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La Grande Rafle de Callac
Le 9 avril 1944,
la ville de Callac est entourée d'une ceinture hermétique de militaires
allemands aidés de gendarmes français et de miliciens. Les maisons sont
perquisitionnées, les hommes âgés de plus de 16 ans sont sommés de se
rendre aux halles dans lesquelles se trouvait la mairie à cette époque.
Deux d'entre
eux, François le Penglaou et Job Auffret se réfugient dans le clocher
de l'église et réussissent à échapper à l'arrestation. Un autre, Joseph
Guillou, moins chanceux, est grièvement blessé d'une rafale de
mitraillette.
Auguste Fercoq
qui commande le groupe de Callac traverse les mailles du filet au
lieu-dit Pont Boscher en passant à 20 m d'un soldat allemand qui ne
réagit pas sous l'effet de la surprise.
Cent dix-sept
personnes sont arrêtées et em-menées à Saint-Brieuc, les autres sont
relâchées. Cinquante-neuf personnes sont maintenues en détention. La
plupart sont résistants.
Quatre
d'entre eux, interrogés par la Gestapo à Saint-Brieuc, subiront pendant
près d'un mois les pires tortures : deux callacois, Marcel BITAILLE et
Eugène CAZOULAT, Auguste DUGAY de Plourac'h et Pierre MENGUY. Ils
seront jugés le 5 mai 1944 et condamnés à mort, et fusillés le 6 mai
1944 au camp de Manoeuvre Les Croix en Ploufragan.
Les autres
prisonniers sont transférés au camp Margueritte de Rennes. Ils quittent
Rennes en train à destination de l'Allemagne, en transitant par le camp
d'internement de Royalieu près de Compiègne dans l'Oise.
Le 1er
juillet 1944, dans la région d'Ancenis près de Nantes, une quinzaine
d'entre eux s'évadent du train et tentent de rejoindre leur région
d'ori¬gine. Mais, parmi ceux-ci, deux callacois sont arrêtés
à Pluméliau dans le Morbihan : Georges LOSCUN et René PHILIPPEAU.
Incarcérés dans les geôles de Pontivy, ils sont fusillés avec sept
autres maquisards le 29 juillet 1944 près de Baud. Les autres évadés
parviennent sans carte à rejoindre le canal de Nantes à Brest et
certains se regroupent peu à peu. Yves Colcanap raconte comment après
tout ce périple, il retrouva son frère Léon par hasard à Bulat. Après
plus d'un mois de marche, pour certains en sabots et dans la crainte
d'être dénoncés, ce sont finalement onze personnes qui regagneront
Callac, épuisés, grâce à I 'aide d'un marinier et de fermiers courageux.
Parmi
ceux qui restent dans le train, seize vont mourir dans les camps de
concentration en Allemagne, et deux, Pierre MORIN et Joseph POULLEN,
vont mourir à leur retour. Ceux qui ont été considérés comme
travailleurs au titre du STO reviendront tous en vie à la Libération.
Cette rafle portera un rude coup à la résistance locale qui pourtant se
réorganisera autour d'Auguste Fercoq.
Cet événement
tragique s'inscrit dans la longue liste des combats du printemps et de
l'été 1944 qui devaient soutenir le débarquement des alliés le 6 juin
1944, en freinant l'avancée vers la Normandie, des renforts allemands
basés en Bretagne.