Callac-de-Bretagne

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                                           Les LOUBIERE,
             
                                                   poêliers et chaudronniers de Callac


Historique  de l’émigration auvergnate[1]

«  L'immigration auvergnate en Bretagne, un phénomène inattendu (on est habitué à penser notre pays comme exportateur et non importateur de bras), encore largement méconnus

La montagne nourrit mal ses familles, surtout en hiver. Que faire dans ces vallées reculées de la région d'Aurillac alors que la mauvaise saison s'installe, que la nature s'ankylose, que le chômage menace du fait du trop plein d'hommes ? Une seule alternative à l'inactivité forcée : descendre dans le "bas pays", proposer sa force de travail et son savoir-faire aux gens des plaines.

Une migration d'abord saisonnière

Alors, en septembre, en masse, les gars du Cantal quittent leur famille, leur village au joli nom qui fleure bon l'Occitanie. Ils partent en groupe, cheminent à pied, escortés d'un vieux cheval de bât chargé de paniers d'osier.
Au nord d'Aurillac, les gars de la vallée de l'Authre -- avec ses villages de Marmanhac[2], Jussac,  ont pris l'habitude, depuis au moins le règne de Louis XIV, de gagner la Bretagne. Ils y sont rejoints vers 1750 par des colporteurs des monts du Cézallier, situés au nord du Cantal.
Pour des campagnes d'un an et demi en moyenne, à l'issue desquelles ils retrouvent leur pays natal pour cinq ou six mois, ils sont marchands ambulants, fréquentent les foires et marchés, font du porte à porte, de hameau en village, exposent leurs marchandises aux pardons et fêtes.

Les pittoresques chaudronniers ambulants

Ils ne passent pas inaperçus les Auvergnats, surtout les chaudronniers, personnages pittoresques, un tantinet inquiétants. Les Bretons sont fascinés par leur déballage de bassines ou de marmites cliquetantes ou résonnantes, les feux de bûches qu'ils allument sur la place des villages pour rendre fluides le métaux à reprendre, la fumée colorée et le chuintement qui accompagne les soudures.
D'une année sur l'autre, on attend le retour de l'Auvergnat, car il rend bien des services. Il commercialise et entretient le petit matériel de cuisine, de lessive ou de "confort" ménager : pots, pintes, cruches, tasses, assiettes, chaudrons, bassins, fontaines, chandeliers. Mais il reprend aussi le métal usagé et le recycle. Il est un partenaire apprécié de la vie économique des campagnes. D'autant que comme tout chemineau, il n'a pas son pareil pour colporter les nouvelles, raconter des histoires, sortir sa clientèle de son quotidien et de sa routine.
Moins nombreux, mais plus prestigieux, véritable aristocratie des Auvergnats forains, les marchands de drap et de couvertures s'approvisionnent aux grandes foires normandes de Caen et Guibray, actuelle banlieue de Falaise. A l'occasion, ils diversifient leurs marchandises et proposent aux recteurs des villes et des campagnes des effets d'église, croix, chandeliers, tabernacles, bénitiers, mouchettes, lampes...

Les colporteurs se sédentarisent

Les Auvergnats descendent dans les auberges, toujours les mêmes, à défaut dans les granges, ou chez l'habitant, parfois un "pays" déjà installé, nouent avec leur clientèle des relations de confiance, font, à la longue, partie du paysage. On attend leur retour, on apprécie leurs nouveautés.
A force, les jeunes gens finissent par faire la connaissance de Bretonnes, des alliances se nouent, et de marchands forains, nombre d'Auvergnats se muent en commerçants sédentaires. Ils s'établissent dans le pays de leur épouse, ouvrent boutique sur la place des bourgs ou dans les rues commerçantes des villes.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ces jeunes gens ne souffrent pas d'une mauvaise image auprès des Bretons. Ils sont travailleurs, durs à la peine, familiers des circuits d'échange, rompus aux techniques de circulation monétaire. En outre, ils parlent français, un atout considérable dans le pays bretonnant, et sont au cour d'un impressionnant réseau de solidarité qui tisse sa toile dans l'ensemble de la province. Les Auvergnats se tiennent les coudes. Bref, des partis tout à fait acceptables pour le monde de l'échoppe et de la boutique ; et même des partis recherchés, comme en témoignent les nombreuses familles bourgeoises qui prennent un Cantalien pour gendre.

 Toute la Bretagne touchée

Impossible au stade actuel des recherches de chiffrer avec précision l'ampleur du phénomène de migration de l'Auvergne vers la Bretagne. Mais il a touché l'ensemble de la province. Au début du XIXe siècle, il n'existait quasiment pas de ville ou de bourg bretons qui n'avait pas au moins un Auvergnat sédentarisé à demeure.

