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MOBILIER
D'UN PAYSAN BAS-BRETON
AU XVI°
SIECLE.
En 1864, Sigismond
Ropartz [1]mis
la main sur un parchemin rare et curieux, contenant
l'inventaire de la fortune mobilière d'un paysan breton en
1518. Malheureusement, celui-ci ne cite pas ses sources,
mais nous supposons que la série B des Archives Départementales
recèle bien des trésors de ce genre.
Nous ne résistons pas au plaisir de vous faire connaître
ce texte qui parut dans un numéro de la Revue de Bretagne
et de Vendée en 1858[2].L'auteur
n'a pas simplement énuméré les différents éléments
de cet inventaire, mais il a intégré le texte et s'est mis
dans la peau des personnages, donnant avec humour une touche
vivante à cet épisode juridique de la vie de tous les
jours :
|
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Paysan
à la charrue
(Gravure
sur bois.(1515)
|
|
« Au début du XVI° siècle, vivaient au
village de Coz Parc[3],
deux frères Kermen, Guillaume et Henry. Ils exploitaient en
commun le convenant(*.voir Glossaire.) sous la juridiction
du Cludon en Plougonver
aux seigneurs de Kergorlay.[4]
Guillaume vint à mourir, laissant une veuve, Isabeau
Le Guichoux et deux enfants mineurs, Yvon et Marie.
Henry Kermen fit dresser un minutieux inventaire de
tout le mobilier qui garnissait l'habitation. Ceci afin de
garantir à la fois les intérêts de ses neveux
mineurs, dont il était le tuteur, et ses propres intérêts,
à cause de l'association qui avait existé entre son frère
et lui.
En conséquence, le 11 mars 1518, on vit arriver au
Coz Parc, maître Maurice de la Boissiére, sieur de
Keranlouant[5],
sénéchal du Cludon, maître Pierre de Coatgoureden,
procureur fiscal de la même juridiction, maître Charles de
la Boissière, greffier d'icelle, puis Morice Ollivier,
Geoffroy Lancien et Yvon Ollivier, priseurs(*) jurés quant
au prisage auquel on allait procéder.
-Si vous le voulez, dit le sénéchal, nous priserons
en premier les
biens qui sont communs et en indivis entre la veuve et
enfants du décédé et Henry Kermen, dans lesquels les dits
mineurs et leur mère sont fondés jouir d'une moitié et
Henry Kermen de l'autre moitié ?
- Ainsi soit, dirent les priseurs.
Voici d'abord cent charretées ou environ de fumier
froid, bon signe et bonne note pour un laboureur. Cela vaut
bien huit deniers la charretée; soit : 66 sous - 8 deniers.
(*)
Ici je confesse que, maître Charles de la Boissière
écrivant comme un chat, j'ai deviné plutôt que lu qu'il
était cas de fumier: je ne crains guère, néanmoins
d'avoir fait erreur, car le fumier est la seule chose
agricole, mesurable en charretées, qui se distingue en
chaud et froid.
Les experts prisèrent ensuite " le fient "
récemment tiré des étables et crèches et trouvèrent
qu'ils y en avaient pour 60 sols.
Dans l'écurie, voilà un cheval en poil gris; il est
médiocre et ne vaut que 65 sous ; à côté, un cheval
" en poil biard ", c'est-à-dire bai, vaut,
au contraire, 105 sous. La jument noire a pu être une
vaillante bête, mais elle a quatorze ans; on
l'estime 30 sous; la pouliche grise ne compte que trois ans:
elle est prisée 70 sous.
Dans les étables ruminent deux paires de bœufs ; la
plus belle, celle où l'on voit un boeuf rouge et l'autre
bis vaut 10 livres 10 sous : la seconde, celle dont les deux
bœufs sont noirs, ne se vendrait que 8 livres 10 sous.
Passons aux jeunes taureaux, le grand rouge vaut 55
sous ; les trois rouges de deux ans, ensemble 4 livres 10
sous; les deux taurillons d'un an, dont l'un noir et l'autre
rouge, 45 sous.
