud a bien connu Eugène Renard, ce fameux éleveur, et croisé jusqu'à ses obsèques vers 1970.
Au fil du temps, Châteaubriant est devenu un grand centre d'élevage équestre pour les concours d'équitation et pour les courses hippiques (12 par an).
 
Voici ma modeste contribution pour la vérité sur la « généalogie » de Naous, étalon de grande renommée dans la région de Callac.

 


Extrait du Pays d'Argoat -2ème semestre 2012- n°58.



Naous, cheval de trait Breton


L’histoire de la statue de Naous commence par une lettre émanant du Secrétariat d’Etat des Beaux-Arts, datée du 24 juin l952, adressée aux Services des Haras Cette lettre signée du Chef’ du Bureau des Travaux d’Art, M. Goutal, évoque une demande faite par le Président du Conseil Pleven (1901-1993) et recommande Georges Lucien Guyot, sculpteur animalier reconnu et auteur entre autre du Taureau de Laguiole en 1947, afin de le conseiller pour la réalisation d’une commande de l’Etat destine à la ville de « Callach » dans les Côtes du Nord.

Le maire de la ville et conseiller général émet le vœu de voir reproduire « Petite Sœur », une jument primée à plusieurs reprises. George-Lucien Guyot propose dans une note du 3 juillet 1952 de réaliser plutôt la statue d’un étalon pour mieux représenter la race. La commande d’un étalon breton en bronze avec modèle en plâtre grandeur nature est faite le 16 septembre 1952.

M Goutal charge Madame Lamy, inspecteur principal des Beaux-Arts, d’examiner le modèle en plâtre. Le 17 mars 1953, Madame Lamy juge « la maquette honnêtement traitée sans aucune espèce de génie, en un mot comme on pouvait s’y attendre de la part d’un honnête artiste comme Guvot » « il est vrai que cette pièce énorme emplie l’atelier du sculpteur tout Statue de Naous entier, ce qui fait que l’on ne voit le cheval qu’en dessous, ce qui n’est pas une vision normale. »

naous


Le modèle en bronze est donc réalise par la fonderie André Susse à Arcueil (94 Val de Marne) et terminé en Juin 1954. Le nom de Naous apparaît alors pour la première fois dans une lettre de remerciement de Jean Auffret (maire de 1948 à 1965) au Directeur des Arts et des Lettres du Ministère de l’Education Nationale, datée du 6 juillet 1954.
II est probable que le choix de ce nom coïncide avec le décès en 1953 d’un des plus fameux étalons de la station de Callac
La statue ne sera en fait inaugurée qu’en 1958 avec les nouveaux « haras » de Callac qui fonctionneront jusqu’en 2003. Sa statue en bronze pèse 1.6 tonne et repose sur un socle de granite de 4.5 tonnes.
Le 13 septembre 1993 il fut envoyé à Saint Brieuc pour la foire exposition ; on le monta sur un porte char et les chevaux des environs l’accompagnèrent en procession jusqu’à la gare. Il fut honoré durant plus d’une semaine au parc de Brézillet.
Lorsque la station fut rasée pour construire la nouvelle pharmacie, on me demanda mon avis où le replacer, je leur ai dit : « dans le coin de la place, sa tête regardant la mairie, c’est là qu’il sera le plus en vue car il y a le plus de passage à Callac ».
Ainsi le lundi 7 juillet 2008, Naous a rejoint son nouvel emplacement et l’inauguration, Le dimanche 13 juillet donna lieu à un » Fest- Naous » en l’honneur du postier breton.
Naous a dû subir à plusieurs reprises les coups de pinceau de plaisantins. Dans la nuit du 4 au 5 juillet 1970 et en décembre 2007, la population de Callac a eu la grande surprise de voir Naous métamorphosé en « zèbre ».
Naous est là, ad vitam aeternam, pour signifier qu’il a été le raceur( ?) le plus recherché du pays de Callac, très grande région d’élevage de chevaux. Landivisiau revendique également cette paternité mais là- bas il y avait beaucoup de « trafiquants » car c’était le centre de rassemblement des chevaux de toute la Bretagne pour le négoce (les plus grands négociants : Combot, Y Hélard…)

Callac reste pour les étalonniers qui ratissent la campagne, le grand berceau du trait breton, au fronton duquel deux noms s’inscrivent en lettre d’or : ceux des deux géniteurs d’exception que furent Vermouth et Naous.

Revue Pays d'Argoat N° 56- Rédigé par Roland Publié dans « Petite Histoire ».
Photo : Arnaud Gannay Le Guilcher

                                                                         Joseph LOHOU (18 avril 2013-juin 2015)