Callac-de-Bretagne

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                                      Pardon de St Servais.

 

Lettre de François Corbel[1], recteur de Duault à son évêque[2] le 2 juin 1785.

 

Monseigneur,

 

 

Depuis le 12 mai 1777, ni moi ni mes prêtres n’avons le déplaisir de marcher à une procession vivient et extravante qui se faisoit annuellement à pareil jour à Saint Servais, chapelle de ma paroisse, et cela depuis plusieurs siècles. Monseigneur de Cuillé avoit menacé d’interdire pour ce jour cette chapelle si le désordre continuoit, je priais en 1777 Mr L’abbé Floyd, vicaire général de s’y trouver croiant que sa présence et ses exhortations feroient impression sur l’esprit des pellerins vannetais, mais il ne fût pas plus heureux que je n’avois été précédamment, il défendit d’y faire aucun office l’année suivante, et Monseigneur l’Évêque de Quimper confirma la défence à sa visite du 3 juin suivant ; l’abus semblait diminuer depuis mais cette année, j’ai eu le chagrin de voir entrer dans ma cour le 12 mai à 3 heures après midi, une quarantaine de paisans vannetais armés de batons et ayant des pierres dans leurs pauches, et dont un me prit par les bras, qui voulut me forcer à marcher avec eux à la chapelle distante d’une lieu de mon presbytère, pour faire cette procession, à laquelle ils attribuent la bonté de leurs récoltes, ils la font en criant et en choquant leurs batons, et demandant en idiome breton, « bon seigle, bon seigle ».
La stérilité qui s’est annoncée cette année, les a de plus en plus entêté dans leur superstition.

Je me joins à Mr Even, procureur fiscal de la Juridiction pour vous suplier, Monseigneur de faire intervenir votre authorité pour donner le coup mortel à cet abus épouvantable.
Le 13 mai, tout se passe avec la plus grande décence, les vannetais n’y étant plus. J’ai l’honneur de vous observer que la chapelle de St Servais est située à mi-chemin de mon église paroissiale à mon église tréviale de Burthulet, lesquelles sont distantes l’une de l’autre de deux lieues, ce qui rend cette chapelle nécessaire ua bien public.

     J’ai l’honneur d’être avec un profond respect,     Monseigneur

 

                                     Votre très obéissant serviteur Corbel

 

                                                      Recteur de Duault.

Sources.
AD35-1Bf-1599



[1] CORBEL, François(°1725- 1793 Duault), fils de Jacques et de Marie Le Guennec

[2] CONEN de Saint LUC, Toussaint François Joseph (évêque de Quimper de 1773 à 1790)

 


                                                           Joseph Lohou(avril 2008)

 

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