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Une excursion archéologique dans le canton de Callac en 1895.
Par Georges Fraboulet, ancien juge d’instruction à Saint Brieuc.
« Un digest de l’article par J. Lohou »
Introduction.
25 ans après la fondation de la SEM des Côtes-du-Nord, Monsieur Anatole
de Barthélémy prit l’initiative de reprendre l’étude des
mégalithiques dans le département, recherches qui lui semblait avoir
été sérieusement négligées depuis le milieu du siècle.
Anatole de Barthélémy[1]
Archéologue
En juin 1885, Monsieur le Ministre de l’instruction publique de
l’époque, René Goblet, prescrit l’ordonnancement d’une somme de 500
francs au profit de la Société d’Émulation, qui se met aussitôt en
œuvre en réunissant les sociétaires les plus intéressés par cette
recherche.
En outre, le comité met en place par voie de presse, une enquête de
recherche de tous les monuments mégalithiques du département. L’annonce
parvient à la connaissance du maire de Callac, M° Paul Guiot[2] qui
s’empresse de contacter le comité afin que les recherches soient faîtes
dans le canton de Callac, où les monuments mégalithiques sont
relativement connus et remarquables.
Préparation de la campagne.
Le comité accepte l’offre et M. Paul du Châtellier , expert en la
matière, décide d’effectuer la campagne dans cette région malgré
l’absence de correspondants de la Société d’Émulation.
Paul du Châtellier[3]
Archéologue/
L’équipe de recherche commence par réunir toute la documentation géographique des lieux.
(*Voir liste en fin du document-Annexe -1).
Après étude de cette série d’ouvrages concernant cette région,
désormais plus accessible, grâce au chemin de fer de Guingamp à Carhaix
, le comité se décide alors de s’intéresser en particulier aux tumulus.
Quatre nous sont signalés :
• Au village de la Roche à Calanhel.
• Près de la chapelle de St Corentin à Carnoët.
• Au village de Landugen en Duault.
• Un dernier au village de Run-ar Guen (Convenant Vouden) à St Nicodème.
Pour ne pas être pris au dépourvu, le comité fixe l’ordre de
visite, puis rédige les demandes d’autorisation d’accès aux
différents propriétaires des terrains visités ; ce qui n’est pas une
mince affaire, la propriété étant très divisée en Callac. Les
préparatifs de l’expédition prend ainsi plusieurs semaines ; les
difficultés inhérentes à l’organisation d’une telle chose qui parait
aussi simple au premier abord, est la cause de ces retards.
Puis vient le choix des participants, réunir une douzaine de confrères
devient un problème aussi insoluble que la recherche de la quadrature
du cercle !
Les participants.
Le jeudi 22 août 1895, au matin dans la salle de l’hôtel de Bretagne à
Saint Brieuc, sept personnes se retrouvent, tous animés d’une ardeur
incomparable : M. le Vicomte Charles de Lorgeril, de Plérin-Légué,
notre président ; M. Charles Carmejeanne et M. Alfred Anne-Duportal,
secrétaires ; M. Jules Lemoine, de Lamballe ; M.Guégot de Traoulen,
architecte expert, venu tout exprès du Finistère ; M. Gaston Fraboulet,
ancien juge d’Instruction ; M. Simon de Lorgeril, fils, de
Plérin-Légué, avec un appareil photographique et bombardé
historiographe de cette expédition, en dépit de ses protestations
d’incompétence.
M. Paul du Châtellier nous informe qu’il ne peut nous rejoindre les premiers jours en raison de son état de santé.
Le premier jour. Le tumulus de Roscoat.
Le groupe part de Saint-Brieuc dans la matinée par la Cie des Chemin de
Fer de l’Ouest[4] pour rejoindre d’abord Guingamp, puis prendre la
direction de Carhaix par la nouvelle ligne à voie étroite, pour
atteindre la gare de Callac vers midi.
Premier obstacle et déconvenue, l’équipage attendu n’est pas au
rendez-vous, la voiture hippomobile est chez le charron, les chevaux au
pâturage et le cocher invisible !
