Callac-de-Bretagne

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La belle moisson du blé noir Tradition Bretagne



Le sarrasin se récolte en ce début d'automne. Relancée par une poignée d'agriculteurs du Centre-Bretagne, cette culture s'étend sur 3 300 ha et bénéficie d'une IGP (1) depuis 2010

Gwiniz Du

C'est le nom du blé noir en breton. Cultivée à l'origine sur des sols acides et plutôt pauvres, cette plante n'a aucune parenté avec le blé ou l'orge.
« C'est une polygonacée proche de la rhubarbe, rappelle Christine Larsonneur, directrice de l'association « Blé Noir Tradition Bretagne ». La culture de cette plante rustique a été relancée par une poignée d'agriculteurs de la région de Rostrenen (Côtes-d'Armor). Aujourd'hui, ils sont 1 400 à bénéficier de l'agrément pour produire du blé noir avec l'indication géographique protégée. »

Le sarrasin, autre appellation du blé noir, profite de l'engouement pour les galettes et autres biscuits très typés.

700 Euros la tonne

C'est le prix moyen payé aux agriculteurs par les trois entreprises habilitées à collecter du blé noir sous IGP. Si le nombre de producteurs atteint 1 400, ils ne sont en réalité que 400 à en cultiver chaque année car le blé noir rentre dans une rotation triennale. « Il a besoin d'une bonne alternance de soleil et de pluie, mais ne nécessite aucun traitement, souligne Fabrice Sablé, producteur à Guilliers (Morbihan), Il faut en revanche bien réussir son implantation au printemps. Dès le départ, il engage une course contre les mauvaises herbes. » Il en cultive 6 ha depuis cinq ans sur sa ferme de 110 ha. « J'ai noué un partenariat avec un apiculteur car le blé noir est une plante mellifère, indique-t-il. Grâce à l'implantation d'une ruche par hectare, j'augmente les rendements. »
Les Bretons utilisent la variété « Harpe » sélectionnée par l'Inra. « La légère amertume due à l'acidité des sols se retrouve jusque dans la farine, remarque Michel Le Friand, technicien. Neuf meuniers ont le sésame  pour moudre la farine de blé noir « Tradition Bretagne ».

Envahissant datura

Cette plante toxique est sous haute surveillance car elle s'installe parfois en catimini dans les rangs de blé noir. « Si le datura ne peut pas être éradiqué par un arrachage, la culture est détruite, indique Christine Larsonneur, Une quinzaine d'hectares ont été éliminés au cours de cette campagne. » Après récolte, les grains sont de nouveau contrôlés et séchés.

Rude concurrence

Avec 2 100 tonnes produites, la farine de blé noir Tradition Bretagne ne pèse que 20 % du marché hexagonal Triskalia, le reste est alimenté par des farines de Chine,  des Pays baltes, du Canada, d'Espagne, à des coûts moins élevés, mais sans réelle traçabilité.
Hubert Niveleau, jeune chef breton de 26 ans, a choisi, lui, de la farine blé noir Tradition Bretagne pour ses  crumbles, makis et chips. Il les fera bientôt goûter dans la capitale. On trouve aussi du sarrasin dans les whiskys, les bières et les pâtes.
Jean-Paul LOUÉDOC.

(1)    Indication géographique protégée.


Ouest-France 13.10..2017