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Callac-de-Bretagne |
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Les Funérailles de 29 martyrs de la Résistance à Callac le jeudi 21 août 1944.
Le
jeudi 21 août 1944, Callac et les environs ont honorés leurs morts
glorieux de façon grandiose. Une foule énorme rendit hommage aux 29
corps ramenés à Callac. Dix-huit ont été retirés de la fosse de
Plestan, deux de Duault, un de Plougonver et huit de la forêt de
Lorges. La plupart n’ont pu être reconnus que par leurs vêtements ou
des signes particuliers. Les visages étaient défigurés par la torture
ou les balles explosives.
La
commune de Duault, à elle seule, connaît quatorze martyrs qui furent
arrêtés sans motif et horriblement mis à mort sans jugement. Tous
vaquaient paisiblement à leurs occupations lors de leur arrestation :
l’un fut brûlé dansa ferme, un autre fusillé alors qu’il fauchait du
trèfle, deux autres binaient des betteraves et dix furent conduits
comme otages à Callac et dirigés le soir même sur Plestan, où ils
subirent le sort que l’on sait.
Dans
cette fosse, dans ce « Katyn » breton, les corps étaient entassés sans
ordre, ni soin. Cinq officiers allemands prisonniers furent chargés de
retirer les corps de la fosse et de les mettre en bière. Ils purent
ainsi se rendre compte de l’horrible besogne de leur « Gestapo » dont
ils disent se désolidariser, mais nous n’en croyons rien. L’émotion est
considérable dans le pays et la haine de l’allemand plus vive que
jamais.
A
10H30, les familles des victimes se rendent à l’église entre deux haies
de F.F.I de la région, dont le bataillon Guy Moquet, de Maël-Carhaix
qui fournit la compagnie d’honneur Auguste Duguay, la compagnie de
Saint Nicolas du Pélem, en chemise bleu, blanc et rouge ; la section de
Corlay, la compagnie Tito de Callac ; la section d’Uzel qui découvrit
les cadavres de la forêt de Lorges
Derrière
les familles, le comité départemental de Libération, représenté par Mme
Marie Noémie du Frétay[1], l’abbé Jules Chéruel[2] et Stanislas Le Moël ; M.
Blaise, sous-préfet de Guingamp ; des délégations départementales du
Front National, avec MM. Beucher et Le Fouiller ; de la Défense de la
France, avec MM. Pérotin et Vieuloup ; de Libération, des
délégués de Conseils municipaux, dont Mme Michel de Saint-Brieuc ; M.
Rallon, de Guingamp ; le conseil municipal de Callac. L’Armée
américaine se fait représenter par trois officiers, rendant ainsi un
hommage particulier à la ville qui fut le berceau de la
Résistance dans le département.
L’église
de la petite cité est trop petite pour contenir tout le monde. Devant
le chœur décoré de drapeaux alliés et français, la masse des
cercueils disparaît sous un amoncellement de gerbes de fleurs. Les
drapeaux des anciens combattants du canton font face aux morts. Les
F.F.I ; forment une haie d’honneur.
M.
l’abbé Jules Chéruel, membre du C.D.L., prononce une allocution
remarquable, au cours de laquelle il flétrit les méthodes barbares
allemandes, exalte la foi patriotique de Callac qui personnifie la
résistance et fait appel à l’union des français pour la reconstruction
du Pays.
A
15 heures, a lieu la levée des corps. Ceux-ci sont amenés à bras, de
l’église sur la place où les camions les prennent en charge. Les
honneurs militaires sont rendus à chacun par tous le F.F.I. dont on
admire l’ordre et la tenue.
Puis,
à une tribune improvisée, les orateurs se présentent devant le micro.