Les génisses sont en nombre égal : il y en a une
dont la robe rouge tire sur le jaune; on l'estime 40 sous;
les trois rouges de deux ans, l'une pour l'autre, 30 sous;
ensemble: 4 livres 10 sous; les deux vèlées d'un an,
noires, ensemble : 30 sous.
Je compte sept vaches laitières - Et, compères, à
combien la rouge? - C'est la meilleure : 65 sous. - Et
l'autre rouge? - 55 sous. - La noire, avec son veau? - 65
sous. - L'autre, noire? - 55 sous. - Celle-ci, noire encore?
- 50 sous. - Et cette autre, noire seulement sur la queue? -
55 sous- Puis, cette dernière vache " en poil roux et
son veau?"- Au plus juste, et pour ne faire de tort à
personne, elle vaut 52 sous 6 deniers.
N'oublions point " Quinze chieffs de brebis, l'ung
dans l'autre chacun prisé 3 sous 4 deniers, soit 50 sous
" ni une truie, prisée 15 sous. C'est là, si je ne me
trompe, tout le bétail de la ferme.
Dans les cours et sous les granges, on a empilé une
certaine quantité de bois de chesne sec que les priseurs
ont jugé valoir 115 sous, d'autres bois et merrains(*) de
chesne qu'ils cotent à 4 livres 10 sous
et cinq planches de bois de "fou"(*) c'est-à-dire
de hêtre, qu'ils prisent 3 sous 4 deniers.
On ne laissera pas de côté 34 charretées de
pierres de taille, bien qu'elles ne valent que 2 sous et 6
deniers la charretée, ensemble 4 livres 10 sous.
Dans l'aire, il y a un mullon(*) de méteil, seigle
et froment mêlé, non battu: les priseurs estiment qu'il
rendra quarante renées(*), ou 20 boisseaux mesure de
Callac, chaque boisseau devant peser soixante et dix livres
: le froment est au seigle dans la proportion de six
quarantièmes.
Les autres grains sont serrés dans les greniers : il
y a l'avoine grosse, sèche, dont je n'ai pas pu déchiffrer
les quantités; onze renées d'avoine menue et deux renées
et demie de " pilatte seiche. "- Qu'est-ce que
ceci? - Ce n'est pas de la filasse d'une plante textile
quelconque, puisque cela se mesure à la renée et figure au
chapitre des graines, ou mieux des grains. Il est impossible
de ne pas lire " pilatte " et le mot revient trois
fois. Serait-ce de la graine d'ajonc à piler? (*)
Avant de pénétrer dans la maison, où sont les
meubles et dans les granges où sont les instruments
aratoires, nous allons, si vous le voulez bien, suivre les
experts dans les divers champs du convenant, avant d'en apprécier
les trempes(*) et engrais.
Le Parc-Coz Alain an Garn est plein de seigle vert,
qui produira à l'août prochain, tout labour rabattu (
c'est au moins l'opinion des priseurs) huit sommes(*) et
demie de seigle.
Après le seigle, on sèmera
dans ce même champ de l'avoine grosse " estimée
à l'aoust prochain en ung an (1519) labour, despend et
semences rabattus " onze sommes d'avoine grosse. Après
la grosse avoine notre Parc-Coz recevra de l'avoine menue
qu'on récoltera dans deux ans (1520) et qui rendra labour,
dépens et semences rabattus, s'il plaît à Dieu, huit
sommes d'avoine menue.
Dans le Parc Pen an Ker, on voit aussi du seigle vert
dont on récoltera bien à l'août prochain trois sommes et
trois renées. La grosse avoine " qui sera gagnée
audit parc " après le seigle et pour seconde semence,
produira quatre sommes et deux renées. On espère en avoine
menue, tierce semence qui sera mise en terre audit parc après
le seigle et l'avoine grosse, pour toute gagnerie(*), toutes
choses rabattues, trois sommes et trois renées.
On n'a plus à attendre du Parc-Nevez que la double récolte
d'avoine. Il produira, toute choses rabattues, quarante-huit
renées d'avoine grosse et trente-huit de menue.
