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Le sieur de Maisonneuve et ses terres de Plusquellec
Dans le dossier de l’affaire de la dîme à
Plusquellec en 1747, une lettre écrite en 1701 par un
certain sieur Charles de la Pierre ou de LAPIERRE, habitant
Hennebont et propriétaire du village de Kermaguerrien en
Plusquellec, éclaire fortement les relations qui pouvaient
opposer violemment tous ces petits hobereaux dans la conquête
et l’expansion de leur patrimoine.
Le sieur Maisonneuve Ruello est
en 1701 Charles Ruello. Il est
sieur de Maisonneuve, et
époux de Renée Huon. Ils demeurent ensemble au
village de Croas en Bern en Plusquellec. Renée Huon reçu
au décès de son père Jean Huon en 1666, la terre de
Kermaguerrien, son père en était le sieur . Cette
terre qu’elle échangea plus tard avec Charles Delapierre
contre la terre de Guerfanc, terre que reçut à son mariage
en 1707, Marie Julienne Ruello avec Maurice de Kerauterm.
« Lettre adressée à Monsieur Maisonneuve Ruello à
Garsenberne.
A Hennebont ce 4° mars 1701
Monsieur,
Mon fermier de
Kermaguerrien m’est venu trouver et se plaindre de ce que
vous et vos enfants ne cesser de le maltraiter et sa famille
parce qu’il ne veut pas vous abandonner le lieu de
Kermaguerrien.
C’est une injustice que vous exigez d’eux, vous
n’ignorez pas que ce lieu m’appartient et vous ne
voudriez pas l’avoir
pour ce qu’il me coûte, car j’aurais eu une
belle terre pour ce que mon père a déboursé pour cette chétive
chaumine. Si vous en ignorer, votre épouse vous en
instruira et de la bonté que j’eus il y a 28 ans de
laisser à votre tante le lieu de Guerfanc qui
m’appartiendrai t à présent. Si jamais voulu tirer à
conséquence l’arrêt de la Cour que j’avais contre elle
qui m’adjugeait de gros dommages et intérêt vers elle
pour l’incendie arrivé en la maison de Kermaguerrien
pendant qu’elle y demeurait comme fermière et pour les
frais de l’arrêt. Mais je fus assez bon pour passer avec
elle une transaction par laquelle je leur fis de grosses
remises et je lui donnais des termes très allongés pour me
payer ce
contenu en la transaction, ce qui l’a mit en état de
sauver la métairie du Guerfanc que vous avez à présent.
Faut-il pour avoir fait un bien que j’en sois si mal payé,
et que l’ingratitude de ce que j’ai fait pour votre
tante, par conséquent pour vous, vous porte à maltraiter
mon fermier. Je vous prie, Monsieur, de le laisser et sa
famille en repos, si vous voulez que je vous y laisse aussi,
car vous pouvez conter que le ressentirait vivement le tort
que vous ferez à mon fermier pour lequel je prendrais le
fait et cause et le défendrais contre toutes vos persécutions
et celles de vos enfants ; vous prônez partout que je
suis un gueux et que vous me ferez vous abandonner
Kermaguerrien, ce ne sera pas sans bien suer, car je vous ferais voir que vos menaces ne
m’éprouvent pas et que j’ai bien des moyens de m’en
passer ; Il y a bonne justice pour vous et pour moi,
mais je vous conseille d’éviter d’y tomber si vous
voulez conserver votre Guerfanc et votre Garsenbern, car
vous aurez affaire à un homme, qui quoique vous le traiter
de gueux, aura assez de moyen pour vous mettre sur la paille
si une fois vous le fassiez à vous poursuivre, je suis,
Monsieur,
Votre
très humble et très obéissant serviteur.
De La Pierre. »
Sources.
AD22 – série B – art. N° 216.
J. Lohou(octobre 2006)