Callac-de-Bretagne

Page Retour 



                          La commune de Duault en 1860 par Nicolas LE BRAS.

 

 

Inroduction.

 

Dans les années 1850,  Joachim Gaultier du Mottay[1] , entreprend d’écrire une géographie du département des Côtes-du-Nord. Dans ce dessein, il est encouragé  par le ministre de l’Instruction Publique et des Cultes de l’époque, Gustave Roulaud[2], qui rappelait les avantages qu’il y aurait à enseigner dans les écoles publiques des éléments de la géographie locale.
Aussitôt, Gaultier du Mottay, correspondant de L’Instruction publique à St Brieuc,  rédige un formulaire en 36 questions envoyé,  fin 1859, aux instituteurs du départements par l’intermédiaire de l’Inspecteur primaire des Côtes-du-Nord, Joseph Rousselot. A la réception de ce questionnaire, les instituteurs, devant l’ampleur de la tâche, y répondent avec plus ou moins d’enthousiasme. Mais à Duault, Nicolas Le Bras[3], père d’Anatole, le futur écrivain,  se prend au jeu et réalise un travail remarquable pour un trégorrois en place depuis peu et étranger aux subtilités de l’Argoat cornouaillais.
En fait, il rédige deux textes, un premier répondant fidèlement au questionnaire demandé et un second qui semble une mise au propre du premier avec de sensibles variations et que nous reproduisons in extenso ci-dessous :

 

« Topographie-

 

La commune de Duault, bornée au nord et au nord-est par Pestivien, à l'est par Maël-Pestivien, et Peumerit-Quintin, au sud-est par Trémargat et Kergrist-Moëlou, au sud par Locarn, au sud-ouest par Carnoët et à l'ouest par Callac, forme un immense triangle à côté très irréguliers. La plus grande longueur, du nord au sud est de 9700 m, sa plus grande largeur de l'est à l'ouest, de 13500 m et son périmètre de plus de 45 kilomètres. Sa superficie est de 6198 hectares 57 ares se subdivisant ainsi :



1.            Terres labourables   2800 ha 10

2.            Prés                            700 ha 20

3.            Bois                            525 ha 50

4.            Jardins et vergers      110 ha 40

5.            Landes et pâtures    1839 ha 42

6.            Pièces d'eau                  1 ha 27

7.            Maisons, routes        161 ha 95

Son revenu cadastral qui est environ le tiers du revenu net, est de 64 061, 92 F et sa population, d'après le dernier recensement de 2892 habitants. Il y a 540 maisons contenant 560 ménages disséminés dans 149 villages.

 

Elle est divisée en trois grandes sections ou paroisses, savoir :

 

1.  Au nord, St Servais[4], érigé en succursale par décret impérial du 2 mai 1855, renferme 241 maisons, 256 ménages et 1260 habitants. Ce bourg où se trouve la maison commune, contenant l'école et la mairie, est située à 4500 m au nord-est de Duault, à 6200 m, nord-ouest de St Nicodème, 4000 m sud-est de Callac, 26 km, sud-ouest de Guingamp et 46 km, ouest-sud-ouest de St Brieuc en ligne droite.

2. Au sud-ouest, Duault, la paroisse primitive, compte 54 villages, 209 maisons, 205 ménages et 1033 habitants. Le bourg, qui ne se trouve qu'à 400 m de la limite occidentale de la commune, est à un peu plus d'un kilomètre de la route de grande communication N°13, il est à 6 km au sud de Callac, à 30 km au sud de Guingamp et à 52 km ouest-sud-ouest de St Brieuc, les distances prises à vol d'oiseau.

3.Enfin, au sud-est, St Nicodème, succursale depuis 1842, a 21 hameaux, 96 maisons, 99 ménages et 539 habitants. Le bourg est placé sur un plateau découvert au bord du chemin d'intérêt commun N°31, à 1500 mètres de la route à grande communication N°11. Il se trouve en ligne directe, à 7500 m, est-sud-est de Duault, à 10 km au sud-est de Callac, à 30 km au sud-ouest de Guingamp et à 49 km au sud-ouest de St Brieuc.

 

Quelques villages de Duault ont été jadis très important, entre autres :

 

  Trefflez(Trefflay), où l'on voit un très beau placître, une belle croix de granit, une fontaine garnie de pierres de taille et deux ou trois maisons construites en magnifiques pierres qui ont été la demeure de quelque haut personnage dont le souvenir même est perdu.

