Callac-de-Bretagne

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Le GORSED de 1937 par Taldir

L'institution bardique n'est ni politique ni religieuse. C'est une organisation transcendantale, écartant les contingences qui suscitent des difficultés d'interprétation, pour rechercher le petit nombre de terrains où les hommes cultivés peuvent s'entendre et collaborer, sans faire de sacrifices d'amour-propre ni de concessions dogmatiques.

Nous avons réussi, à force de longanimité, ce tour de force depuis la création de cette association il y a trente-huit ans. Nous avons groupé un grand nombre de nos compatriotes sur quelques points strictement limités d'un commun accord, et qui se résument ainsi, d'après le { Reizadur ou Règlement du Bardisme : 1.° la liberté de pensée; 2° le droit commun pour tous; 3°  la foi dans un principe supérieur à la matière; 4° la maintenance et l'entretien de la civilisation propre à la race celtique; 5° la défense et l'illustration de la langue, de la littérature et des arts de la Bretagne; 6° le développement des relations intellectuelles entre les Bretons de France et ceux des Iles Britanniques; 7° le maintien de la paix entre tous les peuples; 8° l'interpénétration et la circulation inter-nationales des idées.

Pour donner un corps tangible à ces doctrines, qui furent celles des meilleurs esprits de tous les temps, à commencer par les druides, nous avons emprunté à nos cousins des Iles Britanniques les formes extérieures qui donnent à ces conceptions culturelles une apparence de nature à retenir l'attention du peuple d'une part, et à différencier le Collège d'autre part.

Nos prédécesseurs et nous-même nous avons arrangé il y a un tiers de siècle un cérémonial contre lequel la critique n'a pas prévalu.
Le Gorsedd n'est pas une société secrète. C'est une maison de verre, où chacun consent à se soumettre au jugement de l'opinion.

Nous nous efforçons, dans ce coin du monde, oh ! un petit peuple s'est maintenu avec un passé lourd d'histoire, de traditions, et de courage, de limiter notre action à un but. Servir ce petit peuple en lui communiquant le désir de s'élever dans le domaine de l'esprit par la recherche et l'étude des riches possibilités de son propre fond. Il a en effet une tendance naturelle, en raison du peu d'extension de son aire géographique, à les abandonner au bénéfice des formes différentes de comportement importées chez lui par la masse numérique de ses voisins, détenteurs du pouvoir, et soucieux d'unification par la suppression des divergences.

Mats il s'agit de s'entendre.

Est-ce qu'une grande communauté républicaine de peuples comme la France, a intérêt à absorber les minorités de son sein? Nous sommes convaincus que non. La France a le plus grand intérêt à ce que la Bretagne vive de sa vie propre. car le jour où disparaîtrait dans une lamentable uniformité tont ce que vous remarquez chez elle de différence avec ailleurs, c'en serait fait; cette presqu'ile magnifique, ou palpite encore au souffle du large l'aine des ancêtres Gaulois, ne serait plus qu'un sépulcre blanchi. Elle aurait perdu toute raison de vivre.

"Et propler vivere, vivendi perdere causas".

A vous de dire après Perros-Guirec, Messieurs les Français, et chers hôtes, si vous allez nous laisser nous tirer d'affaire tout seuls, ou si vous êtes résolus, au contraire, à nous accorder les facilités et même les faveurs qu'il faut, pour que cette Province devienne une Attique. Alors vous serez fiers lorsqu'on dira de vous en Europe :
 " La France a fait de ta Bretagne la perte de l'Occident,"