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MALEURIOU
AR VRO
Les
exécutions de Garzonval en 1944 racontées par une chanson
sur feuille volante
Thierry
Rouaud,
Musique Bretonne N°126 (Nov-Déc.1993)
Le débarquement de juin 1944 occasionna
en Bretagne une forte augmentation de l'activité de la Résistance,
destinée à entraver le plus possible de déplacement des
troupes allemandes vers le front de Normandie. En réponse,
les forces d'occupation intensifièrent les opérations répressives
dont le but était autant d'éliminer les maquis que de
terroriser une population dont les Allemands n'ignoraient
pas le soutien qu'elle apportait aux résistants. Il n'est
pas question ici de refaire l'historique de cette période
par ailleurs abondamment décrite, mais de commenter une
chanson sur feuille volante relatant un épisode tragique
survenu sur la commune de Plougonver (22) aux abords du
village de Garzonval.
Maleuriou ar Vro a été composée en 1945
par François Le Gall de Bulat-Pestivien, et se chantait sur
l'air de Intron Varia Bulat. Imprimée chez Toullec à
Guingamp à 3 000 exemplaires, elle était vendue 20
centimes.
Maleuriou ar Vro, dans ses premiers
couplets, rappelle le climat terrible qui régnait à cette
époque. En effet, les 'kommandos', à défaut d'affronter
les maquisards comme à Saint Servais ou à Duault,
prenaient et exécutaient des otages, abattaient des
cultivateurs dans leurs champs, pillaient et incendiaient
les fermes jugées suspectes après en avoir souvent
exterminé les habitants.
Le 16 juillet 1944, en fin d'après-midi,
plusieurs véhicules militaires stoppent près de la voie
ferrée Guingamp-Carhaix, aux abords du village de Garzonval.
Une cultivatrice, s'occupant de ses bêtes dans un champ
voisin, entend des coups de feu et se cache dans les
buissons d'un talus. Après le départ du convoi, elle
s'approche de l'endroit et aperçoit plusieurs corps en
contrebas du remblai de la voie. Elle va immédiatement chez
des voisins et parvient à les convaincre de retourner avec
elle sur les lieux. Ensemble, ils découvrent effectivement
les corps de sept jeunes civils dont l'aspect montre qu'ils
ont été torturés avant d'être exécutés. Le lendemain,
les victimes, n'ayant pas été identifiées, sont
photographiées puis ensevelies en présence d'une
assistance nombreuse et recueillie. La chanson précise
ensuite qu'en 1945, une messe a été dite à leur intention
et qu'un monument va être érigé.
Maleuriou ar Vro ne nous en apprend pas
plus sur l'identité et l'histoire des victimes de Garzonval.
Nous avons donc cherché ces informations dans différents
ouvrages et en particulier, dans celui de Guillaume Le Bris
qui manqua de peu de figurer sur la liste des exécutés. En
premier lieu, l'identification des corps s'étala sur
plusieurs semaines et ainsi furent reconnus : Albert
Torqueau, 24 ans, de Rostrenen ; Marcel Sanguy, 35 ans, de
Rostrenen ; Pierre Maillard, 24 ans, de Plounevez-Quintin ;
Jean-Louis Corbel, 20 ans, de Locarn ; Pierre Secardin, 27
ans, de Callac ; François Le Berre, 33 ans, de Plougernevel
; François-Louis Le Berre, 25 ans, de Plougrescant. Les
circonstances qui précédèrent et suivirent leur exécution
vont maintenant être évoquées.
Le 9 juillet 1944, les Allemands
entreprennent un vaste ratissage portant sur plusieurs
communes et centré sur Saint-Nicolas du Pélem. Le but est
de nettoyer une zone rendue pour eux assez peu fréquentable
par le nombre de maquis qui s'y trouvent. L'opération est
dirigée par le S.D. (SicherheitsDienst : organisme tutélaire
de la Gestapo) et mobilise un effectif très important. Les
troupes cantonnées dans la région sont mises à
contribution et en particulier des cosaques dont les chevaux
constituent des véhicules tout terrain redoutables. Ces
cosaques proviennent de bataillons formés sur le front de
l'Est à partir de civils ou de prisonniers le plus souvent
non russes (géorgiens, ukrainiens, caucasiens, tatars... ).
