Callac-de-Bretagne

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     Le chouan LE PAIGE-DORSENNE, dit DEBAR



Jean-François-Edmée LE PAIGE DEBAR
(°Concarneau 1763-île de Houat 23.11.1812)

Surnoms : Vicomte d'Orsennes ou Dorsène, Louis, Renaud, Monte-au-ciel, Le prussien.

(Portrait réalisé d'après signalements par la police de Paris, vers 1900-1804)

Signalement : Agé d'environ 30 ans, taille de 5 pieds, 4 ou 5 pouces (1,74 m),
cheveux blancs cendrés, front découvert, yeux bleus, belle figure.

 

Jean-François Edme Le Paige-Dorsenne, dit Debar ou De Bar, était le fils aîné d'un notaire procureur de Concarneau qui, après des revers de fortune, était entré dans la gendarmerie. Le futur chouan fit ses études au séminaire de Plouguernével, puis au collège St Yves de Quimper, Après avoir fait son droit à Rennes, il se fit recevoir avocat au Parlement de Bretagne, Ses succès au barreau ne furent pas brillants. Pour augmenter ses ressources, il essaya le commerce des sardines, mais là aussi eut des déboires.

En l'an III, il commandait une division en Cornouaille qui s'étendait sur les districts de Rostrenen, Carhaix et Le Faouët, A la date du 17 août 1799, il se trouvait à la tête de la troisième légion, dite de Gourin après avoir été nommé colonel d'infanterie par Monsieur, frère du Roi, à prendre rang le 10 décembre 1798. En 1801,  il reçoit dans la nouvelle organisation de Georges l'adjuvance[1] générale d'un vaste territoire couvrant une partie du Finistère et le Morbihan (du Blavet aux sources de l'Odet et de Concarneau à Mûr) ainsi que plusieurs cantons des arrondissements de Loudéac et de Guingamp.  

    Après l'exécution de Georges, il se retira à Londres. Conspirateur infatiguable, le "général DEBAR" cherchait par tous les moyens à obtenir le concours du gouvernement britannique pour rallumer la chouannerie en Bretagne. Devant l'insuccès de ses démarches et l'inutilité de ses mémoires, il prit le parti de revenir en France en 1812 avec deux de ses lieutenants. Loin de l'aider, le gouvernement anglais le fit arrêter à Jersey et ramener à Plymouth, le 12 octobre. Échappant à la surveillance dont il était l'objet, il parvint à s'enfuir, et le 7 novembre, il débarquait à l'île d'Houédic, sur la côte du Morbihan, et, quelques jours après, passait à l'île de Houat. Il y fut tué, le 23, par des marins du lougre l'Alerte, envoyés du continent pour le saisir.

On possède de lui plus de trois ou quatre signalements, tous légèrement différents suivant les témoignages, voici le dernier :

   -Son signalement est ainsi donné: taille de cinq pieds deux pouces (  1,66 m ), râblé et un peu voûté, cheveux, sourcils et barbe noirs, cheveux coupés à la Titus, favoris noirs et abondants, front haut, nez  mince et ordinaire, yeux bruns et vifs, bouche moyenne, lèvres ni gros, ni menues, dents blanches, menton rond, visage plein et coloré.


Sources.

LEGRAND (R,), « La petite histoire du Morhihan, De Bar l'Irréductible », Bulletin de la Société Polymathique du MorbIhan, 1932, p. 107 à 180.

Écho de l'Argoat et Bernard (D.), « Recherche de la chouannerie dans le Finistère- Annales de Bretagne, t XLIV, 1937, p. l 00 et suiv.  
POMMERET, Hervé, abbé, "l'Esprit Public dans les Côtes-du-Nord pendant la Révolution.
LE FALHER Jean, "Aventures de guerre civile"; Paris, 1919, "L'Équpée de Houat, pp 159 et suivantes.
KAIER AR POHER N° 32 -Mars 2011- Article de Pierre-Yves Quéméner. pp 72-73.

 

                                                                      Joseph Lohou. (septembre 2006)
                                                                                              Maj de novembre 2006
                                                                                              Maj du 1er avril 2011
                                                                                              Maj. du 18 janvier 2012
                                                                                              Maj. du  12 août 2013

                                                                                              

Notes
[1] ADJUVANCE, subst. fém.Vx. Aide :

        


 ADDENDA. 

En complément, voici quelques extraits de correspondances photographiées dans les archives départementales du Morbihan et du Finistère par Yves Pierre Quéméner, adhérent du Centre Généalogique du POHER  :

[1] Extrait d'une lettre du commissaire Le Goarant à l'administration centrale
du Morbihan du 18 messidor an 5 (6 juillet 1797) :

"Citoyen,
Ayant eu de nouveaux renseignements sur le compte des gens armés qui
parcourent les cantons de Langonnet et Gourin, j'en ai fait part à
l'administration centrale du département le 16 de ce mois . Le paige,
surnommé de bare, aux chouans, est un émigré. Il a maltraité nos prisonniers
en angleterre pour les forcer à s'embarquer pour quiberon, notamment ceux de
concarneau. Il était aussi l'un des chefs des chouans le plus instruit, le
plus déterminé, et le plus cruel. Depuis la reddition des chouans, il est
presque toujours avec ses anciens camarades et leurs partisans dans les
parages de Gourin et Langonnet." (AD56, L300)


[2] Extrait d'une lettre du commissaire du directoire de l'administration
centrale des Côtes du Nord datée du 16 floréal an 6 (5 mai 1798) :

" Les renseignements qui me sont parvenus m'apprennent que Le Paige Dorxene
fils de Concarneau connu aussi sous le noms de De Barre, émigré qui
commandait 500 chouans dans le morbian, est l'un des principaux de cette
bande, qu'ils ont un repaire au Saint près Gourin, des intelligences à
Roudouallec, et qu'ils sont bien souvent près ce bourg au lieu de Kerespar
chez le citoyen Salaun, dont l'ancien valet connu sous le nom de Guillaouic
fait partie de cette troupe." (AD29, L15)


[3]Autre lettre du même datée du 19 floréal an 6 :

" Lepaige dit Dorxene, et connu aussi comme chouant sous le nom de De Barre,
est l'un des principaux de la bande actuelle. Cette individu homme de loi à
Concarneau émigra en 1792, rentra par Quiberon et devint chef de chouans aux
envidons du Faout [Faouët]. Je l'avais fait arrêter dans le mois de messidor
an 4, il obtint sa liberté par l'imprudence d'un chef militaire, et depuis
cet instant il a toujours été à la tête de quelque bande de voleurs." (AD29,L15)

Sources.
Gallica- Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie -XIème année-Quimper -1911.


 


 

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