Callac-de-Bretagne

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                                       Du Franc léger à l'euro

 

 

   C'est en J 960 qu'une nouvelle unité monétaire est apparue dans la vie des Français: le Nouveau Franc ou Franc Lourd, dont la valeur équivalait à 100 francs en cours jusque là, ou francs légers.

Le franc était l'unité du système monétaire français depuis la loi du 24 Germinal an XI 14 avril 1803.

Puis le 1er janvier 2002 est apparu l'euro en tant que monnaie commune à tous les pays de la zone Euro, et valant 6,55957francs lourds.

C'est l'aboutissement d'un long processus de réflexion, de préparation des économies nationales puis de transition vers l'euro.

Mis en circulation en 2002 sous sa forme fiduciaire, l'euro était en fait, en usage dès J 999. Il succédait à l'ECU (European Currency Unit - Unité de Compte Européenne), mis en service dès 1979.

Aujourd'hui, l'euro est la monnaie commune des 27 états membres de l'Union, la mon­naie unique de beaucoup d'entre eux et des institutions de l'Union Européenne, ainsi que la monnaie de facto de certains états ou territoires comme le Kosovo.

Nous avons pensé que les lecteurs de La France Généalogique pourraient être intéres­sés par quelques brefs renseignements concernant ce regretté Franc, ses origines et son évolution. Des notes annexes explicitent aussi simplement que possible, les quelques no­tions utiles à connaître pour mieux comprendre cet historique.

 

ANTÉCÉDENTS.
 

Avant de désigner l'unité monétaire légale le mot franc avait d'abord été appliqué à diverses pièces d'or, puis d'argent en cours sous l'ancien régime. On note son apparition dans l'or­donnance de Paris du 5 décembre 1360 : 63 de ces francs devaient être taillés dans un marc d'or à 24 carats soit 244,75 g ; chacun comportant donc 3,877 g d'or fin. La pièce cou­ramment dite franc à cheval devait son nom à son empreinte qui représentait un roi fleurde­lysé, à cheval, et brandissant une épée avec la légende « Francorum Rex .

Succédant aux malfaçons monétaires qui avaient accompagné le désordre politique (cap­tivité du roi Jean le Bon) et le désastre militaire (traité de Brétigny) le jeune franc fit sensation et il laisse encore le souvenir d'un remarquable effort d'assainissement. Ayant cours exactement pour une livre tournois' (= 20 sols) cette nouvelle monnaie présentait en outre la caractéristique exceptionnelle à cette époque de pouvoir être utilisée à la fois comme monnaie réelle et monnaie de compté.

Le second franc fut frappé par Charles V (ordonnance du 22/04/1365. Comme son em­preinte représentait un roi à pied, la pièce fut dénommée franc à pied; elle contenait encore 3,82 g d'or fin. Le troisième franc fut émis par Charles VII et ne contenait plus que 3,06 g d'or. Ce fut le dernier franc d'or.

 

Le 31 mai 1575, Henri III décidait l'émission du premier franc d'argent. C'était une pièce de 14,07 g titrant à 833 millièmes (soit Il,72 g d'argent fini.

Henri IV fit ensuite du franc d'argent une pièce lourde (23 g d'argent fin) dont le cours fut porté à plus d'une livre.

Sous Louis XIII, en 1641 le franc cessera d'être une monnaie de paiement pour désigner l'unité de compte à l'égal du mot « livre» et ceci tout au long des XVI et XVIIIe siècles. Toutefois on n'employait pas le mot franc au singulier (on disait 20 sous) ; on ne l'em­ployait pas non plus après les chiffres 2 et 5 (on disait 40 sous, 100 sous), ni après le chiffre 3 (on disait l'écu), ni lorsque le mot était suivi d'une fraction (on disait 20 livres 10 sous), ni lorsqu'il s'agissait de rentes (on disait 10000 livres de rente.

 

LE FRANC GERMINAL.

 

Lorsque le 7 avril 1795 (18 Germinal an III), la Convention eut à désigner et à définir les unités du système métrique dites unités républicaines, elle retint le nom « franc» et créa les mots décime et centime, sans oser aller au bout de la logique du système en créant le décafranc, l'hectofranc, le myriafranc, etc. Mais au XX° siècle, on employait couramment le méga franc pour les transactions importantes.