Le Parc-Nevez Pellan est dans le même cas : on récoltera
successivement trois sommes et trois renées de grosse
avoine et vingt renées d'avoine menue.
Le plus petit, hélas! des champs labourés
contiendra seul un peu de froment : on y récoltera à l'août
prochain, labour, semence et autres dépenses rabattues,
trois renées de froment. Quel récolte ! il est vrai
qu'avec le même engrais et deux ans de patience on en
retirera encore six renées de grosse avoine et six renées
de menue.
Si je ne me trompe, voilà des renseignements précieux
et qu'on trouverait difficilement ailleurs sur l'état de
notre agriculture au commencement du XVI° siècle.
L'assolement triennal(*), dont l'usage s'est perpétué, ne
comprend que le seigle et deux sortes d'avoine. Le froment
n'est évidemment qu'une exception, sans importance dans la
rotation générale, et que l'on reservait pour les
courtils(*), les petits champs voisins de l'habitation et
dans lesquels on fait aujourd'hui un peu de culture maraîchère.
Que si l'on veut étendre ce renseignement, il ne faut pas
oublier que Plougonver est déjà dans la Cornouaille[6]
montagneuse, le pays de l'agriculture pastorale.. Si les
champs sont vides et les semailles maigres, les étables
sont pleines et les boeufs sont gras.
Revenons, s'il vous plaît au village. voilà deux
charrettes, l'une pour
"aoûster", l'autre pour " framboyer".La
première beaucoup plus grande, à claire-voie est destinée
au transport des pailles et foins, elle vaut 15 sous ; la
seconde, plus petite, est un tombereau qui sert au transport
des fumiers et n'est estimée que 10 sous. La charrue "
et ses socs et coultre(*), rouette et autre habillement de
charrue " est prisée pareillement 10 sous.
Une fune(*) et corde pour charrette vaut trois sous quatre
deniers : un autre " cordaige et habillement "
pour charrette vaut quatre sous. Deux choses indéchiffrables
" pour mettre sur chevals " sont cotés quatre
deniers.
Je transcris littéralement la longue liste des
divers instruments aratoires :
Désignations des outils
|
Valeur
|
Une fourche de fer de trois
dents
|
22 sous 6 deniers
|
Deux petites fourches pour
foin, chacune
|
3 sous 18 deniers
|
Un croc à fient
|
2 sous 6 deniers
|
Un maillet de fer
|
5 sous
|
Autre croc à fient
|
5 sous 12 deniers
|
Une marre(*) de fer
|
3 sous
|
Autre marre de fer
|
3 sous
|
Deux faillies(*) marres
|
3 sous
|
Une tranche de fer
|
3 sous 20 deniers
|
Autre tranche de fer usée
|
3 sous 10 deniers
|
Une palle(*) de fer
|
3 sous
|
Une marre pour escobuer(*)
|
3 sous 4 deniers
|
Autre palle de fer
|
3 sous
|
" Voici trois
"poilles d'airain ", la première vaut 15 sous, la
seconde 11 sous 8 deniers, la troisième 12 sous 6 deniers.
Deux trépieds de fer, l'un à 3 sous 4 deniers, l'autre à
20 deniers seulement. Je compte quatre charniers(*) de bois
de fou ; ils sont cotés, les deux meilleurs, chacun 2 sous
6 deniers; et les deux autres 15 deniers chacun.
Je compte aussi
deux vieux fûts de pipe(*) et une demie pipe : ils sont
d'un usage peu fréquent, car je ne trouve ni pommes, ni
pressoir. Leur valeur respective est représentée par les
grosses sommes de 20, 12, et 10 deniers. La mée à pâte
vaut 20 deniers, et si je ne me trompe, c'est bien
un "teslier et mestier de tesle "(*) que
l'on prise en ce moment 12 sous 6 deniers.
Dans tous les
manoirs bretons de cette époque vous trouvez " la
tixanderie(*) " ou " chambre à tixier " :
dans les chaumières, le métier du tisserand tient aussi
son coin.
Je n'aperçois
que deux vieux châlits dont le meilleur est prisé 2 sous
6 deniers et l'autre 20 deniers.
