Callac-de-Bretagne

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Une "Manif" avant l'heure !


Un drapeau cravaté de crêpe.

Callac le 3 août 1902.

Il s’est produit hier un fait qu’il n’est pas possible de laisser passer sans protester.
Vers huit heures, le bruit s’est répandu que les sœurs allaient être expulsées dans la journée, la population s’est postée pour surveiller les trains et plusieurs jeunes gens, drapeau cravaté de deuil en tête, ont parcourus la ville aux cris de : « Vivent les sœurs ! Vive la Liberté !

La manifestation passait, les jeunes filles portant le drapeau, quand le fameux docteur Quéré parut, les yeux hors de la tête, et se mit à insulter les jeunes gens de la façon la plus grossière.

Il était escorté des instituteurs et de la clique ordinaire. Il a même été prévenir la gendarmerie !

Des gendarmes, venus sans doute pour le calmer, ont pris quelques noms de quelques-uns.

Et voilà la justice, par le temps qui court.

Du temps des élections, des tas d’ivrognes payés par Quéré pouvait crier impunément A bas Ollivier ! Nous, on nous arrête en plein jour pour crier : vive le Liberté.
A bas Quéré et sa clique !

Vivent les sœurs ! Vivent la Liberté !

Un callacois.

M. Ollivier à Callac.

Saint-Brieuc, 3 août 1902.
M. Ollivier, député, a fait dans la cour de l’école des sœurs la conférence annoncée.
Plus de 1500 personnes entassées dans la cour, ont acclamé la résistance et fait une ovation sans fin à l’éloquent conférencier.

En présence d’un tel succès, la contre-manifestation annoncée n’a pas eut lieu.

Ils auraient été bien reçus , les partisans des « prescripteurs » !

Notes de la rédaction.

 
Cet article est paru dans le Journal "Ouest-Éclair" du  3 août 1902.

Après l'abandon en 1896 de l'école des filles de la rue de l'Allée par les soeurs congrégationniste des Filles de la Charité, celles-ci s'établirent en 1897-1898 en bas de l'ancienne rue de la Fontaine dans une nouvelle école qui prit le nom de Sainte Anne. Comme avec l'école des garçons de St Laurent, la confrontation battait son plein en ce début du siècle entre les écoles privées catholiques et les écoles publiques. La municipalité de Callac était tenue à cette époque par Yves Kerhervé, négociant, avec comme adjoint le Dr François Joseph Quéré, dit "Josons", fils d'Ollivier Quéré(+1886), également docteur et officier de santé, mais surtout connu comme conseiller général du canton de Callac et qui avait battu en 1883 le général de la Jaille, un conservateur avéré. Ce dernier avait épousé en 1858 à Morlaix la  fille de la comtesse de Saint-Prix, Émilie Barbe Guiton, uns callacoise fort connue.

C'est donc dans le texte ci-dessus, le fameux "docteur Quéré, dit Josons" qui avec Albert Le Moal, le nouveau directeur de l'école publique, insultaient les jeunes gens de la façon la plus grossière !   

Quant à M. Ollivier, député qui prit la parole à l'école Ste Anne, il s'agit de Louis Félix OLLIVIER, homme politique né le 2 avril 1853 à Guingamp et décédé à St Connan le 1er octobre 1931 ; docteur en Droit, bâtonnier à St Brieuc, conseiller municipal à St Brieuc et député des Côtes-du-Nord en 1902, inscrit au groupe de l'Action Libérale(Conservateur), intervenant fréquemment dans les questions religieuses.

En 1906, au recensement, l'école Ste Anne, rue de la Fontaine, qui deviendra plus tard rue du Dr Quéré, comportait six soeurs et était dirigée par Mme  Cocaign, originaire de Plouénan(29).

Liste : Mmes Léontine Joncours d'Étables-sur-mer, Anne Le Floch de Plonévez(29), Marie Sergent de Pont-Croix(29), Marie Corentine Le Goff de Ploudergat(29), Marie Françoise Rivoallen de Camlez(22) et Marie Thérèse Mingam de Laneuffret(29).

Joséphine Abgrall, de Duault, était la cuisinière, accompagnée de Valérie Rivoal de Calanhel, faisant fonction de
domestique.

L'école Saint Anne ne devait fermer que 77 ans plus tard en raison du petit nombre de soeurs encore présente en 1979 et de la charge économique que représentait cette organisation.
L'administration municipale qui en devint propriétaire transforma l'établissement principal et l'école maternelle attenante en logements sociaux à loyers modérés.




A droite, l'école maternelle...                                                            A gauche, l'établissement pricipal...


Notes.
Ces deux clichés sont extraits de mon ouvrage "Callac de Bretagne et son canton", Centre Généalogique  et Historique du Poher.Éditions Sutton, 37550-Saint Avertin. Page 56.


Joseph Lohou (décembre 2014 )