 

Restait à définir le franc en poids de métal: or ou argent? La loi du 15 août 1795 se con­tenta d'une définition en argent qui rejoignait pratiquement celle de la Livre tournois de 1726 (4,45 g d'argent fin). Après le drame des assignats, les anciens Louis d'or" avaient fait leur ré­apparition et l'opinion souhaitait le retour à l'ancien système qui comportait à la fois des piè­ces d'or et d'argent (bimétallisme)".

La loi consulaire du 7 avril 1803 (17 Germinal an XI) autorisant la frappe de pièces de l'un et l'autre métal sur la base du rapport de valeur 15,5, marqua le début de la carrière du «Franc Germinal ». Ce franc était défini par des pièces de 5 g d'argent (au titre de 9/10 de fin) ou des pièces d'or de 322,58 mg à 9/10 (soit 290,3225 mg d'or fin).

C'est ce franc qui a servi de prototype à l'époque à de nombreuses autres monnaies, à ce point qu'on put espérer en faire la monnaie universelle... mais cet espoir ne dura pas".

 

Du bimétallisme au monométallisme-of. Progressivement la découverte des mines d'or, puis l'augmentation de la production de l'argent ainsi que l'adoption de l'étalon-or dans de nombreux pays amenèrent le gouvernement à limiter, puis à interdire en 1876 la frappe des pièces d'argent pour revenir à un monométallisme de fait.

L'Émission Fiduciaire7. 

Pour compléter la masse des moyens de paiement le papier était venu compléter le métal. Dès 1914 la Banque de France fut dispensée de rembourser ses bil­lets en espèces métalliques. Il n'y eut plus désormais de pièces d'or en circulation à usage monétaire; elles vont faire dorénavant partie du domaine des collectionneurs.

La monnaie métallique est encore représentée par des alliages sans valeur appréciable; il s'agit de monnaies divisionnaires dites aussi d'appoint ou de billon. Elles sont frap­pées par l'État en quantité limitée et ont un pouvoir libératoire déterminé. Il en sera ainsi pour les nouvelles pièces libellées en francs nouveaux et en centimes.

 

LE FRANC APRES 19148

 

Le franc a connu depuis la première guerre mondiale bien des vicissitudes. Sa valeur cotée par rapport au dollar, lequel est lui-même théoriquement défini par rapport à l'or, a subi de nombreuses variations: de 58,95 mg d'or fin soit 1/5 du franc Germinal en 1928 à 2,52 mg en 1950 et sans parler des plus récentes... Les causes de ces fluctua­tions ne peuvent être étudiées dans cet article.

 

LE FRANC EN 1960.

 

C'est à partir du 1er janvier 1960 que tous les comptes, toutes les opérations publiques et privées, tous les achats du plus important au plus minime devront être libellés en nouveaux francs. De nouveaux billets seront imprimés, de nouvelles pièces en francs et en centimes seront frappées.

 

Il est important de souligner que contrairement aux opérations précédentes, cette opération n'a porté au­cune atteinte à la valeur d'achat du franc. Elle visait es­sentiellement à restaurer son prestige national et international en lui donnant une définition plus forte par rapport aux autres monnaies: dollar, franc suisse... considérées comme solides et stables.

Ce Nouveau Franc lourd, héritier lointain des Franc à cheval, Franc à pied et Franc Germinal ne dura donc que 42 ans, jusqu'à l'introduction de l'euro.

 

1-LIVRE TOURNOIS:

 la livre tournois ou livre de Tours était l'unité de poids de la Touraine au
XW siècle. Saint Louis l'adopta comme unité pour la comptabilité du royaume (80,4 g d'argent fin ou 8,277 d'or fin en 1266).

