Callac-de-Bretagne




     La modernisation de la ville sous la Monarchie de Juillet(1830-1848)


          

      Sous la conduite du maire, Charles Desjars, la municipalité avait décrétée que toutes les maisons situées dans la ville devraient, lors de constructions ou d'agrandissements, utiliser les ardoises comme couverture de leurs demeures, en remplacement de chaume ou genêts.

 Cela ne posait aucun problème aux riches propriétaires et commerçants de la Place du Martray, mais les petits artisans et vendeurs de produits du sol, légumes, fruits, viandes et poissons, ne pouvaient s'appliquer cet exigence sans mettre à mal leurs fonds de commerce.

La fronde grondait dans les faubourgs et la municipalité en place prit l'initiative, après bien des débats en son sein, d'adresser à l'autorité sous-préfectorale cette missive jointe :


A Monsieur le sous-préfet[1) de l'arrondissement de Guingamp

A l'honneur d'exposer que le sieur Yves Le Roux, marchand fruitier à Callac, qu'il se trouve sous le coup d'une condamnation de police qui lui enjoint conformément à l'article 3 du règlement de police de rétablir en ardoise, sa misérable chaumière, qu'il avait déjà gerbée , et qu'il se proposait , à la vérité, de recouvrir en genêt acheté avant la publication du règlement mentionné ; cette modeste demeure; sise dans une ruelle, ne donne sur la Place, ni sur rue ; père de famille, dans un état voisin de la misère, il se trouve dans l'impossibilité d'exécuter le jugement porté contre lui. Ce pauvre père de famille, plus que sexagénaire sera-t-il donc chassé du seul asile qui lui reste, dépouillé de tout ce qu'il possède au monde, et de plus, condamné pour peu de temps, sans doute, à souffrir les intempéries des saisons, et ce, par une simple décision de police dont le préambule du règlement porte qu'il n'est fait que pour assurer le repos public et le respect des personnes et des propriétés.

Plein de confiance dans la justice éclairée et la haute sagesse de l'administration supérieure ; il ose espérer, dans une conjoncture si déplorable, qu'elle lui rendra une main puissante et secourable.

A Callac le 18 décembre 1839.

Nous membres du conseil municipal et notables de la commune de Callac, soussignés, certifions que la pétition ci-dessus contient la stricte vérité et sommes d'avis qu'il plaise à Monsieur Le Sous-Préfet, en toute autre autorité compétente d'y avoir égard ; sommes même d'avis qu'il plaise aux dites autorités de rapporter et d'annuler le paragraphe de l'Art. 3 du règlement de police, ainsi conçu,  : Défense est faite de réparer autrement qu’avec des ardoises, les édifices couvert en chaume ou en genêts qui se trouvent dans l'agglomération; le tout sous les peines portées dans l'article 3 du code pénal, paragraphe absurde et même arbitraire.

Signent : Antoine Pignard, François Le Bricon, Joseph Quénech'du, conseiller, Pierre Yves Marie Guiot , percepteur, François Philippe, François Capitaine, conseiller, Jérôme Alexandre Le Reste, Antoine Le Béniguer, Guillaume Pignard, Charles. Desjars, Pierre Le Chéquer, Guillaume Philippe, conseiller, Gilles Le Rudulier, Joseph Lavanant, conseiller municipal, Jérôme Alexandre Le Gars, avocat, François Chêne, Yves Pierre Delafargue, notaire, Quénech'du, conseiller municipal, Yves Débordès, conseiller, Yves Queffrinec, conseiller, Pierre Derrien, conseiller, M. Le Barbier, conseiller, Courtois, Joseph Humbert.





Plan de la ville de Callac -Fac-similé du cadastre de 1832 -Archives Départementales des Côtes d'Armor-




Notes.
[1] BRUNOT, Étienne, sous-préfet de Guingamp(1830-1845)







  

 



 




 


 

 

 


 



 


 


 


 

 


 

Joseph Lohou ( )


            


 

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