Callac-de-Bretagne

Page Retour 



Les certificats de civisme à Callac en 1793

 

 

 

Instauration des certificats de civisme

  Historique.

Suite à l'instauration de la Terreur le 5 septembre 1793, les Montagnards mettent en place un système visant à arrêter le maximum de contre-révolutionnaires. Cette loi leur permet de rendre les procédures judiciaires plus expéditives et d'élargir les catégories de crimes contre-révolutionnaires. Sont ainsi désignés "suspects", "ceux qui par leur conduite, leurs relations, leurs propos ou leurs écrits se sont montrés partisans de la tyrannie, du fédéralisme et ennemis de la liberté ; ceux qui ne pourront justifier de leurs moyens d'existence et de l'acquit de leurs devoirs civiques ; ceux qui n'auront pu obtenir de certificat de civisme.
Le 10 octobre 1793, la Convention,  sous l’intervention de Louis Antoine de SAINT-JUST[1], fait voter un décret selon lequel «  Le Gouvernement de la France sera révolutionnaire jusqu’à la paix… »

 


A Callac, la commune reçoit du District de Rostrenen l’autorisation d’établir plusieurs contrats de civisme, dont celui de Joseph EVEN, maire et ex-subdélégué de l’Intendance sous l’ancien régime ; ainsi que celui de Pierre Joseph FERCOQ, certificat demandé par sa mère, Marie Hélène GUILLEMOT, son fils étant en garnison à Rennes. Ce certificat est également délivré à Marc Antoine BALDINI, en tant qu’italien, étranger à la nation française.

 

« A Callac le 15 décembre 1793.

Nous, maire, officiers municipaux, et membres du conseil général de la commune, certifions, sur l’attestation des citoyens : Jean BORNY, marchand de la commune, Jean Le BRIS, perruquier à Callac, Toussaint GILLORAIN, marchand, Marc Antoine BALDINI, aubergiste, Yves DOUALLEN, cultivateur, Jean LE ROUX, boulanger et François LE GAC, cultivateur à Kerret, tous domiciliés dans le canton de Callac,  que le citoyen Joseph EVEN, âgé de cinquante quatre ans et neuf mois, notaire de la ci-devant sénéchaussée de Carhaix, officier municipal de la commune .
Taille de cinq pieds, quatre pouces( 1,71m), cheveux, sourcils et barbe châtains, commençant à griser, front plein, yeux bruns, nez bien fait, bouche moyenne, menton égal, visage rond marqué de petite vérole bien coloré, demeure actuellement à Callac dans une maison lui appartenant et qu’il y demeure sans interruption depuis vingt cinq ans à ce jour.

Sur la demande qui a été faite par la citoyenne Marie Hélène GUILLEMOT, veuve FERCOQ, pour son fils Pierre Joseph FERCOQ,, certifiés par la collaboration des huit citoyens déjà nommés et tous domiciliés dans le canton de Callac, qui est celui de l’arrondissement duquel est la résidence du certifié ; que le citoyen Pierre Joseph FERCOQ, âgé de trente deux ans, notaire dans la ci-devant sénéchaussée de Carhaix, procureur de le commune.
Taille de cinq pieds, deux pouces et six lignes(1,68m), cheveux, sourcils et barbe châtains foncés, front bas, yeux bleus, nez long, bouche moyenne, menton droit, domicilié à Callac, maison appartenant à sa mère, Marie Hélène GUILLEMOT, qu’il y a résidé sans interruption depuis plusieurs années jusqu’au 10 novembre 1793 dernier, date à  laquelle il est partit avec les jeunes gens levés de cette commune pour aller combattre les rebelles et qu’il est actuellement en garnison à Rennes en qualité de capitaine de la 3° compagnie du 1er bataillon de la levée en masse du département des Côtes-du-Nord.

En foi de quoi, nous avons délivré le présent certificat qui a été donné en la personne de Joseph EVEN et Marie Hélène GUILLEMOT…

Signent : Pierre LE MILBEAU, maire, Joseph EVEN, Jean BORNY, Yves LE DEUFF, François LE POURHIET, GUILLEMOT, veuve FERCOQ, LE BRIS, Maurice DANIEL, Jean LALOUR, Joseph LE JOLIFF, Guillaume RINQUIN, Guillaume LE BARBIER

, Jean GOEURY, Yves DOUALLEN, Jean Marie DERRIEN, Toussaint GILLORAIN, Jean LE ROUX.