Enfin le départ est donné, mais la journée unique qui devait nous
suffire, est bien trop courte, il faut donc y ajouter une autre. Le
convoi se dirige vers la gare de Plourac'h-Carnoët(Lochrist) en suivant
la délicieuse vallée dans laquelle coule la rivière l’Hyère,
improprement dénommée Aven sur notre carte d’état-major. Après avoir
dépassé la gare d’un demi-kilomètre, nous arrivons en face de la ferme
de Roscoat[5] , appartenant à M. Paul Pinczon du Sel des Monts[6] , située
sur la rive gauche de la rivière.
La recherche de ce tumulus occupe quelque temps car il est situé au
milieu d’une prairie, à mi-distance entre la voie ferrée et un fossé
plein d’eau. Il a la forme d’une butte ronde, de trois mètres de
hauteur et de quinze mètres de diamètre à sa base. Nos chercheurs
s’interrogent sur la validité de la découverte, est-ce un tumulus ? Ils
manifestent bien un doute certain en raison de la situation du monument
; au pied d’une colline, dans un terrain bas et marécageux en
hiver. Ils hésitent à entreprendre la fouille et décident de surseoir.
Le tumulus de Landugen.
Le convoi revient à la gare de Carnoët et prend la direction de Duault
à la recherche du tumulus de Landugen[7]. Au village du château (Ar
C’hastel), entre un prieuré et une petite chapelle, s’élève un tumulus
de quatre mètres de haut et de vingt-cinq mètres à la base, il
touche les maisons du village, la plupart fort anciennes.
Là également, après délibération, nos amis décident que ce tumulus
n’est qu’une motte féodale et de plus, point de fouilles immédiates ;
son propriétaire, M. Le Roux, juge à Brest n’avait pas donné
d’autorisation de travaux, charbonnier est maître chez lui !
Au cours des entretiens avec les gens du cru, on les engage à visiter
au nord-ouest de Landugen, à un kilomètre ou à une lieue, un dolmen ou
un tumulus. Les palabres se poursuivent, les naturels du pays ne
parlant que le breton, M. Guégot de Traoulen, sert d’interprète ;
les renseignements donnés étant un peu vague, on décide une nouvelle
fois de surseoir à cette prospection.
Le Château de Rosviliou.
Le convoi traverse le bourg de Duault et se dirige vers le château de
Rosviliou, appartenant à l’amiral Camille Fleuriot de Langle[8] , qui à la
demande d’autorisation adressée par notre président, avait répondu par
une lettre des plus courtoise, que nous citons ci-dessous :
« La Morinais[9] 17 août 1895
Château de la Morinais en Iffendic (35)
Mon cher ami,
Pour en revenir à nos vieilles pierres druidiques, je suis trop
heureux qu'on ait pu se rappeler que quelques terres que nous
avons en Callac portent quelques-unes de ces pierres des vieux âges que
vous voulez visiter.
Vous pourrez peut-être pour cette occasion trouver un gîte, bien
délabré, il est vrai, dans mon vieux castel de Rosviliou, une
demi-maison forte du XIIIème ou XIVème siècle, appartenant aux Fleuriot
depuis le 24 septembre 1624.
Je vais écrire au fermier qu'il vous le mette à votre disposition.
Il m'eut été agréable d'être des vôtres lors de votre excursion des 23,
24 et 26 août et d'être présenté à votre savant ami M. Paul du
Châtellier qui commandera, dites-vous, la manœuvre. A défaut d'autre
emploi, j'eusse pu réclamer celui de guide et d'interprète, ayant
encore à ma " disposition un peu de Bas-breton, qui fut ma première
langue ».
Nous avions jadis beaucoup de terres autour de Rosviliou, je
possède encore celles qui celles qui portent le dolmen de « Toul an
Ours », placées vis-à-vis le château, sur la colline qui domine,
rive droite, le cours de l'Aulne qui y prend sa source, près de
la ferme de Kerangle , édifiée par mon frère le colonel .
Les gens du pays appellent ce dolmen brisé « Toul an Ours », comme je l'ai dit.
Je doute cependant que Martin y ait jamais établi sa tanière; pour moi,
Ours est la corruption du mot Urs qui veut dire ordre en breton, Toul
an Urs que je traduis « trou de l'ordre », c'était peut-être le
lieu où le Druide rendait des oracles, ou donnait ses ordres.