Leur transfert sur le Mur de l'Atlantique est officiellement
justifié par le besoin de repos mais les raisons
officieuses de l'État Major sont la qualité inégale de
ces troupes et la crainte des désertions. Sont également
présents des miliciens de Darnand, mobilisés sur le 'front
intérieur' depuis juin ainsi qu'un groupe de la Bezenn
Perrot, incorporée à la SIPO (SicherheitsPolizei) au tout
début de 1944.
Le résultat n'est pas à la hauteur des
moyens mis en œuvre mais néanmoins, des maquisards sont tués
ou faits prisonniers au cours d'accrochages. Par ailleurs,
parmi les personnes arrêtées lors des contrôles et déclarées
suspectes, se trouvent effectivement des résistants opérant
des missions de liaison ou essayant d'échapper à
l'encerclement. Après un premier tri et un premier passage
à tabac à Saint-Nicolas du Pélem, les prisonniers sont
divisés en deux groupes et confiés à la Gestapo, la
Milice et le Bezenn Perrot. Le premier groupe est conduit à
Uzel et ceux qui le composent sont torturés dans l'école
primaire puis exécutés en Forêt de Lorges. L'autre groupe
est dirigé sur Bourbriac où il est interné dans une
grande maison bourgeoise dont le notaire Souriman et sa
famille ont été chassés au mois de juin précédent. Les
prisonniers sont enfermés dans la cave et enchaînés deux
à deux. Durant les jours qui vont suivre, ils sont interrogés
à coups de gourdin, cravache, nerf de bœuf, ceinturon...
Après chaque séance, ils sont rejetés dans leur cave,
sans soins et à peine nourris.
Monument commémoratif érigé sur le lieu des exécutions
près de la voie de chemin de fer Guingamp-Carhaix.
Les interrogatoires sont présidés par le
Sturmbannführer Albrecht et son adjoint le Hauptsturmführer
Roeder, la partie pratique est assurée par des agents
allemands de la Gestapo ainsi que des miliciens dont un
certain Daigre, borgne surnommé l'Oeil-de-Verre et décrit
comme une brute adipeuse et alcoolique. Les prisonniers
songent à s'échapper et vont jusqu'à ouvrir la porte de
la cave mais leur état physique, les menottes qui les
entravent et la garde serrée dont ils sont l'objet ont
finalement raison de leur volonté. De son côté, le maquis
FTP de Peumerit-Quintin met sur pied une opération mais
doit l'annuler semble-t-il à cause d'un renforcement du
dispositif de défense adverse.
Le 14 juillet, la cave reçoit deux nouveaux arrivants, les
frères Poher, arrêtés à Scrignac et interrogés avec une
telle sauvagerie qu'ils sont inconscients et exécutés
hormis le plus jeune d'entre eux. Ce même jour et celui qui
suit, plusieurs hommes sont libérés. Guillaume Le Bris, bénéficiant
d'une erreur d'homonymie, est relâché puis, de nouveau
recherché, il est prévenu à temps et n'est pas retrouvé.
Le 16 juillet, l'ordinaire des prisonniers est un peu amélioré
et les gardiens parlent de soins médicaux et d'une
prochaine libération. En fin d'après-midi, sept des détenus
sont chargés dans un camion et le convoi se met en route
vers Garzonval. Arrivés sur place les maquisards sont, les
uns après les autres, extraits du véhicule et abattus sur
le rebord du fossé avant d'y être précipités. Après
avoir tenté de dissimuler les corps sous des branchages,
soldats et miliciens repartent vers Bourbriac en chantant
(selon la cultivatrice témoin du drame).
Le lendemain de l'exécution, les
occupants de la maison Souriman quittent les lieux en
emmenant les prisonniers, restants. Les frères Poher sont
achevés à Scrignac, Pierre Evenou est déposé à Uzel et
sera retrouvé plus tard dans le charnier de la Forêt de
Lorges. Théodore le Nenan, également du voyage, sera le
seul rescapé car, blessé lors d'une attaque aérienne du
convoi, il sera déposé dans un hôpital.