 

  Kerléanez que la tradition dit avoir été une ville à marché antérieure à la formation de Callac. Ce hameau, où l'on trouve encore des débris de poterie enfoncés dans la terre, se trouve près d'un mur d'enceinte de l'ancien parc de Duault.

 

Et surtout le Bourgneuf qui occupe le milieu d'un parallélogramme de 600 m de longueur, sur plus de 500 m de largeur dans l'intérieur duquel on trouve partout des restes d'anciennes constructions ayant entre elles un certain alignement et dont quelques-uns avaient plus de 30 m de long, on y voit surtout un grand nombre de pans( on en connaît plus de 20)
An nord-ouest du parallélogramme se trouvent deux pièces de terre qui paraissent avoir été des jardins, le buis qui formait les allées existe encore. A côté, dans les N° 1236 et 1237, section A du plan cadastral dit "parkou ar gouent"(champ du couvent) se trouve un monticule entièrement composé de débris de construction. Aussi place-t-on là un ancien monastère de moines rouges(Templiers). Dans un de ces champs, on a souvent trouvé des briques à rebords, et de larges dalles de pierres. Il y a une quinzaine d'années, on y trouva un pot à large ventre et goulot étroit(une urne) en grès gris sale.

 

Dans le siècle dernier existait dans la pièce appelée "Liors ar pesket dû" (courtil des poissons noirs), où l'on voit encore les traces d'un vivrier, un bâtiment en pierres de taille appelée la prison, dont les matériaux ont servi à la construction de la tour de Plusquellec.

On trouve en divers endroits des terres calcinées, aussi dit-on que le premier village a été détruit par le feu. Mais les documents manquent sur l'époque de ce sinistre aussi bien que sur l'histoire de cette localité, car on ne peut admettre que difficilement la tradition qui place là une ville du nom de "Ker Ahès" qui serait antérieure à Carhaix même et sur les ruines de laquelle le hameau actuel aurait été établi.

Histoire

 

   La commune de Duault est formée de la paroisse de ce nom, qui était, dit Albert Le Grand, une des plus anciennes de la Bretagne, moins la trêve de Locarn (Loc harn, lieu de St Hernin) érigée en commune et celle de Landugen (Lan Eugen[5], territoire ou église de st Eugène, parce qu'il y avait une chapelle dédiée à ce saint, dont on voit encore les ruines) annexée à la commune de Callac en 1791.

Cette ancienne paroisse comprenait entre les deux trêves dont je viens de parler ; celles de Burthulet et de St Nicodème qui ont subsisté jusqu'en 1794 ; elles avaient leurs prêtres particuliers qui étaient sous la dépendance du recteur de Duault et portaient le nom de curé qui est le mot breton par lequel on désigne les vicaires.
En 1790, lors de l'organisation des administrations municipales, Duault fut érigé en canton faisait partie du district de Rostrenen et comprenait les communes de Duault, Carnoët, Maël-Pestivien et Locarn. Il existe à la mairie un registre contenant les décisions prises par l'administration cantonale du 13 février an IV au 22 prairial an VIII, époque à laquelle le canton fut supprimé et la commune réunie à celui de Callac et à l'arrondissement de Guingamp.
Note. Le nom de Quélen que l'on voit souvent ajouté à celui de Duault me semble venir de ce que la terre  et seigneurie de Rest-Quélen, haute,  moyenne et basse justice, en Locarn, appartenait en 1460 à Olivier de Quélen que le Duc François II, par ses lettres données à Nantes le 7 janvier de cette année, créa grand maître de son artillerie, capitaine général et gouverneur des francs archers et arbalestriers élus des paroisses du Duché de Bretagne. Car j'ai trouvé, dans un acte de 1636, Locarn désigné sous le nom de Quélen ; puis, dans un autre acte du 20 janvier 1675, sous celui de Quélen-Locarn, enfin Locarn en 1725.

 

                                                                       Duault, le 9 janvier 1860.

                                                                       Signé : Lebras Nic.

 

 

Étymologie du nom de la commune.