Les menhirs sont dans la forêt de Duault bordant les terres en
amont. Je voyais jadis des fenêtres du château le plus grand de ces
menhirs; « Roudou Laërez, haut de huit mètres, les arbres l'ont depuis
caché aux regards.
Je traduirai « Roudou Laërez « par lieu ou demeure du voleur. Feu mon
père le vice-amiral, lui s'est occupé des monuments mégalithiques
de Bretagne, l'a décrit avec « Toul an Ours » à la Société de
géographie « (séance juin 1876), il le place â mille mètres dans l'axe
du dolmen.
Il a mesuré les angles Nord et Nord-Ouest du menhir dont la
section horizontale affecte la forme d'un hexagone irrégulier avec
cette particularité que l'angle du Nord est renfermé dans deux lignes
qui, prolongées, atteignent à l'horizon les levers et couchers du
soleil, aux solstices d'hiver et d'été.
Les menhirs que j'ai visités en Finistère et Morbihan semblent
accuser cette particularité, les fêtes des solstices étaient les
grandes époques de ces temps antiques.
Amiral de Langle. »
Le dolmen ou allée couverte[13] de Toul-an-Ours(Urs)[14] .
Le samedi 24 août, le groupe se dirige jusqu’au dolmen en partie ruiné
de Toul-an-Ours(Urs), conduit par le métayer[15] de M. Fleuriot de
Langle, situé au village de Kerangle à 500 mètres du château.
Le dolmen, situé sur la partie la plus élevée d’un champ qui
touche la forêt de Duault à 200 mètres environ de la ferme de Kerangle,
se compose d’une grande table de 2m 30 de long reposant sur deux
supports à environ 1m 40 de hauteur. Ces quatre blocs sont en
granit ; en avant d’eux quatre autres supports, dont trois sont encore
en place. L’ensemble est d’une longueur de sept mètres environ, mais
les excavations et les débris de granit semblent indiquer que le
monument se prolongeait pour atteindre une quinzaine de mètres. Les
fouilles effectuées aux deux extrémités permettent de trouver un
fragment de poterie romaine, deux fragments d’os, quelques traces
de charbon et de cendres.
Le menhir de « Roudou-Laërez[16].
Situé à environ 1000m du menhir précédent, en plein milieu de la
forêt dans l’axe NE-SO, sa hauteur est estimée à un minimum de huit
mètres et sa profondeur en terre à d’environ deux mètres. Il doit donc
atteindre une longueur totale de dix mètres. Son cube total serait donc
approximativement de quinze mètres ; sur le pied de deux mille cinq
cent kilogrammes par mètres, poids moyen du granit, il pèserait
trente-sept mille cinq cent kilogrammes (35 tonnes).
M. Paul du Châtellier expose avec une grande clarté la théorie
généralement admise pour l’érection des menhirs : « le bloc et le lieu
une fois choisis, on pratiquait une fosse de la profondeur dont la base devait être
enterrée, sur l’un des bords, à l’aide de la terre rejetée et d’autres
apports, on élevait un plan incliné, puis la tribu attelée tout entière
à des branches, formant une claie immense enveloppant la pierre, le
hissait peu à peu, à force de bras et à l’aide de tronc d’arbres
utilisés comme rouleaux, jusqu’au sommet du plan incliné, de façon que
la base dépassât le vide au moins de sa largeur entière, alors un
suprême effort déterminait sa chute verticale et en même temps son
érection. Le bloc en place, on comblait la fosse ; et pour assurer sa
stabilité on le calait soigneusement avec des pierres serrées les unes
contre les autres ; comme un de ses côtés s’appliquait à la terre non
remuée, le calage n’existe habituellement que sur une face unique ».
Dimanche 25 août 1895. Le groupe se disperse.
L’heure du départ sonne pour quelques-uns, Messieurs de Lorgeril, père
et fils, M. Jules Lemoine, M. Charles Carmejeanne ainsi que M. Guégot
de Traoulen, rappelés par leurs affaires, sont obligés de nous quitter
; reste M. Paul du Châtellier, M. Alfred Anne-Duportal et M. Gaston
Fraboulet. Le groupe rejoint Callac en passant par le bourg de Saint
Servais et son église du 16ème siècle (1508) qu’ils visitent assez
rapidement.