2- MONNAJE RÉELLE:

 monnaie permettant d'exprimer un prix qui peut être représenté matériellement en numé­raire c'est-à-dire par des unités monétaires ayant une existence réelle. Dans la France d'autrefois les paiements s'effec­tuaient en louis d'or ou en écus d'argent.
 MONNAIE DE COMPTE : Monnaie permettant d'exprimer un prix par seule référence à une unité conventionnelle qui ne peut pas être représentée matériellement en numéraire. Dans la France d'autrefois les comptes s'établissaient en livres.

 

3- TITRE

Le titre d'une monnaie est le rapport entre le métal fin contenu dans l'alliage et son poids total. L'alliage ainsi obtenu s'appelle l'aloi, on dit un bon aloi, pour un bon alliage.

4 LOUIS D'OR

Monnaie d'or française de Louis XIIi (1640), du 110m du roi dont l'effigie figurait sur l'e111; preinte. Ultérieurement, le nom de louis resta attaché à la pièce d'or de 20 francs et par extension servit d'UNITE DE COM PTE pour désigner toute pièce de 20 francs.

5- BIMÉTALLlSME et MONOMÉTALLISME:

 Si la plupart des systèmes monétaires ne comportent plus aujour­d'hui de monnaie métallique, sous réserve de la monnaie d'appoint, il est cependant nécessaire de donner quelques explications sur les deux systèmes
« métalliques» afin de mieux comprendre l'évolution du franc :

MONOMÉTALLISME:
 
Le métal est librement frappé en pièces de monnaie définies par la loi. Il peut circuler à l'inté­rieur du pays considéré mais il n'exclut pas l'utilisation de la monnaie fiduciaire et de la monnaie scripturale (voir ci-dessous). Celles-ci sont convertibles et disposent comme l'étalon métallique d'un pouvoir libératoire illimité. Le mé­tal peut être employé pour faire des paiements à l'étranger et constitue un régulateur des changes. Ce rôle a été joué par l'argent puis par l'or dans de nombreux pays jusqu'à la fin du XXcme siècle.

BIMÉTALLJSME.

 Dans ce système deux métaux au lieu d'un possèdent les caractères fondamentaux de frappe libre et de pouvoir libératoire illimité. Pour éviter que les deux étalons ne se déprécient l'un vis-à-vis de l'autre ils sont liés par un rap­port fixe.

Notons en passant que la frappe libre est la faculté qu'avait tout porteur d'un lingot du ou des métaux constituant l'étalon mo­nétaire de les faire transformer par l'hôtel des Monnaies en un poids égal de pièces monnayées.

"Le FRANC BELGE (en 1832) et le FRANC SUISSE (en 1850) avaient initialement la même définition par rapport à l'or que le Franc Germinal, ils ne l'ont pas conservée.

 

7 MONNAIE FIDUCIAIRE - MONNAIE SCRIPTURALE: La monnaie est dite fiduciaire lorsque sa valeur propre est fictive et qu'elle repose sur la confiance du porteur envers l'émetteur. A ses origines, cette valeur était représen­tée par du métal précieux qui pouvait être remis au porteur du billet convertible, la monnaie de papier étant alors un substitut de la monnaie métallique. Par la suite le billot n'a plus été couvert intégralement par du métal précieux, sa convertibilité a été limitée, puis il est devenu inconvertible. Sa seule garantie étant les signatures de l'émetteur, il est devenu billet de banque, en l'espèce la Banque de France.

La monnaie SCRIPTURALE se différencie de la monnaie de papier garantie par la Banque de France, par le fait qu'elle permet d'effectuer des règlements par simple jeu d'écriture (chèques, virements, etc.). Il n'y a pas différence de nature entre ces deux monnaies mais seulement différence de qualité.
 

8- C'est à dater de 1914 que l'or cesse d'être presque partout monnaie légale, il est discuté ou éliminé en tant qu'étalon. Au rè­gne de l'or tend à succéder un système réglementaire qui impose le papier, inconvertible en métal précieux. Toutefois les rè­glements des soldes internationaux recourent toujours à l'or, et le Foods Monétaire International, créé à la suite de la confé­rence de Bretton Woods en 1944, a demandé à ses adhérents de déclarer la parité de leur monnaie par rapport à l'or comme dénominateur commun ou par rapport au dollar américain.

 

 

 

 

            


 

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