 

   A moins que remontant au temps des Druides, on ne fasse venir Duault de "Dû"(noir) et "ault" (autel, en latin, altar), amors le nom primitif aurait été "Dû auter", dont on aurait plus tard supprimer les deux dernières lettres. Dans la prononciation "Duaot", qu'on aurait dans la suite écrit "Duault".
Quelques-uns uns font venir "Duault" de Tugduati parce que St Maudez, patron de l'église paroissiale était disciple de St Tugdual, évêque de Tréguier qui mourut en 564.

D'autres le font dériver de Dualtitudime (deux hauteurs) parce que différents cours d'eaux forment au milieu de la commune une vallée assez profonde dominée d'un côté par les hauteurs de la forêt et de l'autre par une chaîne de collines sur laquelle se trouve le bourg.

 

 Enfin les battues fréquentes que l'on faisait dans cette même forêt pour en chasser les bêtes fauves qui y abondaient, battues que l'on appelle en breton hû ont fait donner une autre étymologie "hû ! hô! hû ! hô !  D'où ce parc qui appartenait aux rois et ducs de Bretagne et contenait jadis près de 2000 hectares de terre entièrement entourée d'un mur en pierres sèches dont on voit encore bien des vestiges, aurait été appelé dans l'origine le parc hû hô  et plus tard de Duault.

Ces étymologies ne sont probablement pas exactes, mais l'orthographe du nom de la commune, qui ne varie pas depuis 1510, ne prête pas du tout à en donner une qui soit acceptable.

 

De quelle juridiction féodale faisait-elle partie avant la Révolution de 1789 ?

 

     Ces seigneurs, dont les armoiries se trouvaient dans la chapelle de St Servais avait haute, moyenne et basse justice. Leurs fourches patibulaires étaient placées à l'endroit dit " Justissou" (justice) , "ar Lann ar griminalet" ( Lande des criminels), N° 478 et 479, section C du plan cadastral. Les audiences se tenaient à St Servais dans la chambre dite "des archives" qui enfermait également tous les titres. On aurait trouvé là de précieux documents si une bande de Chouans ne les avait brûlés avec tous les papiers de l'administration municipale le 8 nivôse de l'An VIII (29.12.1799) Il n'échappa au désastre que les registres ecclésiastiques de baptêmes, mariages et sépultures que le chef même des destructeurs parvint à faire respecter (Délibérations du corps municipal du 30 pluviose an IX à l'inventaire du mobilier de la mairie)

 

   Il y avait autrefois à Duault une juridiction royale qui fut incorporé à celle de Callac par édit du roi Charles IX du 29 mai 1564. Il ne s'y exerçait plus, en 1780, qu'une moyenne justice. La dernière partie de l'ancien baillage de Duault réuni au domaine du roi sur le ressort de Carhaix a été le canton du Bourgneuf.
Note. Dans le traité entre le duc de Bretagne et le Comte de Penthièvre, le duc donna, entre autres gages, la châtellenie de Duault pour onze cent livres.

 

   Duault était autrefois habité par un grand nombre de seigneurs, mais n'y ayant point de principes de fiefs; il n'y avait point de juridiction.

 

Y rencontre t-on quelque monument druidique, dolmen; menhir, tumulus ?

Désigner les villages près desquels ils se trouvent ?

 

    Les deux plus grands des menhirs sont celui qui se trouvent à l'entrée de la forêt, il est très incliné, ce qui l'empêche de le voir, et celui qui est au-dessus du village de Kerbernès, ils ont chacun 8 m de hauteur et plus de 7 m de contour.

Le plus élégant est auprès de Kercourtois, c'est un prisme rectangulaire assez régulier ayant 5,60 m de hauteur et 3,50 m de périmètre. Le plus curieux est celui de Picaigne qui est également prismatique, sa hauteur est de 7,60 m, et il est posé sur une base de 0,40 m de hauteur, hors de terre.
Le dolmen qui se trouve en face de Rosvilliou a été brisé, mais ce qui en permet de juger de ses dimensions. Celui de Kerpinson est un plateau de 2,60 m de côté posé en plan incliné sur une autre pierre de mêmes dimensions. Dans la face supérieure se trouvent plusieurs creux de différentes grandeurs. Celui du milieu, qui est en quelque sorte le moule d'un homme étendu
sur le dos.

 

S'y trouve t-il quelques restes d'anciens châteaux ou d'anciennes fortifications ?

 

     Ce château aurait été, dit-on, habité par le Duc de Bretagne et surtout par la Duchesse Anne. Un peu plus bas, au-dessous du moulin de Kerroux se trouvent deux ou trois prairies qui portent encore aujourd'hui le nom de "Prés du Duc".

