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Callac-de-Bretagne |
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Trésor du breton écrit
La tournée des étrennes (Troiad An Eginane): une tradition européenne en Bretagne.
Il était de
tradition que les pauvres et les mendiants aillent chercher leurs
étrennes le jour de l'an. C'était le troiad an eginane, la tournée de
la gui-nannée. Voici un témoignage à Colley en Haute Cornouaille en
1880.
Le chef de bande
qui arrivait devant une maison cossue chantait un compliment : An fi
mati 'zo bras uhel, hag a vez gwelet a-bell. Eginane ! Egi-nane !
'Barzh en ti-man zo 'n ozhac'h mat, hag ur wreg n'hini ta» ervat 1
(Cette maison est grande et haute et on la voit de loin, Eginanné !
Eginanné
Dans cette maison il y a un bon mari et une femme qui le vaut bien !.
Le jeu était de
refuser l'aumone, ce qui déclenchait l'ire des mendiants : Pa 'n eus
mann 'barz an ti-man; Kouiz eo din mont pell ac'hann (Puisqu'il n'y a
rien dans cette maison, mieux vaut m'en aller d'ici). Bien entendu, les
maîtres se ravisaient et la formule de remerciements était celle-ci :
Na pa 'm eus bet eginad, Ret eo ho tru-garekaat (Maintenant que j'ai
reçu les étrennes, je dois vous remercier).
La version du
Barzaz Breb de 1867 donne des remerciements bien plus enthousiastes :
Laoskomp ur youc'ha-denn bre maii, Pa deusornp bet hon eginaii, Pa
deusomp bet un troadad gwenn, ha kerc'h ha sega! c'hoazh ouzhpenn
(Poussons un cri de joie maintenant que nous avons eu nos étrennes, un pied de lard, du seigle et de l'avoine).
« Au gui l'an neuf ! »
Et de terminer
par des voeux poétiques à la maisonnée : C'hwezh ar ye-c'hed gant ho
paotred 1 C'hwezh al lavand gant ho merc'hed ! Bloavezh c'hwiled,
bloavezh glizh, Bloavezh kerc'h ha bloavezh gwinizh I E-barzh ho liorzh
kanab gae, A-benn ma teuyo ar miz mae ! Mae e bleun, even e greu-nenn
Hag e gouere ar wastell wenn ! (Que vos garçons respirent la santé !
Que vos filles sentent la lavande, I'année de scarabées, de rosée,
d'avoine et de froment pour vous I Dans votre courtil du chanvre gai,
lorsque viendra le mois de mai ! En mai, la fleur, en juin le grain et
en juillet la galette blanche I).
Les fêtes de
I'aguilaneuf ont fait l'objet d'une littérature considérable,
certains les faisant remonter à l'époque druidique (Au gui l'an neuf).
De multiples chansons populaires en breton attestent de la vitalité de
cette tradition chez nous mais aussi dans tout l'ouest de l'Europe.
Elle survit festivement en Écosse avec la Hogmanay et caritativement au Québec avec La grande guignolée des médias.
Bernez ROUZ.
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