Callac-de-Bretagne

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La Fête-Dieu à Callac


 C'est la fête du Saint-Sacrement, le 2e dimanche après la Pente-Cette fête fut instituée, en 1264, par le pape Urbain IV pour mener les fidèles à méditer sur la présence réelle de Jésus-Christ :ans l'Eucharistie.

Le clou de cette fête se produisit au xvme siècle : un superbe soir était bâti sur la place Dauphine, à Paris. Les jeunes peintres n'avaient pas encore conquis leur droit d'entrée aux expositions du Louvre, avaient le droit de venir exposer leurs oeuvres sur les tapisseries dont ce reposoir était recouvert. Pourvu, bien entendu, les sujets traités ne fussent pas trop en décalage par rapport au caractère sacré de la cérémonie. C'était une sorte de Salon en plein air . Jean-Baptiste Chardin, avec son tableau La Raie, aujourd'hui au Louvre, attira l'attention lors de la présentation de 1728. Cet évènement, où les tableaux trouvaient un cadre magnifique dans la richesse de la décoration, était devenu l'un des spectacles les plus courus de la capitale. Il prit fin en 1791.

Pour la petite histoire : la mort de la mère du marquis de Brunoy, fils du financier Pâris de Montmartel, coïncida avec la Fête-Dieu. Le marquis s'employa à mettre son parc en deuil, en faisant venir pliusieurs tonnes d'encre pour teindre de noir ses bassins et ses jets d'eau. Cette extravagance fit beaucoup de bruit, couler beaucoup J'encre... et révolta sa famille.
 Le marquis répondit avec à propos :
Si j'avais donné cet argent à une courtisane, on ne l'eût pas trouvé mauvais ; je l'ai appliqué à la décoration du culte catholique, et l'on m'en fait un crime !


Denis Diderot, dans Essais sur la peinture, évoque cette fête, monument fastueux du théâtre catholique (milieu du 18° siècle) :
Je n'ai jamais vu cette longue suite de prêtres en habits sacerdotaux, ces jeunes acolytes vêtus de leurs aubes blanches, ceints de larges ceintures bleues, et jetant des fleurs devant le Saint-Sacrement ; cette foule qui les précède et qui les suit dans un silence religieux ; tant d'hommes le front prosterné contre terre ; je n'ai jamais entendu ce chant grave et pathétique entonné par les prêtres, et répondu affectivement par une infinité de voix d'hommes, de femmes, de jeunes filles et d'enfants, sans que mes entrailles ne s'en soient émues, et que les larmes ne m'en soient venues aux yeux. Robespierre remplaça la Fête-Dieu par la fête de l'Être suprême, qui fut, véritablement, la Fête-Dieu de la Révolution. Rien ne manqua à la parodie : le pontife Robespierre en tête...


La Fête-Dieu retrouva sa place après la Révolution, avec un faste bien atténué. Il n'empêche que cette fête qu'embaument les pivoines et les roses est encore très belle.

•    Pavillée mouillée, Fenaison manquée.

La « pavillée », c'est le nom donné au parcours des reposoirs. ou «pavillons », qui jalonnent la procession de la Fête-Dieu. Les petites filles portent des couronnes de roses sur la tête et au cou, des paniers remplis de pétales de pivoines qu'elles jettent tout au long de la procession. Les pavillons sont bien fleuris et, dans certaines régions, sur le chemin de la procession, des pétales disposés harmo¬nieusement forment des dessins sophistiqués.

•    À la Saint-Sacrement, L'épi au froment.
•    S'il pleut sur la chapelle, Il pleut sur la javelle.

La chapelle est une allusion aux reposoirs, et la javelle représente les gerbes non encore liées.

•    Tel Sacre, Tel battre.
•    Si le lys a fleuri pour la Fête-Dieu,

J'irai vendanger pour la Saint-Matthieu (21 septembre).
•    Pluie de Fête-Dieu tue les chenilles, Pluie de Saint-Jean tue les taons.

La Saint-Jean a lieu le 21 juin.







Notes.

 
De haut en bas et de droite à gauche : Jeune callacoise en costume de fête-Dieu ; la procession autour de la Place du Centre ; une procession accopmagnée de soldats ; le saint sacrement sous le dais; une composition de fleurs qui agrémantait la rue...











                           Joseph LOHOU (février 2014)