Callac-de-Bretagne

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Louis MOREL, sa vie, son œuvre…


 
Louis Augustin MOREL (1887-1935)


Introduction.


Louis Augustin Morel, naît à Châtelaudren, capitale historique du Goélo,  le 14 juillet 1887 dans une famille de riches fermiers ; il est le premier enfant de Louis Augustin Morel et de Jeanne Marie Poulain, mariés à Plélo en 1887. La famille s’agrandit d’une fille, Jeanne en 1890, d’un second fils Yves en 1892, d’une autre fille, Louise en 1894 et du dernier enfant, Félix en 1901.

En 1901, la famille demeure rue Notre-Dame à Châtelaudren, mais Louis, l’aîné,  14 ans,  est absent et probablement pensionnaire dans une institution, le père est déclaré « négociant », une profession proche du marchand de bovins, métier qu’exerceront plus tard ses trois fils, Louis, Yves et Félix.
De 1906 à 1907, à l’âge de 19 ans, Louis l’aîné, exerce son métier de négociant en bovins sur les principaux marchés de la région et rencontre à Callac une superbe jeune fille de 17 ans, Aglaé Le Troadec, fille du principal tanneur-corroyeur de la ville, Louis Le Troadec, d’une famille originaire de Corlay mais installée à Callac dans les années 1860. Le cliché du mariage semble avoir  été réalisé dans une carrière proche des anciennes fortifications de l’ancien château

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Mariage à Callac le 1er septembre 1912.


La Photo du couple en 1912

Sur les costumes des participants à la noce, on peut remarquer sur la gauche que les femmes de Châtelaudren ne  portent point de coiffes, à part la vieille dame debout en noir proche des mariés ; concernant le côté droit, les parents de la mariée sont coiffées à la mode du Pays de Rohan, dont dépendait Corlay dans l’ancien régime. Au 2ème rang, à droite, trois coiffes de la région, sûrement les grandes parentes maternelles Lagattu, du côté de la grand-mère d’Aglaé de Plusquellec

Son service militaire et sa guerre de 14-18.



Louis, faisant partie de la classe « 7 », il doit partir à l’armée pour 32 mois, le service militaire ayant été fixé par le gouvernement à trois ans en l’année 1902. C’est une recrue de belle prestance, il mesure 1m75, brun de cheveux et bien fait, sait parfaitement lire et écrire et est noté « 3 » ; de plus il joue de la trompette ayant fait partie d’une clique ou fanfare de la ville de Châtelaudren.
Il est affecté au 11ème régiment de cavalerie en octobre 1908 et après ses classes, il prend du grade en étant nommé brigadier le 25 septembre 1909 et est mis, à la fin de son service, en disponibilité le 25 septembre 1910.
A Callac de 1911 à 1914, il est rappelé à l’activité le 2 août 1914, la Grande Guerre est déclarée entre la France et l’Allemagne. Sa conduite pendant ces quatre ans sera remarquable dans les différents régiments d’artillerie où il est successivement affecté, le 50ème en 1914, le 59ème  en 15, le 83ème en 16 où il dirige le service auto de ce dernier régiment. En 1918, il est évacué pour grippe sur l’ambulance N° 19, puis à l’hôpital  de Guingamp en janvier 1919 d’où il est mis en disponibilité en avril de la même année. 
Il aura, en reprenant contact avec sa famille callacoise,  bien du chagrin à la perte de son beau-frère, Henri René Troadec, jeune sous-lieutenant au 288ème régiment d’Infanterie, âgé de 22 ans, mort pour la France le 20 octobre 1918 à Catillon-Fumeron (60130), 22 jours avant la signature de l’armistice.


L’entrepreneur.
 
Louis Morel et ses premiers véhicules Panhard et Levasseur vers 1920.
Établi  dans la rue des Roseaux, près de la nouvelle tannerie construite par Louis Le Troadec, son beau-père ; Louis Morel ne tarde pas à s’équiper de matériels modernes que nous voyons ci-dessous. Ce seront vers 1920, les premiers véhicules que la population du canton de Callac découvriront sur les chemins de terre, mal entretenus et relativement difficiles en hiver, à la recherche de bovins et de porcs.


