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LA
CHAPELLE DE SAINT - PIE R R E - de - L'ISLE
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La
chapelle saint-Pierre-de-l'Isle un jour de pardon. |
Cet
édifice rectangulaire a été élevé au début du 16° siècle
(1500 à 1530 environ).
ARCHITECTURE:
La porte latérale est en forme d'anse de panier.
Le clocher-mur est de
construction plus récente
MOBILIER
La
charpente comporte une sablière (*) sculptée d'animaux et
de musiciens. Au dessus de l'autel, la sablière représente
un roi ou un seigneur à la chasse et des hommes sonnant de
la trompe, tous en costume d'époque. La petite histoire
raconte qu'un enfant aurait été trouvé dans le clocheton
de la chapelle au temps de la Révolution. Une poutre de gloire
avec Crucifix est également présente.
A
l'intérieur deux statues anciennes en granit de la Ste Vierge et de
St. Pierre sont présentes avec un fût de croix représentant
St. Pierre portant une clef et son bréviaire dans un sac
pendu à son bras suivant la représentation classique de
St. Yves. La Vierge porte un enfant ayant un
pouce disproportionné, qui symboliserait sa puissance de
persuasion auprès de Dieu.
Sur le placître, un calvaire ancien et important aux personnages
serrés où l'on distingue Crucifixion, Larrons, Descente de Croix et Résurrection.
D'un côté, elle montre le Christ mourant sur la croix, des
anges recueillent son sang dans des calices : à droite et
à gauche le bon et le mauvais larron dont un ange emporte
l'âme du premier et le diable celle du second. L'autre
côté représente le Père éternel couronné d'une tiare
et la Vierge tenant le Christ sur ses genoux.
Au
dessus de la porte d'entrée se
trouve un buste de St. Pierre tenant de la main gauche une clef avec
l'inscription en lettres gothiques:
"S. PETRO ORA PRO ME "
Le pardon de Saint Pierre de l'Isle a lieu tous les
ans le 29 juin.
Sources.
Répertoire des Églises et Chapelles
du Diocèse de St. BRIEUC et TRÉGUIER de René COUFFON.
Archives
Départementales des Côtes d'Armor. -cote 5 bi 445.
(*)
Sablière – 19e siècle. – Longue
poutre horizontale qui supporte d'autres pièces de bois de
la charpente.
J.J.M. LOHOU 6/1986(modification du 7 janvier 2011)
Additif
au premier texte, aimablement communiqué par Jean Paul Rolland
et paru dans le bulletin paroissial de Callac "Mouez an
Argoat" de janvier 2011.
Callac- Chapelle de Saint Pierre de L'Isle
Cette chapelle
construite au 16ème siècle, nouvellement restaurée, abrite entre autres
ouvrages remarquables, des sablières sculptées. Sur ces sablières " une
ménagerie musicienne" qui n'est pas très facile de distinguer dans la
pénombre. De plus, nous ne portons pas nécessairement attention à ce
genres d'oeuvres d'art hautement perchées, car le message qu'elles
véhiculent nous échappent complétement.
En charpente,
une sablière est une poutre qui court sur les murs latéraux au bas des
lambris. Elle porte des scènes insolites, car c'est là que
lescharpentiers décorateurs s'en donnaient à coeur joie pour
représenter les péchés et les vices sous forme animale ou des scènes du
roman de renard entre autres. On la nomme ainsi car on la posait sur un
lit de sable, qui en fuyant permettait à la poutre de prendre sa place
lentement.
Cochon jouant du biniou "kohz".
Dans cette chapelle, lors de sa restauration, ces sablières ont été
mises en place. Elles nécesitent une grande attention pour se figurer
les scènes. Les sculptures ont subies les outrages du temps et des
hommes, cependant elles sont très représentatives du message colporté
par le commanditaire du travail.
Regardons : Une truie (mamelles représentées), jambes en extension,
queue en tire-bouchon (symbolisant le paganisme refoulé, c'est-à-dire
que le christianisme a eu la prépondérance sur l'ancienne
religion ), porte dans son groin le "sutel" (qui permet de gonfler la
poche), appelé aussi porte-vent. Entre ses pattes avant, le chalumeau
(appelé également le levriad) de biniou, c'est la pièce de l'instrument
qui joue le ligne mélodique. La poche de petite dimension se termine
par le bourdon lui-même en deux parties. La deuxième partie est
légèrement evasée à son extrémité.
Nous sommes ici devant une truie qui joue du biniou "kohz" ; instrument
de musique rrement utilisé seul, en face d'elle, un personnge joue de
le bombarde.
L'Église a toujours manifesté une certaine méfiance à l'égard de toute
pratique musicale et tout particulièrement de la musique
populaire. Aussi les instruments sont ils souvent mis entre les mains
des animaux voire des créatures infernales, devenant le moyen de
séduction du diable, et évoquant ainsi la damnation et de la mort.