Une singulière peinture[17] murale attire leur attention ; une suite
de scènes tirées, nous dit-on, de la légende de Saint-Servais, certains
épisodes paraissent fort pittoresques : une grave matrone notamment,
aux jupes bouffantes, traverse sur des échasses un brasier flamboyant,
ses jambes ballantes en avant présentent l’aspect le plus étrange.
Serait-ce une étoile chorégraphique du temps jadis expiant par un
tour de broche les grands écarts de sa folle jeunesse ?
Les menhirs de Kercourtois [18].
Le samedi 24 août, remontant vers le nord-est à travers les taillis,
nous rencontrons deux menhirs qu’on nous désigne tous les deux
sous le nom de Kercourtois ; dans leur voisinage se trouvait,
paraît-il, jadis, près du village de Kerpinson, un magnifique dolmen
qu’on a complètement rasé pour en exploiter les matériaux.
Le plus grand de ces menhirs, haut de 4 m, large de 1,20 m. et épais de 0,60 m.
Le plus petit n’a que 2,45 m. de haut, 1,30 m. de large et
0,50 m. d’épaisseur.
Le menhir de la dent de Saint Servais[19] .
Nous redescendons vers le sud vers St Nicodème à travers la forêt et
nous arrivons à la limite de la forêt et de vastes landes, au pied d’un
magnifique menhir désigné dans le pays « Dent de St Servais ».
Sa hauteur est d’environ 7 m, sa largeur 2,10 m. et son épaisseur de
1,60 m. A deux reprises, des vandales ont tentés de jeter à bas ce
géant de la forêt, tout autour à 0,30 m. du sol, on remarque une ligne
profonde de 0,25 m. à 0,30 m. et plus bas des empreintes de coins de
fer. Un carrier que nous employons, pense qu’une tentative de
renversement a été effectuée, mais avortée en raison de son énorme
poids.
Les ouvriers employés par le groupe restreint procèdent à une fouille
jusqu’à atteindre la profondeur de 1, 50 m, mais la journée se termine
et les travaux sont remis au lundi matin.
Le
lundi matin 26 août, la fouille parvient à l’angle sud-ouest et
découvre une petite cellule, (lat. cella), renfermant du charbon,
de la terre brûlée, ainsi que des cendres mêlées d’argile. Ces quelques
échantillons sont conservés pour un futur examen microscopique.
Avant de fermer la cellule, une pièce de monnaie moderne en bronze est
introduite, afin d’indiquer leur passage à ceux qui pourrait
venir après eux.
Pièce de 5 centimes en bronze de 1895.
Le menhir de Méan Sonn Bihan[20].
Situé en dehors des limites de la forêt, sur le versant ouest de
terrains cultivés, à environ 500 m. de la « Dent de St Servais (?) » ;
le menhir de « Méan Son Bihan » d’une hauteur de 4,50 m, d’une largeur
de 2,60 m. et de 1,40 m d’épaisseur. Il est orienté ouest-sud-ouest et
est-nord-est. Sa forme est celle d’une grosse borne jusqu’à 2,90 m du
sol et prend au-dessus la forme d’un mufle de bouledogue.
Les fouilles révèlent, comme dans le menhir précédent, dans la base de
sa face orientale, deux coupelles avec quelques fragments de
charbon et un éclat de silex dans l’une, et dans l’autre quelques
minuscules fragments de poterie.
Le cultivateur auquel le champ appartient, manifeste le désir de
remblayer lui-même, il tient à utiliser les pierres sorties de la
fouille.
Le retour et « La Pierre des Sept Fontaines »
Sur le chemin du retour, en nous écartons un peu de notre route, nous
visitons une roche à cupules dite : « La Pierre des Sept
Fontaines » ou « La Roche des Sept Fontaines », à 500 m. du village de
Kerivoal et à 300 m. de la lisière de la forêt. Simple, posée sur une
autre roche, elle forme un quadrilatère irrégulier de 8,25 m de long et
de 4,50 de large. Elle tire son nom des cupules qui, en raison des
intempéries, en délitant certaines parties plus friable du granit, y
ont creusé un certain nombre de cuvettes de formes variées et de
profondeur comprise entre 0,40 à 0,50 m.