Entreprise Louis Morel

Nous voyons ici Louis Morel au volant de son camion Panhard et Levasseur de 1913, avec à ses côtés, sa fille Annick de 5 ans et son épouse Aglaé.
A gauche, Guillaume Even, son premier acheteur et appuyé sur la torpédo, le mécanicien Pierre Morin, originaire de Lambézélec qui deviendra un peu plus tard garagiste en haut de la rue de la gare (devenue rue des Martyrs).
L’entreprise s’agrandit peu à peu et son jeune frère Félix, 20 ans à l’époque viendra renforcer l’équipe des acheteurs.

L’homme politique.


En 1913, son beau-père, adjoint au maire François Joseph Quéré, docteur-médecin et officier de santé, l’initie à la vie politique de Callac. Cette initiation sera de courte durée, la grande guerre en 1914 le verra partir au mois d’août et son beau-père Louis Marie Troadec décèdera en 1915.  A son retour en 1919, c’est l’époque de la « Chambre Bleue Horizon » et le maire de Callac, François Joseph Quéré décède brusquement  en 1921, il est remplacé le 17 septembre 1921 par son adjoint , Yves Marie Kerhervé, négociant et républicain de gauche « très modéré ». 
 En 1924, Louis Morel rejoint le « Cartel des gauches » et se présente aux élections du 3 mai 1925 contre une liste « d’Unité Antifasciste et de Défense ouvrière et paysanne » conduite par l’instituteur Trémeur Burlot.
Il est en ballotage favorable contre le vétérinaire Louis Mariette par 506 voix et 496 à son adversaire. Le scrutin suivant du 17 mai 1925 le verra nommé maire. En 1929, le 12 mai il sera de nouveau réélut, ainsi qu’en mai 1935.
En plus de la fonction de maire, il sera également conseiller général du canton de Callac de juillet 1925 à juillet 1935, avec une légère interruption en 1926 où le vétérinaire Louis Mariette, gagnant de l’élection de cette année, se désistera en faveur de Louis Morel. 


L’homme social.


De 1925 à 1935, Louis Morel et son conseil municipal avaient pris en main la gestion de la cité, apportant toute son énergie aux bien- être de sa population ; d’abord en réalisation l’adduction d’eau de la ville, puis en  améliorant l’infrastructure du réseau routier sur tout le territoire de la commune qui en avait un besoin urgent.

Dans un  domaine qu’il connaissait bien et de par sa profession, il conseilla avec ténacité les éleveurs de la région pour l’amélioration des races de bovins et de porcins qui en avait grandement besoin.
Dans la cité elle-même, il prit, avec détermination le lancement des travaux de surélévation du bâtiment des halles, resté en l’état après l’incendie de 1917, travaux qui seront inaugurés en 1938 après son décès.



La Mairie et le foyer municipal, inaugurés le 8 mai 1935.

 

La disparition de Louis Morel.


En début du mois de juillet, Louis Morel se senti très fatigué, très pris par son entreprise et ses fonctions municipales et cantonales.  Son docteur Pierre Louis Trégoat luit prescrivit un repos complet, mais il n’en tint pas compte et son état de santé s’aggravât. Conduit en urgence à l’hôpital de Saint-Brieuc, il y décéda le vendredi 5 juillet 1935.

 Les obsèques de Louis Morel.

Les obsèques de M. Louis Morel, maire et conseiller général, dont la mort brutale a jeté la consternation à Callac et dans la région, ont été célébrées lundi dernier, à 11 heures.
M. Morel, l’homme de bien, le cœur généreux qui a soulagé tant d’infortunes, a été enlevé après une courte maladie à l’affection des siens et à celle de la population callacoise tout entière.


La foule innombrable qui le conduisait à sa dernière demeure, montrait l’estime qu’avaient pour lui ses  administrés et ses nombreux amis.


