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Callac-de-Bretagne |
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Les Nobles de Plusquellec aux Montres de 1427-1428
La noblesse
A
Plusquellec, comme dans la plupart des paroisses de Cornouaille, la
population noble a évolué dans le sens du rétrécissement entre le XV°
et le XVIII° siècle.
En trois siècles
elle passe d’un groupe d’individus relativement conséquent et
modestement fortuné à quelques familles riches, ne résidant plus dans
la paroisse. Au XV° siècle, un noble est encore un personnage
accomplissant pour son suzerain le service des armes. Pour cette
raison, de temps à autre, le pouvoir féodal supérieur (duc de Bretagne,
puis roi de France) fait procéder à des “ réformations personnelles ”
de la noblesse afin de connaître les gens astreints au service des
armes ( ce sont les monstres) et ceux exempts de l’impôt roturier du
fouage (ce sont les Réformations).
La montre ou revue militaire.
Dans
la période de onze siècles pendant lesquels la Bretagne a été gouvernée
par des princes souverains, alternativement en guerre avec la France ou
l'Angleterre, elle n'a pas connu l'usage des armées permanentes. Ses
forces militaires consistaient principalement dans sa chevalerie, à
laquelle se joignaient quelques hommes de pied levés dans les paroisses
; mais, après chaque campagne, tous rentraient dans leurs foyers
jusqu'à une nouvelle convocation ou prochain ban. On appelait monstre,
la revue que passaient des commissaires d'une compagnie composée
exclusivement de nobles possesseurs de fiefs, obligés en vertu de cette
possession au service militaire, nommé aussi service d'ost ou du ban et
arrière-ban.
Voici ce qu'en dit Antoine Furetière en 1690 dans son Dictionnaire Universel :
"C'est un terme
de guerre et se dit de la revue qu'ont fait des troupes pour voir si
elles sont complètes. Il y a des commissaires à faire les monstres. Les
troupes ont fait monstre et reveuë devant le Roy."
François de Sales, évêque et Docteur de l’Eglise (1567-1622) dans son ouvrage
« Défense de la Croix » écrit :
« Le tems estant venu de faire monstre aux soldatzs et de les payer »
Ce terme signifie aussi la solde qu'on paye aux soldats ordinairement dans ces revues.
"Les troupes n'ont point reçeu d'argent depuis trois mois, il leur est deu trois montres."
Ce fut surtout à partir de la création des compagnies d'ordonnance sous
Charles V le Sage (1338-1380) , roi de France (1364-1380), que ce mot
fut usité.
L'ordonnance de
1373 eut principalement pour objet de rendre sincères les rôles des
montres ou listes de soldats, qui portaient le plus souvent des noms
imaginaires. Pendant les montres ou revues, on payait les troupes. On
appelait première et seconde montre le premier et le second payement de
l'année.
Les montres se
faisaient à raison d'une par mois; mais, dans les cas où le trésor
était obéré (criblé de dettes), l'argentier ou payeur du roi déclarait
que le mois avait quarante-cinq jours. Par ce subterfuge, il ne donnait
plus que huit montres par an. Les ordonnances du 26 septembre 1620 et
du 14 février 1633 s'appliquèrent à remédier aux criantes malversations
dont les montres étaient l'occasion. Le règlement du 8 novembre 1637
commença à employer le mot revue au lieu du mot montre .Le public et
les écrivains n'adoptèrent que longtemps après le mot revue.
On raconte
que Henri IV dit Le Grand (1553-1610), combattant pour conquérir son
royaume, demanda un jour à un de ses soldats l'heure qu'il était ;
celui-ci répondit d'un ton fort bourru :
"Je n'en sais rien ; il y a plus de trois mois que je n'ai vu de montre."