Qu'est-ce que
" une bouge et baston d'armes " que je vois estimés
12 sous 6 deniers ? - Une bouge(*), vouge ou voulge(*) était
un court épieu armé d'un fer
très large. Au XIV° siècle, on appelait les canons
" gros-bastons " ainsi que nous l'apprennent les
rimes de Guillaume Saint André, secrétaire du duc Jean IV.
Le bâton à feu, le bâton à poudre étaient les armes à
feu de moindre calibre. Ainsi notre " bouge et baston
d'armes " ne sont autre chose que la panoplie rustique
des colons du Coz-Parc. La veille du mariage de la reine
Anne[7],
la Bretagne toute entière, depuis le vicomte de Rohan,
jusqu'au dernier des vilains n'était-elle pas sous les
armes ? Hélas ! ce n'était pas pour longtemps que
" bouge et baston " étaient suspendus aux
murs enfumés des cabanes : la Ligue n'était pas loin.
Mais achevons
notre inventaire.
Le foyer est
flanqué de deux " huges dossen(*) de chesne avec leurs
clés et clavures(*); " deux de ces vieux bahuts, noirs
comme de l'ébène, où le caprice du patient menuisier se
joue en mille arabesques dévotes ou fantastiques et qui
font aujourd'hui l'envie des archéologues de bric-à-brac.
Le XVI° siècle
fut le siècle des bahuts. Je pense qu'on trouverait aisément
le prix que les souverains payaient les leurs aux ciseleurs
florentins ou aux émailleurs de Limoges : ceux des frères
Kermen étaient estimés, chacun 40 sous; le prix d'une
vache.
Je ne vois plus
rien dans la maison, qui puisse être commun aux deux frères,
si ce n'est pendu aux solives, lustre ordinaire des plafonds
de Basse Bretagne, " trois cotés de lard ". Les
priseurs, non sans un soupir de convoitise, estimèrent que
les trois quartiers enfumés et rances valaient ensemble 40
sous.
Puis ils se
reposèrent, pendant que M° Charles de la Boissière usant
de toute son arithmétique consignait les résultats
suivants :
" Les
queulx biens et choses sus déclarés montent par somme cent
onze livres; par seigle quatre vingt quatre renées ; par
avoine grosse trente-neuf sommes ; par forment neuf renées
; par avoine mynue trante somes deux renées et par pilatte
deux renées et demye : apartient la moitié comme dit est
aux myneurs et leur dite mère qui est : par somme
quarante-cinq livres dix sols ; par seigle quarante quatre
renées( la moitié de 84 est pourtant 42 ; où est l'erreur
?) par forment quatre renées et demye ; par avoine grosse,
trente-neuf demye-sommes ; par avoine mynue seize sommes
deux renées ( encore une erreur!) et par pilatte une renée
et quart de renée ; et sont desmourés en la garde du dit
Henry Kermen."
Que si quelqu'un
était curieux de se rendre compte des valeurs monétaires
de notre inventaire, en les comparant à notre monnaie. Je
crois que l'on trouverait une base certaine, et tout
naturellement indiquée, puisqu'il s'agit de choses
agricoles, dans ce qu'un orateur de comice ne manquerait pas
d'appeler la base même de l'agriculture : le fumier. Le
prix de la charretée de fumier, une fois adopté par les
experts, ne varie plus
et vous le retrouvez le même dans tous les
inventaires de la même époque.
Or aujourd'hui,
la charretée de fumier, en prisage, vaut un franc cinquante
centimes : les cent charretées " pilées ", nous
diront tassées, seraient estimées cent cinquante francs ;
les experts du XVI° siècle les cotaient 66 sous ; donc
vingt sous ou une livre de ce temps-là représenteraient à
peu près cinquante francs de notre
monnaie.
A ce compte, le meilleur des chevaux aurait valu 262
fr 50 ; la paire de bœuf 525 fr. ; les vaches de 120 à 150
fr. ; les brebis 10 fr., tous prix qui paraissent fort
logiques et qui sont à peu près les nôtres.
