Callac-de-Bretagne

 

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 LA FABRIQUE

      

 

La fabrique[1] qui existait dans toutes les paroisses de France était une association de laïcs qui gérait les biens de la paroisse qui étaient nombreux, surtout avant la Révolution.

Cette gestion demandait des compétences. Il fallait tenir à jour :

      - les  rentes sur les maisons ou les fermes qui avaient été léguées à la fabrique du vivant des propriétaires, afin de dire des messes ou faire des annonces en chaire rappelant leur mémoire ( en relation avec la date de leur mort ou de leur fête, etc.…). L’argent était versé au curé en proportion du travail à accomplir selon un tarif défini par les testamentaires ou au vicaire ou au chapelain responsable d’une chapelle particulière comme Ste Barbe, Ste Catherine ou  St Pierre de l'Isle. C’était un lourd travail pour récupérer ces rentes auprès des locataires ou des héritiers pas toujours coopérants. Les descendants avaient la possibilité légale de racheter le capital de rentes en versant une grosse somme d’argent pour se débarrasser une fois pour toutes de ces charges ancestrales et contraignantes. En général, les fabriciens n’apprécient guère cela à cause des complications administratives.

      - les bancs étaient loués ou concédés à prix forts aux familles de la paroisse. On pouvait hériter de l’utilisation d’un banc à l’église paroissiale. A cette époque, peu de gens pouvaient s’offrir une place assise et réservée. Posséder un banc était signe de richesse.

            La fabrique s’occupait aussi :

      - des travaux d’amélioration ou d’entretien de l’église : agrandissement, embellissement, achat de cloches, vitaux, statues, dalles…

            Tous les ans, le procureur de la fabrique rendait ses comptes détaillés. Certains de ces comptes ont été conservés aux archives départementales si bien qu’aujourd’hui nous avons la possibilité de nous faire une idée de la gestion de la Fabrique selon la personnalité de leur procureur. Un exemple nous ait donné dans le document suivant qui est une remise des registres paroissiaux à l'autorité civile : Remise des registres de 1693 et 1694

            Au 19e siècle et avant la guerre de 1914, les dons pour les œuvres charitables comme l’aide aux indigents ne vont plus beaucoup à la fabrique mais au bureau de bienfaisance crée sous le Consulat, le 1er Thermidor an XI ( 20.07.1803 ) d’après les Archives communales, à l’instigation de la préfecture. L’enseignement, maintenant à la charge des communes, enlève du prestige à l’Église dont c’était une vocation importante sous l’Ancien Régime. Bientôt la lutte se fait âpre entre l’Église et l’État. A Callac, comme partout ailleurs des conflits naissent, reflets de l’évolution des mentalités. Qui aura le plus d’influence sur la jeunesse : l’enseignement privé ou l’enseignement public ? Qui aura raison du maire  ou du curé au sujet de la possession d’un drap mortuaire et du brancard pour les cercueils «  lors des cérémonies funèbres du culte catholique » ?

            La fabrique et le bureau de bienfaisance ont donc à partir du 19e siècle, une action sociale  en concurrence et comme les riches donateurs font des legs ou versent des rentes pour les pauvres secourus par le bureau de bienfaisance, le rôle des procureurs de la fabrique perd son importance. Même si le curé est membre du bureau de bienfaisance, on sent très bien que les rapports se tendent entre le presbytère et la mairie. La Révolution, en bouleversant complètement les institutions a modifié les pouvoirs sur les communes ; l’Église a perdu une grande partie du rôle social dont elle a quasiment le monopole sous l’Ancien régime, d’où les frictions avec les municipalités, ravivées particulièrement au moment de la séparation de l’Église et de l’État.

Le procureur de la fabrique 

 Il était le mandataire des habitants, élu par eux tous les ans, ou plus exactement par un certain nombre d'entre eux, ceux probablement que nous nommerions aujourd'hui les plus imposés. Il lui était permis de commettre un autre personnage à sa place, tout en restant personnellement responsable.  II entrait en fonctions, le jour de Pâques, et sortait de charge, l'année suivante, à pareille fête.