Ces non-bretonnnants d'origine - par leur épouse, ils sont vite devenus bilingues-, implantés massivement dans les villes comme commerçants, ont contribué au grossissement de la minorité "giz-ker" de nos cités, de vêture et de culture davantage françaises que bretonnes… »


  

Les LOUBIERE arrivent à Callac vers les années 1750, mais il est évident qu'ils fréquentaient les foires et marchés depuis plusieurs décennies. Nous les trouvons à Prat, à Étables, à Saint-Laurent et au Minihy-Tréguier. Le couple qui fait souche à Callac est Jacques et Françoise GUIDARD ou GUITARD et ses deux fils Pierre et Antoine. Au décès de son épouse Françoise, sûrement à Marmanhac au cours d'un retour au pays, il se marie avec une callacoise en 1776, Jeanne LALLOUR, fille de Charles et Marie HEMERY et dont il aura une fille, Barbe Jeanne, qui elle, épousera en 1801 Christophe François LE BOUÉDEC.
Jacques est déclaré marchand lors de la formation de la première municipalité de Callac le 28 février 1790.
Antoine, le fils aîné de Jacques, marchand poêlier à Callac, épouse en  1783 Marie Louise LE GALL, dont il aura six enfants, trois garçons et trois filles, mais ce couple et leurs enfants quitteront vraisemblablement Callac et sa région vers les années 1800.
Le fils cadet de Jacques, Pierre, fait souche à Callac en épousant le 16 février 1795, Anne CORGAT, la fille du marchand aubergiste de Callac, René CORGAT . Mais il décède un an plus tard en janvier 1796, six mois avant la naissance de sa fille Marie Anne qui elle en épousant Pierre Yves LOSTEC, fera souche à Callac.
Antoine, qui porte le même prénom que son frère, quitte Callac pour Landivisiau en 1791 pour épouser Marie Perinne BAGOT.

Malgré toutes nos recherches, les LOUBIERE n'ont pas laissé de descendance mâle dans la région de Callac ; mais ce patronyme existe encore de nos jours dans les trois départements bretons suivants : Côtes d'Armor, Ille-et-Vilaine et Morbihan.

 


 Descendance de LOUBIERE Bertrand

 
Nom et prénoms, Date et lieu de mariage         Date et lieu de naissance          Date et lieu de décès   
LOUBIERE Bertrand       ° ../../1700 Marmanhac (15)     
x MAURIL Marguerite     ° ../../1700 Marmanhac (15)     
|___LOUBIERE Jacques ° ../../1730 Marmanhac (15)     
|___x GUIDARD Françoise         ° ../../1730 Marmanhac (15)     
|___|___LOUBIERE Antoine       ° ../../1760 Marmanhac (15)     
|___|___LOUBIERE Pierre          ° ../../1767 Marmanhac (15)      + 27/01/1796 Botmel-Callac (22)
|___|___LOUBIERE Antoine       ° ../../1770 Marmanhac (15)  
|___|___   x 28/08/1791 Landivisiau (29)
|___|___x BAGOT Marie Perrine            
|___   x 01/01/1776 Botmel-Callac (22)
|___x LALLOUR Jeanne ° ../../1750 Botmel-Callac (22)  
|___|___LOUBIERE Barbe Jeanne          ° 31/12/1776 Botmel-Callac (22)          
|___|___   x 16/11/1801 Callac (22)
|___|___x BOUEDEC Christophe François         ° 03/06/1768 Callac (22)         
|___|___LOUBIERE Pierre          ° ../../1779 Botmel-Callac (22)   + ../../1781 Botmel-Callac (22)


Descendance de LOUBIERE Antoine

  
LOUBIERE Antoine        ° ../../1760 Marmanhac (15)     
x GALL(LE) Marie Louise           ° 08/09/1761 Botmel-Callac (22) 
    x 13/10/1783 Callac(22)         

|___LOUBIERE Marie Louise      ° ../../1784 Botmel-Callac (22)  
|___LOUBIERE Jacques Marie   ° ../../1786 Botmel-Callac (22)  
|___LOUBIERE Marie Jeanne     ° ../../1789 Botmel-Callac (22)   + ../../1790 
|___LOUBIERE Marie Charlotte  ° ../../1791         
|___LOUBIERE Pierre Marie       ° ../../1794 Botmel-Callac (22)  
|___LOUBIERE Yves Marie         ° ../../1796 Botmel-Callac (22)   + ../../1798 Botmel-Callac (22)


Descendance de LOUBIERE Pierre

 
LOUBIERE Pierre           ° ../../1767 Marmanhac (15)      + 27/01/1796 Botmel-Callac (22)
   x 16/02/1795 Botmel-Callac (22)
x CORGAT Anne            ° ../../1777 Botmel-Callac (22)  
|___LOUBIERE Marie Anne        ° 31/07/1796 Botmel-Callac (22)          
|___   x 19/01/1819 Callac (22)
|___x LOSTEC Pierre Yves 


                   


                                                                                              Joseph Lohou(mars 2006-février 2017)

 



[1] Article du « Télégramme » par Serge Duigou
     http://www.souquieres.org/histoire/emigration.html#bretagne

[2] Marmanhac(15250) , histoire d'une commune de la Haute -Auvergne par Joseph Patisson, Ed USHA 1929, consultable à la BPI Beaubourg.

 

           

 

 

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