La prédominance de la représentation du cochon, sans doute par amour du
grotesque car aucun animal n'est plus éloigné de l'idéal religieux.
Ainsi la prochaine fois que vous vous rassemblerez dans cette chapelle,
regardez avec attention ces petites scénettes et essayez de deviner le
essage que l'Église du 16ème siècle voulait y faire passer !!!
Jean-Paul ROLLAND.
Quelques exemples de sablières sculptées remarquables dans l'église de Plourac'h
Ces sablières ont été sculptées pour la plupart au cours de la période
de prospérité et de création artistique qui a vu éclore tant de
chapelles et d'ensembles paroissiaux, de la fin du XV° siècle au milieu
du XVII° siècle. Les artistes, des menuisiers et des charpentiers
locaux, travaillaient au sol sur les poutres taillées dans un quart de
tronc de chêne, avant de les installer sur les hauteurs. Ils
sculptaient, soit en haut-relief, en évidant les formes, technique
utilisée pour les plus anciennes, soit en demi-relief ou en bas-relief,
avec une grande diversité de motifs. Toutes les oeuvres ne sont pas de
qualité égale, mais souvent l'imagination remplace la technique.
Ces
frises de plusieurs mètres constituaient un espace de libre expression.
Dès qu'ils échappaient aux commandes du clergé, les sculpteurs
s'adonnaient à la fantaisie, avec des scènes joyeuses, parfois
grivoises, peuplées de créatures imaginaires et de figures joviales ou
grimaçantes. Les prêtres apercevaient-ils seulement, à la courte lueur
des chandelles, les poitrines dénudées ou les postérieurs rebondis
esposés à quelques mètres au-dessus de leurs têtes?
L'art
des sablières est tout en contraste. A la fois populaire, représentatif
des coutumes locales et savant, ouvert aux influences culturelles de
toute l'Europe. Le sacré côtoie le profane, la malice et le raffinement
se mêlent à la rudesse ou à la naïveté, le premier degré de l'art du
symbole.
Pourtant
ces trésors artistiques ont été longtemps ignorés et méprisés par
ceux-là mêmes qui s'extasaient devant les rétables et les calvaires
bretons. Dans les notices de présentation des chapelles, les sablières
sont à peine mentionnées et rarement décrites.
Obscures,
à la fois parce qu'elles occupent la partie haute et sombre des
sanctuaires et par leurs motifs, qualifiés sommairement de païens, elle
sont parfois très abîmées, ce qui ne falicite pas la lecture des
scènes. Certaines ont disparu. D'autres ont été sauvées par des
passinnés et restaurées.
Une bourgeoise richement vêtue tire "renart"par la queue...
Un chien musicien jouant du biniou "kohz"...
PIETA de CALLAC
A
Callac, je n'ai trouvé qu'une seule Piéta ; peut-être que les autres
m'ont échappé, je compte sur votre sagacité pour m'en révéler d'autres
maintenant, chers lecteurs, maintenant que vous savez bien ce qu'est
une Piéta !
Piéta
du calvaire de la chapelle saint Pierre de l'Isle : calvaire original
en pierre, du 16ème siècle. Il est massif aux personnages serrés, pas
toujours lisible selon la position du soleil, cependant on reconnaîtra
: au nord une crucifixion avec les larrons et au sud : une Piéta et
au-dessus une résurrection.
La
Vierge, assise, la tête penchée sur le corps de son fils ouvre
largement sa cape de deuil pour le protéger. Ses bras semblent issus de
l'épaisseur de l'étoffe de cette cape ; le bras droit soutient la tête
tandis que le gauche retient la jambe gauche du Christ. Le visage de
Marie, dans la dureté du granit, le sculpteur a laissé entrevoir les
yeux embués par le chagrin et la douleur d'une mère qui vient de perdre
son fils. Il a également figé dans la commissure des lèvres
l'expression de parole qu'elle a peut être prononcée : Que cette mort
c'est pour le rachat des hommes!
Le
corps du Christ est longiligne et maladroit dans les proportions de sa
tête, de ses bras et ses mains. Cependant, on peut deviner un léger
affaissement de la partie inférieure à partir du bas du sternum. Le
périzonium est rendu à sa plus simple expression : une étroite bande
sur les reins.
Cette œuvre naïve locale n'est pas un chef d'œuvre comme on l'entend au
niveau muséal. Néanmoins, elle va dans la droite ligne des consignes du
concile de Trente (1545-1563) : il faut instruire les prêtres d'une
part (création des séminaires) mais également le peuple. Il est
nécessaire que les œuvres parlent d'elles-mêmes uniquement du regard,
car les fidèles ne savent pas lire. Quelqu'un a dit, bien plus tard, il
vaut mieux un dessin que mille mots !
Jean Paul Rolland.
"Mouez an Argoat"- Bulletin paroissial mensuel n° 6 du 27 mai 2014.
SOURCES.
-Trésors cachés des sablières de
Bretagne.