Chaque possesseur
de fief, suivant son importance, pouvait avoir à entretenir à ses frais
un ou plusieurs vassaux qui combattaient les uns à cheval, les autres à
pied. Les piétons se recrutaient par l'engagement d'hommes libres, qui
à cause de la solde qu'ils recevaient, furent nommés soudards,
c'est-à-dire soudoyés. Ces soudards reçurent aux cours des siècles
d'autres appellations, comme : cotereaux, de l’italien cultarelli, donc
armés de coutelas ; brabançons en raison de la guerre du Brabant ;
routiers parce qu'ils parcouraient les routes ; brigands, parce qu'ils
faisaient partie d'une brigade et portaient pour armes défensives une
cuirasse légère, qu'on nomma pour la même raison brigandine; Mais
n'oublions pas le sens originel qui vient de l'italien "brigante",
soldat à pieds qui va en troupe organisée.
Sous le roi Charles VII le Victorieux (1403-1461) , roi de France (1422-1461),
les piétons reçurent la dénomination qu'ils portent aujourd'hui : fantassins ou
infanterie (de l'italien fantaccino diminutif de fante, enfant, garçon, valet) et
morte -payes, lorsqu'ils tenaient garnison dans une place.
La Brigandine
Du XIIIème au
demi tiers du XVIème siècle, une défense de corps relativement légère
est particulièrement en faveur chez les gens à pied : la brigandine.
Cette armure de plates est un vêtement défensif de cuir ou d'étoffe
doublé intérieurement de plaquettes ou d'écailles d'acier placées à
recouvrement à la façon de tuiles d'un toit et rivées sur le tissu ;
parfois avec des clous à tête d'or ou d'argent, car les brigandines
sont portées par les plus grands des seigneurs.
La brigandine,
appelé également corselet, ayant l'énorme avantage d'être une défense
souple, relativement légère et facile à porter, car elle épouse
parfaitement les formes du corps. Elle suit étroitement tous les
caprices de la mode.
La Montre de 1427-1428
-Evêché de Cornouaille- Ploësquellec.
Enqueste faiste par Morice de Querlorguen et Henry Le Bigot en l'étude
de commission du 15 juillet mil quatre cens vingt sept et 19 aoûst
lundy.
Nobles
-Le Sieur de Ploesquellec. Geoffroy Toullegorn.
-Messire Henry du Châstel, Sr de Mezle. Marie Moallou
-Guillaume de la Boissière. Jehannete le Bailliff
-Allain de la Boissière. Guillaume du Rest
-Guillaume de la Boissière le Jeune. Catherine Botglazec
-Conan Euzenou. Marie Querlan
-Guillaume Nichol. Yvon Rivoallen
-Jehan Bahulost. Henry de la Garaine
-Geoffroy Rivoallen. Eudes Querneau
Le bastard Querprigent est présent durant le cours de sa vie,
prouvant qu'il a faict la guerre dans le régiment des Nobles du Pays.
En défaut Guillaume le Gueruis(?)......
Métayers
Jehan Duigou, métayer du Sr de Ploesquellec demeurant en son manoir de Quernormant.
Jehan Le Bouill, métayer du Sr de Mezle demeurant en son manoir de la Roche Droniou.
Guillaume Le Turluer, métayer de Guillaume de la Boissière demeurant en son manoir de la Boissière.
Guillaume Quéméner, métayer audit Allain de la Boissière demeurant en son manoir de Lestrédiec.
Allain Rozperz, métayer audit Guillaume de la Boissière Le Jeune demeurant en son manoir de Plou(?).
Allain du Guern, métayer audit Conan Euzenou demeurant en son manoir de Quellennec.
Jehan Le Dot, métayer de Guillaume Nichol demeurant au pourpris de son manoir de Querlochou.
Allain Le Du, métayer audit Jehan Bahulost demeurant en son manoir de Guernaudren.
Hervé Le Briz, métayer de Geoffroy Toullegorn demeurant en son manoir de la Basse Boissière.
Yvon Calvez, métayer de Marie Mouallou de Quermabilou.
Houern Mével, métayer de Jehanne Le Bailliff de Quermabilou.
Jehan Laour, métayer de Catherine Botlazic du Crenvez.
Jehan Gaultier, métayer de Marie Querlan de Querjézéquel.
Guillaume Morvan, métayer de Morice Queronnel de Querleau.