A son grand regret, le groupe n’a plus le temps de se rendre à quelque
distance, visiter un entassement de rochers, désigné par les
géographies sous le nom de "Roche de l’Ermite"[22].
Sur
la route du retour à Callac, au village de Kerbernès, le groupe
vient présenter à M. Vincent Bocher, garde forestier de la forêt
de Duault, l’autorisation gracieusement accordée par M. Paul de
Foucaud,[23] propriétaire de la forêt et l’avertir de l’arrêt de leurs
recherches.
Le garde leur indique qu’au village du Clozou en direction de Saint
Servais, la présence de deux petits menhirs. Ces derniers sont dans un
champ cultivé à huit mètres de distance l’un de l’autre et d’inégale
grandeur : le premier de 3,10 m. de haut et le second de 5 m.
A la recherche des tumulus dans la partie occidentale du canton de Callac.
Le lendemain matin, le groupe se rend à Calanhel où Messieurs Joachim
Gaultier du Mottay et de la Chénelière avaient visité plusieurs années
auparavant un tumulus au village de la Roche-Droniou. Le site est
relativement modifié par des amas de terre, de moellons, et des
tranchées ouvertes. Le propriétaire, M. Philippe Fercocq, qui
avait en premier lieu autorisé les travaux, les fait suspendre parce
que nous ne respectons pas les consignes imposées. Impossible en ce cas
de reconnaître au milieu de tous ces vestiges, l’existence d’un tumulus.
L’équipe se rend au bourg de Plourac’h où elle visite la charmante
église[23] de la fin du XVI ème siècle, entrée et campanile du
XVIIème siècle, porche latéral à voute gothique sous laquelle se
trouvent les douze apôtres. A l’intérieur, statue de l’époque, en
granite de Laber[24] très finement travaillé, groupe représentant la
mise au tombeau. Dans le cimetière, petit calvaire à plusieurs
personnages d’une bonne facture.
La recherche d’un tumulus au village de Bourgerel au sud du bourg se
poursuit, mais là encore le groupe ne trouve qu’une surface plane de
trente mètres environ de diamètre, entourée de douves profondes et d’un
rejet de terre ; on nomme ce lieu « Castel ar Poder », (château du
potier) et dans le pays, il passe pour un camp romain. Le retour à
Callac s’effectue avec un sentiment de frustration concernant les
tumulus.
Le groupe repart l’après-midi en direction de Carnoët et de sa chapelle
de St Corentin, édifice un peu délabré et remarque dans le
cimetière un curieux calvaire ; mais rebrousse chemin car le
tumulus indiqué se trouve en face d’un autre calvaire à 100 mètres et
séparé par un autre champ. C’est bien un tumulus cette fois, il a
environ trente mètres de diamètre à sa base et deux à trois mètres de
haut avant qu’il ne fut déformé par la culture et une fouille opérée,
nous dit-on, par un prêtre de Bégard, il y a une vingtaine
d’années.
Décidément la malchance poursuit le groupe qui rentre à Callac en
passant par la chapelle de St Gildas élevée, suivant Benjamin Jollivet,
en commémoration d’un grand combat entre Richard,[25] roi d’Angleterre et
les seigneurs bretons. Cette chapelle assez curieuse est ornée de
garguilles dont la mère ne permettrait pas la vue à sa fille ; les
sculpteurs bretons du Moyen Age prenaient souvent des licences quelque
peu gauloises !
Près de la chapelle, au sommet d’une colline d’où l’horizon s’étend à
perte de vue, un ouvrage d’un diamètre d’environ 20 m,
baptisé Camp de César, qui semble indiquer un simple poste
d’observation. M. GUIOT,[26] ancien avoué à Guingamp, nous avait autorisés
à fouiller cette butte, mais devant l’ampleur des travaux, nous y
renonçons. De même pour le château de terre de Rospellem, situé à
8 km à l’Ouest, et appartenant au docteur Ollivier QUÉRÉ de Callac,
nous abandonnons cette dernière visite en raison de l’heure avancée.
CONCLUSION.