Quatre des miliciens, dont Daigre, seront
arrêtés plus tard près de Vannes, alors qu'ils tentaient
de fuir par la mer. Ils seront condamnés à mort. Quant aux
cosaques 'chasseurs de partisans', une partie passera à la
Résistance et ira combattre leurs anciens alliés sur le
front de Lorient. Il faudra, attendre 1948 pour que les deux
officiers S.S, Albrecht et Roeder soient retrouvés et
condamnés à des peines de prison, eu égard à leur
"qualité"de militaires. D'aucun affirment les
avoir revus plus tard en Bretagne mais sous la tenue moins
uniforme du touriste
François Le Gall, compositeur de Maleurioù
ar Vro
François Le Gall est né en 1924 à Plougonver. Après ses
études au lycée de Compostal à Rostrenen, il revint
durant la dernière guerre à Bulat-Pestivien pour
aider sa mère à la ferme. C'est à cette période
qu'il composa ses chansons. Il portait toujours sur
lui, dit-il, un petit carnet où il notait les
couplets au fur et à mesure de son inspiration. Outre
la chanson que nous avons présentée ici, on doit à
François Le Gall une autre feuille volante contenant
trois textes. Betiz eur soudard yaouank raconte la mésaventure
d'un jeune de retour du maquis qui, en manipulant un
fusil, se blessa en un endroit primordial pour sa postérité.
Les deux autres chansons, composées elles, en français,
sont Le Débarquement et Un dimanche au crépuscule.
Cette dernière est chantée sur l'air de La valse du
marché noir et se situe dans un registre plus
romantique. Notre auteur ne vendait pas lui-même ses
chansons mais en confiait la tâche à un jeune homme
de la commune avec qui il partageait ensuite la
recette. Après la guerre, François Le Gall entama
une carrière dans le secteur bancaire et n'eut plus
guère le loisir de composer. Chef d'agence à Callac,
il y fut également adjoint au maire de 1971 à 1983
puis maire de 1983 à 1989. Maintenant retraité, il réside
toujours dans cette commune.
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Maleuriou ar Vro et les autres compositions de François Le
Gall se situent dans la période qui vit la fin des chansons
sur feuilles volantes. Le catalogue de Joseph Ollivier, paru
en 1942, ne fait donc pas état de ces dernières
productions et de leurs auteurs. Il apparaît en effet que
cette forme d'expression de la culture populaire n'a guère
dépassé les années cinquante, mettant un point final à
un déclin amorcé dans l'entredeux guerre. Toutefois,
durant l'occupation, le manque chronique de distractions
occasionna, semble-t-il, un regain d'intérêt. D'après
Rolland Bouëxel, son biographe, Jean-Marie Le Breton
(1889-1856), sonneur et chanteur de la région du Faouët,
qui n'avait vendu que 20 chansons en 1936 dû faire pendant
la guerre, un retirage à 10 000 exemplaires de sa chanson
sur les jeunes, datant de 1927. Une autre de ses œuvres,
Son ar brizonnerien, composée en 1943, fut tirée à deux
fois 10 000 exemplaires.
Bien que, faute d'autres sources, il ne
soit pas possible de généraliser ce phénomène à
l'ensemble de la Basse Bretagne, il est peu probable que la
bonne fortune de J.-M. Le Breton ait été un cas unique.
Sur un autre mode, existe une feuille volante (ou un tract)
comportant le texte et la musique du Bro goz ma zadou,
accompagnés d'une profession de foi autonomiste. Le verso
de ce document montre un gwenn-ha-du, un triskell et une
carte de la Bretagne à cinq départements avec cette légende
en breton et en français : 'La Bretagne Nouvelle dans
ses limites historiques, telle qu'elle est reconstituée par
le Maréchal Pétain'. On ne relève ni signature ni
date mais, il se pourrait que ce texte soit antérieur à
juin 1941, moment auquel le même maréchal sépara par décret
la Loire-Inférieure de la Bretagne.
Après la Libération, de nombreuses
chansons attestent que l'actualité et la vie quotidienne
des cinq dernières années avaient fourni aux compositeurs
populaires matière à inspiration. Ainsi, Madame Le Mansec
(qui précise 'née Le Flohic Augustine' et se présente
comme couturière à Pont Melvez) avoue dès le second
couplet de Eur son neve d'Adolphe Hitler:
Et
pendant qu'il y a des sujets,
Faut composer soniou neve.
Cette chanson bilingue, se chantant sur
l'air de 'Vive le rossignol', nous apprend que le Führer
est toujours vivant et qu'il est réfugié au Japon ou au Pôle
Sud.