D'après la tradition, il y aurait eu aussi, à une époque très reculée, un château à Kerloc, mais on n'en voit presque plus de traces.
Dans une lande sur la lisière de la forêt; près du dolmen de Rosvilliou existe un petit espace entouré de fossés en terre.
Enfin, sur le bord du chemin conduisant de Runanguen (Ru de l'angoisse) à St Nicodème, entre le Pigon Ilec et Kerbelgouez(Kerbolgué), un petit monticule artificiel aujourd'hui couvert de broussailles, paraît avoir été un petit fort défendu d'un côté par un petit ruisseau et commande le passage de la route. Ce chemin assez large sur tout son passage de  ... en ligne droite sur la forêt de Kergrist-Moëlou.

 

Y connaît-on quelque fragment de voie romaine ?

 

        Cependant, si la voie romaine allant de Carhaix à Tréguier, passait par Landugen et par Pont-Melvez, elle devait nécessairement traverser une partie de la commune de Duault. Dans la partie comprise entre la croix de Landugen, et la Ville-Neuve Jolin ; le chemin y ressemble assez. Peut-être se dirigeait-elle de là sur Kerviou, passait à Bourgneuf pour filer ensuite à Pont-Melvez en passant au levant de la montagne St Michel. Toujours est-il que cette route plus ouverte que ne le sont ordinairement les chemins de traverse, aboutit aux points indiqués.

 

La commune possède t-elle des châteaux modernes ayant une certaine importance.

  

     Il y a encore Lespoul et Rosvilliou qui ne sont que deux maisons de Coatgoureden appartenant pour la première  à Mme de Coatgoureden et la seconde à Mme de Saint-Prix6].
Les anciennes demeures seigneuriales de Kerivoallen, de Kerfichant, de Lesmabon, de Goas an Aman ne sont plus que des fermes.

 

La commune a-t-elle fourni quelques personnes remarquables ?  

 

          Il faut ajouter les Bahezre[7], sieur de Kerfichant et de Rosvilliou qui, à la fin du 16ème siècle et au commencement du 17ème ont fourni plusieurs conseillers du roi et des lieutenants à Carhaix.

 

La commune a-t-elle été le théâtre de quelques évènements importants ?

 

          Il y a quelques années on a trouvé dans cet endroit plusieurs pièces de monnaie triangulaires qui furent vendues à Guingamp environ 240 f.

 

         Sous la république la commune était constamment parcourue par les chouans. Ils coupèrent les cheveux à plusieurs habitants de la commune, afin que plus tard ils ne puissent les reconnaître. Ils assassinèrent aussi dans sa maison, le débitant des tabacs du bourg  de Duault.

 

L'église a t-elle un monument remarquable ?

Porte t-elle quelque date sur ses murs, l'indiquer !

 

        Au-dessus de la petite porte qui donne sur l'entrée, dans l'aile midi de l'église de Duault, on lit :

 

 

 

           (Louis Guénégou, fabrique (trésorier alors, 1589, fait icelle par Monsieur Bénéat)

 

     Note. Le beau vitrail peint qui se trouve en face de cette porte et dont j'ai déjà parlé est dû à la magnificence d'Écuyer Maurice Bahezre, Conseiller du roi et son lieutenant à Kerhaes(Carhaix) mort à Duault et enterré dans l'église le 1er juin 1623.
              Il y a sur le clocher une autre inscription ainsi conçue :  "Fait faire par M... de Coatgoureden, sieur de Lespoul, Messire François Corbel, recteur de Duault en 1770" A l'intérieur du portail on trouve la date : 1721.

 

   Sur l'église de St Servais, il y a plusieurs inscriptions :

                 1- Au-dessus de la porte midi.

 

 

            (Messire Yvon Le Jar recteur de Duault - l'an mil cinq cent et dix par Jean Le Bonté, commencé la trêve de St Servais.....Le reste est indéchiffrable pour moi)

 

                2- Au-dessus de la porte nord :

 

 

 

          ( L'an 1558, ce fut fait, J. Bontez pour lors gouverneur, met? Guillier trésorier, G. Jézéquel ouvrier)

 

               3- Sur le seuil de la porte au-dessous du clocher :

 

        ( Par Allain Le Mouzer A: 1560

              4- Sur le reliquaire ou charnier.

