Callac-de-Bretagne

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   La nouvelle administration municipale de Callac le 16 décembre 1797.

 

             Le 4 septembre 1797 (18 fructidor An V), le Directoire qui gouverne la France organise un coup d'État contre les royalistes des deux Assemblées.

Avec la chute de Robespierre et l'instauration du Directoire, les Français avaient pris acte de la fin de la Terreur et manifesté leur souhait de retrouver la paix civile, militaire et religieuse.

Les royalistes avaient cru en profiter pour restaurer la monarchie. Leur insurrection avait été matée sans ménagement à Paris, le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), par un général jacobin en demi-disgrâce, Napoléon Bonaparte.

Puis, ce fut le tour des Jacobins et des disciples de Babeuf de tenter un soulèvement Ils furent à leur tour éliminés.

Aux élections de l'An V, en 1797, qui renouvellent le tiers des deux assemblées des Cinq Cents et des Anciens, les électeurs choisissent des députés modérés.

Ces députés sont favorables au retour de la monarchie en la personne du prétendant Louis XVIII, comte de Provence et frère du malheureux Louis XVI, guillotiné quatre ans plus tôt.

Mais les anciens montagnards de la Convention n'en veulent pas. A l'image du Directeur Paul Barras, beaucoup se sont compromis dans la Terreur et en ont profité pour s'enrichir.

Paul Barras

Comme eux, beaucoup de Français ont tiré profit de la Révolution en achetant des biens nationaux.            

 L'ancienne administration, ayant à sa tête,  le président Joseph Even et son fils Joseph Laurent, commissaire exécutif,  se voit reprocher une attitude trop modérée. Pierre Joseph Fercoq fait appel à ses anciens condisciples de l'administration centrale du département et obtient le changement.

Département des Côtes-du-Nord

Extrait des registres de l'Administration centrale du Départementale du vingt six frimaire An six(26.12.1797)  de la République.
Séance tenue par les citoyens : Beaudouin, président, Couassurel, Barbedienne, Launay-Prévost et Le Bihan , administrateurs.
Présent : Le citoyen Pouhaër, Commissaire du Directoire Exécutif.

L'Administration, après avoir entendu le rapport du commissaire du Directoire Exécutif et d'après les renseignements qu"elle a recueillis. 
Considérant que suivant l'article 194 de la Charte Constitutionnelle de l'An 3,  les administrations centrales ont le droit de suspendre les administration municipales.
Considérant que les citoyens qui ne sont pas dénommés au présent, n'ont pas montré assez d'attachement à la République, ni témoigné assez d'énergie pour faire exécuter les Lois.

Arrête de nommer une nouvelle administration municipale pour le canton de Callac qui sera composée comme suit :
Savoir - Yves Le Gars, notaire, président.
Jean Yves Gullou, notaire, agent
François Le Pourhiet, ex-officier municipal.

(Suite)

Plusquellec : Claude Quénechdu, cultivateur, agent.
Jean Le Morellec, cultivateur, agent

Calanhel : Henry Corgat, PrT de commune, agent.
Jean Le Guilloux, ex-maire, agent

Pestivien : Jacques Le Borgne, ex-greffier, agent.
Jacques Derrien, cultivateur, adjoint.

Landugen : Jacques Vauchel, marchand, agent.
François Le Lorinquer, adjoint.

Arrête que les nouveaux membres, autres que ceux nommés ci-dessus, sont suspendus de leurs fonctions et quitteront sous le service de droit à la réception du présent qui sera enregistré sur le registre et lu publiquement pour servir de base à procès-verbal d'installation qui sera rapporté immédiatement après les termes de la Loi du 19 fructidor de l'An 4.
Pour expédition conforme au registre. 
Signé : Beaudouin, Président

          Le premier acte de la nouvelle administration municipale, sous la forte influence du commissaire exécutif Pierre Joseph Fercoq, fut d'appliquer, début janvier 1798, la fête de la Juste Punition du Dernier Roy des Français :

            "Vu la Loi du 25 nivôse An VI(14 janvier 1798), l’arrêté du Directoire exécutif du 25 nivôse An VI(14 janvier 1798) concernant la célébration de l’anniversaire de la juste punition du dernier Roy des Français et l’avis donné par le ministre de l’Intérieur le 24 nivôse aussi dernier aux administrations de la République.

L’administration ouï le commissaire exécutif et arrête que le 2 pluviôse(21 janvier 1798) présent, correspondant au 21 janvier 1793(V.S)(Vieux Système), il sera célébré au chef-lieu du canton l’anniversaire de la juste punition du dernier Roi des Français et charge le commissaire du Directoire Exécutif de prévenir tous les fonctionnaires publics du canton de se trouver le 2 pluviôse, trois heures de l’après-midi sur la place de Callac avec leurs troupes sous les armes.
Qu’il sera fait un feu de joie qui sera suivi d’une illumination qui durera jusqu’à dix heures du soir.
Enfin que des cornemuses seront demandées et qu’il sera donné à cette fête toute la solennité que puis permettre la localité" ...
 

Toujours sur les ordres du commissaire exécutif, Pierre Joseph Fercoq furent appliquées les  Les Lois du 3 ventôse de l'An III et celle du 22 germinal de l'An IV concernant la sonnerie des cloches, des lois anti-religieuses :

               ""Arrête qu'à la diligence du Commissaire du pouvoir exécutif, il sera fait deffence(sic) à tout sacriste et autres de faire aucun son de cloche d'aucune manière pour inviter le citoyen à l'exercice d'un culte quelconque"...

             La volonté farouche de Pierre Joseph Fercoq de faire respecter aux habitants de Callac les lois républicaines qui n'étaient pas,  loin de là, appliquées à la règle, est ci-dessous décrite dans la séance de l'administration du 14 mai 1798 :

       "Du vingt cinq floréal An VI(14 mai 1798) de la République française.
Séance tenue par les citoyens Le Gars, Président, Guillou, Corgat, Le Dihollen et Le Borgne, agents.
Vu l’arrêté du Directoire Exécutif du 14 germinal dernier(3 avril 1798) qui prescrit des mesures pour les strictes exécutions du calendrier républicain et portant « Art. 111. Les administrations municipales fixeront à des jours déterminés de chaque décade les marchés de leurs arrondissements respectifs sans qu’en aucun cas l’ordre qu’elles auront établi puisse être interverti sous prétexte que les marchés tomberaient à des jours ci-devant fériés ».

L’administration, considérant que le calendrier républicain, le seul reconnu dans la Constitution et les Lois, est une  des institutions les plus propres à faire oublier jusqu’aux dernières traces du Régime Royal, nobiliaire et sacerdotal et qu’il est du devoir des administrations de s’occuper de tous les moyens qui pourraient faire cesser les résistances qu’il éprouve encore de la part des ennemis de la liberté.

   Après avoir ouï le commissaire du Directoire Exécutif, arrête qu’à compter du 13 prairial prochain( 1er juin 1798), les marchés de Callac se tiendront les « tridi » et « octivi » de chaque décade, qu’elle ne reconnaîtra d’autres marchés que ceux ci-dessus et qu’elle invitera les agents des communes voisines à donner connaissance de cet arrêté à leurs concitoyens. "

            Mais comme dans l'application du "décadi "(jour férié révolutionnaire) rendu obligatoire, ces mesures ne furent effectives que temporairement.  Le peuple ne s'y habituant, elles  furent aussitôt supprimées au départ du commissaire, fin 1798.

 



                                                                                          Joseph Lohou (septembre 2006)

  Sources.
AD22- série L -cote 15 L 2.

 

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