La liste des privations endurées pendant
la guerre y est énumérée avec, en bonne place, le fil, l'étoffe
et les vêtements. René Le Gac (1894-1974), chansonnier de
Callac, et l'un des derniers à pratiquer la vente de
chansons sur feuilles volantes, n'est pas en reste avec
Kanaouen an Daou Bourreaux (Hitler et Mussolini) et Kanaouen
ar Marc'h Du. Ce dernier texte dénonce les profiteurs du
marché noir qui étalent leur fortune toute neuve
Breman
e mant dre aze
Hessé prenan toud an traou
Dillad kaer donet da vale
Ag ive autoîo
Dans Chanson des collaboratrices in
brezonnec, René Le Gac s'en prend aux femmes adeptes de la
collaboration horizontale
Ia
collaboret deuz a corf ag e galon
Goueloch e cavind eur boche o ia vit eur breton
0 ia barz eur parcou
Vije a rendez-vous
Gred gant ar frigolin
0 na merhet Pétain.
Jean-Marie Le Breton, cité plus haut, a
produit lui aussi une chanson sur Hitler. D'autres chansons
ont été composées mais seul un dépouillement des
collections récentes, telle que celle du Docteur Le Breton
de Bourbriac, permettrait d'en évaluer le nombre et de
compléter l'œuvre de Joseph Ollivier. L'exemple de
Maleuriou ar Vro et des autres titres cités montre que la
chanson en breton sur feuille volante n'est pas une forme
d'expression si ancienne qu'il pourrait y paraître. Si le
siècle dernier a été son heure de gloire, la feuille
volante résista tant bien que mal jusqu'à la moitié de ce
siècle, avant d'être vaincue par d'autres médias,
d'autres langues et d'autres musiques.
Thierry
Rouaud
Les chansons 'Maleuriou ar Vro' et 'Kanaouen
ar Marc'h du' ont été chantées au Concours Plinn du
Danouet, la première en 1991 par S. Nicolas et Th. Rouaud,
la seconde en 1992 par S. Nicolas et H. Cudennec.
Je tiens à remercier pour l'aide qu'ils m'ont apporté sur
le plan documentaire : MM les Maires de Plougonver et
Lanrivain, Marcel Guillou, Éric Salaün, Renée Tregoat,
MM. Le Lagadec, Jaume et Lejeune.
Bibliographie
Guillaume Le Bris., Échos d'outre tombe,
1975.
Joseph Ollivier, Catalogue bibliographique de la chanson
populaire sur feuille volante, Quimper, le Goaziou, 1942.
Daniel Giraudon, Chansons populaires de Basse Bretagne sur
feuilles volantes, Morlaix, Skol Vreizh, 1985.
Alain Deniel, Le mouvement breton, Paris, Maspéro, 1976.
Bertrand Frelaut, Les nationalistes bretons de 1939 à
1.945, Beltan, 1985. (Les bibliophiles de Bretagne)
Marcel Hasquenoch, Mémoire d'un partisan breton.
Louis Pichouron, Mémoire d'un partisan breton.
J.Delperrie de Bayac, Histoire de la milice, Marabout
Université, 1969.
MM. Bouëxel, Evenou, Plourin, communication personnelle sur
ouvrage à paraître.
Dastum-Rennes, fonds de feuilles volantes.
Thierry Rouaud, collection particulière.
MALEURIOU AR VRO
Me o ped koz ha yaouank, da zont holl d'am
c'hlevet,
Da glevet kombjo kalet a zo kriz da laret
Ma speret a zo dinerz vit diskleir kemen-man,
Evit dont da gompozi, ha da c'haloud skivan.
Breman zo bloaz hag ouspen, holl a oamp
penvolet,
Kreis ar walen oa n'hon bro renet gant ar Bochet.
Tannan ha lahan a reint hep raison na digare,
Ar re goz, ar re yaouank, ha koulz ar vugale.
An holl dud oant ken vit bale na mont gant
ar necho
Hep bean bemde an risk da gavet o maro.
Pe na gaveint herve o jonz ken e war ar necho,
A oant krog da chaloupat ar parkou hag ar c'hoajo.
Henan d'ant bet kavet tud evit stourm
diontez,
Ha neuzen an araj braz a kroges an henez.
Maleur eta d'an hini gantez vije tapet,
Zoufr a re poaniou spontus rog bean fusuiet.
Dre aman deus graet ravaj en dro da goat
Portuot,
En Sant-Servais, Sant-Nigoudem, ha muoc'h c'hoas en Duault
Henan d'ant bet gouveet divoa non refujiet,
Ar re a res de brezel, hanvet ar batriotet.
Reman ha komandaman gant o mestro dispar
Ha tro ha tro vijeint kasset ar Bochet d'an douar.
Hag evit n'em vanji pa n'oant ket vit mont ar c'hoat,
Oant komanset d'ataki re vije labourat.
Ar re vije kavet gantez ar parkou pe ar
prajou,
Goude bean maltretet a dremene d'an armou.