C'était la dernière station de notre excursion de cinq jours dans
le canton de Callac, nous ne pouvions prolonger notre déplacement, nos
recherches n'avaient en résumé abouti qu'à la découverte d'un dolmen
avec entrée est taillée en demi- cintre et est de deux menhirs avec
sépultures par incinération ; sans doute ces constatations n'étaient
pas sans valeur, mais mieux guidés dans la recherche des mégalithes de
la région que nous avions parcourue dans tous les sens, nous
eussions vraisemblablement pu mieux faire sans y consacrer plus
de temps.
Les difficultés que nous avons éprouvées pour obtenir que ce mince
résultats, nous affermit se de plus en plus dans le projet que nous
avons fait pressentir un au début de cette étude, la publication d’un
nouvel inventaire des monuments mégalithiques du département des Côtes
du Nord. Dont les richesses archéologiques sont loin d’être entièrement
connues, malgré les précieux ouvrages de nos prédécesseurs : Messieurs
Jean Baptiste OGÉE, René de la POIX de FRÉMINVILLE, Benjamin
JOLLIVET, François HABASQUE, Julien Charles GESLIN de BOURGOGNE, Gaston
de la CHENELIERE, Joachim GAULTIER du MOTTAY, RIGAUD. Leur méthode,
excellente sous beaucoup de rapports, a le défaut inhérent à toute
publication en bloc des recherches auxquelles de longues années ont été
consacrées.
C’est pourquoi la Direction de la Société d’Émulation croît devoir
reprendre, sous une nouvelle forme, la tâche si brillante commencée par
ses prédécesseurs, en faisant appel cette fois à toutes les bonnes
volontés. Nous serions également très reconnaissants à la presse
locale, sans distinction de partis, de bien vouloir porter à la
connaissance du public ce dernier chapitre de notre travail.
Le document se termine par une série de recommandations et de règles
destinées aux futurs chercheurs, un travail de longue haleine, qui une
fois terminé, présentera pour le département un intérêt historique des
plus importants.
(Joseph LOHOU)
Notes.
[1] -Barthélémy de, Jean Baptiste Antoine Anatole (°1821 Reims-Ville d’Avray
1904), archéologue et numismate, secrétaire général des Côtes-du-Nord
en 1845.
[2]
-Guiot, Paul Marie Pierre, notaire et maire de Callac de 1886 à
1896-voir «Les Guiot de Callac »-J.Lohou-Cahier du Poher N°14-Juin
2005.
[3] -Châtellier du, Paul (°1833-1911), peintre de marine et archéologue, grand préhistorien du Finistère.
[4] Réseau Breton, chemin de fer à voie étroite de la Cie de L’ouest, Guingamp-Carhaix, ouverture le 24 septembre 1893.
[5] Roscoat, village de Trébrivan près de la ferme de Lochrist.
[6] Pinczon du Sel des Monts, Paul Joseph Marie (°1833-1902 St
Brieuc), Ingénieur et inspecteur divisionnaire des Télégraphes à St
Brieuc.
[7] Chapelle de Saint Jean de Landugen, cette église de saint Tutian
alias "Lantutian" fut donnée par le Duc de Bretagne à l'abbaye de
Quimperlé entre 1081 et 1084.
[8] Fleuriot de Langle, Camille Louis Marie (1821-1914),
vice-amiral, petit-fils de Paul Antoine Fleuriot de Langle, Cdt «
L’Astrolabe » de l’expédition de la Pérouse
[9] Morinais, le château de la Morinais est situé dans la commune
d’Iffendic en Ille-et-Vilaine, propriété de la famille de la Monneraye
au 18ème siècle, il passe dans la famille des Fleuriot de Langle au
19ème siècle.
[10] Aulne (l’), petite erreur de M. Fleuriot ; L’Aulne, fleuve
côtier de 140 km, prend sa source à Lohuec. Le ruisseau indiqué est
celui de Kerangle, affluent de l’Hyère, puis de l’Aulne.
[11] Kerangle, ce village qui ne figurait pas encore sur le cadastre
de Duault en 1832, fut érigé et nommé plus tard sous la gouverne
de Paul Fleuriot de Langle. Bien plus tard, les paysans de la région le
dénommaient « Goarémon », de « Goarem », la garenne.
[12] Fleuriot de Langle, Paul Louis Jules, (°1827 Plouigneau-1885
Duault), colonel de cavalerie, époux de Victorine Blanche
Hortense de Kerouartz, Dame de Rosviliou.