Je ne pousse pas
plus loin ces rapprochements et je déclare en finissant,
que ce Guillaume Kermen, propriétaire de sa maison et des
édifices qui l'entourent, ce paysan bas-breton, qui un siècle
avant que Henry IV parlât de la poule au pot, dormait sur
la plume ; qui avait quatre chevaux, vingt et quelques bêtes
à cornes, vingt bêtes à laine, un porc et demi pendu à
ses solives ; une jacquette de bureau(*) blanc pour ses
dimanches et une robe de drap gris pour ses hivers ; qui
trouvait moyen d'acheter les parcelles de terre à sa
convenance, et qui prêtait encore par ci et là quelques
sous et quelques deniers à ses amis, ne me donne pas une
bien féroce idée de l'horrible régime féodal[8]
sous lequel il a vécu. »
Sigismond ROPARTZ.
Note : De
l'importance du fumier.
Glossaire
Assolement : Succession méthodique
de cultures (biennal, triennal
Bouge : Massue
dont la tête est garnie de plomb.
Bureau
: du
lat. burra, grosse étoffe de laine.
Charnier
: Appentis,
réserve?
Clavure, claveure :
Fermeture
au moyen d'une clé
("
une grande armoire fermante à quattre clavures "
(1487))
Convenant :
Ancienne
coutume de Bretagne, tenue quelconque d'un domaine
congéable, censif, péager, ou autre.
Coultre : Fer
tranchant de la charrue située devant le soc.
Courtil :
Petit jardin, souvent clos de haies, attenant à une maison
de paysan.
Ecobuer : Fertilisation
du sol consistant à enlever et brûler la couche herbeuse.
Faillies :
Hors
d'usage (" failli chien, chien de rien ")
Fune
: du lat. funis,
corde.
Fou, foutteau : du
lat. fagus, fagitellus : nom vulgaire du hêtre, en
breton: fao, faou.
Gagnerie : du
vieux franç. gaignerie, profit, gain.
Huges dossens : Huches
à tenture.
Livre, sol, denier : Monnaie
de compte de l'Ancien Régime. (1 livre= 20 sous=
240
deniers).
Marre : Sorte de houe.(Il
s'agit d'une sorte de houe, en breton "loden-var",
mais spéciale : en effet c'est une houe ronde et toute
tranchante qui sert surtout à briser la croûte épaisse
des racines qui se formes dans les landes, alors que la
tranche n'a qu'un bout tranchant- Remarques ajoutée suite
à l'intervention de M. Luc Blanchet, adhérent du
Poher)
Merrain :
du lat. materia : bois. bois de chêne scié et coupé.
Mullon : du lat
mulutus, meule, tas de foin.
Palle :
Pelle.
Pipe
: tonneau,
futaille. (maladie de pipe : ivresse )
Pilatte :Blé
mélangé (" ung quart de forment et pillat "
(L'auteur l'a confondu avec de la graine d'ajonc.)
Priseur :Celui
qui fait l’estimation d’un bien, huissier
Renée :ancienne
mesure de capacité de grains valant
½
boisseau (12, 5 litres)variable suivant le pays
Sommes : certaine
quantité, réunions de choses mises ensemble
Tesle
: de l’ancien français toile
Tixanderie :Lieu où se tient le métier à
tisser; tixerandier : tisserand.
Trempe :
En Bretagne, la plus-value qui résulte pour des terres de
labours et des engrais
qu'elle a reçus, ce qu'on appelle encore "suites de récoltes".(Voir Note1 plus bas)
- ?
Voulge :
Hallebarde, serpe, faucille, épieu.
Note
1 : communiqué par
Jean-Claude LE GUILLOU, adhérent N° 710 du Poher, ancien
professeur des Universités
Membre Senior Honoraire de l'Institut Universitaire de
France.
BIBLIOGRAPHIE
1)
Biobliographie Bretonne- tome XI- p.391. René
Kerviler.Edit. J. Floch. 1985.
