Callac-de-Bretagne

Page Retour 



                

Le Livre d'Or

 


Fac similé de la lettre du Ministère des Pensions 
adressée au maire de Callac le 30 août 1930

 

Le "Livre inachevé"

Quels sont les poilus tombés pour la France dans les Hauts-de-Seine ?

 

Le livre d'or des morts tombés pour la France, nul n'en a jamais entendu parler. C'est un peu normal, puisqu'il n'existe pas. Projet contemporain de la Grande Guerre, ce "monument littéraire" n'a pas survécu aux années 30.
Il reste, au Centre des archives contemporaines de Fontainebleau, des milliers de cahiers, un pour chaque commune, où sont inscrits depuis les Années folles les noms des soldats tombés au champ d'honneur*. Hauts- de- Seine.net a enquêté.

 

 

Un monument littéraire de 120 volumes

Dès le début de la guerre, en 1915, sur une initiative de Louis Martin, sénateur du Var, la Chambre des députés décida, avec le concours des communes, de réunir tous les noms des soldats morts pour la France. En étaient exclus les soldats accidentés, morts de maladies ou suicidés.

Une fois ces registres bouclés, inscription faite de chaque nom, prénom, date et lieu de naissance, grade, jour et lieu de la mort relatifs à chaque soldat tombé, le livre d'or devait rallier son ultime destination, le Panthéon.
Estimé à environ 120 volumes, le "monument littéraire" rejoindrait Victor Hugo.

 

 

Une rédaction laborieuse

Mais pour honorer la mémoire de ces combattants, la Chambre ne voulait pas de ces cahiers humbles, tapés ou rédigés par un secrétaire de mairie appliqué, tout en pleins et déliés. De beaux volumes luxueusement reliés, ornés de calligraphies, des trouvailles artistiques feraient de ces pages crève coeur un joli catafalque.
À cet effet, une loi fut votée par la Chambre, le 25 octobre 1919, des crédits alloués pour la rédaction dudit livre d'or. Les communes sollicitées répondirent aux questionnaires et la collecte des informations dura jusque dans les années trente.

Rédaction laborieuse, car certains corps ne furent pas retrouvés, d'autres portés disparus et des soldats furent inscrits sur plusieurs communes. Les cahiers portent donc ratures et rectificatifs comme autant de cicatrices sur les corps des soldats mutilés. Les radiations laconiques, pour cause de mort à la suite de maladies, parfois atroces comme le tétanos qui prospérait dans la boue, ou d'accidents horribles, exclurent également les blessés préférant le suicide au lent coup de grâce donné par les rats dans un trou d'obus.

 

 

Des morts oubliés à la veille de la seconde guerre

Combien sont devenus, de ce fait qui n'était pas d'armes, SPF : sans Panthéon fixe !
Quant à ceux qui obtinrent le triste agrément de voir leurs noms inscrits sur le livre d'or, ils ne purent jouir de cet honneur posthume.
Un concours fut organisé par le ministère des Pensions pour choisir un artiste digne de réaliser l'ouvrage, lequel conçut un projet, égaré en 1936 par les Beaux-Arts. Le Parlement ne donna plus de crédits.
On avait oublié le livre d'or à la veille de la seconde guerre mondiale, à la fin de laquelle un nouveau député, Louis Marin, demanda la réalisation du livre d'or des combattants de 39-45, croyant que celui de la première guerre mondiale reposait en paix au Panthéon.

Mais pour ceux qui veulent savoir combien de jeunes hommes ont payé le prix et l'impôt du sang, ville par ville, village par village, les vieux cahiers jaunes, humbles et dépenaillés sont toujours là, au Centre d'archives contemporaines de Fontainebleau.

 

Sources

Pour tout savoir sur l'histoire du livre d'or des soldats tombés au champ d'honneur :

 

la Revue historique de l'armée, n° 2, 1973.Alain PAUL.(http://rha.revues.org/)

 


 

© Tous Droits Réservés (Joseph Lohou)