Nous ne saurions dire exactement sur quelles personnes le choix des électeurs se portait. On devait, selon toute apparence, nommer un homme possédant une certaine surface, et capable, le cas échéant, de répondre sur sa propre fortune, des dépenses dans lesquelles il engageait les paroissiens. II ne recevait d'ailleurs aucune rétribution. mais on l'indemnisait pour les pertes de temps que lui  imposait l'exercice de sa charge. Ce n'était point une sinécure. Aucune terre n'était louée, nul produit n'était vendu, rien n'était  acheté ni entrepris, aucun travail ne s'exécutait, que le procureur n'y fût présent  



Nomination de marguilliers[1] à Callac en 1804.

 Dans une séance du conseil municipal du 21 novembre 1804 tenue par Jean Yves Guillou, maire.

 »Vu l’arrêté des 13 nivôse de l’an 12 et du deux vendémiaire de l’an treize de Monsieur Le Préfet du Département des Côtes-du-Nord, portant la nomination de Messieurs Jean Marie Le Graët-Kerouvriou, Louis Bercot et François Le Pourhiet pour marguillier de cette paroisse.
Vu l’arrêté du Gouvernement du 7 thermidor an onze, arrête d’installer les dits administrateurs dans leurs fonctions, en conséquence ils ont individuellement la main séparément levée, juré obéissance aux Lois de l’Empire et fidélité à l’Empereur ; Et de remplir avec honneur et probité les fonctions qui leur sont attribuées ; Déclare que les dits administrateurs sont bien et dûment installés dans les dites fonctions. Copie du présent sera transmis en tête de leur registre, ainsi que les arrêtés de leur nomination »

  Signent : Le Graët Kerouvriou, F : Le Pourhiet, L. Bercot

                       Le maire : Guillou.



[1] Marguillier- Membre du conseil de fabrique d’une église paroissiale, notamment sous le régime du Concordat. (TLF)

 


Le renouvellement du Conseil de la fabrique à Callac en 1828.

Dans le document ci-dessous, le maire en place, Yves Pierre Benoît Delafargue répond à une demande du Préfet des  Côtes-du-Nord qui s'inquiète du fonctionnement de la fabrique de la commune de Callac.

  "Callac le 26 avril 1828

  Monsieur,

En réponse à votre lettre du 24 de ce mois relative au renouvellement du Conseil de fabrique, je vous donne ci-après l'état des  personnels du fabriciens de Callac-
-Yves LE RESTE- Je n'ai pas pu connaître l'époque de sa nomination ; mais j'ai vu qu'il a pris part à une délibération du 17 juillet 1814 qui est la plus ancienne que j'ai pu trouver.
- Arthur VISTORTE, nommé le 7 juillet 1820

-Guillaume LE ROUX, nommé le 6 août 1820

-François FERCOQ, nommé le 3 juin 1822

- Hippolyte COURTOIS, nommé le 20 février 1824

- Joseph Philipe, nommé en 1828


J'ai l'honneur de présenter des candidats à Monsieur Le Préfet mais que la durée en  fonction du nombre élu de trouver faire 6 ans, que tous ont dépassé ce jour à la réserve d'un seul, ce qui réduit le Conseil à trois membres et comprenant les deux membres de droit.

Monsieur GUILLERMIC[2], notre curé, avec qui j'avais conféré, avait adressé à Monseigneur l'évêque, une liste de candidats. Il lui écrit encore aujourd'hui. Je joins sa lettre à mon paquet

 Et vous prie de la faire parvenir le plus tôt possible.

     Je suis, avec le plus profond respect, votre très humble serviteur.

  B. DELAFARGUE[3]

                                              maire



[1] Fabrique,
a) Construction (d'un édifice, spéc. d'une église). Fonds destinés pour la fabrique d'une église
b)  Ensemble des biens matériels d'une église paroissiale, revenus affectés à son entretien, gestion matérielle de ces biens et revenus.

[2] GUILLERMIC, Placide Marie (° Plounez 1788), curé de Callac de 1821 à 1837, puis curé de Bégard en 1838[3] DELAFARGUE, Yves Pierre Benoît (°Botmel 1776-Callac 1837)- Maire de Callac de 1828 à 1837- Notaire et célibataire.

Autorisation de la vente des matériaux après destruction de la chapelle Sainte Catherine par le Conseil de Fabrique en vue de la construction de la nouvelle église en 1875.

J.LOHOU( 24 juin 2011)

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