M. Yves Le Coz[3], adjoint au maire, ancien directeur d’école à Callac,
dit la tristesse qu’il éprouve devant les cadavres de ses anciens
élèves, mais aussi la fierté de les avoir vus si braves et si
patriotiques. M.Louis Le Meur[4] , instituteur à Bulat-Pestivien, commandant la place de
Callac, fait ressortir le rôle glorieux des Callacois dans la
résistance active. M. Pointinier, directeur d’école à
l’Hermitage-Lorges, membre de la Croix Rouge, adjudant-chef aux F.F.I.,
ancien combattant de 14-18, parle de l’exhumation des corps trouvés
dans la forêt de Lorges. Il stigmatise comme il convient les atrocités
allemandes. Le dernier orateur, M. Marzin, lieutenant F.T.P., du
bataillon Guy Moquet, fait l’éloge des F.T.P., troupes de choc de la
Résistance. Il associe dans le même mépris et la haine des gens de
Vichy, les collaborateurs et les Allemands exécrés.
Il demande l’union nécessaire à l’épuration. Tous ces discours furent écoutés religieusement.
L’inhumation
des Callacois a lieu au cimetière, tandis que les corps de Duault et
d’ailleurs sont conduits vers leurs communes respectives.
"Callac a fait à ses victimes des obsèques grandioses dignes de leur sacrifice".
Nous
en félicitons les organisateurs, en particulier M Rouvrais Françis,
membre du C.D.L.[5]de Saint-Brieuc, qui en fut le parfait ordonnateur.
Notes.
[1]
Madame HALNA du FRETAY .Née le 13 décembre 1891 à Saint Brieuc, Marie
Noémie FOUTIER-ROUGET. Elle se marie après la guerre avec l’aîné de la
famille HALNA du FRETAY, Maurice,l’aîné de quinze enfants.
[2]CHÉRUEL,
Jules-(Dinan 1908- St Brieuc 1978), abbé, professeur de philosophie,
résistant de la première heure, membre du mouvement « Défense de la
France », directeur du journal catholique « La Voix de l’Ouest ».
[3]LE COZ, Yves, directeur d’école à Callac, conseiller municipal socialiste, habite rue Lavenant.
[4] LE MEUR, Yves (Voir la fiche annexe 1, ci-dessous )
[5]Les membres du C.D.L des Côtes du Nord : Jean Métairie, L’ Abbé Fleury,
Madame Halna du Fretay, Madeleine Bello, Henri Avril, Maurice Barré,
Docteur François Bellec, Charles Bescont, Abbé Jules Chéruel, Jean
Devienne (dit François), Michel Geistdoerfer, Yves Henry, Georges
Heurtier, Yves Lavoquer, Auguste Le Coënt, Théodore Le Coz, Christian
Le Guern, François Le Jean, Stanislas Le Moel, Pierre Moalic, Ferdinand
Nicolas, Jean Le Paranthoen, Georges Rocher, Charles Royer,
Francis Rouvrais.
Annexe 1.
Fiche de M. Louis LE MEUR dit « ROLLAND ».
État-Civil :
LE
MEUR, Louis, né le 18 mai 1906 à Kergrist-Moëllou (22110), marié
le 30 mars 1933 à La Ferrière (22210) avec Noémie GUYOMARD, née le 26
février 1912 à St Igeaux(22510). Louis LE MEUR décède en novembre 1977
à l’âge de 69 ans à Plumaudan (22350).
Professions :
Couple d’instituteurs publics, débute leurs carrières à Paule (22340)
en 1933. Nommés à Calanhel de 1936 à 1941, puis à Callac (22160) de
1941 à 1943 et à Bulat-Pestivien jusqu’à la Libération. Termine leurs
parcours
d’éducateurs dans la cité du Hinglé (Le) (22100).
Carrières militaires : Résistant
à Callac en 1943, fondateur du comité secret de libération national
avec le Dr Pierre Ange SÉCARDIN, le garagiste Pierre MORIN et
Alexis CHAUVEL. Chef de Secteur F.T.P avec le grade de capitaine en
1943. Commandant F.F.I dans la 3ème Région militaire jusqu’au 1er
novembre 1944.
Décorations : En
1945, cité à l’ordre du Corps d’Armée avec attribution de la croix de
guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil. Médaillé de la Résistance.
Note de la rédaction
: Malgré toutes nos recherches, nous n'avons pas réussi à trouver de
renseignements sur le dénommé M. Marzin, lieutenant F.T.P. du
bataillon Guy Moquet. Toutes informations sur ce personnage
serait la bien venue.
Merci d'avance.
Joseph Lohou( novembre 2013-mai 2014)
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