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Épiglogue(1)
...Mais Chénier n'est pas le premier qu'il ait
lu
Sous des noms étrangers - il a
déjà connu
Myrto la Tarentine, et le jeune
Néère
Pour le beau Clinias abandonnant sa
mère ;
Amymone et Lydé, Camille et Pannychis
Avec Néobulé, la sœur d'Amarillys,
Dans Horace et Virgile il vous a cent fois vues,
Quelquefois sous le voile
et souvent
toutes nues;
Toutes il vous connaît, et vous aussi, pasteurs,
Qui paissez vos troupeaux dans la prairie en fleurs,
Il vous comprend et lit vos chansons pastorales
Où dans les blés jaunis murmurent les cigales.
Dans l'idylle et l'églogue il vous a rencontrés,
Satyres et Sylvains,
nymphes qui
vous mirez,
Tremblant qu'un indiscret, le soir, ne vous surprenne,
Toutes blanches,
sans voile,
au bord de la
fontaine...
De
Rome à. Syracuse et d'Athène à Théos,
Chantres de tous les dieux et de tous les héros,
A l'arène, au forum, au théâtre, an
Portique,
Il a suivi vos pas sous le ciel de
l'Attique.
Pèlerin curieux, il a tout visité,
Sur les plus hauts sommets - tout jeune il est monté.
Gravissant
l'Iliade aux cimes escarpées,
L'Iliade
géante entre les épopées,
De
son faite sublime, à l'entour il put voir
Toute l'antiquité devant lui se mouvoir.
Mais,
en fouillant aussi l'époque fabuleuse,
Rêveur, il rencontra la déesse rêveuse
Sous la tunique blanche et le bandeau sacré,
Diadème éternel de son front inspiré.
Une lyre à la main, cette muse si belle,
Il la vit et fut pris d'un grand amour pour elle.
Et, depuis cette époque, à cet amour rêvant,
Aux pieds de la déesse, il s'enivre en
buvant
Un
miel de poésie à cette coupe antique
D'où s'élève un parfum de liqueur homérique.
MURGER, Les Nuits d'hiver, 1861, p. 134.
Notes.
(1) - Épiglogue, conclusion d'une oeuvre
littéraire
Buste d'Henry
Murger situé dans le jardin du Luxembourg.
Henri MURGER,
(1822-1861 Paris) , écrivain français.
J.L
(16 janvier 2010)