Callac-de-Bretagne

Page Retour



MADAME DE SAINT-PRIX

Madame de Saint-Prix, Emilie-Barbe-Marie Guitton de son nom de jeune fille, est née le 7 avril 1789 à Callac en Botmel. Elle est la fille de Pierre-Jean Guitton, avocat au Parlement de Bretagne et juge de paix et de Barbe-Françoise Le Denmat du Restguen. La bonne épuration de sa famille (ainsi que sa bonne connaissance de la langue bretonne) dans la région de Callac lui vaudra par la suite une bonne introduction auprès de ses informateurs, qu'elle entreprendra son travail de collectage. De plus, un de ses oncles, M. Le Graët de Kerouvriou, qui fut député de la circonscription de Morlaix, avait pour habitude d'offrir chaque année 10 000 francs à sa nièce afin qu'elle vienne en aide aux plus nécessiteux.

Elle se mariera avec Charles-Jean-André Tixier Damas, comte de Saint-Prix, le 17 septembre 1816 à Callac. Celui-ci, né le 6 décembre 1775 à Brest, fut officier de la marine royale et maire de Ploujean. Il décédera le 27 août 1849 au manoir de Port-Marterre, en Paramé, près de Saint-Malo. Il sera inhumé au cimetière de Ploujean, auprès de son épouse qui, elle, décédera le 27 avril 1869 à Morlaix, à l'âge de 80 ans.

Cinq enfants naîtront de ce mariage :
·Charles, né le jeudi 4 septembre 1817 à Tréguier. Décédé le mardi 20 novembre 1894 à Ploujean, à l'âge de 77 ans.
·Philippe, né le mardi 11 mai 1819 à Tréguier, il décédera en 1894 à Morlaix à l'âge de 74 ans. Il se mariera avec Adèle-Marie-Caroline Petit, à Morlaix, le 26 juillet 1843, et demeura pendant longtemps maire de Sainte-Sève.
·Marie-Emilie, née en 1821 à Morlaix, elle décédera en 1851 à Morlaix à l'âge de 30 ans.
·Jean, né en 1825 à Morlaix et décédé à l'âge de 59 ans, en 1884, également à Morlaix.
·Emilie-Barbe, née le mercredi 21 janvier 1829 à Morlaix, elle se mariera avec François-Charles-Louis-Marie de La Jaille le 25 janvier 1858 à Ploujean. Elle décédera à l'âge de 76 ans, le 27 janvier 1905 à Morlaix.

La famille de Saint-Prix partagera son temps essentiellement entre son manoir de Traonfeuntenniou, en Ploujean, et celui de Kerbournet, en Saint-Servais, où, nous dit Anatole Le Braz dans le Fureteur breton de 1912, «Mme de Saint-Prix ... résidait dans la saison estivale et à l'époque Ils étaient également propriétaires d'une maison de ville à Morlaix. Celle-ci, surnommée ( l'Hôtel de Saint-Prix » était située sur l'actuelle place Emile Souvestre (elle fut détruite en 1885). M. de Miollis, dans ses ( Mémoires inédites », nous dit que «cette maison était l'auberge de la Bretagne. Le premier venu y trouvait son couvert mis. C'était un terrain neutre où se coudoyaient légitimistes, républicains et orléanistes. Là, un général en habit brodé avait pour voisin un cultivateur en habit de bure. Si M. de Saint-Prix venait d'ancienne maison, madame était née dans une grande ferme, à la campagne. Sa beauté (...) avait fait affluer les amoureux, et lorsqu'elle eut fait son choix, elle ne renia pas, comme on le voit, son origine plébéienne », Ils menèrent une vie financièrement aisée, du moins peut-on le supposer. Charles de Saint-Prix, fils figure d’ailleurs en tête des personnages les plus imposées de Callac en 1857, 1867, ainsi que le gendre de Mme de Saint-Prix, François de La Jaille, pour l'année 1874.(Une référence à mon site sur Callac, mais sans adresse, ni URL !)
Mme de Saint-Prix fut l'une des rares femmes à s'intéresser au collectage des traditions populaires en ce début du 19ème  siècle, et peut-être est-ce son statut de femme qui la fit renoncer à l'édition de son travail. Hormis Mme de Saint-Prix, on ne peut guère citer que le nom d'Ursule Feydeau de Yauglen, la mère de La Villemarqué, qui transmit à son fils sa passion pour les chants populaires.

Mme de Saint-Prix fut si discrète qu'elle refusa même que son nom fût cité dans les deux premières éditions du Barzaz-Breiz: «Nous avons été mis sur la trace de ce chant et du morceau précédent (Merlin-Diwinour) par une dame des environs de Morlaix, qui a bien voulu nous en communiquer des fragments chantés au pays de Tréguier. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de remercier notre aimable et modeste guide, en même temps désolés qu'elle nous ait privés de la satisfaction d'amour-propre que nous aurions eue à la nommer ici. »

Le temps du collectage

La partie la plus importante du travail de Mme de Saint-Prix est actuellement conservée à l'abbaye de Landévennec après avoir été en la possession de Mme de Lesguern, du manoir de Lesquivit, en Dirinon, puis des demoiselles de Boisanger, les petites-filles de La Villemarqué, du manoir de Kerdaoulas, en Saint-Urbain. Cette partie de sa collection est constituée de deux manuscrits (Ms.1 & Ms.2), en fait quatre cahiers réunis deux à deux.

Article du Kaier Ar POHER n°28-mars 2010. Auteur : Yvon LE ROL.