La déguerpie de Jehan Ollivier, métayer d'Aymon Poillac du ......(?)
Morice Ollivier, métayer du Sr des Salles en Launay Soubzaint.
Mahé Le Mepuer(?), Huon Le Garnier, métayers d'Allain Le Breton de Querduroux( ?).
Jehan Le Loign, métayer du sire de St Poul de Quoatleau.
Houern Paen, métayer de la Dame du Raire de Querrugant.
Jehan Le Faust et Henry Le Lulez, métayers d'Yvon de Lannyon de Ruchcougouarz, d'autre.maison.
Jehan Guillou, métayer d'Henry Bahulost à la Boissière Basse.
Jehan Le Pladec et Jehan son fils, métayers d'Henry Queruduon à Respieres.
Guillaume Lalour, métayer du Sire de Poulmic à Goascazre.
Guillaume Poulain, métayer de Guillaume du Vieux Chastel du Cosquer.
La Montre de 1481
Les
Montres Générales des nobles anoblis et tenant de fiefs nobles tenues à
Lannion par Noble et Puissant Jean de Coatmen, vicomte, Rolland de
Rostrenen, seigneur du Pontchastel et Olivier le Moenne, maréchal des
logis du Duc le 4ème et 5ème jour de septembre de l’année 1481.
Yvon de Kerguezangor.
Lieutenant du Procureur de Guingamp.
Les Nobles de Plusquellec de la Chastellenie de K/ahes(Carhaix) en 1481
-Pierre de La Boissière par Charles son frère , archer en brigandine.
-Henry de La Boissière pour luy et Jehanne de Beaucours sa femme, archer en brigandine.
-Bertrand de La Boissière pour Guillaume son père , archer en brigandine.
-Jehan de Quennech Quivily, archer en brigandine.
-Charles Euzenou., archer en brigandine.
-Charles Nichol pour son père, archer en brigandine.
-Ollivier de La Garaine, archer en brigandine.
-Morice de La Garaine, archer en brigandine.
-Morice Guernarpin pour luy et Yvon son père., archer en brigandine.
-Guillaume Corlohezre, archer en brigandine.
-Jehan du Vieuxchâstel Callac pour Ollivier son fils., archer en brigandine.
Nous sommes, dans
ces revues de 1427 et de 1481, en présence des premiers textes
indiquant, deux cents ans avant les registres paroissiaux, les
patronymes en usage dans cette extrémité septentrionale de la
Cornouaille, sous le duc de Bretagne Jean V de Montfort (1399-1442) et
la quasi indépendance de la Bretagne, ainsi que sous le règne de
François II, duc de Bretagne (1458-1488). Dans les nobles, nous
remarquons les Boissière, Vieuxchâstel et Euzenou qui ont marqué de
leur présence les siècles suivants. Par ailleurs dans les noms de
métayers quelques uns ont franchi ce demi millénaire, citons les
Duigou, Le Dot, Le Turluer, Quéméner, Le Bri(s)z, Calvez, Mével,
Lallour(Laour), Guillou et Poulain. Nous pouvons ainsi déterminer les
lieux d’habitation des nobles, de la Roche Droniou, et Resperes au
Cosquer en Calanhel, de Kermabilou, Kernormand, Le Crenvez et Kerleau
en Botmel, de Guernaudren, Lestrédiec et La Boissière en Plusquellec.
Le
seigneur de Ploësquellec en 1427 était vraisemblablement Olivier de
Ploësquellec, fils de Maurice de Ploësquellec et d’Aliette de
Kergorlay. Il vivait avec son épouse Jehanne de Trogoff en son manoir
de Kernormand sur la trêve de Botmel. La lignée des Ploësquellec
s’éteint en 1476 avec Jehanne de Ploësquellec, décédée le 2 mars dans
la seigneurie de Trogoff.
Armes : Chevronné de six pièces d’argent(blanc) et de gueules( rouge vermeil),sceau de 1416.
Alias « Brisé d’un lambel d’azur ».