 

 

Le certificat de civisme et d’hospitalité de Marc Antoine BALDINI

 

 

«  Du dix ventôse de l’an II de la République( 10 mars 1794), séance permanente et publique du Conseil général de la commune de Botmel, tenue en la maison commune à Callac par Pierre LE MILBEAU, maire, Joseph EVEN, Joseph LE JOLIFF, Yves L’HÉLIAS, officiers municipaux.
Guillaume LE BARBIER, Maurice DANIEL, Jean LALLOUR, Yves LE DEUFF, François L’HÉLIAS et Pierre LE GAC, notables
Absent : l’Agent national.(P.J. FERCOQ)

A comparu Marc Antoine BALDINI (n la République de Luque, domicilié à Callac en cette municipalité âgé de cinquante deux ans, taille de cinq pieds, trois pouces et six lignes, cheveux, sourcils et barbe châtain commençant à griser, front haut, yeux gris, nez droit, bouche moyenne, une cicatrice à la lèvre supérieure côté droit, menton rond, visage ovale, le pouce de la main gauche amputé.
Lequel déclare, qu’ayant quitté son pays natal, il y a habite depuis trente six ans le territoire français, où il a constamment vécu de son métier de peintre et des fruits de se travaux ; que s’étant marié à Anne BORNY de cette commune, il y a dix huit ans, il se fixa dès lors à Callac où il demeure depuis, y vivant de son métier et d’un commerce d’aubergiste, et que ses travaux et son industrie ayant fructifié, il a acheté la maison qu’il habite à Callac avec quelques autres petites propriétés, laquelle déclaration il fait pour obéir au décret du 6 septembre dernier, dont l’existence ne parvint, suivant sa déclaration, à sa connaissance que le cinq de ce mois. Requérant être admis aux bienfaits de l’hospitalité.
Signe : Baldini

Ont aussi comparus, François GOEURY et Jacques JOLIN, citoyens bien connus de cette commune, lesquels certifient la déclaration ci-dessus véritable, que le dit Marc Antoine BALDINI, est et a été constamment de bonne vie et mœurs depuis qu'il habite ce pays, qu'il s'y comporte de manière à mériter ce certificat de civisme et à être admis au bienfait de l’hospitalité ; lesquels certifiants ne sont, à connaissance du Conseil général et suivant l’affirmation qu’ils ont faite devant lui, parents ou alliés, fermiers, domestiques, créanciers, débiteurs ni agents du dit certifié, ni d’aucun prévenu d’émigration ou émigré et ont signés : Goeury , Jolin.

Le Conseil général, après ses connaissances particulières et avoir délibéré sur ce que dessus, arrêt qu’un certificat d’hospitalité et de civisme sera, en bonne forme,  délivré au dit Marc Antoine BALDINI, ce qui a été en l’endroit fait en présence du certifié et des certifiants, sous leurs seings et ceux des membres du Conseil général.
Excepté, Yves L’HÉLIAS, officier municipal, François L’HÉLIAS et Pierre Le GAC, notables qui ont déclarés ne savoir écrier, ni signer de ce interpellé ; le nom du dit BALDINI a été affiché en la maison commune et il a été prévenu qu’il ne pourra sortir ou se transporter nulle part sans être muni du dit certificat qu’il produira toutes les fois qu’il en sera requis par les autorités constituées.

Signent : Pierre LE MILBEAU, maire, Yves LE DEUFF, Guillaume LE BARBIER, Maurice DANIEL, Jean LALLOUR, Joseph LEJOLIFF, Joseph EVEN

 

 

 

                                                                                             Joseph Lohou(juin 2006) 

 

SOURCES

AD22- Série L – cote 15 L 1 et 2- Registres du Conseil municipal de la commune de Callac.



[1] De SAINT-JUST, Louis Antoine(° Decize 1765- + Paris 1794)-« L’Archange de la Terreur »-guillotiné le 9 Therm. De l’An II II.


                

  

 

 

 

© Tous Droits Réservés (Joseph Lohou)