QUINTRIC Roger
Né le 6 juillet 1920 à
Mellionnec (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor), fusillé le 6 mai 1944 à
Ploufragan (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor) ; inspecteur de police ;
FFI).
Son père Joseph, Marie Quintric, maçon à Mellionnec, épousa Marie
Louise Morvan, couturière. Après le décès de son épouse en 1939, Joseph
Quintric se remaria en 1941. Après avoir fréquenté l'école communale,
Roger Quintric fit ses études secondaires au sein de l'institution
catholique Compostai de Rostrenen (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor).
Pensionnaire, il obtint son baccalauréat. Engagé volontaire dans
l'armée il servit au Maroc à Port Lyautey. Son contrat terminé, il
passa avec succès un concours d'entrée dans la police. Il fut alors
nommé en 1942 inspecteur de police en poste à Morlaix (Finistère). On
ne connaît ni la date de son engagement dans la Résistance, ni les
conditions dans lesquelles il eut un contact avec les réseaux FTP.
Il faisait partie de la Compagnie FTP Guy Moquet lorsqu'il fut arrêté
le 6 janvier 1944 au domicile de ses parents au bourg de Trébrivan
(Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor) par l'inspecteur de la police de sûreté
de Rennes Pierre Le Chenu, lequel fut exécuté le 5 août 1944, le
lendemain de la libération de Saint-Brieuc, et l'adjudant de la
gendarmerie de Callac-de-Bretagne, Prigent, qui les livrèrent aux
Allemands. Il fut martyrisé lors de son arrestation.
Emprisonné à la maison d'arrêt de Guingamp puis dans celle de
Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor). Après avoir été
sauvagement torturé, avec onze autres FTP tous originaires de l'ouest
du département, le 5 mai 1944 il fut condamné à la peine de mort par la
Cour martiale du Tribunal de la Feldkommandantur à Saint-Brieuc "comme
franc-tireur".
Durant la nuit qui précéda leur exécution, les douze FTP, incarcérés à
la maison d'arrêt de Saint-Brieuc, chantèrent La Marseillaise et
L'internationale et d'autres chants repris par d'autres patriotes
également détenus. Durant leur transfert sur le lieu d'exécution des
témoins les entendirent chanter de nouveau. Les autorités allemandes
exécutèrent Roger Quintric avec ses onze camarades Marcel Bitaille,
Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le
Bozec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, Jean Pleiber et
François Prigent le 6 mai 1944 au camp de manœuvre des Croix en
Ploufragan, par groupes de quatre entre 7h10 et 7h31. Dans l'après-midi
vers 17h un groupe de sept FTP arrêtés à Plouaret furent fusillés au
même endroit. Les dix-neuf corps furent enterrés sur place sans
cercueil. Le décès de Roger Quintric fut constaté par un médecin
allemand à 7h31, il avait 24 ans.
Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel
qui, de passage à Quintin (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor), au mois
d'avril 1944, avait ordonné, devant les autorités d'occupation
escomptaient donner à l'événement. Quelques jours après l'exécution, le
12 mai 1944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de
Callac-de-Bretagne avec cette inscription "Aux héros du 6 mai, fusillés
par les boches". Une oriflamme fut aussi accrochée au monument
constatant que la population venait déposer des fleurs à l'endroit de
la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d'autres
manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la
Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc, les mirent dans
des caisses en bois et les transportèrent à l'abri de tout regard dans
la forêt de L'Ermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor).
Après la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d'un
des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Laies FTP, tous les
trois originaires de Louargat (Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor),
entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, après
une enquête assez longue, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié
(Côtes-du-Nord ; Côtes d'Armor) qui avait repéré, dans une clairière à
cinq kilomètres du bourg de L'Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord ; Côtes
d'Armor), des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf
"sépultures". Passant outre à la réglementation préfectorale sur le
transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de
Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes
d'origine. Le CDL, prévenu de la présence des onze autres corps, dont
celui de Roger Quintric, fit le nécessaire pour les rapatrier dans les
localités respectives.
Le nom de Roger Quintric figure sur le monument des dix-neuf fusillés
au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, sur le monument des
fusillés et massacrés de l'Hermitage-Lorge (lieu à proximité duquel
furent découverts les corps) et sur le monument de la Résistance et de
la Déportation, au lieu-dit La Pie en Paule (Côtes-du-Nord ; Côtes
d'Armor).
Il est inhumé au cimetière de Merdrignac, localité où vit sa sœur, Mme
Truca. Son cousin François Quintric fut assassiné à Querrien
(Finistère) le 11 juillet 1944 par les Allemands.
Sources.
Les Cahiers de la Résistance Populaire-Cahier N° 12 de mai 2011.Pages 137 et 138.