[13] Allée couverte, L'allée couverte est un dolmen démesurément long
dont la chambre sépulcrale a plus ou moins la même largeur que le
couloir. Le tout est recouvert de plusieurs dalles horizontales
(tables) qui reposent sur une série de montants latéraux (ou
orthostats) inclus dans le tumulus ou qui en débordent vers l'intérieur.
[14] Toul-an-Ours, ou mieux Toul-an-Urs, qui signifie le trou de
l’oracle et non le trou de l’ours, ce dernier doit être traduit en
breton par : Arz (-ed), un ours (des ours).
[15] La métairie de Rosviliou, tenue par Pierre Guilloux et son épouse Anne Marie Guinamant.
Menhir de « Roudou-Laerez », de rouden, pluriel roudou, traces,
marques, vestiges ; Laerez, voleur. Également appelé « menhir de
Convenant Picaign » en St Nicodème.
[16] Restauration de la peinture murale de l’église de St Servais par J.P. Rolland(2009)
[17] Menhir de Kercourtois, il semple qu’il y ait dans la
dénomination de ces 2 monuments une légère confusion et que ce couple
de menhirs correspond aux « Jumeaux » situés près du village du Clozou
en St Servais…
Certains auteurs, empruntant à la cosmologie chinoise, les nomment : Yin (lune) et Yang(Soleil).
[18] Dent de Saint Servais, appelé aussi « Menhir de Convenant-Bercot », village tout proche.
[19] Le Menhir de Méan Sonn Bihan, (la petite pierre debout ou plutôt
: petite pierre droite), ou menhir de Convenant Ar Hoat en St
Nicodème.
[20] Cupule, du lat. cupula, diminutif de cupa, cuve, coupelle(Le Littré)
[21] Menhir de Kerivoal, Joachim Gaultier du Mottay en 1880 décrit un
menhir simple, formé d’une grande table reposant sur la pointe d’une
énorme roche de 20 m. de diamètre à la base.
[22] Foucaud de, Paul, propriétaire de la forêt de Duault., maire de Portrieux en 1910.
[23] Plourac’h -Journées découvertes du patrimoine du 12 et 13 juin
1999-Par la SPREV 22 (Sauvegarde Patrimoine Religieux en Vie)-Jean Paul
Rolland.
[24] Granite porphyroïde de l’Aber-Ildut, (29) –Voir « La saga des granites de l’Aber-Ildut par Louis Chauris.
[25] RICHARD 1er, dit Cœur de Lion, roi d’Angleterre, (°1157-1199)
[26] GUIOT, Pierre Édouard, (°1842 Callac-1922 Guingamp),
Annexe-1
[1]La Bretagne des mégalithes, par
Pierre-Roland GIOT- Éditions Ouest-France.
iv Menhirs and Megaliths of Central Britanny, by
Samuel LEWIS –Ed. Nezert Books-2009.
v Inventaire des mégalithes bretons- http://megalithes-breton.fr/22/accueil_22.php
vi Inventaire des découvertes
archéologiques du département des Côtes-Du-Nord par A-L Harmois en 1910.
[1](*) Documents géographiques.
1. Les
antiquités de Bretagne (Côtes-du-Nord), par le chevalier de Fréminville (1837)
2. Le
Dictionnaire historique et géographique de Bretagne, d’Ogée, réédité par
Marteville (1843)
3. L’histoire
et géographie des Côtes-du-Nord, par Jollivet (1859)
4. La
géographie des Côtes-du-Nord, par Gaultier du Mottay (1862)
5. Les
recherches sur les voies romaines, par le même (1869)
6. Le
1er inventaire des Monuments mégalithiques des Côtes-du-Nord, par M.
de la Chénelière, (1880)
7. Le
répertoire archéologique du département des Côtes-du-Nord par Gaultier du
Mottay (1883-1884)
8. Le
2ème inventaire, de M. de la Chénelière, (1884)
9. La
géographie historique des Côtes-du-Nord, par M. Rigaud (1890)
Carte des Monuments Mégalithiques - Duault-Saint Servais
(Dessin S. Lewis)
Joseph Lohou( décembre 2011)