Monet a reint da fouial ebarz tout an tier
A na oa nemet an tan vit an dra muhan dister.
Kri ha kalet oa d'an dud-ze bean ken
rivinet,
Rentet de an ludu o logeis hag o loened.
lakaet deus bat d'ar maro daou ha tri deus memes ti
Bed a deus devet an be re-all ebars n'ho zi.
Keise c'hoas en tu-all d'imp, en Parouz
Plougonver
Eur c'hrim braz oa kometet gant judevien Hitler,
En tre gar Plougonver ha hini Pont-Melvez,
Tal bilagen Garsonnal, lec'h tremen an train bemde.
Henan ar zulvez dabardez, ar c'houezec a
viz ar vouen,
Hon tourmant deus ar brassan greske c'hoas eum anken.
Ar Bochet oa deut henan gant o c'hamionou
Da greski c'hoas a non bro niver o maleuriou.
Tremenet seiz eur d'an heol, ar c'houlz
d'a n'em zerin
Eur miliçian deus ar vro tiskuas ha varbari.
Eun tiegez deus kaer a vezal hec'h loened,
0 klevet tennou ken tost oa bet gwall spouronnet.
Ha ken a oant partiet gant o c'hamoniou
Homan a chomes da goach an tu dre d'ar c'hleuiou.
Ha neuzen pa oant tehet a teuas da valet,
Pez a oa nevez dremen ha pez a da klevet.
E non arrud war ar lec'h homan velas netra
Mes dre eun taol ar spouront ha zell bar war on dra
Kerkent a bartias da glask ammezeien,
Da zonet sames ganti en tu-all d'ar linen.
Hag ar reman a teuas hep kalz a konfians
Da pez a oa laret de divaint ket esperans
Mes non avans o vajou, henan a d'ant kavet,
Korvou seiz den yaouank en'ho goad astenet.
Ar c'horvou-man oa lakaet en tu da traou
d'ar linen,
Goude bean fusuiet, ebars eun andouffen.
Pebez spont evit an dud kaves ar c'horvou-ze
E neur stad ken hudur nevoa gollet ar vuhez.
Rak a rog taol ar maro ar seiz den
yaouank-man
A oa bat merzeriet tre daouzorn an tiran.
Ha n'imp a hall sonjal an eur deus o maro
Oa 'vitez eun eur gaer da guitaat o voaniou.
Ha neuzen tud vad an dro en deiz warlec'h
a beure
Lakeas ar c'horvou-ze en stad a brobrete.
Deut a oa betek henan vit o fotografiou,
Vit ma c'halc'her divetoc'h o idantifiou.
An
pevar horn ar vro ar helo a gerzas,
Evit monet d'ho gwelet an dud a ziredas.
Mes allaz ! dre ar re, a oa bet tremenet,
0 hanoiou an deiz-ze voant ket bet diskleriet.
Ha
dre ordr an Otrou Mair a oant bet archedet,
Goude ze a oant kasset d'an douar biniget.
Eur bobl a dud a teuas evit o eskorti,
Barz o beaj divezan, hag ive d'ho enori.
Penegwir
oa tad na mamm da zaoulinan war o be
An holl a oa keren d'an dud maleurus-ze.
Hag an dro de oa nemet fleur ha kurunenou,
Betek an deivejou kaer oa gouvet ho hanoiou.
Ar
blaman skever an deiz oa tremen ar walen
Zo kanet an Garsonnal gantez eun overen.
Eun assistans niverus oa deut d'o enori
Vit diskoue oa dalc'het jonz deus o maro ken kri.
Deut
a oant betek henan an otoriteou,
Vit ma c'halcheint war ar lec'h pronons o diskouriou.
Laman oant bezet kavet e gant kalz or c'hlac'har
Lec'h eur groaz, eur monumant, vo savet no memoar.
Zetu
aze mignonet, eur maleur deus ar brezel,
Kalz jiouaz ! zo bet veltan, a non bro Breiz-Izel.
Hag e war tout douar Vrans, fin an okupassion,
A zo bet tremenet amzer gwall divesson.
Ni
o ped d'am jilaou, breman rog finissan
Re d'ouimp oa espemet deus kreis ar walen-man.
Evit ar re zo maro felket d'imp o ankoaz,
Ha zikouromp re akablet da zougen pouezans o c'hroaz,
Composé, fin juillet 1945
François LE GALL,
Bulat-Pestivien
(C.-du-N.)