Devise : Autre ne vueil puis Non alias
Les
Euzenou, vieille famille de Plusquellec, dont Conan Euzenou et sa femme
Marguerite de Kermeno, occupaient le manoir du Quellenec ( Guellec ar
Sall) vers 1420, étaient alliés aux Keraër, Quellennec, Coatgoureden,
Kersaudy, Penguilly …
Une branche des
Euzenou, en la personne d’Alain, capitaine gardes-côtes de Bénodet et
l’Isle Tudy vint s’établir vers 1580 à Bénodet et puis à Combrit
Charles Euzenou
fils aîné et héritier principal de Raoul et de Plézou de Keroignant et
petit fils de Conan et de Marguerite de Kerméno, est présent à la
montre de 1481 et se marie à Plusquellec le 4 août 1450. Il rend un
aveu devant la seigneurie de Coatleau le 4 janvier 1483 de la terre et
de la seigneurie du Quellenec (Guellec ar Sall).
Armes : Ecartelé
au 1er et au dernier d’azur (bleu), au deux et troisième d’argent
(blanc) à la feuille de houx de sinople (vert).
J.Lohou
Bibliographie sommaire.
Archives départementales des Côtes d’Armor -série E
Ancienne Réformation de la Noblesse de Bretagne 1427-1429- Evêché de Cornouaille
Bibliothèque Municipale de St Brieuc, mns N°.32.
(E). Huguet- Dictionnaire de la langue du 16ème siècle.
Comte de Rosmorduc** – La Noblesse de Bretagne- Réformation de 1668-1671.
(F). Godefroy- Dictionnaire de la langue française des IX au XV ème siècle.
(A)Le Masson- Une montre bretonne en l’an 1554- Société d’Emulation des Côtes d’Armor-1920.
Antoine Selosse, "La Brigandine", in Histoire Médiévale, n°25, janvier 2002, page 50-55.
**La Noblesse de Bretagne.
"
La Noblesse de Bretagne devant la Chambre de réformation
Par le Comte de Rosmorduc
C’est
par ordonnance du 20.01.1668 que Louis XIV nomma les commissaires
chargés de la Réformation de la Noblesse pour la province de la
Bretagne. Ce furent les sieurs d’Argouges, premier président au
Parlement de Bretagne ; Le Méheust de Bréquigny, second
président ; Le Febvre de Laubrière, Descartes, de Bréhant, Barrin,
Saliou, Huart, de Poix, de Langle, de Lesrat, de Larlan, Le Fèbre de la
Falluère, Le Jacobin, de Lopriac, de la Bourdonnaye, Denieu, et Raoul
de la Guiborgère, tous ces derniers conseillers au Parlement.
Comme toute les
réformations précédentes (1423, 1440, 1513, 1535), ceel-ci qui
concernait tout le Royaume, avait pour but de découvrir les usurpateurs
de noblesse, autrement dit les personnes qui s ‘étaient indûment
affranchies du paiement des fouages, tailles, subsides et autres
deniers dont la noblesse était exempte en contrepartie de son
obligation du service des armes.
La Chambre de
Réformation ainsi créée siégea de 1688 à 1671. Chaque candidat au
maintien de sa noblesse devait fournir la généalogie qu’il prétendait
défendre ainsi que les documents permettant de la justifier. Ces
documents pouvaient être très divers mais souvent il s’agissait de
partages dans la mesure où ceux-ci avaient été faits en conformité avec
l’Assise du Comte Goeffroi.
En fonction de
l’examen des documents présentés, le Chambre prononçait un jugement
maintenant les demandeurs dans leur qualité de nobles d’extraction ou
d’ancienne extraction suivant l’ancienneté de leur
noblesse(théoriquement) ou au contraire en les déboutant moyennant une
amende qui, en fonction des termes de l’ordonnance, était de 500 livres.
C’est une partie
de ces jugements que le Comte de Rosmorduc a retranscrit dans son
ouvrage, lequel comporte 4 gros volumes et traite un peu plus de 200
familles.
Le relevé alphabétique qui suit est celui des familles, chaque
patronyme étant accompagné du numéro du tome concerné et du ou des
numéros de page…
Joseph Lohou (novembre 2016)
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