Paul-Antoine Fleuriot de Langle
C'est
sur les bords du Trieux, dans un manoir entouré de terres descendant
jusqu'à ce petit fleuve côtier, que naquit Paul-Antoine Fleuriot de
Langle, en cet été de 1744, le premier jour du mois d'août. Un jour qui
allait lui coller à la peau. Le château de Kerlouët a été construit au
16° siècle sur la paroisse de Quemper-Guézenec, à une lieue à peine de
Pontrieux et à deux lieues de Paimpol. La seigneurie de Kerlouët s'est
constituée quand Marguerite de Penancoët l'apporta en dot lors de son
mariage en 1593 avec un ancêtre de notre capitaine, René Fleuriot de la
Saudraye. Au fil des ans la famille Fleuriot de Langle étendit son
domaine, avec une autre seigneurie, celle de Kermarquer sur les
paroisses de la presqu'île de Lézardrieux, mais aussi jusqu'à
Pommerit-le-Vicomte. Elle possède également des terres sur la paroisse
de Locarn, le manoir de Locquevel, sur celle de Duault avec le château
de Rosvilliou. La famille fut maintenue dans la noblesse lors de la
réformation d'août 1669.
«
Nous voilà un nouveau fils », a dû s'exclamer le vicomte Jean-Sébastien
Fleuriot de Langle en soulevant l'enfant né dans la matinée. C'était le
septième qui voyait le jour en cette noble demeure. Le précédent, un
fils également, né en 1742 n'avait vécu que quatre mois. Quatre filles
et un garçon animaient déjà quotidiennement les pièces et couloirs de
cette vaste bâtisse en granit... Marie-Angélique l'aînée,
Jeanne-Catherine, Françoise-Angélique, Charlotte-Émilie et enfin
Jean-Charles, âgé de six ans.
Le
vicomte remit le nouveau-né dans le berceau placé près du lit où se
reposait son épouse. Depuis plusieurs jours il donnait des signes, des
velléités de sortir du ventre de sa mère. On avait fait venir deux
sages-femmes d'expérience. Elles avaient déjà mis au monde plusieurs
enfants dans ce château de Kerlouët. Elles savaient comment madame
réagissait aux moments des couches.