Callac-de-Bretagne

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    EVEN , PENANSTER et CADOUDAL .

Le conspirateur EVEN (VI,245)

J’ai réuni pas mal de notes sur ce Joseph Laurent EVEN, dit EVEN DE CALLAC,  son lieu d’origine, où il fut notaire, maire à diverses reprises, commissaire du Directoire exécutif, etc. Ces notes vont trouver place, en partie, dans mon volume Carhaix pendant la Révolution, que publie la Société des Bibliothèques Bretonne.

EVEN, qui avait accepté le Révolution à ses débuts (il avait même représenté Callac à la Fédération de Pontivy de février 1790), la combattit ensuite âprement. Il fut effectivement l’ami du chef chouan DEBAR, (de son vrai nom Le PAIGE, fils d’un gendarme de Concarneau). Inculpé dans l’affaire PICHEGRU, EVEN fut acquitté, mais emprisonné quelques temps pour raison d’Etat. La Restauration en fit un chevalier de la Légion d’Honneur.
   Un souvenir lointain, mais personnel ! Flânant à Paris, sur les quais, pendant le Siège (on y bouquinait toujours !) je rencontrai, en explorant un carton à 0 fr. 05 c., ce mêrme portrait, que reproduit le Fureteur : « C’est probablement un Breton », me dis-je ; et, sans chicaner, je payai le prix marqué.
Pendant plusieurs années, j’ignorais l’identité de ce personnage ; puis, j’eus l’idée de le piquer avec une épingle au mur d’une salle publique des Archives Départementales des C.-d.-N. (Elles étaient alors à la Préfecture et j’y allais presque quotidiennement). Un jour, un visiteur, apercevant le portrait, s’écria tout à coup : «  Tiens ! Mon grand-père ! Qui diable l’a mis là ? « Ce visiteur étonné ‘était autre que le sénateur Huon de Penanster, qui, tout de sute, me fournit très aimablement quelques renseignements sur son aïeul maternel. Quelques temps après, il publiait Une Conspiration en l’an XI et en l’an XII (Paris, Plon, 1890), étude où l’on trouvera quelques détails sur EVEN, commissaire de directoire exécutif de Callac, qui conspirait avec son ami (et peut-être parent) Claude Pierre GUEZNO de Penanster, ancien maître particulier des Eaux et Forêts, et aussi commissaire de directoire exécutif, pour le Canton de Maël-Carhaix.

Note(1) Le conspirateur EVEN, avocat et notaire, Chevalier de la Légion d’Honneur, lieutenant-colonel des Armées Royales, avait épousé Louise Marthe GEZNO-Penanster, dont une fille, Caroline Joséphine, épousa à Callac, le 11 septembre 1828, M. Pierre François Marie HUON, avocat et notaire à Lannion, agent de M. Charles HUON de Pennaster, propriétaire au château de Kergrist en Ploubezre (Communication de « Au Teskaouer).
Dans l’ouvrage Procès contre Pichegru (1804 ), on a mis par erreur EVEN de Calais au lieu de EVEN de Callac (P.Hémon)

EVEN (Joseph Laurent), né à Callac, y exerçait, à l’époque du Consulat, la fonction de notaire. Il avait succéder à son père dans cette charge, après avoir chouanné quelque années auparavant. Il fut impliqué dans le complot policier où l’on engloba pêle-mêle Pichegru, Moreau, Georges Cadoudal…
Le général Debar était, vers la fin octobre 1803, en mission dans le pays de Carhaix, pour le Comte d’Artois, afin de préparer un noyau d’insurrection. Sa correspondance avec le comte d’Artois et avec Georges Cadoudal fut saisie le 20 novembre chez L’Hostis-Kerhors à Lanvollon. Or  dans ce paquet de correspondance se trouvait une lettre d’EVEN à DEBAR. EVEN était connu et par lui la police tâcha d’obtenir des renseignements propres à arrêter Debar et peut-être Georges. A cet effet, on dépêcha à Callac, le 11 décembre 1803, le capitaine de gendarmerie Thomas de Saint-Brieuc, le lieutenant Goudelin de Guingamp et un commissaire civil, le citoyen Valette, lesquels, ne pouvant avoir aucun renseignement de lui, l’arrêtèrent le jour même, à 9 heures du soir, et l’emmenèrent à Saint-Brieuc où il arriva le 2 janvier 1804 avant midi. Il fut relâché le 12 janvier, mais on lui fit promettre d’aider les recherches de l’administration. Il ne tint guère sa promesse ; car arrêter de nouveau le 6 février et diriger sur Paris, à pied, de brigade en brigade. Le 20 mars 1804 (veille de l’exécution du Duc d’Enghien), il est à Paris.

Le 28 mai commença le procès de Georges Cadoudal, de Moreau et de 42 autres accusés dont Even (Pichegru avait été suicidé (2) dès le 9 mars).

Dans son interrogatoire public, EVEN avouait qu’il avait servi dans les chouans et connu Georges Cadoudal comme général dans cette guerre, qu’il avait été le condisciple de Debar au collège de Quimper, était toujours son ami, mais depuis la fin de la chouannerie n’avait guère à se reprocher que d’avoir facilité à Debar les moyens de se retirer en Angleterre.
Le jugement fut prononcé le 9 juin à 3 heures du matin. Georges et 19 autres furent condamnés à mort. Cinq dont Moreau, étaient condamnés à 2 ans de prison, 5 furent envoyés en correctionnelle ; 16, dont EVEN furent acquittés.

Acquittés par la Justice, tous restèrent prisonniers d’Etat et furent internés dans des villes éloignés. EVEN fut relégué à Bar-sur-Aube, où il resta jusqu’en 1812. Il obtint enfin le droit de revenir en surveillance dans son pays natal de Callac.
Jean Jégou.

Notes.
(2) Frédéric Barbey démontre le contraire dans La mort de Pichegru (Librairie Perrin). Mais ceci n’est pas du ressort de Frédéric Barbey, celui-ci nous conseille de dépouiller aux Archives  Nationales le dossier Série F7, Police Générale, Conspiration de Georges, Carton 6398.





 

                                                              Joseph Lohou (juillet 2013)