Sigismond Jean Pélage ROPARTZ, avocat, originaire
de Guingamp, décédé à Yffendic le 19 avril 1878, dans sa
56° année. Littérateur, érudit, il appartint aux Sociétés
savantes locales. Membre de la Société Archéologique des
Côtes-du-Nord, puis de celle d’Ille-et-Vilaine, il devint
président de l’Association bretonne et avait été placé
à la tête de la Section historique et archéologique de
celle-ci.
2)
Revue de Bretagne et de Vendée. (Bibliothèque
Nationale-8°Lc9.58)
3)
Grand Dictionnaire Universel du 19° siècle.
Slatkine, 1982, Paris/Genève.
4)
Dictionnaire du monde rural, Marcel LACHIVER, ed. Fayard,
2006.
Annexe
1
Comment
connaître les paysans du XVIe siècle ?
Prétendre approcher la population paysanne des
siècles passés n'est pas une entreprise aisée et la tâche
s'avère de plus en plus difficile à mesure que l'on remonte dans le
temps, à cause de la documentation qui non seulement se raréfie et
se dégrade mais aussi ne correspond pas nécessairement à nos interrogations. Ainsi le
XVIe siècle, entre Moyen Age et temps classiques, pourrait
sembler se situer à un degré
moyen de difficulté. Je crois cependant que, de ce point de
vue, le siècle de
l'Humanisme, de la Renaissance et de la Réforme est à rapprocher
davantage du Moyen Age que du siècle des Lumières.
La démarche voudrait être une réflexion sur les sources
: comment peut-on connaître les paysans qui, le plus
souvent analphabètes,
ne se sont presque jamais exprimés par écrit ? Les documents
qui nous renseignent à leur sujet, à l'inverse des gens
des villes,
sont en effet très majoritairement extérieurs : ils
peuvent à l'occasion
nous parler de la population campagnarde mais proviennent exceptionnellement
d'euxl. Telle est la double difficulté de la tentative, à la fois
quantitative et qualitative.
Pour gagner en efficacité, il faut réduire le champ et
la visée aux modes de vie, à la civilisation matérielle et aux
mentalités de la paysannerie dans la France du XVIe siècle.
Sources.
http://www.persee.fr
Comment
connaître les paysans du XVIe siècle ?
Gabriel Audisio
Annexe 2-
Terres chaudes et Terres
Froides.(Contribution de M. Luc BLANCHET- adhérent du
POHER)
Il
faut distinguer les terres chaudes des terres froides:
-une terre chaude produit tous les ans ,selon
l'assolement
quadriennal:1.sarrasin,2.seigle,3.froment,4.avoine,puis jachère.
- les terres froides ont besoin de se
reconstituer:tous les 1/4 de siècle, elles se trouvent
soumises à l'écobuage, qui est l'une des corvées
exigibles par le seigneur et qui mobilise tous les domaniers
pour la remise en culture des terrains délaissés:
la lande est d'abord incendiée,
quelques jours plus tard, les domaniers ,armés de marres
commencent à retourner le sol empêtré de racines, les
mottes sont mises en tas, on les laisse sécher, puis on y
met le feu et on éparpille les cendres;
la première année on sèmera du seigle..
La lande repose le sol qui, faute de calcaire, s'épuise
vite, mais il y a un dicton:"qui chaule sans fumer la
terre se ruine sans y penser".
Le
manoir de Kergaer, tout proche du village de Coz-Parc était tenu par M°
Guillame Kermen, un descendant de Guillaume Kermen et Isabeau Le
Guichoux, présents en 1518. Deux cent cinquante ans plus tard, ce
joli manoir reviendra au général napoléonien Pastol, descendant de la
famille Kermen...
Coupe du fouin au printemps.
(Dessins d'Ollivier Perrin)
Cet article
a été publié dans la Revue du pays d’Argoat,
revue d’histoire et d’archéologie des cantons d’Argoat
sous le n° 27 du deuxième semestre 1997, ainsi que dans le
"KAIER ar POHER" N°25 de juin 2009.
J.Lohou(janvier 1997)
(mise à
jour n° 1-février 2009)
(mise à jour N° 2-Juin 2009)
(mise à jour N° 3-Août 2009)
(mise à jour N° 4- Décembre 2015)
(mise à jour N° 5- Février 2017)