 

 

     Note. La tradition rapporte que cet Allain Le Mouzer, auquel on attribue aussi la belle croix de pierre qui se trouve à 200 m de St Servais sur la route de Maël-Pestivien, était tisserand de profession. Cette opinion justifie la présence de la navette que l'on voit sculpté tant sur la base de la croix que sur le seuil de l'église.

 

            5- Au fronton du baptistère, construit l'année dernière, on a placé une inscription en lettres gothiques ainsi conçue : 1859 - Mgr Martial-évêque - MM Beaudoin, recteur, Courtois, maire.

 

Existe-t-il quelque légende au sujet de l'église ou de son patron,

 des portraits, des chapelles ? les raconter !

 

      Dans une maison on coupait deux morceaux de pain, un grand et un petit. Les deux enfants devaient lutter alors et le vainqueur, quel qui fût, recevait la grosse pièce. C'est en punition de cet usage que les habitants de Vannes et de Quimper doivent aussi se battre à l'église de St Servais, et le parti qui remporte la victoire a la plus belle récolte.

       Ces légendes sont tout à fait apocryphes car il résulte de la biographie de St Servais que j'ai trouvé dans une Vie des Saints, imprimé en 1688, que cet évêque n'est jamais venu dans l'Armorique.

       D'après les hagiographes, St Servais qui était le neveu de Ste Anne et aussi cousin germain de St Jean-Baptiste, naquit sur les confins de l'Arménie. Il vécut, dit-on, plus de 300 ans, gouverna l'église de Tongres pendant 176 ans et mourut  à Utrecht le 13 mai 383.

 

Dire si les chapelles renferment quelques vitraux,

statues, ou autres objets dignes de remarques.

 

 

      Un mur sur lequel sont sculptées deux haches d'armes placées dos à dos. A côté de l'enfeu qui se trouve dans le bas-côté midi, un fragment d'écusson portant trois rangées verticales de macles comme ceux de Rohan et des Montauban.
       Ce qui a de plus curieux dans cette chapelle, c'est un bas relief en bois représentant les principales scènes de la vie de St Jean-Baptiste, depuis le mariage d'Élisabeth et de Zacharie jusqu'à la décollation du prophète.  

 

La commune est-elle traversée par des rivières ?

Quels sont les noms de ces rivières ?

 

     (L’Hyère) dessous du moulin de Pont-Hellou, puis sert de limite entre Duault et Carnoët, passe au près de la belle propriété de Lochrist, près de Carhaix et va se jeter dans l'Aulne à Pont-Treffin (Finistère)
       L'autre rivière prend sa source près le village de St Derrien, limite la commune au sud-est et au sud, et la sépare de Peumerit-Quintin, Trémargat, Kergrist-Moëlou et Locarn, et va tomber dans l'Hyère un peu en dessous de Kerdaguet, à l'extrémité sud-ouest de la commune, comme je l'ai déjà dit.  Les ruisseaux de la commune ont une pente assez rapide ce qui explique le grand nombre de moulins qu'ils font tourner. Presque tous débordent en hiver, mais aucun ne tarit en été.

 

Ces rivières sont-elles poissonneuses ?

        

      Dans tous ces cours, même dans les plus petits, on trouve des truites en assez grande abondance, mais je n'ai jamais vu qu'on  ait pêché d'anguilles.

 

Y a-t-il dans la commune des forêts, des bois importants ?
Quel est leur nom, Sont-il abondant en bêtes fauves ?
Quelles sont-elles ?

 

         (César René de Choiseul[8])  revendit la forêt en  1837, avec le château et la forêt de Lorges, à Monsieur Jean Marie Allénou, négociant à Quintin, qui en est le propriétaire actuel, moyennant le prix total de 1.150.000 F. Sa contenance est de près de 500 hectares. Autrefois il y avait beaucoup de chevreuils mais depuis qu'on a fait des abattis considérables de bois pour l'alimentation du fourneau du Parc.

Leur nombre a bien diminué ; on en trouve encore cependant quelques-uns uns, mais on ne peut les chasser qu'avec la permission expresse et écrite du propriétaire. Les sangliers ont aussi complètement déserté cette forêt, où depuis quelques temps un certain nombre de loups ont élu domicile. Les lapins y pullulent.

 

La commune est-elle giboyeuse ?

