Callac-de-Bretagne

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Retable de Notre Dame de la Compassion - Eglise de la Chapelle Neuve. (Suites}

Description des différents tableaux :

•    L'antependium : du latin qui signifie : « qui pend devant» élément décoratif destiné à orner le devant de l'autel. Il a été réalisé par l'atelier Le Merrerl à une date inconnue. Néanmoins on sait que ce retable a été réhabilité à la fin du 19ème siècle. L'antependium est presque copie conforme à celui de l'église de Bulat (retable sud) et qui est signé Le Merrer 1897.



Le panneau central nous évoque la « Dormition de la Vierge ».

A ce point un peu d'histoire. A partir des seuls textes ayant autorité dans les églises, nous ne connaissons ni la date de naissance de la Vierge Marie ni celle de sa mort. A partir du second siècle de notre ère, quelques écrits, dits, apocryphes ou cachés mentionnent un certain nombre d'informations. Il est difficile de dater la mort de Marie. On constate seulement qu'il n'est plus question d'elle après l'événement de Pentecôte, en l'an 30. Selon Luc, dans le livre des Actes des Apôtres, elle est présente parmi les disciples (Actes 1,14).
Deux traditions postérieures se disputent le lieu de son départ :

L'une, la plus ancienne, le situe à Jérusalem, où son magnifique tombeau est encore vénéré. Au moment de son ensevelissement, le Christ apparut accompagné d'anges. Il la ressuscita et les anges la portèrent au paradis. On
l'appelle : l'Assomption.
L'autre serait à Ephèse (Turquie actuelle) près de Jean l'apôtre, auquel elle a été confiée (Jean 19,26). A sa mort, son corps et son âme sont entrés au ciel au même instant. On l'appelle la Dormition. Il est plus usité chez les orthodoxes
Dans l'Assomption, Marie est passive, elle ne monte pas au Ciel de sa propre initiative mais par la grâce de Dieu. L'Assomption fut proclamée dogme catholique en 1950 par le pape Pie XII.
On célébrait déjà la fête de l'Assomption à Antioche au !Verne siècle et en Palestine au Vème siècle.
•    La Dormition de la Vierge : haut-relief finement sculpté est d'un réalisme inouï. Marie assise-couchée ne semble pas avoir encore rendu son dernier soupir. Un drap qui lui servira de linceul recouvre entièrement le lit. Un énorme oreiller lui met le corps à presque 90°. Marie est vêtue d'une robe et porte une voile sur les cheveux.
•    Huit personnages l'assistent :
•    Une femme lui baise la main droite comme pour la remercier de la robe que Marie lui a donnée (rapporté dans un récit apocryphe).
•    Un patriarche bénit le corps, son index et majeur sont levés.
•    A droite, Jean Baptiste reconnaissable, car il porte l'agneau pascal sur sa poitrine, dans sa main droite une hampe de croix ( ?, peut être cassée). Sa chevelure est développée par une raie médiane en longues et larges mèches à l'arrière et derrière les oreilles stylisées. Derrière lui, dans une niche, un pot contenant une fleur de lys : symbole de la pureté de la Vierge.
•    A la tête du lit, un des apôtres, agenouillé, la tête entre les mains, s'abandonne à la prière. Sa robe, aux larges et abondantes plicatures, laisse voir la morphologie d'une de ses jambes.
R    Au pied du lit, un rassemblement de quatre personnes : au premier plan, il semble que ça soit l'autre femme à
qui, Marie lui avait, également, remis une robe. Elle se recouvre le visage de ses mains afin de mieux se concentrer sur sa prière de recommandation à l'âme de sa bienfaitrice.

•    Derrière elle, un autre apôtre, à genoux, tête haute, regarde, yeux dans les yeux, ceux de Marie.
•    Debout deux autres apôtres : le premier a les cheveux recouvert d'un voile, son regarde a l'air vague et semble se focaliser sur le corps de Marie ; le second, tête et regard franchement tournés sur la tête de Marie,
ses mains jointes afin de mieux se concentrer sur sa prière.    

Derrière leur dos, une fenêtre grillagée et une autre niche dans laquelle est disposé un tableau sur lequel on peut reconnaître, au loin, un paysage et au premier plan deux casques posés sur un tombeau ( ?) qui pourrait nous rappeler la mort de Jésus.

n    Au centre de la pièce, une sorte de gloire symbolisée par des rayons qui émanent de boutons de roses2 : « cette gloire » représente l'âme de la Vierge qui s'apprête à rentrer, auprès de son fils Jésus, au Ciel.

Le sculpteur des ateliers Le Merrer s'est appliqué dans la représentation des chevelures et des barbes des personnages ainsi que leur tenue vestimentaire. Ce qui rend ce tableau ciselé dans un bois noble aussi vrai que nature/



A droite Marie Madeleine : elle était au pied de la croix et s'aperçoit de la résurrection du Christ. Elle porte les cheveux longs dénoués évoquant la beauté de la pécheresse avant le repentir. Elle porte le pot d'onguents (ou parfums) dont elle a oint les pieds de Jésus chez Simon et qu'elle avait apporté avec elle au Sépulcre. A ses pieds, une tête de mort devant laquelle elle médita et pria dans la grotte de la sainte Beaune en Provence pendant 30ans.



A gauche Saint Jean : l'évangéliste avec son aigle. Il est le disciple préféré du Christ, il participe aux événements majeurs de la vie de son maître (noces de Cana, la transfiguration sur le mont Thabor, l'Agonie sur le mont des Oliviers, la Cène, du haut de la croix Jésus lui confie la mission de veiller sur sa mère, il accède avec Pierre au tombeau vide). L'aigle symbolise l'esprit supérieur de St Jean auteur de l'Apocalypse et d'un Evangile hautement spirituel. Son visage est imberbe car il était le plus jeune et ici un
rien androgyne.

ROLLAND Jean Paul
Mouez an Argoat. Bulletin paroissial N°2- Février 2015.