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La
Guerre de la Ligue par Alain Lucas, curé de la paroisse de
Lanvellec.

Henri III, (°1551-règne en 1574-+1589
« Quicomque
veult scavoir et entendre l’origine et commancement de
ceste
guerre civile dernierement passée en France, fault
premierement
entendre
que le roy Henry troisiesme de ce nom roy de France et
de
Pouloigne(Pologne) fist tuer et massacrer en son palais le
cardinal de
Guyse
et son frere le duc de Guyse a cause que l’on disoict
qu’ilz
aspiroient au royaume et qu’ilz vouloient que le roy
se
fust randu moyne d’autant qu’il n’avoit enffantz de
son
espouxe la royne. De faczon qu’il s’esmeust et suscita
(dit-)
on,
une grande mutinerie et motion a Parys et en tout le
royaume :
Tellement que ceux de Loraine et autres parantz desd(its) de
Guyse
se mirent incontinant soubz les armes assistez de plusieurs
grandz
personages
de France. Ce que fist aussy le roy de l’autre costé.
Peu
appres un Jacobin nommé frere Jacques Clement
tua le roy d’un
coup
de cousteau a Sainct Clou pres Parys y estant avec son armée.

Le
moine Jacques Clément tue le roi Henri III
Le
roy mort : Henry de Bourbon roy de Navarre qui estoit
pour
lors de la religion debvoit succeder a la couronne de France
estant
le plus proche parant d’icelle. Les Parisiens et nombre
d’autres
catholicques grandz zelateurs du Christianisme ne voulurent
permetre
que led(it) Henry de Bourbon eust succedé a lad(ite)
couronne le
jugeantz
incapable d’icelle obstant sa religion, et que jamais
depuis
Clovis
premier roy chrestien de France, la couronne n’a esté
regie
ny
gouvernée que par princes catholicques et roys tres
chrestiens.
La
dispute estant ainsin agitée de part et d’autre voila une
guerre
qui commance en l’an 1588. La quelle dura jucq a l’an
1598 que
la
paix generalle fust publiée apres que led(it) Henry de
Bourbon
se
fist declarer catholicque qui a regy du depuix
pacificquement
son
royaume de France. Il ne fault doubter qu’il n’y eust
beaucoup
de meslée durant lad(ite) guerre car souvent et en
plusieurs
lieux
le pere faisoit la guerre au filz (et au contraire) l’un
frere
contre l’autre, l’une ville contre l’autre, une paroe(sse)
contre
la
prochaine et ce d’autant qu’il y avoict des uns qui
tenoient
le
party du roy, les autres au contraire tenoient le parti
de
la Saincte Unyon et du duc de Mercure(Mercoeur) gouverne(ur)
pour lors
Bretaigne.
Les villes de Lantreguier et Lannyon et le chat(eau) de
Toncquedec
se tenoient du costé du roy, Guingamp et Morlaix
estoient
pour Mercure mais en fin la ville de Guingamp
fust
prinse par composition avecq le prince de Dombes filz
du
duc de Montpansier au mois de juin en l’an 1591 appres
plusieurs
et terribles canonades qu’elle endura au paravant sa
randition.
Et pour obvier au ravage et pillerie de lad(ite)
ville
de Guingamp les bourgeoix et autres habitantz et
reffugiez
d’icelle paierent pour leur ranczon quarante mil
escuz
scavoir les bourgeoix vingt et cincq mil escuz et
les
refugiez quinze mil escuz chacun escu valant 60 Ss tourn(ois),
pour lors
faisans
et montantz ensemble a ce compte a la somme de six vigntz
mille
livres
tournois. Apres le prinse dud(it) Guingamp, le sieur de
Kergoumar
en eust le gouvernement d’icelle qui la tinst du depuix
et
deslors pour le roy.
Nous
ne debvons trouver estrange si ces mesnées ont esté
faictes
en
mesme temps veu qu’il est dict « surget gens in
gentem et regnum
adversus
regnum
etc. » car
puix que ainsin a esté dict par Jesus
Christ
il fault necessairement qu’il adviennent de mesme « nam
unus
apex
aut unum iota non preteribit a lege donec omnia fiant »).
scripta
sunt haec per me Alanum Lucas presbyterum de Lanvelec, cuius
anima
requiescat in pace Amen. Pater noster Ave Maria.
Lectori
Tu Dominum
obsecres pro Luca candide lector,
et De
profundis exeat ore tuo.
«
Sources.
Texte
d’Alain LUCAS, recteur de Lanvellec aimablement transcrit
par M. Philippe Caron.
(Registres paroissiaux de Lanvellec 1609 (lot 1, image
293-294).
Additif.
En 1594,
le même recteur écrit sur le registre paroissial un
épigramme en latin dont la traduction est citée ci-dessous
et qui a été publié dans "Chaos d'Archives",
page 24 par le Service éducatif des Archives
départementales des Côtes d'Armor.
"En
ces années tout devient la proie d'une soldatesque
impitoyable
Elle se saisit de tout, pille tout, sauf ce qu'elle ne peut
trouver
Le loup n'est pas plus cruel que le soldat d'aujourd'hui,
Ni le loup, ni le lion, ni le sanglier sauvage
Il met en pièce les corps d'une foule de chrétiens
Après les avoir dépouillés de toutes leurs richesses.
Aujourd'hui, par la prison, les flammes, les tortures, le
déshonneur
L'homme de guerre tourmente les Bretons ;
Le Tout-Puissant éloignerait de nous tous ces maux
Si chacun voulait se repentir de ses crimes notoires.
Aux horreurs d'une guerre désastreuse
On verrait alors succéder les douceurs d'une profonde paix
Prie Dieu pour Lucas, cher lecteur
Et qu'un De Profondis sorte de ta bouche.
Amen. Alleluia.
"Epigramma ab Alano LUCA, presbytero, in torvo milites,
editum hoc ano 1594.
"Impium
his annis ad setrahit omnia miles ;
Sed, nisi quod reperit, non tamen ille rapit
Non lupus est, hodierno tempore, milites pejor
Non lupus atque leo nec ferus ullus aper
Corpora dilanat muttorum christicolarum
Hic quoque divitias cupit omnigenas
Carcere nuc flammis, tormentis flagitiisque
Britones omnes belliger excruciat
Sed Deus-Omnipotens à nobis pelleret ista crimina
Si vellet plangere quisque sua
Horrida cum fuerint (ut fuertur ) magnaque bella
Proxima tunc nobis pax sine lite foret
Tu, Dominum obsecres po Luca, candide lector
Et De Profundis exeat ore tuo.
Joseph Lohou(avril 2008)
Mise à Jour : octobre 2009
« nam
unus apex aut unum iota non preteribit a lege donec
omnia fiant » Car,
je vous le dis en vérité, tant que le ciel et
la terre ne passeront point, il ne disparaîtra
pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre,
jusqu'à ce que tout soit arrivé (extrait de Mathieu
5-18)