 

    Les lièvres, les lapins et les perdrix grises abondent ; on trouve quelques perdrix rouges, et dans la saison un grand nombre de bécasses et de halebrans[9].

 

             Duault le 10 janvier 1860.

 

                           L'instituteur

                                            Le Bras N. »

 

 

Tous ces formulaires, plus ou moins bien remplis, furent collationnés par Joachim Gaultier du Mottay, corrigés et mis en forme, puis imprimés pour devenir l’ouvrage « Géographie historique des Côtes-du-Nord » par Guyon Frères, édité à St Brieuc, par GUYON Frères.
Nous laisserons aux lecteurs passionnés d’histoire locale en Argoat le soin de vérifier et de porter un jugement sur le texte de ce jeune instituteur trégorrois, Nicolas Le Bras, sorti de l’École normale de Rennes en 1843, confronté au parler breton cornouaillais dans un environnement de tradition orale démuni de ressources d’archives.
On peut comprendre ainsi, 150 ans après, son étrange essai de toponymie celtique concernant le nom de Duault…

 

 

 

                                                                                          Joseph Lohou. (Juin 2008)
                                                                                                                  (Septembre 2009)
                                                                                                                  (octobre 2016)

                                                                                                                 

 

 

* Les notes de bas de page émanent de la rédaction.

 

Sources et bibliographies.

 

ADCA – série T – art 1 T 400. série J – art. 99 J.
GAULTIER du MOTTAY, Joachim, VIVIER Édouard, ROUSSELOT Joseph, « Géographie départementales des Côtes-du-Nord »- Éditions GUYON Frères- Saint Brieuc-1862. (ADCA – cote 1 Bi- art. 312)


Note.
Ce texte est paru dans la revue du Pays d'Argoat, Revue d'Histoire et d'Archéologie des cantons de L'Argoat, N° 49 -1er semestre 2008.p, 13 à 20.
ISSN 0753-2490-Imprimerie ANGER- Guingamp.


Nicolas LE BRAS, (1825-1901)

nicolas  Nicolas, qui fut successivement instituteur à PENVENAN, St SERVAIS, PLOUMILLIAU de 1861 à 1872, puis à PLEUDANIEL, de 1872 à 1874, périt dans le naufrage de la "Marie-Thérèse" à l'embouchure de la rivière de Tréguier, le Jaudy, le 20 août 1901. Il était conseiller municipal de la ville de Tréguier.


Sources : "Anatole Le BRAZ et L'Amérique" de Georges Le MOUEL. ISBN 2-9513165.

[1] GAULTIER du MOTTAY, Joachim François Marie (°Savenay (44)1811- Plérin 1883), archéologue, homme politique, conseiller général et maire de Plérin de 1874 à 1881.

[2] ROULAUD, Gustave(°Yvetôt 1806- +Paris 1878) Ministre de l'Instruction publique et des Cultes du 13 août 1856 au 24 juin 1863.

[3] LE BRAS, Nicolas Marie(1825-1901), instituteur à Duault-St Servais de 1846 à 1861, père d’Anatole

Le BRAZ, Anatole ,( ° St Servais 1859- + Menton 1926), écrivain, auteur de « La Légende.de la mort chez les Bretons armoricains »

[4] St SERVAIS, (Burthulet), comme St Nicodème,  ne devinrent communes séparées de Duault qu’en 1869.

[5] Landugen, du breton Lan, paroisse ou trêve, et Tujan, saint Tugen, Trêve de St Tugen.

[6] Mme de Saint PRIX,  Émilie Barbe Louise GUITTON(°Callac 1789- Morlaix 1869), épouse de Charles Jean André TIXIER DAMAS,  comte de St Prix, conseiller général du canton de Callac, ancien maire de Ploujean(29)

[7] BAHEZRE, Charles Maurice Bahezre, Sgr. de Kerfichant nommé le 20 Juin 1585 par le Roy Henri IV, Lieutenant Général de la sénéchaussée de Carhaix. (+ Duault le 1er  juin 1623.)

 

[8] CHOISEUL, de César René, propriétaire du domaine de Lorge, y  établit en 1828 une usine métallurgique.

[9] HALEBRAN, HALBRAN, Chasse. Jeune canard sauvage de l'année, du moyen allemand, halberant, « demi canard ».(TLF)

 


 


 

© Tous Droits Réservés (Joseph Lohou)