On remarquait dans le cortège les couronnes offertes par la municipalité, les délégués cantonaux, les écoles publiques, le Comité des Fêtes, les sapeurs-pompiers, le Conseil général, l’Union Sportive Callacoise, les ouvriers de Callac, etc., etc. En outre, une trentaine de gerbes de fleurs magnifiques encadraient le convoi.

Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Charles Meunier, sénateur, président du Conseil général ; Corlay, conseiller général, notaire ; Louis Mariette, vétérinaire ; Yves Aurégan, greffier ; Arsène Trégoat, docteur médecin ; Lucas, Mercier, Bizien, Le Gac.
Dans l’interminable cortège on remarquait la présence de MM. Albert De Kerouartz et Le Vézouët, députés ; Péron, Hamon, Sérandour, Huellou, Gilles Trégoat, conseillers généraux ; le Préfet des Côte-du-Nord, le Sous-Préfet de Guingamp, les maires de toutes les communes environnantes ; Guégan, maire de Plésidy ; Manac’h, maire de Belle-Isle-en-Terre ; Brilleaud, maire de Saint Brieuc, etc., etc,

Au cimetière, après l’absoute, prirent successivement la parole au milieu de l’émotion générale, MM. Louis Toupin, adjoint au maire de Callac, au nom de la municipalité ; Charles Meunier, sénateur, Président du Conseil général ; et Béguin, préfet des Côtes-du-Nord, lesquels ont retracé la vie du défunt en des termes les plus élogieux.
En cette pénible circonstance, nous assurons Mme Morel et ses enfants de notre sympathie.



(Extrait du journal de Guingamp du 10 juillet 1935)






Les obsèques de M. Morel, maire et conseiller général, dont la mort brutale est venue jeter la consternation dans

la localité, ont été célébrées au milieu d'une affluence considérable et dans un recueillement fait de poignante
émotion. Cet homme, qui avait su s'attirer d'innombrables sympathies, jouissait ici d'une estime générale.

Sa disparition laisse la commune dans l'accablement. Homme de bien, généreux de ses deniers, prêt à soulager toutes les infortunes, il sera l'objet de longs regrets dans bien des chaumières.

On remarquait dans le cortège les couronnes offertes  par la municipalité, les délégués cantonaux, les écoles publiques, le Comité des Fêtes, les sa peurs-pompiers, le Conseil Général, l'Union Sportive Callacoise, les ouvriers de Callac, etc.. etc.
En outre, une trentaine de gerbes de fleurs ma gnifiques encadraient le convoi.

Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Charles Meunier, sénateur, président du Conseil général ; Corlay,
conseiller général, notaire ; Louis Mariette, vétérinaire ; Yves Aurégan, greffier ; Arsène Trégoat, docteur médecin ; Lucas, Mercier,
Julien Bizien, Jean  Le Gac. De nombreuses personnalités encadraient en outre le corbillard.

Dans interminable cortège nous avons remarqué la présence de MM.Oswen de Kerouartz et Henri Le Vézouet, députés ; Péron, Hamon, Sérandour, Huellou, Gilles Trégoat, conseillers généraux ; le Préfet des Côtes-du-Nord, le Sous-Préfet de Guingamp, les maires de toutes les communes du canton et des communes environnantes ; Guégan, maire de Plésidy ; Guillermic, conseiller municipal de Belle-Isle-en-Terre, les ingénieurs Guénée, Legarçon, Blanex. directeur de la Compagnie Electrique ; Brillaud, maire de Saint-Brieuc, etc.. etc..
 

Au cimetière, après l'absoute, prirent successivement la parole au milieu de l'émotion générale, MM. Louis Toupin, adjoint au maire de Callac, au nom de la municipalité ; Charles Meuner, sénateur, président du Conseil général ; et Séguin, préfet des Côtes-du-Nord, lesquels ont retracé la vie du défunt en des termes les plus élogieux.

A Mme Aglaé Morel, sa veuve éplorée, à ses enfants et à toute sa famille, L'Ouest-Eclair renouvelle l'expression de ses
condoléances.

L'Ouest-Éclair du 10 juillet 1935.



                                                                               Joseph Lohou (novembre 2012)